
néanmoins légèrement dans les traits et le teint de tous les membres de quelques
familles. Ce qu’il y a de bizarre,ic’est que souvent une génération tout
entière, dans ces familles dont le sang a été mêlé une seule fois ,'il y a plus
d’un siècle, parait être de race européenne pure ; que celle qui la suit semble
pure également, et qu’à la troisième ou à la quatrième, le type africain reparaît
avec force, non parmi tous lés frères nés d'un même père et d'une même
mère, mais chez un d’e u x , ou quelques-iins d’entre eux seulement.
Rien n’est plus variable que la puissance du rôle que semblent jouer le père
et la mère dans le mystère de la génération. Tantôt c’est le type paternel qui
domine, et l’enfant, qu’il soit né de père et de mère de races différentes, ou
d’individus de la même rare, peu importe, est l’image de son père. Fils d'un
Nègre et d’une Blanche, il est presque nègre. Fils d’un Blanc à cheveux blonds,
a carnation claire, à yeux bleus, et d’une mère blanche à cheveux noirs, à
yeux noirs, à teint brun, il n’offre aucun des traits de sa mère. D’autres fois
ce sont ceux-ci qui dominent et qui se montrent seuls dans l’enfant. Cela se
yoit dans tous les pays. Ne voyons-nous pas, même en Europe, des enfants qui
n ont aucune ressemblance individuelle avec leurs parents, ressembler extrêmement
à leur grand-père ou à leur grand’mère ? Il y a des, types d'organisation
qui, après avoir sommeillé pendant une ou deux générations dans une
famille, se réveillent et reparaissent à la seconde ou à la troisième. A Bourbon,
les personnes les plus blanches des familles dont le sang a été mêlé une
seule fois, il y a plus de cent ans, sont exposées à faire des enfants scandaleusement
bruns. C est une affliction que le ciel envoie quelquefois à ces fiers
Créoles si orgueilleux de leur peau.
On appelle Négresses toutes les femmes Esclaves, dont quelques-unes sont
plus blanches que leurs maîtresses. Cette appellation de Négresse n’est pas
réputée injurieuse. Mais on insulte un Noir quand on l’appelle Nègre; on lui
témoigne du mépris, on lui reproche amèrement sa bassesse. La même distinction
existe entre ces mots à Haïti.
Les Nègres achetés à la Côte parlent des langues diverses et appartiennent
à différentes nations. ,Çe sont surtout des Cafres et des Jambanes.
Je ne vois pas entre eux de différences physiques nationales bien déterminées
, et, en un mois, je n ai pu apprendre à les distinguer. Les colons ne les
distinguent pas eux-mêmes. Ils sont moins noirs que les Nègres de Guinée et
de Congo du Brésil, et ressemblent tout à fait aux Cafres du Cap de Bonne-
Espérancç. Presque tous, hommes et femmes, sont tatoués sur la figure. Du
bout du nez à la racine des cheveux sur le front, ils portent une ligne de petites
excroissances charnues. Sur les tempes, un grand nombre ont des cicatrices
régulières ; quelques-uns seulement en portent sur les reins, qui forment
de grandes losanges.
Tous ont le nez épaté, mais non pas camard. Il y a de ces nez qui seraient
aquilins sans leur épatement. Les yeux sont gros, ronds, et généralement
à fleur de tête. La prunelle est invariablement noire, la cornée d’un
blanc*jaunâtre. Peu ou point de barbe. Il m’a paru que ceux qui avaient le
nez moins épaté, étaient les plus velus. Peut-être sont-ils de sang mêlé?
Peut-être des Maures ou des Arabes ont-ils pénétré jadis jusque-là? Ceux-là
cependant n’ont pas la peau moins noire, ni surtout les cheveux moins laineux
que tous les autres.
Tous les Esclaves de la Côte , quelle que soit leur nation, sont généralement
confondus sous le nom de Cafres. Ce sont les plus robustes, les plus patients
et les plus stupides; On les emploie, dans les Quartiers, aux ouvrages
de force; à la campagne, ce sont les meilleurs Noirs de culture. Nourrissez
bién un Cafre, dit-on, il sera gras et content, quelque faix que vous lui imposiez.
Les Malgaches sont les plus nombreux après les Cafres. Ils passent pour
etre plus intelligents, mais ils sont plus indolents et généralement moins robustes.
La plupart sont néanmoins employés aux mêmes services.
Ce sont des Nègres dont le sang a été mêlé diversement.
Tous ceux què j ’ai vus ont les cheveux frisés, mais fins et soyeux, et nullement
feutrés comme la laine des Nègres du continent. Cette différence ne
s’observe que de près. Leur chevelure, à quelque distance, a le même aspect.
Une différence qui la fait mieux distinguer de celle des Nègres continentaux,
est la coloration particulière de leur chevelure : elle a subi, sans doute par
le mélange des races, la même dégradation de couleur que leur peau. Elle"n’est
pas noire, elle n’est que brune très-foncée, et souvent elle a un oeil rous-
sâtre. Le plus léger examen permet toujours de distinguer un Malgache d’un
Nègre.
On ma dit q u il y avait dans la Colonie des Malgaches à cheveux plats:
j ai cherché vainement à en voir. Ils sont rares. Ne sont-ce que des Nègres
plus mêlés que les autres de sang arabe ou malais ? je l’ignore. Je suis d’ailleurs
très-disposé à le croire. Cependant, il paraît constant qu’il y a à Madagascar
des peuplades tout entières qui ont des cheveux longs et plats, et toutes
ne parlent que des dialectes divers de la même langue. Cette circonstance semble
indiquer une communauté d’origine que démentent ces différences considérables
d’organisation physique.