
losité ; vous voyez partout des lignes droites, tous les plans du visage sont
nettement terminés. Les sourcils noirs et très-fournis, comme tout le poil du
corps, sont grands et plus ou moins arqués; rarement ils se relèvent vers
les tempes, et jamais au dessus du nez.
Celui-ci,toujours grand, quelquefois droit, plus souvent aquilin, s’attache,
dans ce dernier cas, au front par un faible enfoncement. Il est formé, comme
le front, de trois plans distincts : plat antérieurement, il s’unit de part et
d’autre par une ligne droite et un angle dièdre avec le plan de ses éôtés. Son
extrémité tronquée avec noblesse n’est jamais pointue.
Les yeux sont grands et noirs ; leur cornée est presque blanche, de manière
à s harmoniser avec la teinte de la peau, qui n’est guère plus foncée que chez
les Portugais et les Andalous, mais qui est plus égale et plus uniforme. Leur
forme est ovale, allongée; le pli de la paupière supérieure est large et bien
dessiné.
La bouche, que l’on voit toujours très-bien chez les Persans, malgré leur
barbe et leurs épaisses moustaches dont ils ont le plus grand soin, est moyenne ;
les lèvres sont plutôt fortes que minces, mais bien modelées. Les pommettes
des joues, sans faire aucune saillie désagréable, n.e sont pas cependant effacées,
comme chez les peuples septentrionaux de l’Europe, par le tissu cellulaire
; les divers plans des tempes et des joues s’y réunissent et s’y confondent.
Le menton, presque toujours caché par la barbe, m’a paru néanmoins être
généralement carré et un peu proéminent. Lorsque ce trait est exagéré, et
quen même temps loe il est très-ouvert et. surmonté d’un sourcil fort élevé,
la physionomie prend une expression bizarre d’insolence ou d’effronterie.
Le c o u , que les vêtements laissent toujours découvert, est superbe : On
en distingue les muscles superficiels, même chez les hommes chargés d’embonpoint.
Les figures persanes qui ne sont pas des variations de ce type, se rapportent
à un autre caractérisé par la largeur plus considérable du visage vu de face,
la ligne droite de leur profil au lieu de la ligne convexe du premier, le front
plus bas, et un plus grand développement maxillaire.
Les Persans ont la taille longue et les jambes courtes ; leurs épaules, sont
larges et bien effacées, tandis que la poitrine des Hindous et de presque tous
les Musulmans natifs de l’Inde, étroite et chétive, paraît creusée entre la saillie
antérieure de leurs épaules. La longueur de leur buste et son riche développement
donnent aux Persans l’apparence d'une taille élevée, lorsqu’ils sont
assis les jambes croisées. En tout, leur race est fort belle.
Au milieu de cette foule de Musulmans natifs qui remplissaient la maison
d’Aga Kabouleï-Mohammed, ils ne s’en distinguaient pas moins facilement
que les Européens. C’est, il m’a paru, à proportion que les Musulmans natifs
appartiennent à une classe plus élevée, qu’ils ont retenu davantage les traits
persans, la longueur du buste surtout ; mais la multitude n ’a aucun caractère
qui la distingue des natifs hindous.
• Calcutta, le i i juillet 1829.
S o c i é t é a n g l a i s e a C a l c u t t a Il n’y a pas plus de 20 ans, me dit-on, crue
la société anglaise à Calcutta ne formait qu’une grande famille dont tous les
membres, liés par une bienveillance familière, se visitaient sans cesse et se
réunissaient tous dans leurs plaisirs. Le Tiffin actuel était alors le diner, et
ce qu’on appelle maintenant de ce nom, était, décidément un souper qui
n’arrivait qu’à 9 heures. Chaque famille avait son jour de réception, où la
maison était ouverte pour tous ceux qui s’y présentaient, depuis la chute du
jour jusqu’à cette heure. Les invités seuls restaient à l’annonce du souper,
qui était le signal de la retraite des autres.
Mais les beaux airs de Londres sont venus tout gâter. On vit maintenant
le plus près que l’on peut de la métropole; les femmes en suivent religieusement
les modes, sans faire, à la différence des climats, la plus légère concession.
Suivant l’usage anglais, elles ne se montrent jamais qu’en toilette; et,
comme cette exhibition commence à 9 heures du matin au plus ta rd , souvent
à 6 heures, force leur est, vers le milieu du jour, de s’enfermer chez elles?
et de se déshabiller pour respirer. Au jour tombant, elles doivent reprendre
le supplice; du corset, plus serré que jamais, car c’est dans des voitures découvertes
qu’on va à la promenade, et il y faut faire assaut de toilette ; d’ailleurs
, on ne rentre que pour se mettre à table, et il faut y briller.
Cette recherche incommode contraste singulièrement avec le vêtement aisé
et négligé des hommes, dont quelques-uns gardent la veste blanche pour accompagner
leurs femmes à la promenade, et qui tous la reprennent, du moins
pour diner, s’ils n’ont pas une partie nombreuse.
De l’ancienne bonhomie des moeurs, on a gardé quelques formes vulgaires
et c’est tout. Je n’ai pas encore reçu de lettre qui commençât par Sir, tout court..
On s’aime tant les uns les autres, qu’on donne le doux nom de Cher Monsieur
à des gens qu’on n’a jamais vus, et auxquels on écrit pour la première fois. Cet
usage est imposé aux femmes : tous les hommes, jeunes ou vieux, bons ou méchants
, connus ou inconnus ; leur sont également chers dans la vedette d’un