
pour le service domestique des familles, sont des hommes soigneux, rangés,
intelligents, et ceux auxquels on fait apprendre des métiers pour tirer
parti de la location de leur travail, montrent une adresse extrême. Il y a des
Malais esclaves qui sont tailleurs, cordonniers, selliers, menuisiers; d’autres
travaillent les métaux : ce sont les gens les plus utiles de la colonie.
Les Malais libres, qui forment entre le mob des Nègres et l’aristocratie des
Blancs, une sorte de Tiers-Etat, ne sont pas chrétiens; plusieurs d’entre eux
portent des noms mahométans ; je crois néanmoins que presque tous suivent
des rites religieux indous. Us ont leur prêtre et leur cimetière à part, qui a l’air
d’un cimetière turc ; du reste, ils portent l’habit européen. Je n’ai rencontré
dans les rues du Cap qu’un homme en robe blanche indienne ; je n’ai pu savoir
qui il était.
Les Malais libres sont citoyens. J’ai demandé s’il y en avait d’employés dans
le service civil de l’administration, et l’on m’a répondu que non. Us demeurent
étrangers aux arts libéraux de l’Europe. Leur état social et leur condition politique
de fait ( non de droit ) a beaucoup de ressemblance, il me parait,
avec celle des Mulâtres depuis long-temps affranchis, des Etats septentrionaux
de l’Union américaine ; elle est seulement un peu plus relevée.
Je n’avais jamais vu d’hommes de cette. race : je l’ai donc examinée avec
plus d’attention que les Nègres, qui ne m’étaient pas nouveaux. Je voulais
leur trouver des caractères physiques qui les distinguassent absolument des
Caucasiens, noircis par trente siècles d’habitation sous le ciel de l’Asie
équinoxiale. J’y ai mal réussi. Leurs traits les plus ordinaires ne sont pas
Européens. Leurs cheveux sont noirs, fins et plats, leurs yeux noirs, leur
barbe rare et de la même espèce que leurs cheveux ; la forme de leur nez est
variable : il y en a de camards, de droits, d’aquilins; mais tous, dans leur espèce,
sont fins, tandis que toujours, chez les Nègres, et souvent chez les Européens
, le nez est grossier. Ceux dont le nez est aquilin ( et c’est le plus grand
nombre ) , ont le bas de la figure un peu fuyant; leur oeil est grand, très-
ouvert , leur face haute et étroite : ils sont assez beaux. Ceux au contraire dont
le nez est petit, ont aussi les yeux petits, relevés en dehors; la bouche plus
petite, mieux faite, les lèvres fortement prononcées, le menton rond et nullement
fuyant, et tout le système de la mâchoire inférieure plus développé
relativement au haut du visage. Ce genre de figure, chez les jeunes femmes,
a une expression marquée de libidinosité; chez les hommes, elle est repoussante
(i).
• 00 Je rapporte à deux types exactement correspondants, l’un à profil convexe, l’autre à profil
La couleur seule de la peau, plus foncée quelquefois que dans diverses variétés
dë Nègres noirs, d’autres fois bistrée seulement ou olivâtre, indique
souvent que ces figures ne sont pas Européennes. Mais quelle est l’importance
réelle d’un caractère si changeant ?
Les Boschismans sont au Cap des objets de curiosité. Je n’ai pas eu occasion
d’en voir. Le propriétaire du Petit-Constance en avait un dont il ne savait que
faire , et qu’il eût, dit-on, donné volontiers ; on en parlait tout-à-fait comme
d’un animal captif.
La population si mêlée de cette colonie ne s’élève pas dans la ville du Cap
au-delà de 25,ooo ames ; elle s’est peu accrue depuis la conquête des Anglais.
Son accroissement est également fort lent dans tout cet immense territoire, qui
n’a que bien peu d’habitants relativement à son étendue. Il y a une paix profonde
entre ces hommes de toutes races et de toutes nations : les maîtres
dorment tranquilles au milieu de leurs Esclaves, et les Hollandais, sans aimer
les Anglais, vivent avec eux en bonne intelligence. Us regrettent leur domination
passée, sous laquelle ils jouissaient d’avantages commerciaux qu’ils ne
peuvent partager actuellement avec les Anglais, qu’en se faisant réellement
Anglais eux-mêmes, en abandonnant toutes leurs vieilles correspondances avec
la Hollande, pour s’en créer en Angleterre, en transportant dans ce pays leurs
crédits, et en le faisant le point de départ et le but de toutes leurs opérations
commerciales.
Au milieu des plaintes qu’ils profèrent contre la partialité de l’administration
anglaise pour les intérêts anglais, au préjudice des intérêts hollandais,
c’est une justice à rendre pourtant, et qu’eux-mêmes ne refusent pas à cette
administration, que son impartialité dans les questions et les affaires qui ne
concernent que les individus. Cette équité sans doute n’est que de la bonne
politique ; mais on en fait tant de mauvaise en s’appuyant sur des principes
iniques, que la politique qui coïncide avec des intérêts bien entendus, n’en
mérite pas moins d’être louée. Les affections des Hollandais sont lentes à se
former et à se déplacer. Ce peuple n’est pas vite : aux Etats-Unis d’Amérique,
malgré son excessive infériorité numérique, perdu, noyé dans la foule d’origine
anglaise, il pense souvent encore à la patrie de ses pères, et s’étonne
d’être citoyen d’une patrie nouvelle.
concave, le peu défigurés espagnoles que j’ai vues en ma vie. Il y a des Mulâtres ( j’en ai vu
beaucoup de tels en Amérique ) chez lesquels plusieurs traits de l’organisation paternelle prévalant
sur le type maternelles mêmes caractères s’observent : des cheveux plats, toujours noirs; le nez ca-
mard sans être gros ; et tout le système maxillaire fort développé et un peu avancé, mais nullement
en museau comme chez les Nègres.