
qui exigent de l’adresse et de l'expérience. Quant aux Irlandais qui arrivent
en foule , subsister dans quelque condition que ce soit, voilà toute leur prétention.
Ils sont aussi laborieux que leurs frères d’Ecosse et d’Angleterre, ils
travaillent même avec plus d’ardeur, mais ils n’ont ni la même constance, ni
surtout la même intelligence, et ils n’occupent jamais en Amérique que les
derniers emplois de la société. On ne se sert guère que de leurs muscles ; ils ne
savent rendre d’autres services : ainsi, ils restent toujours valets de maçons
sans devenir jamais maçons; ils creusent des canaux, ils abattent des forêts, et
exécutent, mais sans en avoir jamais la direction, tous les travaux de terrassements
qui se font en ce pays.
En Europe, dans la mère-patrie, la supériorité d’habileté sociale des Écossais
sur les Anglais se montre également. Les premiers ont presque le monopole
de divers emplois publics, de plusieurs positions privées, très-chétives assurément
aux yeux des gens comme il faut, mais qui s’élèvent déjà néanmoins au-
dessus de la condition de la majorité des habitants, et qui sont importantes
parce qu’elles sont nombreuses.
C’est une observation curieuse à rapprocher de celle-là, que celle de ce riche
chapelier de Londres, qui nous a appris que la mesure moyenne des chapeaux
fins qu’il fabrique est plus grande que celle des chapeaux' grossiers, et que
les coiffures militaires dont il a l’entreprise, doivent être moyennement plus
larges pour les régiments écossais que pour les régiments anglais. Il est fâcheux
que cet industriel crâniologiste n’ait pas eu à coiffer des troupes irlandaises.
Genève peut être considérée comme l’Ecosse du continent. Les Genevois qui
s’expatrient chaque année (et le nombre en est grand, parce que la prospérité
de ce petit pays est progressive, et que son petit territoire est. partout très-
peuplé ) ne deviennent jamais ni portefaix, ni terrassiers, ni domestiques. Cette
petite nation n’envoie au dehors que des ouvriers très-adroits, très-rétribués, des
artistes ingénieux, des commis laborieux et rangés, que recherchent les négociants
étrangers. L’exercice de leur intelligence seule ou des travaux mécaniques
où elle s’exerce à chaque instant, voilà l’industrie des Genevois sans fortune,
qui s’expatrient pour subsister. A peine si, chez elle, cette petite nation se sert
elle-même. C’est aux populations environnantes que Genève loue des domestiques
; c’est par des étrangers que sont exécutés chez elle les travaux malsains
ou grossiers dont une grande ville a besoin.
L’Italie nous fournit des chanteurs, des fumistes, des décorateurs : nous
tirons des mineurs du Piémont.
Il y a de l’art dans toutes ces professions. Le peuple en Italie est demeuré
artiste. Il est spirituel aussi.
Mais nous, Français, quels métiers difficiles et respectables allons-nous exercer
chez les étrangers«1
Nous avons le privilège de les coiffer et de les habiller. Us nous doivent encore
des cuisiniers, des maîtres à danser et des maîtres d’armes. Ces professions,
en tous pays-, sont un peu méprisées. Leur exercice, chez les peuples étrangers,
ne fait pas considérer notre nation.
Il n’y a guère d’autres taxes au Brésil que celles des douanes. L’administration
publique est trop mal organisée pour admettre la perception d’une autre
espèce d’impôts. Rien n’arriverait au trésor. Celui-ci est toujours gêné. Il n’a
pas de crédit et ne peut faire d’emprunts pour subvenir aux déficit que
chacune des dernières années a apportés. Le Gouvernement y a fait face avec
du papiçr monnaie ; mais le discrédit de l’administration a fait tomber le cours
de ce papier à 20, 3o et 4o pour cent au-dessous de sa valeur nominale. Il y a
aussi dans la circulation une très-grande quantité de billon. Ainsi, l’Etat fait
de la fausse monnaie ët médite fine banqueroute.
La majeure partie du commerce se fait par l’Angleterre et les Etas-Unis. Les
objets manufacturés viennent d’Angleterre pour la plupart; les modes viennent
de France ainsi que les vins; des planches arrivent de la Baltique et de l’Amérique
septentrionale, qui apporte aussi, et presque exclusivement, des farines,
des viandes salées et de la graisse de porc.
Les retours se font en sucre, café, quelque peu de cacao, bois de teinture,
cotons et cuirs en poil, Ils donnent habituellement des pertes. Toutes ces denrées
paient un droit d’exportation : il est très-faible. C’est sur les cargaisons
européennes, à leur entrée, que la douane pèse surtout.
Rio possède le cadre des établissements publics des sciences et des beaux-arts
qu’on trouve dans les grandes! capitales d’Europe : il y a des universités, des
facultés, des académies de toute espèce, où l’on n’enseigne rien à personne.
L’Académie impériale des Beaux-Arts, formée il y a treize ans par M. Lebre-
ton, secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut, n’a jamais;
fait que languir. Les Brésiliens riches ne mettent aucun prix aux objets d'art..
Ils ne les sentent pas,
Il n’y a d’autre théâtre que l’Opéra italien, terminé par un exécrable
ballet, qui est toujours la partie la plus goûtée de la représentation. J’y ai
vu Xltaliana in Algeri; orchestre, chanteurs, spectacle, tout était pitoyable.
Le public paraissait s’ennuyer beaucoup : cependant la salle était remplie, et
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