
chapelles sont en partie creusées dans le roc ; elles sont fort mesquines
auprès des. antiques ruines d’Adjighur : je les crois toutes comparativement
modernes.
Un Faquir habitait depuis longtemps un trou creusé dans les escarpements
voisins , où l’on ne peut arriver que par un passage fort dangereux. Il n é1
tait pas une des moindres attractions de Kallinger pour les dévots. Leurs
aumônes, après tout, doivent être légères, malgré le rang de quelques-uns;
car il n ’y a qu’une douzaine de desservants, et ils ont l’air assez misérables.
C’est à Bénarès que le métier de Brahmane est excellent.
Mutilés par les vainqueurs, il y a une vingtaine d’années, les dieux de Kallinger
sont les plus grotesques de l’Olympe indien. La plupart ont perdu, dans
la défaite du Rajah de Panna, leur nez et leurs oreilles ; quelques-uns, en revanche,
ont gagné des moustaches Les soldats sont partout les mêmes !
La possession de cette place inexpugnable n’est d’aucun avantage aux
Anglais, ils l’occupent seulement pour empêcher qu’un autre ne s’y établisse.
Le système du Gouvernement est depuis longtemps de prendre les forteresses
pour les détruire. Ic i, comme à Adjighur, le temps ouvre des brèches nombreuses
dans les remparts, mais les escarpements se tiendront éternellement
debout ; ils suffisent à faire de cette place une retraite inaccessible.
La célébrité historique de Kallinger, et sa proximité de la grande route européenne
dans l’Inde (de Calcutta à Jjehli), vaut quelques visites aux trois
officiers européens qui y commandent. Ils m’ont paru cependant considérer
comme un exil, comme une sorte d'emprisonnement, la courte durée de
leur garnison (6 mois). Aucun n’a l’air de s’apercevoir qu’il y a quelque
chose de très-piquant à vivre en maîtres absolus dans un lieu si célèbre et
jadis si formidable. Us marchent tout le jour sur des inscriptions, et ne paraissent
pas regretter de ne pouvoir les lire.
Dans la longue excursion que nous fîmes ensemble sur le plateau, nous
entrâmes dans un palais ruiné qui semblait désert. C’est un grand bâtiment
carré, dont les quatre corps de logis, fermés à l’extérieur, s’ouvrent au
dedans par une galerie et de nombreuses fenêtres sur une cour spacieuse.
Quelques sipahis en ont fait leur quartier. C’était un jour de fête pour les
Hindous : ceux-ci se divertissaient avec des filles. Notre arrivée ne parut pas
les déconcerter ; les hommes*. après avoir fait le salut militaire, s’éloignèrent
d un air indifférent ; les Ballerines, car il faut traduire ainsi leur nom indien,
s’approchèrent d’un air aisé, décent et gracieux, et nous offrirent une fleur et
un épi de blé. En trouvant une fort jo lie , je demandai à mon obligeant
Cicerone, si les jeunes officiers ne se donnaient pas l’innocente récréation de
faire danser le soir devant eux ces filles du Soleil ; il me dit sans pruderie, que
ce n’était plus l’usage, et qu’on remarquait, à leur grand désavantage, ceux
qui suivent l’ancienne coutume. De là , pour les jeunes gens, 1 obligation du
mariage, et la misère qui le suit, chargés bientôt d’une famille qu’il faut
envoyer en Angleterre pour son éducation, et souvent séparés de leur femme
dont la santé, détruite après quelques couches, réclame le climat de l’Europe.
Ces danseuses‘ sont, relativement, d’une espèce beaucoup plus relevée que
les filles publiques d'Europe. Il n’est pas entendu que la prostitution soit leur
o-agne-pain. Elles viennent, quand on les appelle, pour danser et chanter; et si
elles font preuve d’autres talents, c’est par pure faveur. Vêtues avec la plus
stricte décence d’une riche étoffe de soie, tandis que les honnetes femmes
sont très-insuffisamment couvertes de haillons grossiers; dansant, chantant,
capables de causer quelques minutes, tandis que celles-ci, abruties par la
servitude domestique, n’osent parler devant un homme, les Nautch - (luis
semblent n’avoir qu’une noble et élégante coquetterie.
Les femmes grecques avaient à peu près la même existence misérable que
les femmes indiennes. Elles vivaient à la maison, renfermées dans les soins
du ménage ; cet ordre de choses produit partout la pédérastie et ennoblit
la condition des courtisanes.
Dans un pays et dans un temps où les filles seules cultivaient les beaux-
arts, comme chez les Grecs, lesjhonnêtes gens d’une nation passionnée ..pour
cette étude étaient-ils si coupables de passer leurs soirées avec elles? 11 n’y
a pas d’Aspasie parmi les. Nâutch-Girls de 1 Inde, mais il y a dans leur
existence quelque chose qui. rappelle: tes courtisanes de la Grèce.
D e s c r i p t io n g é o l o g i q u e n E l a m o n t a g n e n E K a l l i n g e r . — Jusqu’au pied
des escarpements, la montagne est formée de roches syénitiques qui offrent
dans leurs variétés et leur gisement toutes les circonstances d’Adjighur. La
Syénite à Feldspath rose , Quartz laiteux, Amphibole noire, à grands cristaux,
se trouve surtout en grands blocs déplacés à tous les étages de la
montagne; des variétés de la même roche à plus petits cristaux; d autres
où quelques lames de Mica s’associent à l’Amphibole, sans jamais la supprimer
entièrement; des roches de Feldspath et d’Actinote, ou de Feldspath
et de Diallage, douteuses.ici comme à Adjighur dans la nature de leurs éléments;
et enfin ces Grünsteins qui se décoinp'osettt en boules concentriques
empilées régulièrement, voila les especes dominantes. Il est également difficile