
sur l'autre rive de la Jumna, est cependant encore plus nu que les campagnes
de la rive droite.
Aucun Européen ne réside à Bindrabun. Jeyt n’est qu’un médiocre
village.
Le a8 février i83o. — A Chatta, n mil. (3 I 1. ) de Jeyt.
Ce village est une grande forteresse de bonne mine à l’extérieur, mais
il p c faut pas y entrer; au dedans il n’y a que de la misère, e t , comme
partout, excepté peut-être à Bindrabun et à Muttrah, de la décadence.
Aujourd’hui, le dernier jour du mois, il y en a juste un que l’hiver a fini,
à Bandah. Le vent du N .O . a cessé de souffler depuis ce jour avec régularité;
lés nuits ont cessé d’être froides; les fortes pluies de la mi-février,
d’une violence tout à fait inusitée en cette saison, ont déterminé la clôture
complète de l ’hiver, au lieu de le faire renaître. Le 20, à Agrah,
orage terrible au coucher du soleil, tonnerre continuel dans les régions
élevées du ciel, que des éclairs éblouissants coupent d’une multitude de traits
de feu ; grêle très-grosse ; vent violent de l’ouest ; la pluie qui succède à la
grêle et qui tombe à peine pendant une heure, submerge les parties basses
de la campagne.
Il ne gèle pas en hiver à Agrah; mais on y fait aisément de la glace
pendant les nuits froides du mois de janvier, en exposant au rayonnement
céleste des vases de terre remplis d'une mince épaisseur d’eau, isolés sur
un lit épais de hois de cannes à sucre. La glace ainsi produite est Conservée
dans plusieurs glacières garnies pareillement de bois de cannes, et partagée
chaque jour, pendant l’été, entre les membres de la station qui ont souscrit
à la dépense commune. On estime qu’on ne consomme qu’un dixième de la
glace enterrée : neuf dixièmes fondent dans la glacière. La souscription est
d’environ 200fr. pour en avoir 3 , ou 4, ou même 5 livres par jo u r , pendant
4 ou 5 mois ; ce qui fait de 6 à 800 livres, et établit le prix de la
livre consommée, ou le prix d’été, à environ of,3 5 , et celui de la livre
enterrée, ou le prix d’hiver à of,o3.
Du 20 au 24 février, à A grah , on commençait à fermer les maisons de neuf
heures du matin à trois et demie, quatre heures de l’après-midi; mais sans
grandes précautions. Personne n’eût désiré de punka. Le feu eût été inutile le
soir aux plus frileux, et incommode à tous pendant le jour. Le soleil, dès neuf
heures, est d’une chaleur extrême; et depuis le jour démon départ d’Agrah, jé
règle l’heure de mon départ chaque matin, de façon à arriver vers celle-là au
terme de ma marche. Mes domestiques souffrent eux-mêmes de la chaleur
de midi, e t, ce qui n’était jamais arrivé depuis Calcutta jusqu’à Bandah, ils
sont tous prêts le matin à l’heure que j ’ai fixée la veille pour le départ.
Il y a cependant, dans cette chaleur, une circonstance particulière : sous ce
soleil terrible, je ne transpire pas. C’est que la sécheresse est extrême. En
même temps je n’ai jamais soif.
Depuis l’orage du 20, à A g rah , le ciel a souvent été couvert ; mais le
vent a soufflé assez régulièrement du N . ou du N . O . Ce n’est donc pas
encore le Garmi, , mais ce n’est plus le Djarra, Malgré l ’excessive
chaleur du soleil, personne ne porte encore d’habit d'été. Qu’importe-t-il
aux gens qui règlent leur marche sur la sienne, et ne s’y exposent jamais
quand sa chaleur est incommode ?
Unanimité parmi les trois médecins que j ’ai vus à Agrah, pour menacer
tôt ou tard d’hépatite chronique quiconque brave souvent ses rayons. Ils ne
parlent pas de son influence, ainsi qu’on le fait à Calcutta, comme d’un coup
de pistolet à bout portant, mais ils disent qu’ils ont vu se détruire la santé
de tous ceux qui ne s’en sont pas défendus. Ils s'accordent aussi à regarder
comme excellent mon régime alimentaire, dont j ’ai retranché presque absolument
l’usage des liqueurs spiritueuses; mais ils disent qu’il serait le plus
funeste pour mo i, s’il me donnait dans le climat une confiance que nul
Européen ne peut avoir impunément. Pour ceux qui se soumettent à ses
exigences et qui vivent avec quelque sobriété, il est, disent-ils, parfaitement
salubre.
La petite vérole est aussi commune et aussi meurtrière parmi les natifs
qu’elle l’était en Europe avant l ’introduction de la vaccine, pratique à laquelle
ils ne se soumettent qu’avec une extrême répugnance : les Musulmans
partagent les frayeurs de souillure qui assiègent perpétuellement les Hin-
doux; ils ignorent d’ailleurs les objections turques du fatalisme.
La maladie vénérienne est très-répandue; et, quoique généralement moins
violente qu’en Europe, ce n’est que par un léger traitement mercuriel que
le médecin peut être assuré de l’extirper radicalement.
J’ai remarqué que le sulfate de quinine agit avec bien plus de succès contre
les fièvres intermittentes, que la quantité de quinquina supposée équivalente a
la dose qu’on en prescrit. La dyssenterie est un des maux les plus communs et
les plus dangereux. Le choléra-morbus est plus rare.
Peu de natifs consultent les médecins européens. Les préjugés religieux
leur défendraient souvent de prendre nos remèdes. A- Calcutta, où la po