
fort générique. .(djangal), jungle, signifie bois, forêt, tout endroit sauvage,
non cultivé. L ’adjectif (djangli), qui en est dérivé, est exactement
le sjrlvestns des Latins. JT«. f l (ik djangli pehoul), une fleur sauvage, qui
croit, non seulement dans les bois, mais au bord des chemins, dans les prés,
partout d elle-même ; ,J&?- ( djangli hatehi,, éléphant sauvage, par opposition
à un éléphant captif et domestique ; (djangli h a n e s ju n , canard
sauvage— Mes gens me montrent sur le sable du chemin les traces de
Paons sauvages, qui ne sont pas rares dans ces bois, et qu’ils vantent comme
un mets délicieux; mais d’animaux féroces, il n’en est pas encore question.
Je m’étonne comment ils sont confinés à certains quartiers, et s’y renferment
sans faire au dehors d’excursions. Elles seraient ici pour eux très-profitables,
car la zone de maigres pelouses qui sépare les bois des rizières et de la culture,
est couverte de troupeaux de vaches, dont les gardiens sont sans défense.
Aucun natif n’a de fusil ; quelques-uns ont un sabre, d’autres une
pique : voilà toutes leurs armes.
Près de Gopalpour, dans un endroit où le chemin est bordé par le bois des
deux côtés, je rencontre deux forts convois de Boeufs déchargé; ils portent des
ustensiles de cuivre fabriqués je ne sais où. Tous ont une énorme sonnette au
cou, et la plupart sont affublés d’ornements bizarres, de plumets énormes, de
banderoles écarlates, brodées grossièrement de petites coquilles ; c’est pour
effrayer les tigres. Mon cheval, qui ne bronche pas quand je lui tire un
coup de pistolet à l'oreille, s’arrête et refuse d’avancer à ce spectacle étrange.
On m’avait marqué Gopalpour comme une étape confortable; mais la journée
d’aujourd’hui eût été bien courte, et celle de demain bien longue, si je
m’y fusse arrêté. Je passai outre, au grand désappointement de ma petite
bande. , ' . •
Arrara n’est qu’un hameau de quelques maisons, situé sur le penchant
oriental d’une croupe allongée du N . au S ., le premier mouvement de terrain
sensible à l’oeil que j ’aie vu dans l’Inde; sur la chaussée d’un talab, je l'avais
aperçue à 2 lieues de distance; sa hauteur néanmoins n’excède pas 10 à 12
mètres, je pense. Un Babou fait là quelque peu d’indigo, les cultures en ce
lieu confinant à la forêt.
Kaligandge n’est pas moins misérable ; il n’y a pas plus de 20 huttes habitées;
point de marché ; mes gens n’y savent comment vivre, et mes sipahis
surtout, habitués à ne manquer de rien (de riz s’entend, ce qui est tout pour
eux ) en marche, où un bazar militaire les suit, me font de très-humbles et
doléantes représentations. Il faut qu’ils se résignent à la belle étoile et à des
frais considérables d’habileté pour trouver à manger, car si je les menais plus
loin aujourd’hui, ce serait encore pis.
Ma tente, pour la première fois, est piquée ici dans un lieu retiré et pittoresque.
Je ne suis entouré que de verdure et de ruines. Tandis que j ’étais à
écrire, ma petite escorte, au nom de la Compagnie (car je les entendais crier
comme des diables et répéter « Au nom de la Compagnie!-»), a mis quelques
pauvres paysans en réquisition pour nettoyer le terrain où l’on devait planter
ma tente et établir leurs fourneaux ; recherche fort inutile de propreté en un
lieu aussi infréqüenté que celui-ci.
Un changement de temps très-remarquable vient de coïncider avec une lune
nouvelle. Depuis le jour de mon départ de Burdwan, il fait un temps magnifique,
le vent souffle constamment du nord, le ciel est sans nuages, le fond
de l’air frais, le soleil très-chaud, les nuits froides et superbes. C’est l’hiver
du Bengale parfaitement caractérisé. Saison admirable à mon sens !
Le 3 décembre iSrg. -3.A11 camp d’Ichapour ( j j f l ) ) . 4 1 cos, ( 3 ; 1. ) de Kaligandge. 3= [Harribazar
•( J/loJft) , | cos. ( \ ^i'j Panrdeh ( ô : y l j ), i cos. ( | 1.) ; Moiscapri ( ), i cos. (£ 1. ) ; Bidjouparrah
( ôJljjs-3 ) > 1 cos- Ichapour, f cos. (£ 1.) ]•
Hier, j’ai attràpé un coup de soleil sur les mains; il n’est pas moins chaud
aujourd’hui : cependantSsiest le froid qui m’a réveillé dans ma tente, ce matin,
sous deux couvertures. La rosée est très-forte et très-froide; le ciel d’une pureté
parfaite, quoique d’un bleu clair, favorise le rayonnement terrestre, circonstance
qu’on met à profit à Hougli pour faire de la glace, et Hougli est au
dedans du tropique, sur les bords d’une grande rivière où la marée monte
de plusieurs mètres, et son territoire est couvert de cocotiers.
Mes gens, la nuit, s’enveloppent,comme des morts dans leur linceul, mais
c’est dans la mince étoffe de coton dont le jour ils s’habillent; ils couchent
ainsi sur une natte quelquefois, et sous un arbre. Le matin, pour le départ,
je les trouve bien roides, comme mon cheval, et plus lents encore à se mouvoir
que de coutume; ils toussent, ils sont lourds, stupides. Sur la route,
au crépuscule, ils marchent silencieux, la bouche et la tète couvertes. Ma
caravane, à cette heure, a l’air d’un enterrement; les sipahis paraissant pour
le moins aussi ennuyés que le détachement de troupes qui suit souvent les
convois funèbres. Puis le soleil se lève, et les figures s’épanouissent. L ’un après
l’autre fait sa toilette du matin en passant près d’un étang, s’y lave, de son
manteau fait une ceinture et montre ses jambes nues. Les rhumes sont suspendus
pour 24 heures, les poumons ne travaillent plus que pour la parole.