
de quatre corps de logis opposés ; c’est la disposition accoutumée : mais le
rez - de - chaussée et le premier étage ne sont qu’une galerie profonde,
dont les plafonds sont supportés par des colonnes de bois sculptées. Les
étages supérieurs sont seuls divisés en appartements. La terrasse est couverte
de fleurs. Une multitude de lampes allumées dans des verres de couleur,
pendent de tous les balcons sur la cour. Les murailles sont couvertes de peintures,
dessinées dans le goût des figures d’un jeu de cartes, mais brillantes de
couleur comme elles; leurs sujets sont exclusivement, à peu près comme chez
les Grecs et les. Romains, ceux de la mythologie du pays. Quand le maître
veut traiter ses amis, il fait nettoyer sa maison, il y fait porter des coussins
et des tapis pour s asseoir, une profusion de fleurs fraîches, et elle est illuminée
de haut en bas à l’heure où les conviés arrivent, toujours le soir,
chacun dans son palanquin, suivi de son houka; la nuit s’écoule en causeries
et en spectacles, finissant ordinairement comme j ’ai dit plus haut. Ceux
qui ne se soucient pas de cette issue, se retirent auparavant.
De ce que j ai vu jusqu’ici dans l’Inde, cette jolie maison est ce qui répond
le plus à lidée particulière d’élégance pittoresque qu’on se fait de l’Orient.
Cest la coutume de beaucoup de gens riches à Bénarès, d’en avoir une
semblable; elle prouve combien l’esprit de société est étranger aux Indiens.
Ils ne se visitent pas amicalement les uns les autres; ils ne se voient que
dans des fêtes où ils s invitent réciproquement. Les Anglais sont-ils plus sociaux
que ces Asiatiques?
H i s t o ir e s d e v o l e u r s— Ils sont ici les plus adroits et les plus fins du monde ;
the most beautijul thieves in the world. dans le langage o o des narrateurs.
Il y a quelques années, une troupe de 5 oo hommes environ descendit du
royaume dOude à Bénarès, marchant paisiblement avec un soi-disant Rajah
à leur tête, et allant en pèlerinage à Jagrenat. Ils se montrèrent ici aux officiers
du Gouvernement, qui ne trouvèrent aucune raison de gêner leur
pacifique association, et les laissèrent poursuivre librement leur route sur la
rivière. Arrivés à Calcutta, ils dirent qu’ils attendaient des bateaux pour
descendre jusque sur la côte de la baie, et, sous les prétextes les plus vraisemblables,
ils y prolongèrent leur séjour, regardant d’où soufflerait le vent. Le
Gouvernement, en ce temps-Ià, laissa connaître qu’il avait 7 lacks de roupies
( i , 75o ,o o o fr.)àenvoyer à Bénarès. Les pèlerins alors, prétendant ne pouvoir
régler convenablement le reste de leur voyage, se préparèrent à retourner
dans leur pays ; et quand les lacks de la Compagnie furent embarqués pour
remonter le fleuve, eux-mêmes prirent les devants, forçant de vitesse; mais
arrivés à une partie de son cours où ses plages sont désertes, ils s’arrêtèrent,
feignant de réparer quelques-uns de leurs bateaux. Le convoi les joignit enfin.
C’était un lieu choisi d’avance. Abordé pendant la nuit par les pèlerins de
Jagrenat, il fut enlevé sans bruit ; les bateaux qui le portaient coulés à
fond, et tous leurs équipages massacrés. Le lendemain, les voleurs continuèrent
paisiblement leur voyage; on les vit repasser à Bénarès, comme ils
y avaient passé la première fois, aussi paisiblement; et de là,.ils retournèrent
en Oude par terre, se divisant sur la route, n’excitant de plaintes nulle part,
et ne laissant aucune trace de leur passage.
Le convoi de la Compagnie passa universellement pour avoir fait naufrage:
il était assuré. Après bien des mois de recherches inutiles, personne n’en
ayant entendu parler, les assureurs remboursèrent à la Compagnie ses 7 lacks.
C’est un hasard qui depuis a appris leur histoire.
On est volé tous les jours ici dans les cantonnements. Le capitaine Taylor
a deux factionnaires. et un poste de soldats qui veillent nuit et jour à la
garde de sa maison : c’est un petit Bungalow. Il n’y a pas longtemps que
madame Taylor, en s’éveillant le matin, vit dans sa propre chambre à coucher
quelques-uns de ses effets empaquetés; la plupart avaient disparu.
Hier, le médecin de la station, le D r Angus, a été volé pareillement; mais
les voleurs, chez lu i, n’avaient laissé aucun paquet : il n’avait pas une culotte
à mettre en se levant.
Dans une tente, il est impossible de n’être pas volé de tout ce qui s’y
trouve; il n’y a point de factionnaires, de gardiens, qui puissent empêcher
les voleurs d’y entrer inaperçus, s’il ne fait pas le plus brillant clair de lune.
Ils rampent à terre, dans les fossés, dans les sillons des champs; imitent
cent voix diverses; réparent, en jetant le cri d’un Jackal, un mouvement
maladroit qui aura causé quelque bruit, puis se taisent, et un autre, à
quelque distance, imite le glapissement de l’animal dans le lointain. Si les gens
chargés de veiller font leur devoir au lieu de dormir, on les attire d’un côté
par quelques bruits suspects, et le voleur se glisse à 1 instant sous la tente,
dont il coupe d’un trait de son talvar les attaches, sans l’ébranler aucunement.
Souvent ils n’y laissent rien ; ils vous prennent votre bonnet de nuit sur votre
tête, et le iriatelas 'sur lequel vous dormez. La gageure a été faite que des
Bhils réussiraient quelquefois à voler sur lu i , sans l’éveiller, la chemise d’un
homme endormi, et elle a été gagnée.
Un officier anglais, qui avait une longue expérience du pays, revenait ici