
rope;caril faut etre mouillé dans la Baie de la Table, ou y entrer par le N.O.,
pourvoir les Montagnes qui l’enferment et la dominent, se développer comme
je viens de le décrire. Je suis aussi très-assuré que celui qui a donné à Green-
Point son nom, a vu cette terre pour la première fois en hiver. En été, dans
cette saison, elle est d’une aridité excessive ; on n’y découvre pas un arbrisseau,
pas une herbe.
Horsburgh assigne, sans citer ses autorités', les hauteurs suivantes aux Montagnes
qui dominent le Cap :
Table Mountain.................................. 3,600 pieds anglais. ( 1,097 mètres)
Devil’s Mount. .......... , . . . . . . 3,200 , id. ( 975 id.)
Lion’s Head.......................... 2,200 id. ,(; 671 id-
Lion’s Rump ........ , 1,100 id. .k 335. icL)
Toutes leurs bases sont cultivéès. Au-dessus des cultures, qui ne s’étendent
quà une très - médiocre hauteur sur leurs pentes, et que l’on dit
admirables de fertilité, il y à une zone sauvage, cbuverte d’arbrisseaux et
darbustes, où le Protea argentea, appelé ici sïlver wood, forme de loin de
grandes taches grisâtres : enfin, à partir de 3*25 mètres environ au-dessus du
niveau de la mer, des couches de roches parfaitement horizontales, fendillées
et crevassées, affleurent les pentes des' Montagnes devenues subitement bien
plus rapides vers cette élévation. Ces bancs épais forment sur Devil’s Mount et
Lion’s Head (Pl. V); des gradins dont chacun supporte un contre-fort étroit,
couvert de terre végétale et de verdure ; la Table seule s’élève verticalement :
lés bancs épais dont elle est formée 's’empilent les uns sur les autres sans retrait.
Ces bancs réguliers et horizontaux sont formés d’un grès que je rapporte ,
quoique avec doute, à la formation du nouveau grès rouge (hew red sand-
stone ) ; ils sont superposés au granité, qui forme la base de là montagne de la
Table, jusqu au tiers environ de sa hauteur. Mais, au pied de la montagne, on
retrouve ïè même grès en couches inclinées èt probablement appuyées contre
le granité, comme l’indique la coupe , Pl. IV, fig. 4.
Telle est 1 apparence des Montagnes environnantes, à la distance du mouillage
des navires; c’est un tableau bizarrement dessiné, et d’une couleur médiocre,
sans être vulgaire.
La ville du Cap est grande et régulière; les rues sont fort larges et presque
toutes plantées d’arbres: ce sont des chênes d’Europe et des Melia azedarach.
Les maisons n ont presque toutes qu’un étage ; leurs toits sont en terrasse ;
elles sont bâties en piérre, peintes et très-propres à l’extérieur. La curiosité
des femmes n’y a point établi ces jalousies commodes et élégantes des
pays espagnols et portugais, derrière lesquelles elles se désennuient plus ou
moins à regarder les passants dans la rue. L’architecture hollandaise n’a fait au
climat de l’Afrique que les concessions les phjs nécessaires. En adoptant les
terrasses, elle a gardé d’ailleurs son air lourd et plat ; elle n’a presque rien de
méridional. Plusieurs grandes maisons particulières, et les édifices publics bâtis
depuis la conquête des Anglais, et par eux, sont d’un goût absolument différent;
le style grec le plus monumental y est appliqué, comme dans les nouvelles
constructions de Londres, à ce qui eût été bâti à Athènes sans aucune
prétention de style, assurément. Cet abus, très-génant pour ceux qui le commettent,
qui sont toujours très-mal logés au-dedans de ces temples antiques,
ne laisse pas que de donner une physionomie très-élégante à une ville moderne.
Gela est puéril et mesquin ; cependant cela me plaît.
Le culte des Hollandais et des Anglais pour les arbres est facile dans leurs pays
d’Europe, aux Anglais surtout. Ils n’ont, besoin, dans leur île humide, tempérée
et fertile, que de les laisser croître, sans les mutiler, pour en avoir de
superbes. Ici, il a fallu des soins extraordinaires pour les faire prospérer. La
flore du sud de l’Afrique n’offrait au goût des colons aucune grande espèce
arborescente à cultiver pour la décoration de leurs villes et l’embellissement de -
leurs demeures. Mais le climat du Cap, quoique si différent de celui de l’Europe
tempéree, puisqu il admet la culture d’un très-grand nombre de végétaux
équinoxiaux, se prête également à celle des végétaux de l’Europe. Les Hollandais
firent venir des. chênes de leur pays; ces arbres réussirent et ils les mul-,
tiplièrent extrêmement. Dans les stations abritées des vents furieux du S .E .,.
qui tombent par rafales terribles du sommet de la Table sur la plaine étroite
où la ville est bâtie, ils croissent facilement, plus vite, il me semble, qu’en
Europe, et y développent un luxe admirable de végétation. Dans les lieux
exposés à des vents plus fréquents, on ne les élève qu’avec beaucoup de peine,
en leur procurant, dans les premières années de leur plantation, des abris
artificiels, et ils y demeurent toujours rabougris en vieillissant, quelle que soit
la fertilité du sol. Il n’y a point de serre en Europe où l’on donne autant de
soins a un végétal exotique, pour le conserver, que les habitants du Cap aux
chênes;, aux pins et aux azedarachs, qu’ils ont plantés dans les rues devant
leurs maisons. Il est vrai aussi qu’il n’y a aucune proportion entre l’agrément
que, dans un pays si chaud, procurent leur Ombrage et leur fraîcheur aux
habitants de cette ville, et le stérile plaisir de l’amateur ignorant qui voit fleurir, D 9