
doit se résoudre en vent ou en pluie, est toujours signalée, *et quelquefois elle
est prédite par un abaissement du mercure. Il baisse légèrement avant que la
rafale souffle, pendant le calme ou les brises folles qui souvent la précèdent.
Lorsque enfin le nuage crève, le thermomètre descend encore, soudainement
et cette fois, de quatre degrés ou même cinq. Si l’averse n’a pas de durée, le
thermomètre remonte après qu’elle a cessé, et il peut reprendre pour tout le
reste du jour, une marche régulière. Il ne me semble pas que, dans nos climats
tempérés, une petite pluie refroidisse aussi subitement l'atmosphère.
J’ai trouvé la température de la mer à sa surface constamment plus élevée
qüe celle de l’air, dans-,ces parages et jusqu’à Rio-Janeiro. La différence est
de un à deux degrés : elle est quelquefois plus considérable.
Le rayonnement nocturne n'a que bien peu d’influence pour refroidir une
niasse aussi profonde ; aussi conserve-t-elle à peu près, dans,la nuit, la température
qu’elle avait dans le jour. Je n’ai point aperçu de traces de. rosée dans les
parages précités.
Le i 3 octobre, les vents commencèrent a souffler par intervalles du S -E. Us
s’v établirent fixement le lendemain. Le A octobre, à 8 heures .du matin, nous
passâmes sous l’équateur par le 25' degré de longitude;'et faisant pendant dix
jours la même routé avec la même vitesse, nous nous trouvâmes, fô-p-4 oetobre
assez près de la côte du Brésil, par 20° 3o’ de latitude et 4o" de longitude.
Les vents, pendant cette période, ne varièrent que du S..E. à l’E .S .E . , et ils
soufflèrent constamment avec la même force. Le ciel changea peu d’aspect et
d’état : habituellement couvert et. nuageux au lever du soleil, il se découvrait
vers huit heures du matin et demeurait assez pur tout lé jour. Jgeu de grains.
Les nuits étaient belles, sereines. La température surprit, par sa fraîcheur, les
marins accoutumés à souffrir beaucoup de la chaleur dans ces parages.. La
moyenne de 6 heures du matin fut de 24°, 12; celle de midi, de 25', 5 2 ; et celle
de’3 heures, de 25°, 02. Gela ne fait donc pas la différence d’un degré et demi
entre l’heure du maximum de la température diurne et l’heure du minimum
de la température nocturne. Presque toutes les nuits-laissaient tomber un peu
de rosée, et je dois remarquer que cette rosée fut toujours peu abondante, et
quelle né se déposa d’une manière bien sensible que sur les surfaces des corps
les plus mauvais conducteurs du calorique et les plus doués de force émissive,
sur des planches et des toiles. Des canons de fer, des plaques de cuivre poli,
demeuraient secs jusqu’au matin.
Dans cette navigation de plus d’un mois , entre les deux tropiques, je nai
pas vu une seulcfois le ciel parfaitement pur ni serein. Dans les journées les
plus belles, quelques petits nuages se'montraient toujours en quelque point
de l’horizon, ou des vapeurs légères .se balançant dans l’atmosphère en alté-
râiëhï: la transparence et lui donnaient une teinte grisâtre, -L-azur était Sans
force et sans éclaté',.
’„Les. nuits avaient le-même caractère : presque'toujours des nuages obscurcissaient
quelque partie du ciel. Lesétoilesne brillaient jamais que d’une lumière
affaiblie par lès brumes, qui cachaient même tout-à-fait celles de la plus petite
grandeur ; en sorte qu elles semblaient peu nombreuses dans le firmament.
Quand le ciel’était décoüvert au lever du soleil, C’était alors qu’on voyait le
mieux des vapeurs dont il était chargé dans lés plus beaux: jours. Elles formaient
toujours, au-dessus de l’horizon, une bande grisâtre, parfaitement distincte
de la mer et du ciel, et d’une hauteur'partout assez égale, que j ’estime à un
degré ou deux.-Rarement le soleil ■ la perçait en sortant de la mer : on ne le
voyait paraître habituellement qu’au-dessus de cette muraille. C’était aussi
derrière elle qu’il disparaissait le soir. quelques instants avant de s’abaisser
sous l’horizon terrèstre.
Le Ciel sombre et nuageux le matin, se découvrait rarement d’une manière
pittoresque : de longues éclaircies le déchiraient, pâles- et blanches d’abord
qui peu à peu se rencontraient, envahissaient, tout le ciel, mais y laissaient
fréquemment quelques nuages' très - allongés et parallèles à l’horizon j sans
coloris ni noblesse
Depuis notre départ jusque vers l’Equateur-, les courants nous avaient portés
presque constamment dans. l’E. et le Sjs-Ê. : à partir de cette ligne, leur direction
changea. Nous fumes poussés par eux dans l ’O., le S. O ., et quelquefois
même l o V O. Leur vitesse dépassa souvent un mille à l’heure.
Le 27 octobréïf à 6 heures du matin, nous aperçûmes le cap ' Frio f *le
tempé était couvert et pluvieux, et nous né distinguions qu’assezr-vaguement
les contours du continent. Dans l’après-midi, on signala un "grand bâtiment;
notre routé nous portait vers Jui : nous rie tardâmes pas à le rècorinaitre pour
une frégate. Nous courûmes s’nrelle'avec uhpavillon de reconnaissance, pour
sâvoir si ellè était française. Elle ne fit point de réponse“; alors, et comme nous
approchions de la portée de son artillerie, nous hissâmes notre flamme et notre
pavillon. La .frégate, qui venait de son côté sur nous à pleines! voiles-, montra
les couleurs brésiliennesi-NOus passâmes bientôt par son travers ’: elle nous héla ;
,on -lui répondit, je présume,’ sans l’avoir comprise*; car lès bâtiments qui se
parlent à la mer ne s’entendent-presque jamais. -Elle mit en panne, nous nous
rapprochâmes d’elle, et elle mit à la riier un canot avec un officier qui vint à
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