
récompense de 10 roup. ;;(i5 fr. ) pour la tête d’un de ces animaux. Gelui-ci
n'est'pas de grande taille; l ’homme qui l’a tué n’a d’autre arme qu’un fusil
à mèche, du XVI* siècle sans doute, dont le canon, d’un calibre plutôt petit,
mais d’une longueur et d’un poids énorme, est attaché à la monture par ;des
liens grossiers »de rotin. Une telle arme n’est point portative, mais , appuyée,
elle est, d it -o n , très-juste. Avec ces fusils, les gens-de la campagne ne
laissent pas que de tuer des Tigres, par surprise toujours. Ils attachent au
pied d’un arbre un mouton, une chèvre, dans un lieu écarté, puis montent
sur l’arbre et braquent leur fusil contre la bête à manger ; et lorsque le Tigre
s’approche pour l’emporter, il reçoit d’en haut la décharge. Les Hyènes., des
Ours et les Léopards-ne sont pas rares. L ’Hyène est le moins dangereux
de ces animaux; puis l’Ours, puis enfin le Léopard, qui n’ést guère moins
redouté que le grand Tigre.
D’après mes observations barométriques, je trouve que la résidence politique
d’Hazaroubag est élevée au-dessus de Calcutta de 58o",2g.
Cette différence, beaucoup plus grande que je n’aurais soupçonné, me rend
raison du froid vif du matin, 6°,4, et de l’aspect immobile, quoique très-vert,
de la végétation. Il n’y a de Bananiers que dans très-peu de jardins, et leurs
fruits sont médiocres. Il en est de même des Mangues , quoique l’arbre végète
avec la plus grande vigueur. Point de Sapotilles, et, je crois, point de Letchis.
Mais en revanche il y a des oranges à profusion ; les Pamplemousses mûrissent
comme dans le Bengale, et la Vigne porte chaque année ses fruits pendant
les hot winds, Des légumes d’Europe., plus encore qu’au Bengale, quoiqu’ici
la stérilité du sol compense le rapprochement des climats.
Ils ne se ressemblent au reste que par quelques matinées froides de l’hiver;
car l’ordre des saisons est ici le même que dans les plaines inférieures, et les
hot winds sont bien plus terriblement caractérisés par une excessive sécheresse
et une chaleur insupportable, qu’à Calcutta. Le thermomètre, à l’ombre,
monte, suivant mon hôte, à i i o ° 6 (43°A),;ce qui veut dire seulement qu’il
fait alors bien plus chaud à Hazaroubag qu’à Calcutta. Les pluies qui leur
succèdent sont moins fortes, me dit-il, que dans le bas pays. Il se produit tous
les hivers une pellicule de glace à la surface des. petites flaques d’eau peu
profondes qui s’amassent çà et là dans les plaines découvertes.
Je rencontrai à Hazaroubag une troupe nombreuse de chevaux appartenant
au Gouverneur général ou à des personnes :de sa suite. Lé contre-ordre
* de la Cour des Directeurs les rappelle des hautes provinces où lord William
Bentinck les envoyait devant lui : ils forment, le soir, un véritable camp
très-régulier. Il y a autour d’eux une armée de Saïsses, Grassyaras et Cochers,
le tout sous la surintendance d’un palefrenier européen; quatre éléphants
portent le bagage des gens, et des tentes pour la nuit.'
Le soir, à dîner, un autre voyageur nous joignit à table chez l’agent politique;
c’est un des aides-de-camp du Gouverneur général. Il s’en retourne
en poste, et noüs quitte à minuit pour se remettre dans son palanquin. Il
a vu ce matin un Tigre passer sur la route près de lu i , et paraît encore tout
effarouché de l’apparition.
Ma manière de voyager semble, aux quatre Anglais avec lesquels je dîne,
une étrangeté sans précédents. L ’un ne peut, croire que j ’aille au pas tout le
jou r ; les autres frémissent à l’idée d’une longue matinée au soleil, sans
déjeuner -digne de ce nom, et de mon pila,u du soir qui se termine par un
verre d’eau sucrée. Ce n’est pas sous ce liquide que les convives ici noyent
leur dîner, et la preuve que j ’en ai aujourd’hui sous les yeux est, me dit-on,
d’habitude journalière.
Cette fâcheuse’ existence se tire à bien des exemplaires chaque jour dans
l’Inde : elle est celle de tous les esprits communs, et souvent aussi d’hommes
faits pour se suffire dans la solitude, mais que l’exemple a entraînés.
Le 17 décembre 1829. — Camp de Kutçamsandy, à i 3 mil. ( 3 f 1. ) d’Hazaroubag.
Ayant renouvelé mon escorte à Hazaroubag, et reposé mes gens et mes
bêtes, je me remets en route pour ne plus m’arrêter qu’à Bénarès. Je trouve
plusieurs de mes domestiques mieux équipés ; presque tous ont acheté des souliers,
d’autres, en outre, des vestes de couleur, doublées et ouatées. Chacune
coûte 2 roup. ( 5 f r .g l e s meilleurs souliers coûtent 12 anas (environ 2 fr*fc
Ma petite troupe bigarrée, avec ses turbans blanchis, est maintenant tout à fait
pittoresque. Ma garde, partie dès le matin avec le bagage, en grande tenue,
habit écarlate et pantalon bleu , a abjuré la culotte sur le chemin et repris
la ceinture native autour des reins et sur les cuisses ; ils portent leur pantalon
pendu à l’épaule en manière d’ornement, et quelques-uns leurs souliers
à la main. D’ailleurs, les figures les plus martiales, comme je le prétends
prOuvér par des portraits.
A 3 ou 4 m il (environ 1 l.H au N .O . , la plaine, au milieu de laquelle
Hazaroubag est située, se relève en petites collines, au pied desquelles s arrête
la culture et recommencent les jungles. Roches de Quartz et d Amphibole ,
d’Amphibole compacte, çà et là presque sans mélange, dirigées de 10 .N.. O.
à l’E . S . E .,, verticales ou à peine inclinées de quelques degrés tantôt