
est parsemée. Sa teinte, de ce côté, est triste et brunâtre; elle convient
aux objets qui se dessinent sur elle.
Le Djuma Mosjéd e s t, de tous les édifices musulmans , celui que j ’aime
le mieux. Revêtu du même Grès rouge que ceux d’A g rah , sa couleur est
peu flatteuse, mais la grandeur, l ’élégance et la simplicité de ses proportions
la font oublier : la dureté de sa teinte, d’ailleurs, n’est pas relevée par
la bigarrure contrastante des marqueteries de marbre noir et blanc, prodiguées
dans les monuments d’Agrah. On ne voit ici qu’une inscription
arabe incrustée dans le parement ; elle surmonte l’immense ogive de la
porte principale. Si j étais Musulman, je me ferais dévot pour venir prier
souvent dans ce beau lieu.
Quelques parties de la ville étaient absolument ruinées et désertes quand
les Anglais s en emparèrent, en septembre i 8o3. Elles se sont nettoyées et
rebâties. I l est probable que la population a doublé depuis cette époque;
cependant elle n’est encore connue qu’avec une bien vague approximation.
En passant sous l’empire d’une police européenne, la meilleure qui soit
faite dans l’Inde, Dehb n’a perdu de son caractère national que les traits
fâcheux, 1 excessive malpropreté de la voie pubbque, son encombrement,
et les toits de chaume, qu’on voit ailleurs si fréquemment appuyés à des
demeures magnifiques pour y mettre le feu quelque jour. Je dois noter
un règlement bien sage du magistrat, Mr T. P. Metcalfe, qui défend aux habitants
de sortir armes. Une telle prohibition faite aux voyageurs sur les
routes de l ’Inde, serait une injustice du Gouvernement, parce qu’il y pourvoit
très-mal à leur sûreté; mais dans les villes placées sous le contrôle
immédiat de ses officiers, elle devrait être générale.
C’est autour du palais impérial qu'habitent la plupart des Omrahs déchus,
qui y figurent encore une sorte de cour devant une ombre de souveraineté.
Quelques-uns, Zémindars et Djaghirdars, sont maintenus par cette faveur du
Gouvernement dans une aisance honorable; mais le plus grand nombre
ne subsiste d’une manière quelque peu respectable, que par le secours des
chétives pensions d’un maitre pensionné lui-même.
L ’isolement d’un vaste terrain, dans la partie septentrionale de l’enceinte
des murs, parut propre aux Anglais, malgré cette circonstance, à devenir
le lieu de leur séjour. C’est là qu’est le palais du Résident, environné de
quelques belles maisons bâties à l ’italienne. La plus remarquable est celle
de la Begum-Sumrou. L ’État y construit maintenant une cour de justice,
et un particulier, le colonel Skinner, une église. Les accroissements continuels
de la ville cernent de toute part cet îlot européen, dont les habitants
commencent à regretter de ne s’être pas établis d’abord hors des murs.
G o u v e r n e m e n t . — Après les sièges des trois présidences de l’Inde, Dehli
est le lieu de la plus grande concentration du pouvoir anglais. Il y est
exercé par le Résident, et un très-petit nombre d’officiers soumis à son
contrôle. Ses fonctions politiques consistent dans l’entretien de relations
avec une multitude de petits États indépendants qui bordent cette frontière
anglaise; — directes, avec ceux de ces États près desquels leur petitesse ne
permet pas au Gouvernement d’accréditer un agent spécial; médiates, avec
les cours plus puissantes auprès desquelles des agents particuliers représentent
la Compagnie. Les agences politiques du Népaul, â l’exception de
Catmandou, celles de Korah , de Burtpour, de Jeypour, d’Adjmir, et
d’autres dans les territoires de l ’Ouest, sont subordonnées à ce Résident-
C’est par lui que leurs titulaires, communiquent avec le département des
affaires politiques à Calcutta. Placé si près du Setludje, c’est à lui d’observer
la puissance dé Rendjit-Sing, retranché derrière ce fleuve. Une
confédération pobtique, dont l’appellation religieuse est la même que celle
des provinces du Pendjâb soumises à Rendjit-Sing, occupe une assez vaste
contrée sur sa rive gauche. Nonobstant l’indépendance avouée de ces États
SikeS, dont Sirhind est la capitale, des forces anglaises sont stationnées sur
plusieurs points de leur territoire, à Loudhiana surtout, pour le protéger,
d it -o n , contre les incursions de Rendjit-Sing auquel ils ne pourraient
résister. Ainsi, ce n’est jamais sur un pied d’égalité politique que le Résident
de Dehli traite avec les nombreux alliés du Gouvernement anDg lais;' mais il
doit leur faire oublier, dans les relations plus nombreuses qu’importantes qu’il
entretient avec eux, ce que l’inégalité trop vivement marquée aurait pour
eux d’insultant.
Enfin, la famille impériale est commise à sa garde et à sa surveillance.
C’est par lui que le titulaire de l ’Empire Mogol communique avec le Gouverneur
général de l’Inde. Ce soin est un des plus faciles de sa haute situation.
Mais les fonctions de cet officier ne sont pas seulement politiques. Comme
juge civil et criminel, il décide en dernier appel, sans recours en cassation,
des causes jugées par les Magistrats (Magistratesj, les Juges (Judges) et
les Commissaires ( Commissioners) d’une contrée qui compte plus de 8 millions
d’habitants. Il annule ou confirme leurs sentences, comme la cour &Adowlet,