
montent ne pèse pas moins, et le seul avantage qu’ils puissent avoir en descendant,
est de tomber sur le jou g , d’agir passivement par leur poids. J’ai
vu trois attelages servis par 6 boeufs, 3 hommes, a enfants et 3 femmes,
monter par heure, entre eux tous, 6o sacs d’eau, du volume d’environ 3o
à 4o litres chacun, et de la profondeur de 20 mètres. C’est de l’eau très-chère
assurément, d’autant plus qu’elle sert à la culture du blé et d’autres grains
dont la valeur est très-médiocre.
Mohunka-Seraï est entouré d’un mur épais de briquqs, et semble avoir été
quelque peu fortifié; ce n’est d’ailleurs qu’un village.
Le 7 janvier i 83o. — Camp sur la route, ta mil. (3 | 1. ) de Mohunka-Seraï.
Quitté à Mohunka-Seraï la route d’Allahabad et marché au S . O . Les mêmes
aspects qu’hier. Disette de combustible. Chacun, dans l’Inde,: cuisant son
dîner à p a rt, il en résulte une plus grande consommation. Aucune provision
régulière pour satisfaire à ce besoin. Les bois ne font pas partie du système
de la culture. De pauvres femmes et des enfants s’approchent le matin de mon
campement, quand ils voient les apprêts du départ; c’est pour enlever la
fiente des boeufs.
J’admire comment on a pu élever les arbres dispersés par bouquets dans
la campagne; ce sont tous des Mangoes. Le bétail affamé dévore toutes les
jeunes plantations : pas un palmier. Du Blé, de l’Orge, du Colza, du L in ,
maintes Légumineuses d’Europe. A l’exception du Cytisus cajan, on se croirait
fort loin du tropique.
Bandes considérables de pèlerins hindous qui vont à Jagrenat. Ils forment
certainement la classe la plus nombreuse des voyageurs en ce pays. Ils sont
généralement habillés d’une courte tunique de toile de coton, couleur olive ,
ouatée et doublée de rose; une ceinture rouge, blanche ou orangée, par-dessus.
Par-dessous, unlangoutis; mais leur habit ferme de manière à cacher leurs
cuisses, on ne voit que leurs jambes nues. Turban de diverses couleurs :
beaucoup, au lieu de turban, portent une sorte de bonnet phrygien, ou de
casque fait comme leur habit, de la même étoffe. Il y a des castes d’indiens
qui vont la tête nue, mais la plupart l ’ont extrêmement couverte. Les sipahis,
obligés à l'uniformité du costume, ont le matin, sous leur shako, un couvre-
chef en drap rouge, de la forme représentée fig. 4 > Pl. XX.
Ces pèlerins portent tous sur l’épaule deux paniers attachés à l’une et
l’autre extrémité d’un bambou, et surmontés de petits drapeaux rouges ; c’est
pour effrayer les tigres dans les bois.
A deux lieues au nord du Gange, on passe auprès d’un bel étang complètement
entouré d’escaliers de pierre. Une pagode, chargée de tous les
ornements de l’architecture indienne, s’élève sur ses bords, e t, en face, une
assez belle maison d’apparence européenne, mais que l’on m’a dit appartenir
au Rajah de Bénarès. Quelque Brahmane, sans doute, y est entretenu.
Le 8 janvier i 83o, — A Mirzapour, 9 mil. ( a j 1. J du camp d’hier, et séjour le 9.
L ’une et l ’autre rive du Gange sont creusées presque à pic dans le sol
alluvial. Le lit du fleuve n’a guère plus de f m i l * 11.) de largeur. Dans
cette saison, il est trois fois large comme la Seine, à Paris; mais hors du
chenal profond où s’écoule la masse presque tout entière de ses eaux, il
n’a souvent que o ” ,7 à i “,o de profondeur. Ses rives sont absolument dépourvues
de tout caractère pittoresque. Quand il coule à pleins bords avec une
extrême rapidité, il doit certainement offrir alors une scène de grandeur, mais
encore de grandeur sans beauté, sans expression.
Les cantonnements de Mirzapour sont situés sur les bords du fleuve, à
3 mil. (| 1. ) au N .N .E i de la ville, dans une sorte de presqu'île qu’il enserre
dans une des nombreuses sinuosités de son cours. Un régiment d’infanterie
native y stationne, actuellement commandé par le lieutenant-colonel Murray,
chez lequel je descendis. Sa force totale est de 700 hommes environ. Mais
deux compagnies garnisonnent à Cliunargur, sur la meme rive du Gange,
à moitié chemin de Bénarès; deux autres, à Gazipour, et rarement il reste
plus de 200 hommes au quartier général. Cette petite force commande la ville
de Mirzapour, dont la population est probablement de 80,000 ames.
Dans toute l’Inde, les régiments sont ainsi disperses. C est sur les troupes
natives que tombe toute la charge du service, et il n y a certainement pas
de luxe dans le chiffre de l’armée indienne. Les troupes européennes ne
servent à rien qu’à la guerre. Elles sont comme des coqs de combat que 1 on
nourrit oisifs toute une année, pour un jour de bataille. En marche, on est
obligé d’adjoindre un corps de troupes natives aux régiments européens, pour
les garder, avoir soin d’eux. Cantonnés, c’est la même chose : comme il est
admis que le froid de l’hive r, la chaleur du printemps et les pluies de 1 automne
sont également funestes aux Européens, les soldats anglais ne montent
guère de garde qu’au dedans de leurs casernes ; ce sont des sipahis qui veillent
autour d’eux.
La station de Mirzapour est très-peu nombreuse en employés civils, et
je crois en avoir vu tous les membres à dîner chez le magistrat, M. B. Taylor,
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