
ments dans le relief du sol ; mais dans les contrées tropicales, ou au voisinage
des tropiques, là où la chute annuelle des pluies est quatre ou cinq
fois plus considérable qu’à une distance double de l’équateur, et où cette
énorme quantité d’eau tombe presque entièrement en trois mois de l’année,
sans intervalles de sécheresse et presque de soleil pour en évaporer immédiatement
une partie, les fleuves ont encore une puissance d’action et de
destruction inconnue à l'Europe depuis les temps historiques. Les îles que nous
voyons se former au confluent, de nos grandes rivières, là o ù , entrant obliquement
l'une dans l’autre, elles se font mutuellement obstacle, ralentissent
mutuellement leur vitesse, produisent même une sorte de remous, et laissent
précipiter le sable qu’elles charriaient, ces îles sont, toujours basses, comme les
plus hautes eaux de nos fleuves, et sujettes à se déplacer. D’énormes rivières,
comme la Jumna et la Betwah au temps des grandes eaux, alors qu elles
descendent sur une largeur d’un mille ou deux (f ou f 1. ) avec une vitesse
de 6, 7 et 9 mil. ( i J, 2, 2 5 1. ) à l’heure, sur un fond d’ârgile ou de sable
fin, en entraînent une quantité énorme, et là où leur cours se ralentit,
elles en déposent tout à coup des quantités proportionnées à la hauteur de
leurs eaux, à leur largeur, à leur vitesse. Ces phénomènes, sous les parallèles
tempérés de l’Europe, où il n’y a point proprement de saison pluvieuse,
ne se produisent que sur une échelle infiniment petite.
La Betwah, parmi ses sables quartzeux et micacés, roule une grande quantité
de concrétions calcaires qu’on regarde généralement comme un produit
de ses eaux. C’est une des formes de ce que les natifs, et après eux les
géologues anglais en ce pays, appellent Kankar.
Ces concrétions sont généralement de la forme et dé la grosseur des Silex
pyromaques de la craie aux environs de Paris, mais toutes cbuvertes d’aspérités.
I.cur cassure montre une texture grossière produite par un mélange
de grains quartzeux et de quelques très-petites paillettes de Mica incolore ou
noir très-solidement agglutinées par une pâte calcaire d’un grain également
grossier et à peine continu. J’ai besoin de les examiner encore; mais dès à
présent je soupçonne, par l’inspection à la loupe, que ce ciment calcaire
provient d'une infinité de très-petites coquilles détruites.— (G. 97.) Kankar,
ou concrétion calcaire sablonneuse, de formation contemporaine, cimentée
par la présence calcaire d’üne multitude de coquilles microscopiques? sur
les bords de la Betwah, à Hammerpour.
Leur texture est plus compacte au centre , où la matière calcaire paraît
plus abondante. Leurs surfaces semblent devoir leur, âpreté à la prédominance
du sable quartzeux.
Un grand nombre de ces concrétions sont disséminées dans les sables
stratifiés qui s’élèvent en escarpements sur la rive gauche de la Betwah ; surtout
dans les bancs dont la masse uniforme n’offre aucune subdivision en
strates parallèles. Cependant, on en trouve aussi dans ces derniers, et quelquefois
contenues dans deux bancs à la fois. La Planche X X I montre tous les
accidents de ces alluvions.
Le sable qui les enveloppe immédiatement a quelque cohérence; on le
dirait légèrement cimenté par la substance calcaire à laquelle elles doivent
leur solidité ; et toujours la surface.de ces Kankars, ainsi enterrés, est, par
l’agglutination d'une certaine quantité de sable, plus inégale, plus âpre encore
que celle des concrétions semblables qu’on trouve dans la rivière. La
matière calcaire dont elles sont en grande partie formées, parait avoir trans-
sudé légèrement à l’extérieur depuis leur dépôt.
Ces concrétions ne sont pas entièrement semblables dans leur aspect à
celles qui sont éparses sur le plateau de Rewah, dans la vallée du Gange,
autour de Bénarès et de Mirzapour, et au pied des montagnes du Bundelkund,
entre Kallinger et Bandah, lesquelles paraissent toutes identiques.
Elles exigent un examen minéralogique approfondi et comparatif.
La Jumna, que je vois pour la première fois à Hammerpour, n’a rien de
remarquable que la couleur vert bleuâtre de ses eaux en' cette saison. Sa
plus grande profondeur est près de sa rive droite qui s’appuie au pied des
escarpements d’Argile sablonneuse qu’elle a jadis élevés. L à , elle coule, en
cette saison même, avec une vitesse de 3 ou 4 mil. (f ou 1 1.) à l’heure. Sa
rive gauche est plate. C'est le Douâb, ._>ly (deux eaux, deux rivières)-,
immense Delta compris entre elle et le Gange, à l’extrémité duquel Allaha-
bad est située. La plus grande partie de son lit est à sec en hiver, plat, formé
de trois étages élevés successivement les uns au-dessus des autres jusqu'au
niveau des plaines du Douâb. D’un bord à l’autre, je ne pense pas qu’il y ait
beaucoup plus d’un demi-mille (I 1. ) , et maintenant la largeur des eaux n’excède
guère 3oo mètres. Le rivage abandonné par elle en cette saison n’a
point l’aspect désolé des rivières de l’Inde qui coulent à peine, en hiver, an
milieu d’une mer de sables blancs.et stériles (la Dummoudah, la rivière de
Schirgotti, la Sône, le Gange, la Betwah, etc., etc ). Il est limoneux, sa
couleur est noirâtre, il garde quelques traces d’humidité et de verdure; mais