
La route est sensiblement droite. De plusieurs points où je me suis arrêté
pour releyer derrière moi les montagnes de Rogonatpour, je les ai toujours
trouvées à l ’Est du compas.
Rarement les roches affleurent la surface du sol. En quelques lieux, cependant
, elles s’y montrent. Ce sont des granités à structure entrelacée, le feldspath
formant les noyaux autour desquels se contournent les lames de mica
que séparent ou empâtent de petites masses de Quartz. Des Gneiss qui alternent
avec ces granités, sont dirigés de l’E. à 1 0 . , et inclinés au N . de 3o° à
35° ; exactement comme ceux que j ’ai observés hier entre Tirouri et Réro.
Après Douléabad, traversé un fort ruisseau qui coule du S. au N. C’est un
affluent de la Dummoudah. C’est à | mil.-(¿L) du passage qu’on trouve le village
de Doubratchatty; le Rungalow est à son entrée. Je le trouvai occupé des deux
côtés, mon voyageur d’hier soir y étant venu le matin avec ses voitures, ses chevaux
, son éléphant et ses palanquins, et y ayant rencontré un autre voyageur
qui, courant par Dawk de Calcutta à Meerut, s’y était reposé la nuit et ne devait
en repartir que le soir. Il m’établit cependant de la façon la plus aimable dans sa
chambre, où il ne fit que deux petites apparitions avant de se remettre en route.
Il n’avait par moins de 4o hommes pour le porter, lui et ses effets. Mon voisin,
qui marche comme moi, en a bien davantage. C’est un Collecteur, à ce que
me disent les natifs. Il change trois ou quatre fois d’habillement le jour, et
me paraît s’ennuyer beaucoup sur la route. Il faut en effet s’ennuyer beaucoup
pour faire quatre toilettes différentes, quand l’usage n’y oblige pas tout à fait.
A défaut d’occupations naissant sur la route, de la route même, j ’aimerais
mieux employer le temps à lire un roman.
Jç me trouvais dans les jungles un très-haut et très-puissant seigneur. Mes
8 domestiques, grossis de l’attirail des boeufs, de leurs conducteurs, de mes
sipahis et des gens qu’ils levaient dans chaque village pour montrer le chemin
et porter leur petit paquet ou même leur fusil, me composaient une suite
de 20 personnes : eu marchant à cheval parmi eux, j ’étais le plus magnifique
ornement de cette caravane. Ici, c’est tout autre chose : on est habitué à voir
des Européens; mais toujours courant par Dawk en palanquin, ou marchant
à la façon de mon Collecteur, avec des chevaux, des voitures, des palanquins
et un éléphant, trente domestiques et autant de porteurs; et les gens, en
me voyant avec si peu de monde, ont l’air de demander quand viendra
le reste.
Les gens riches, en voyage, s’aperçoivent à peine qu’ils ne sont pas chez eux.
Ils commencent à cheval et finissent en palanquin, dès que le soleil commence
à être chaud, leur courte journée. Us arrivent pour déjeuner dans une
tente partie la veille au soir, le couvert est mis, le- repas est servi comme à la
ville exactement; après cela vient le tiffin; et à 4 heures en cette saison, une
promenade à cheval ou sur l’éléphant, pour précipiter le repas du jour et se préparer
au dîner. Il y a un costume pour aller à cheval le matin, que 1 on change
en arrivant à l’étape, pour en reprendre, un du même genre dans 1 après-midi,
si l’on mon*te à cheval de nouveau. Pour dîner, 1 on s habille. On est suivi de
tous ses gens et d’une grande partie de son ménage. Que manque-t-il pour
n’être pas à la maison ? la maison seule.
Le 10 décembre 1829 Au camp au milieu des jungles , à 9 \ çp's. (5 £ 1.) de Doubratchatty.=[Amtchattar ;
" Tchundun-Kéary ; Tchandra. ]
La plus longue journée que j ’aie faite encore : mais je voulais devancer dun
jour le .Collecteur en question, pour ne pas arriver avec lui tous les soirs dans
un Bungalow où il n’y a de place que pour deux.
A 3 mil. ( î 1.) a l’D ! 5° N . de Doubratchatty, le clïemin passe au pied d’une
colline moins élevée que celles voisines de Rogonatpour, mais dun aspect
tout à fait semblable. Je montai, non sans quelque difficulté, jusqü à son sommet
, .d’où je relevai à l ’E . 5° S . ce groupe remarquable. Un bien petit nombre
de plantes furent le fruit de cette èxcùrsion; mais je trouvai au spmmet
quelques couches de roches non recouvertes des fragments épars sur les pentes ,
et je déterminai leur direction de l’E . à l’O ., et leur inclinaison au N ., de
3o° à 35°. Ce sont des roches d’Amphibole et de Quartz (G. 11 ) , légèrement
lamelleuses, sonores et excessivement dures. Des filons de Quartz les tra
versent ; elles sont subordonnées, d’abord, en couches minces au Gneiss ; puis
dominantes à leur tour et renfermant du Gneiss, du Micaschiste en couçfres
subordonnées, et des filons de Granité (h). - * ,
Au déjà d’Amtchattar, hameau misérable et station de Dawk, des .couches
d’une nature semblable qui percent à la surface du sol dans les plaines, ont la
même direction, mais elles paraissent plonger au Sud.
Près du i 53-mille t Ù L ) de Calcutta, traversé le torrent d’Haraï ( ¿ ¿ H
Son lit sablonneux, où ne coule à présent qu’un filet d’eau , n a pas moins de
15o mètres de largeur.
Du 154e mille, relevé à l’E. 8° S. la colline du télégraphe avant d’arriver
au 155e; traversé un autre torrent, dont le lit inégal et rempli de roches en
(i) Un Télégraphe, le premier que jé vois depuis Fort-William, est éleve sur ,la base septen
trionale de cette colline, au bord du chemin.
fl i . 3"