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dévorés leurs générations postérieures , ajoutent considérablement à cette
cause d’infection qui prévaut dans foute la -zone intertropicale.
Le i 3 février i 83o .— A Buckevrah , 16 mil. (4 f 1. ) de Dhallennaghur.
W Mêmes aspects. De 8 en 8, ou de 10 en 10 milles (de 2 en 2 ou de 3 en 31.),
un très-gros village bâti en partie de briques, entouré d’une forte muraille
crénelée et flanquée de tourelles. Ceux qui n’ont pas d’enceinte tout autour
possèdent un Fort plus régulier, élevé sur une butte de terre. Tout cela est
ru in é , mais n’a pas plus de 60 à 80 ans. A présent ces murailles n’ont plus
d’objet. Mais avant la conquête anglaise, des bandes de Pindarris venaient
des provinces de l’Ouest, de Malwa, ravager le pays. Les habitants se réfugiaient
à leur approche au dedans de leurs murailles ou de leurs Forts,
avec leur propriété mobilière de quelque p rix , et de là se défendaient contre
ces hordes, impuissantes contre un tas de boue. Quelques-unes, en possession
de quelques places plus fortes, telles que K a lp i, s’étaient établies d’une
manière permanente dans le pays, et n’avaient qu’à sortir de leurs retraites
pour piller alentour. La fortification de tous ces villages est exactement
la même, également dégradée. Ils durent être tous fortifiés ainsi dans le
même temps.
Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’au temps de ces désordres et de ces
guerres continuelles, le pays semble avoir été moins pauvre qu’il n’est à
présent. Quelques-uns de ces villages, situés hors de la route, sont entièrement
bâtis de bonnes maisons de briques; aujourd’hui ils sont déserts; ; et
dans ceux où la population s’est concentrée, on n’en bâtit plus de pareilles.
On dirait qu’il a existé jadis une classe moyenne éteinte depuis, comme dans
tous les lieux que j ’ai visités.
Le 14 féyrier i 83o A Etawah, i 3 mil. ( 3 ^ 1. ) de Buckewah.
Etawah est actuellement un des plus populeux et des plus commerçants
de ces gros villages. La route de Luknow et de Caunpour à Agrah y joint
celle d’Allahabad et de Kalpi. Elles sont couvertes de cotons qui descendent
vers ce marché. La Jumna coule à un mille ( I 1.) de là; le sol, au nord,
fortement raviné, forme, en se creusant, une petite vallée qui y descend.
Un microscopique Rajah y fait sa demeure.
Un sous-collecteur et quelques compagnies d’infanterie résident à Etawah.
Mon passe-port, que j ’envoyai à leur commandant inconnu, avec quelques
lignes de politesse, pour avoir une garde nouvelle, me servit comme une
introduction personnelle. Le capitaine Forbes ine fit dîner avec ses camarades,
renforcés occasionnellement d’un jeune capitaine du génie, occupé
dans le voisinage à des travaux semblables à ceux de M. Smith. Nous étions 6 :
1 1rlandais, dont un catholique, i Ecossais * un Anglais et moi. La diversité dès
origines nationales est un grand élément, non de conversation, mais de paroles^
autour d’une table anglaise. L ’ingénieur, non moins fier de la religion que du
whiskey de son pays, par la transition des bouteilles, arriva tout naturellement
à en faire l ’éloge ; mais l’amphitryon irlandais et catholique prit fait et
cause pour son église et son genièvre, querelle assez plaisante où je me mêlai
pour ne pas la rendre plus grave« Le porter continuant à circuler, et l’Ecossais
à lui faire honneur à chaque ritournelle, il n’eut plus bientôt que de rares intervalles
de lucidité, dans lesquels il demandait pardon à Dieu de sanctifier si
mal le dimanche. Les Anglais ont besoin d’être à moitié gris pour jeter leur
bonnet par-dessus la peur du diable. Les plus insignifiantes sorties antireligieuses
leur paraissent alors les plus admirables plaisanteries du monde.
Le 15 février i83o. A Jessunt, 10 mil. (3 1.) de Etawah.
C’est la route d’Agrah et de Muttrah directement. Elle est couverte de
voyageurs ; la plupart escortent des marchandises, d’autres retournent près
de chars à vide ou sur des chameaux déchargés. Souvent une famille, le père,
la mère et un enfant, cheminent avec un boeuf ou un Tattou (cheval de 3o
à 40 francs, grand comme un âne, aussi sobre et plus docile). En ce cas
chacun monte dessus de temps en temps ; mais le tour de la femme revient
plus rarement. Un homme monté sur un Tattou, et suivi d’un valet qui
porte son mince bagage, c’est encore une combinaison fréquente. La plupart
des voyageurs sont armés, mais non pas tous sans exception, comme dans
le Bundelkund. Il ne manque pas non plus de gens qui voyagent sur une
sorte de coussin entouré de rideaux, élevé très-haut sur l’essieu d’un char
à boeufs : c’est la voiture nationale. Ceux-là ont tous un ou deux domestiques
pour le moins. Us viennent, les uns d’une noce, les autres d’un message
matrimonial pour eux. ou un parent; d’autres enfin sont de minces
négociants qui sont allés prendre l’air de la place. Pour tous, le temps
semble n’être d’aucune valeur.
Orage violent à midi : j ’arrivai à propos à Jessunt, où je me réfugiai
dans une mosquée, dont de pauvres tisserands avaient fait le dépôt des
simples outils de Jeur métier. Mes domestiques musulmans m’établirent sans
scrupule dans. le temple de leur dieu, laissant leurs souliers à la porte,
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