
chemin, à 200 pas du hameau. Malheur sur nous! disent tous mes gens, en regardant
autour de leur g îte , l’horizon couvert de bois. Deogwar n’a que
quelques chaumières et dès abris assez spacieux pour les pauvres voyageurs. On
passe, avant que d’y arriver, un torrent assez large, le Komar. Sur'ses bords et
sur ceux de plusiéurs ruisseaux que le chemin traverse, les roches primitives
se montrent en place, mais tellement morcelées, que je n’en puis assigner
avec certitude la direction ; ce sont des Gneiss et des Micaschistes.
Le i 5 décembre 1829. — A Hazaroubag ( ) , 5 cos. ( 3 1. ) de Deogwar, et séjour le i&.,
On reconnaît l’élévation de la station de Deogwar en descendant à Hazaroubag.
Ma tente, piquée sur une pente exposée au vent du N .O . pendant
toute la nuit, était une glacière, deux ou trois heures avant le lever du soleil.
Le ciel, d’une pureté parfaite, favorisait le rayonnement terrestre, ef je suppose
que la température de l’air était fort voisine du terme de la congélation.
La terre était dure comme s’il avait gelé, mais je ne vis point de glace. Il fut
difficile de rompre le cercle de mes gens accroupis autour d’un grand feu^et
de les mettre en route.
Des collines séparées par des ravines dans lesquelles il faut descendre,
faute de ponts, et d’où les boeufs ont grand’peine à remonter; des bois, de
vastes espaces de terres couvertes seulement de Zyziphus et de quelques
buissons de Mimoses, au-dessus desquels s’élèvent des Urena et de hautes
graminées desséchées; çà et là, des masses de rochers revêtus d’une végétation
moins misérable; des basses montagnes et des bois à perte de vüe au Sud,
à l’Est et à l’Ouest.; les mêmes traits, en un mot, qu’a présentés jusqu’ici ce
district montueux.
Cependant, à 5 ou 6 mil. ( i { 1.) du campement, la contrée devient plus
unie ; les jungles s’éloignent de la route, bordée plus souvent de Rizières et
de champs de Moutarde et de Blé; mais à peine découvre-t-on quelques
huttes. Quelques massifs superbes de Mangos, plantés en quinconce , attestent
combien depuis un siècle ou deux le pays est ruiné : cet arbre n’est
indigène dans aucun des lieux que j ’ai vus jusqu’ici; ses restes indiquent partout
le passage de l’homme.
Il en est ainsi de quelques plantes qui semblent ne se plaire que près des
habitations; plusieurs espèces de Triumfetta, une Labiée à fleurs blanches,
que je crois être le Phlomis Zejrlanica, et surtout X Argemone Mexicana sont
dans ce cas, et je les vois fleurir sous ces antiques vergers de Mangos.
Une colline élevée, au pied de laquelle passe le chemin, borne ce canton
montueux à 3 mil. ( f 1.) d’Hazaroubag. On descend d e là , sans interruption,
par une pente assez douce, dans les plaines où ce lieu est situé.
Les jungles ont disparu; la culture se montre partout : çà et là, quelques
masses de Bambous et des Tars (Borassus flabelliformis) s’épanouissent à l’horizon;
leurs formes tropicales contrastent avec un ciel d’hiver; eux seuls d’ailleurs
rappellent la latitude du lieu où ils croissent.
Hazaroubag, qui n’est qu’un grand village, se trouve être cependant un
centre de population considérable dans cette contrée sauvage et inhabitée.
C’est le chef-lieu d’une station militaire.
Le commandant du Bataillon local de Ramgur y a son quartier général,
et cet officier (aujourd’hui le major Mackensie, frère d’un des secrétaires du
Gouvernement à Calcutta) porte, en outre, le titre & Agent politique du
Gouverneur général. Son régiment, composé des natifs de la province, et fort
de 1,000 hommes, est disséminé par compagnies sur le vaste territoire qui
s étend à l’ouest jusqu’à plus de 100 mil. (29 1.) ; occupant, protégeant, si
l’on veut, ce pays qui n’appartient pas à la Compagnie en toute propriété,'
mais qui fait partie de ce qu’on appelle Ceded territories. Ce n’est, au reste,
qu’une immense forêt à peine habitée, dont les chefs indiens affectent de se dire
indépendants, mais payent un modique tribut à la Compagnie, proportionné à
la misère de leurs chétifs états; une compagnie ou deux, ou la moitié d’une
compagnie, garni sonnent près des moins gueux; e t, une fois chaque année,
XAgent politique} qui est le généralissime de ces détachements épars, fait
une tournée dans ces états qui sont les siens véritablement, administrant,
percevant le tribut, jugeant, en un mot, régnant partout sur son passage.
Il ne garde habituellement auprès de lui, à son quartier général, que 200
hommés; niais ic i, il n’a pas tous ces droits qu’il exerce dans ses tournées
d’hiver. Ce n’est*qu’à quelques lieues de la route que commencent les Ceded
territories, et Hazaroubag est sous le contrôle judiciaire et administratif de
la Station civile de Schirgotti, laquelle enferme le pays jusqu’à Chass, limite
N .O . de la station de Burdwan.
Le Bataillon local de Ramgur est*commandé, comme le bataillon provincial
de Burdwan, par deux officiers européens seulement, un major pour
colonel, et un lieutenant pour adjudant; il y a , en outre, un chirurgien,
mon hôte, M. Harper. C’est tout.
Les compagnies sont commandées par des Soubadars natifs. Presque toutes
cependant ont un sergent-major européen. Au quartier général, il y a de
plus quelques canonniers pour le coup de canon du matin et du soir ; et la
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