
est de 45 mil. ( i3 1. ) suivant le mesurement fait ces jours derniers par le capitaine
Cheap.
Un chemin passable et: très-fréqüenté conduit à Bankhouraet y rejoint la
route militaire de Calcutta à Bénarès ; mais dans l’incertitude de la position
des Mines de houille voisines de ce lie u , je me décide à aller visiter celles
où je suis sûr d'être guidé sans hésitation. Elles sont situées à 60 mil.-. (17 '1. )
environ, à l’O .N .O . sur cette rive de la Dummoudah, à Ranniganje; de là ,
je traverserai la rivière, et rejoindrai la route militaire à Rogonatpour ; en
tout, près de 100 mil. (29 lieues). J’aurai une contrée sauvage à traverser,
couverte de-jungles, qu’habitent des Eléphants, des Rhinocéros , des Tigres,
et des-Ours plus redoutés qu’eux tous. Il est prudent d’avoir une escorte.
Mon passe-port, âceompagné. d’un mot au Magistrat, m’est renvoyé aussitôt
avec un billet poli et une garde de 4 sipahis, commandée- par on sergent.
Us ont ordre de «m’accompagner jusqu’au prochain chef- heu de régiment
provincial. : c’est une campagpu de plus d’un mois pour eux. Chaque homme
a 12 cartouches dans sa giberne. On me procure d’autre part un Harkarah
qui connaît parfaitement la route que je veux suivre. Cet homme est un
domestique, jCç.,.! {homme d’espérance}, c’est - à -dire sans emploi; je
lui donne 2 roup. (i|: fr. ) d’avance pour vivre lui et sa famille, jusqu’au terme
du voyage, et il revient aussitôt dans le costume de son emploi, ressemblant
fort à un galérien en redingote; il porte un bonnet de laine rouge:, une
longue tunique de drap rouge très-grossier, une ceinture blanche, de larges
pantalons blancs, et un sabre indien. La pique de mon Tchokedar pâlit devant
l’appareil guerrier de mon escorte. Ce n’est plus qu’un bambou ridicule,
quand les sipahis prennent leur faction près de mes chars; le pauvre homme
paraît tout honteux de son armement d’amateur.
Au lever du soleil, je fis partir tout mon bagage escorté par les soldats,
avec l’ordre de s’arrêter à Huldy. A midi seulement je montai à cheval pour
les rejoindre : je m’attendais à les trouver installés en arrivant, et ma tente
piquée. Je ne comptais que sur les 4 cos. ( 2 , 1. ) de distance; mais la route
était rompue en divers endroits, il avait fallu traverser plusieurs fois 2 pieds,
2 1 pieds d’eau et de boue, et ils étaient encore loin du gîte quand jë les
rencontrai. J’admire qu’ils aient pu passer : sans les sipahis, certainement
ils ne l’eussent jamais fait. Ce n’est pas là un des moindres avantages d’une
garde. L ’ordre était de faire halte à Iluldy, il fallait y arriver coûte que coûte.
Je suppose qu e , pour pousser les chars dans ces fondrières et les en tirer, il
en coûta quelque coopération aux passants; le Naik ( caporal ).me faisant
sur Ce passage mémorable un rapport-où il entre 5o hommes. La campagne
est couverte de rizières. Les villages, toujours situés près d’un étang, sont
cachés par les arbres qui en ombragent les bords. Le pays, cependant, ne
parait pas très-peuplé; je ne vois pas où l’on trouve les bras nécessaires pour
ces immenses cultures de R iz , cette plante exigeant beaucoup de travail.
Beaucoup de petits champs de Cannes. Toutes les tiges d’une même souche
sont liées ensemble avec quelques feuilles qui les cachent tout à fait ; privées
de lumière, elles doivent s’étioler.
Les Riz sont versés, mais ce n’est point par un accident de la saison; ce
sont les cultivateurs qui les couchent ainsi, en brisant presque les tiges à coups
de bambou, pour hâter la maturité du grain: opération analogue-à l’incision
annulaire pratiquée sur la vigne et quelques fruitiers, dans le même but.
D’Hougli à Burdwan, je n’avais rencontré que deux voyageurs ; tous deux
des natifs, portés dans leurs palanquins, où l’un d’eux était commodément
installé, enveloppé dans plusieurs châles ; sa montre près de lui et son houka.
Ici, je vis un équipage de porteurs, courant avec une sorte de cube en toile
qui semblait fort pesant. Certains garde-mangers ont tout à fait l’apparence
de ce qu’ils portaient, ou bien encore un lustre dans son enveloppe ; c’étaient des
femmes qui étaient dedans; elles ne voyagent pas d’une autre manière : il est
question , bien entendu, de femmes comme il faut. Je vis aussi un Derviche ou
religieux musulman ambulant, fort sale et fort ridicule, sur un petit cheval
prêt à mourir de vieillesse à chaque pas; et ce personnage me rappelle un
faquir hindou, bien hideux, que je rencontrai à Bursoul il y a i joues. C’était
un vieillard décharné, un squelette, vêtu d’un langouti insuffisant pour la
pudeur la plus facile ; le corps couvert de cendre, les cheveux épars, hérissés,
pleins de terre. II s’arrêta en passant devant m o i, faisant entendre une sorte
de grognement peu amical. Un geste menaçant le fit éloigner sans le faire
taire. II paraissait, comme tous ceux que j ’ai eu occasion de voir près de
Calcutta, dans Un état complet d’aliénation mentale.
Huldy, où je vins camper, n’est qu’un hamean.
De service à Burdwan, les sipahis provinciaux ont entièrement le costume
européen. Mon escorte avait son grand uniforme quand le magistrat me
l’avait envoyée. Sur la route, pour garder mon bagage, les pauvres diables,
pour lesquels d’étroits pantalons de drap sont un supplice, et qui d’ailleurs
avaient dû plusieurs fois se mettre dans l’eau et dans la boue jusqu’à la ceinture
, avaient gardé leur habit rouge, le ground work de leur habillement
militaire, mais ils avaient repris leurs culottes natives, faites ou représentées
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