
une ligne de Dâks, mais très-peu fréquentée. Elle ne parait pas être très-sûre;
car les voyageurs, dans leur palanquin, ont, de relais de porteurs en relais,
une escorte de trois cavaliers armés. Ce sont les figures les plus pittoresques,
habillées de vert et d’écarlate, le turban de cette couleur, armées dune très-
longue lance, et montées sur de jolis chevaux. Le hasard fit venir de Nagpour,
pour me montrer ces élégants cavaliers, un voyageur anglais que je rencontrai
au lever du soleil en avant de Lâlgandje. Il marchait devant son palanquin
pour se réchauffer, et me demanda, du ton d’un extrême intérêt,
des nouvelles des habitants de Mirzapour. Je pus le satisfaire aussi bien que
si j ’eusse habité la station dix ans, et il ne suppose guère, je pense, combien
je suis étranger à ce pays,
Hier, en sortant de Mirzapour, j ’avais rencontré un autre voyageur. C’était
le frère de Xex-Peischwa, le même sans doute qui se fait bâtir à Bénarès une
maison à la mode de son pays, en boue et en bois. Il était campé depuis
quelques jours à l’entrée de la ville. Je pris son camp pour un faubourg. Des
bazars s’étaient formés alentour, et chaque boutique étant pauvrement fournie,
il y en avait une centaine peut-être. Le prince, qui va en pèlerinage à
Jagrenat, voyage avec une dizaine d’éléphants, cent chevaux peut-être, des
chameaux et des boeufs de charge en grand nombre. Ses tentes rouges, fort
déguenillées de près, et sans doute fort pauvrement meublées auprès de celles
du Gouverneur général, font néanmoins, à distance, un effet magnifique. La
Compagnie pensionne largement les princes qu’elle dépossède du pouvoir;
elle se conduit en prince avec eu x , et les princes ne cessent guère de faire
cause commune, après la victoire, avec ceux qu’ils ont battus. Les peuples
payent cette générosité de sentiments : quelquefois ils ont la bêtise de l’imiter
; témoin les Mexicains qui votèrent une pension de 20,000 piastres à la
veuve d’Iturbide, très-justement fusillé.
Le 1a janvier i 83o. — A Hanmanna , 14 mil. (4 1. ) de Kuttrah.
Ruttrah est situé au pied de la seconde rangée de collines.
Du plateau sur lequel elles s’élèvent, leur sommet paraît une ligne horizontale
aussi régulière que celle de la première rangée, vue de la vallée du
Gange. Le second étage a plus d’élévation relative que le premier, le double
au moins.; mais il est dirigé comme lui. Ses pentes sont plus roides : elles
sont couvertes d’une épaisseur considérable de débris sur lesquels végète une
misérable forêt. En divers points, la route les a emportés et a entamé les
roches qu’ils cachaient; mais au pied des collines, les éboulements cachent
entièrement la jonction des couches dont elles sont formées, avec celles du
plateau inférieur. Elles sont disposées comme celles-ci horizontalement, et la
plupart sont des Grès tout à fait semblables; mais leurs bancs alternent avec
des couches de Schiste argileux, verdâtre ou violet, et, sans cesser d’être des
Grès, offrent des variétés que ne montre pas la section des monts Bindachal
(la rangée inférieure). Les mêmes couches micacées, ferrugineuses et fissiles,
se trouvent à la base, comme dans la première rangée. Elles sont recouvertes
de couches formées de masses lenticulaires de Grès très-dur, à grain si fin
qu’on dirait du Quartz lydien, brunâtres ou noirâtres, enveloppées d’argile
ferrugineuse. La tranche de ces couches a l’apparence d’une amygdaloïde;
mais cette apparence est absolument dépourvue de réalité.
Des bancs de Schiste argileux (talqueux peut-être), colorés en vert clair
ou en lie de vin, mais sans aucune des teintes carburées, reposent sur ces
roches singulières; et elles en renferment elles-mêmes d’autres qui ne le sont
pas moins. Ce sont des argiles vertes compactes empâtant des amas aplatis
de Quartz grenu? blanc; peut-être des petites couches de Grès à grain très-
fin? (L ’absence de ciment apparent rend la distinction bien difficile à faire) (i).
Ailleurs, ces petites couches très-minces de Quartz, enfermées dans l’argile
ver te , participent de sa couleur, puis l’argile qui les sépare devient plus rare,
et l’on voit paraître des couches de Grès? v e r t, à grain extrêmement fin, sans
ciment visible, très-dur, et qu’il serait aisé de prendre pour du Quartz grenu.
Je me souviens que, dans les conglomérats qui forment plusieurs des couches
inférieures du terrain jurassique à Bex, il y a des fragments de Quartz grenu
v ert, d’apparence semblable à cette belle variété de Grès.
C’est vers la hauteur moyenne des collines que se trouvent ici ces bancs
de Grès vert , qui sont au reste en petit nombre. On ne les exploite pas :
leur dureté non-seulement en rendrait le travail difficile, mais leurs masses
homogènes et compactes ne renferment aucun des plans de division tabulaire
des couches supérieures, presque également dures, et que l’on amène
facilement à une forme parallélepipédique.
Le tiers supérieur de la hauteur des collines n’offre que des couches peu
épaisses (om,3 à im,o) de Grès blanc ou rougeâtre, sans intercalation de
couches étrangères, soit de Schiste argileux, soit de Grès micacé schisteux.
L ’oxyde de fer forme seul quelques couches extrêmement minces entre
(i) Une roclie d’apparence semblable se trouve à Bex, en Suisse, dans les assises inférieures du
calcaire jurassique; mais c’est de l’Anhydrite cristallisée qq’y renferme l’argile verte compacte.