
argiles du Grès se montrent plus fréquemment que le Grès lui-même. Le
Calcaire est noirâtre, compacte, légèrement spathiquè.
La troisième rangée de montagnes continue à se déployer au sud du chemin,
courant dans sa direction à la distance d’une ou deux lieues. Leurs
formes sont exactement celles que j ’ai décrites plus haut.
Beaucoup de terres vagues, qu’on appelle des jungles, parce qu’il y croit
à regret quelques arbrisseaux épineux, auxquels des bestiaux affamés ne laissent
pas une feuille. La nature se montre à la fois laide et misérable.
Lobargong fut autrefois une station militaire anglaise, et elle ne doit pas
avoir été abandonnée depuis un grand nombre d’années, si j ’en juge par
l’état de conservation des demeures des officiers. Je m’établis dans une de
ces ruines, fort logeable encore pour un Français. Il faut des maisons, non des
baraques, aux officiers anglais, dans des cantonnements temporaires.
L e a 3 janvier i 83o. — Camp à Panna (à^)> etséjonrle 24; 17 mil. ( | t .) . de Lohargong.= [Kukuretti.]
Lohargong est élevé, suivant le capitaine Franklin, de i ,a 5 i pieds anglais
( 38im) au-dessus de la mer, Nagound de 1099 pieds (335") seulement; mais
la surface du second plateau sur lequel sont situés ces deux villages, offre des
différences de niveau plus considérables. Le chemin de Panna, dirigé au
N .N .O . , est perpendiculaire au sens de sa longueur, selon lequel j ’avais en
général marché depuis que j ’y étais monté au-dessus de Kut.trah.
Le Calcaire disparait à peu de distance de Lohargong. On traverse une
petite rivière qui coule à l’ouest, affluent de la Cane (Kén). Là, reparaissent
les Grès. Le sol s’élève doucement sur les étages réguliers de ses couches à
Kukuretti, gros village dont Lohargong ne serait qu’un faubourg, et au-
dessus, la culture disparaît avec la terre végétale. On est monté réellement
sur un troisième plateau superposé au second, prolongé régulièrement comme
lui de 1 0 . S . O . à 1E . N . E ., et dont le relief est assez peu sensible de ce
côté où ses pentes sont douces, mais qui s’en détache abruptement de l’autre
côté, au-dessus de Panna. Sa largeur est de 8 à 9 nnl.,'ï(2 | 1. ) ; il est couvert
de bois misérables, et dépourvu d’habitations.
Le capitaine Franklin, qui me semble préoccupé de l’idée d’une régularité
extrême de configuration dans la contrée qu’il a décrite, appelle cette
longue et large croupe Panna range o fh ills , et la regarde comme un simple
accident, comme une protubérance de la surface du second plateau. Elle en
forme un troisième fort distinct, dont le sommet uni ne s’élève certainement
pas à moins de 3oo pieds (100 mètres environ) au-dessus des plaines de
Panna. Son aspect, du fond de ces plaines, est le même que celui du premier
plateau (Bindachal-hills) au-dessus des plaines du Gange.
Panna est une ville tout à fait hindoue. Je n’y ai pas vu une Mosquée; mais
les Pagodes sont sans nombre, et quelques-unes, d’un style moresque emprunté
aux Musulmans, sont des édifices très-élégants. La plupart tombent
en ruine. Toute la ville est également ruinée. Les maisons sont toutes
bâties de pierres (une variété de Grès tabulaire qui se divise naturellement en
dalles de médiocre épaisseur) que l’on dirait taillées en forme de briques; les
toits sont couverts en tuiles ; des bancs dé pierre sont placés près de la porte,
et une sorte de trottoir, formé de larges dalles de Grès, règne au milieu de
toutes les rues. L’ensemble a un air de solidité, de propreté, de commodité que
je n’ai pas encore vu dans l’Inde; mais des rues entières sont inhabitées, ou
n’ont pour habitants que de nombreuses bandes de singes qu i, assis sur les
fenêtres et les toits, regardent tranquillement les passants.
Le palais du Rajah, grand bâtiment carré, avec des murailles couvertes
de sculptures et d’ornements à jo u r , surmonté de légers kiosques , est
extrêmement élégant. La façade en est bien entretenue, mais les derrières
ne sont aussi qu’une ruiné.? La petite place, sur laquelle il est situé, est à
peu près le seul endroit malpropre de la ville. Les caravanes de pauvres voyageurs
et de marchands y campent avec leur bétail, sans doute pour etre moins
èxposées aux vols de nuit , et ils y laissent les traces nécessaires de leur
fréquentation. Une autre place, à l’extrémité d’un marché, au centre de la
v ille , sert de parc à l’artillerie du petit Prince. Celle-ci consiste en un monstrueux
canon de bronze, un très-petit du même métal, et deux énormes
en fonte, mais d’un très-petit calibre. Braqués sur le marché d’un air menaçant
, ils se tiennent à peine sur leurs affûts, qu’une décharge (s’il y avait
de quoi les charger) mettrait en poussière. J’ignore quelles forces entretient
le Rajah, absent actuellement; et de son revenu, je ne connais que
les mines de diamants voisines qui lui rapportent 3o,ooo roupies (75,000 fr.)
par an.
Entouré d’un mince et stérile territoire, bloqué de toutes parts par les
bois*et les montagnes, sans commerce, parce qu il faut des routes au commerce,
c’est évidemment à ces mines de diamants que Panna dut sa prospérité
passée, et c’est par elles qu’il se soutient encore dans son déclin.
Leur découverte ne remonte guère au delà de deux siècles, dit le capitaine
Franklin, qui a pu faire quelques recherches à ce sujet, et c’est de leur découverte
que Panna doit dater comme ville. Un tel site, auparavant, ne motivait