
les pauvres Turcs que tout le monde regarde sous le nez dans les rues de Paris;
il faut qu’ils se laissent admirer et examiner patiemment. Ennuyé de le tre , je
iis garder les deux extrémités de l’avenue où j ’étais campé.
Le 3o novembre 1829. — A Kôtah ( ) , 5 cos. ( 31. ) de Dignagur. = { Oveirampour (jyy“ ) » * cos.
( 3 1. ) ; Souliata ( ), 1 clos. ( 3 1. ) ; Djamtara (a jh -^ ) , I cos. (£ 1.) ; Mancour j> 1 cos. ( 3 1.);
Manrou Q / » ) > 1 cos* (1 l.)Y'K.ôtah,"| cos. (-1 11 )]
Plaines sablonneuses où la culture domine encore. Moins de talabs.
Nul char d’Europe ne pourrait passer dans le chemin. Mancour est le village
le plus considérable. Kôtah est également un fort village. On fait du
sucre partout; chacun le raffine chez soi par des procédés domestiques;
la pression est leur grand moyen de séparer la mélasse. Les parties cristallines
elles-mêmes étant empâtées d’une matière gommeuse (celle que l’on décompose
chimiquement, et que l’on enlève avec les écumes dans la cuite du
Yeson, par l’addition d’un peu de chaux ) le sucre se façonne aisément en
pelotes consistantes : on les, serre entre deux planches que l’on charge d’une
grande pierre plate, sur laquelle le raffineur se hu che, accroupi comme un
chien et fumant son houka.
Le i er décembre 1829. — Camp de KaligandjV (ter*^ ^5) 15*), 4 £ cos. (2 £ 1. ) de Kôtah. == [Peraal ( J U ^ j ) ,
1 \ mil. * '(fl.) ; Kankchah (aA&£) , £ mil. (£ l.) ;,B ir ia ( ij'jjf ^ t (■£ t ) ; Bandarah
a mil. (3 1. ) ; Gopalpour ( j y l S ) , 1 ^ mil. ( f i . ) ; Arrara (ô)|J|)» \ mil. ( ¿ 1.) ; Kaligandje, 1 mil. ( ^ 1.) ]
Peraal et Kankchah, villages très-voisins, et leurs petits territoires, ressemblent
entièrement à ce que j ’ai vu depuis Burdwan. A Kankchah je rencontre
un de mes éclaireurs qui avait pris les devants pour me trouver un
verre de lait; il montait la garde triomphant, car ces t un de mes sipahis,
près d’un troupeau de Buffles, et du plus loin qu’on m’aperçoit, on trait une
femelle de ces animaux. C’était la première fois que j ’en goûtais le lait; il
me parut beaucoup plus épais qu’aucun lait de vache, et aussi agréable que
le meilleur. Un pauvre vieillard gardait ce troupeau, et sa belle figure me
touchant, je dis à inon cuisinier, faisant ici fonctions d’intendant, de lui
donner 2 pices au lieu d’une (of,o8 au lieu de of,o4 ). J’allais partir sur ce trait
de magnificence, quand mon homme vint me dire que le vieillard ne voulait
pas accepter; j ’insistai, mais inutilement : cependant je voulais m’acquitter
et même faire à ce pauvre homme quelque petit présent ; mais que lui donner?
Une Cigogne fit l’affaire. Nous étions sur le bord d’un étang , et, à trente
pas de nous, un de ces oiseaux nous regardait d’un air stupide. Je demandai
préalablement à mon homme s’il pouvait en manger la chair, et sur sa réponse
affirmative, j ’envoyai un coup de fusil à la Cigogne qu’un de mes gens alla
chercher dans l’eau. Le pauvre diable parut ravi de la perspective de manger
de la chair de te./ à son dîner. Beaucoup de villageois s'étaient assemblés,
qui furent émerveillés de l’effet du coup de fusil et de ma libéralité. Le
vieillard fut complimenté de tous, à l’occasion de son oiseau que chacun
vint regarder de près. Je n’avais fait que le démonter : il l’étouffa pour le
faire mourir sans effusion de sang, selon l’usage des Hindous. Mon Tchou-
prassi, qui est Musulman, quand je lui fais un cadeau semblable, tire son
sabre et coupe la gorge du blessé, en se donnant des airs risibles de sacrificateur;
puis il jette dessus quelques gouttes d’eau, et va le plumant sur la
route. Nul de mes serviteurs Hindous ne toucherait d’un gibier achevé de la
sorte.
Une scène nouvelle s’ouvrit devant moi en sortant de Kankchah : c était
une vaste plaine inculte, presque nue, d’un aspect sauvage, e t, vers le N. et
le N .O . , l’horizon terminé par des forêts : c’étaient des jungles! La curiosité
me fit partir au galop, avec un fusil en bandoulière, résigne a me tirer seul
d ’affaire avefc tous les tigres et les ours obligés, pour voir plus tôt une forêt
indienne.
Je fus bien désappointé. D’abord, au lieu de tigres et de rhinocéros, je
ne ris que des hommes nus, sans armes, qui, le plus tranquillement du monde,
abattaient du bois et le chargeaient sur des chars. La foret ressemblait à une
coupe de 2 ans, mais où l’on aurait laissé un très-grand nombre de baliveaux ;
il était possible, quoique incommode, de passer à cheval dessous. Les arbres
étaient tous de la même grandeur et de la même espèce. En vain je cherchai
une fleur ou un fruit desséché! aucun moyen de résoudre cette inconnue.
Je conjecture que c’est une borraginée, mais voila tout, et encore ceci n est-il
qu’une conjecture. Les broussailles, sous ce bois, étaient presqu aussi monotones.
J’y distinguai une espèce de rhamnoïde, voisine des Ziziphus} et un
autre arbuste épineux qui me paraît une rubiacée; mais elle est sans fleur
ni fruit.
Un étang, creusé tout récemment sur la lisière des jungles, a mis à nu
le minerai de fer alluvial dont j ’ai parlé déjà.
Le chemin désormais suit les contours de la foret, du bois plutôt, puisque
ces jungles ressemblent tout à fait à un bois d Europe, et ne répondent nullement
à l’idée que nous nous faisons de cet épouvantail des voyageurs, né-
tant pas du tout fourrés. Nous avons fait (je parle comme si j ’étais Anglais),
de jun gle un mot spécifique ; son acception, en hindoustani, est , au contraire,