
nature, des plaisirs naïfs et bruyants dans le u r jeunesse, des passions peut-
être , animent, agitent leur monotone existence ; les; doux sentiments de la
paternité l’occupent ensuite, dont l’exercice compense bien des misères !
On peut, sans amertume, contempler ces tableaux de la vie humaine, leur
mélancolie n’est pas toujours sans quelque charme; mais ici. . . . >! tant qu’on
n’a pu s’habituer à considérer les Noirs comme des animaux, à étouffer à leur
égard cette sympathie ardente que nous éprouvons pour tous ceux que nous appelons
nos semblables, il n’y a que de la douleur dans la contemplation de ces
beaux lieux, où l’oeil n’aperçoit, où l’imagination ne peut placer que des êtres
malheureux.
Ces lieux sont pour moi sans poésie. Mon esprit et mon goût cultivé me les
font trouver magnifiques ou gracieux ; mais c’est comme mon esprit me commande
d’appeler triangulaire la figure inscrite au-dedsns de trois lignes droites
qui se coupent. Triangulaire en est le nom, comme magnifique est-celui de cette
disposition de lignes, de plans divers , et de couleurs dans un paysage. D’ailleurs,
l’imagination nem’y fera pas retourner ; ces souvenirs sans douceur s’effaceront
avant bien d’autres. Les chênes de Ramapo, les bouleaux de Paray,
voilà les arbres sous l’ombrage desquels il me sera toujours doux d’errer.
Souvent mes souvenirs m’y ramènent, et les sensations variées de bonheur que
j ’y ai éprouvées se réveillent avec une telle vivacité que je sens l’étrange illusion
de les éprouver pour la première fois. Ravissement délicieux ! suivi d’un retour
sévère quelquefois, quand la réalité actuelle de notre vie est grave- ou pénible.
Jamais je ne retournerai m’asseoir mélancoliquement au pied des palmiers du
Brésil. Les bruyères.de Paray m’attireront toujours, toujours davantage. La
scabieuse des prés, la pamassie qui y fleurit à côté d’elle en automne, voilà
les fleurs vulgaires que je retournerai cueillir : leur parfum faible et commun
me rappellera toujours les joies de ma jeunesse, et cet âge beureux d’innocence
où l ame s’ignore et s’agite, s’inquiète sous le poids de sa sensibilité
qui ne s’exerce encore que sur elle-même.
Le printemps, à Rio-Janeiro, est la saison sèche de l'année; l’été la saison
pluvieuse. Le climat cependant n’y est pas tellement régulier que je n’y aie
vu sept jours pluvieux en vingt jours de printemps, et souvent le ciel, sans pluie,
couvert et nébuleux. Le temps a été très-variable et généralement laid. L’atmosphère
n’a pas eu un seul jour la transparence parfaite de Celle de la Méditerranée.
Rien de moins constant que le retour périodique de la brise de terre
et de mer. Celle-ci règne souvent plusieurs jours sans interruption ; elle est
suivie de calmes plats. Je n’ai senti la brise de terre balayer la baie dans toute
sa longueur, que pendant quelques jours où le temps s’était fixé au beau; cette
brise de terre est un phénomène dont les moindres perturbations atmosphériques,
la pluie durant le jour, ou l’état couvert du ciel, empêchent la production.
Cela est conforme à la théorie de sa formation. Elle atteint le plus de
force vers la fin de la nuit ; au lever du soleil elle s’affaiblit, et cesse tout-à-fait
deux heures'après. Alors reviennent les vents du S., variant du S.E. au S.O.
Au reste, mille vents locaux soufflent pendant le jour, souvent par risées
trèsrvives, à l’embouchure des Anses qui s’ouvrent dans la Baie, ou par le travers
des petits Caps qui sy avancent.
Les brises de terre nocturnes laissent déposer de la rosée. A peine en voit-
on des traces, quand la brise de mer a prévalu toute la nuit ; elle est fraîche
néanmoins. Il y a toujours une grande différence de température entre le jour
et la nuit. Je ne l’estime pas à moins de 4“-
La température moyenne du jour, pendant ma relâche, n’a pas excédé 24°:
le maximum a atteint 28°. J’observais à bord, au milieu de la Baie. A terre
nul doute que les jours ne/fussent un peu plus chauds, et que les nuits ne fussent
plus fraîches.
Nous appareillâmes le 18 novembre de Rio pour le Cap de Bonne-Espérance.
Repoussés d’abord par des vents contraires qui nous obligèrent à naviguer sur
le parallèle de Rio, et à nous tenir plusieurs jours au dedans des tropiques, nous
descendîmes ensuite au Sud, jusqu’au 3‘5' degré et demi. Aucun événement ne
marqua ce voyage. Deux jours de-cape à son début ne me semblèrent que l’ordinaire
météorologique de ma première navigation de France aux Etats-Unis.
Le temps fut d’ailleurs généralement assez beau et la mer forte.
La température était fraîche, jusqu’à paraître froide quelquefois, quoique le
thermomètre ne soit descendu qu’un jour à i 3°6'(le 14 décembre), par 34' 3o'
de latitude.
La hauteur moyenne, au lever du soleil, fut de.......................... 18° y5' ,
etàmid i, de .2 0 ° 72'.
Son maximum à midi, le lendemain de notre départ, fut deL . . '¡»4* ' » ;
mais nous étions encore sous le tropique, et presqu’en vue du Cap Frio.
Les variations de la température étaient étroitement subordonnées à celles
du vent, sans quil y eût de pluie pour cela; le vent passant de la partie du
Nord à la partie du Sud, le thermomètre descendait de 2, 3 et 4°.
Le vent du Sud est au reste celui qui amène le beau temps dans ces parages ;
il souffle quelquefois tout le jour dans la même direction et avec une force
égale; le ciel demeure presque pur. Le thermomètre, ces jours-là, marche