
à Calcutta, le fait pour toutes celles portées dans le reste de la présidèncë
du Bengale.
La juridiction anglaise, à l’égard des natifs de l’Ind e , a quatre ou cinq
degrés. D’abord, un tribunal natif, dont le Cotwàl, ou Maire (officier nommé
par le Magistrat anglais), est président. C’est en quelque sorte le tribunal de
simple police des Français. Il ne connaît que de plaintes légères. Les parties
en appellent de là , où portent directement leur action devant le Magistrat,
et (je crois), suivant la nature des cas, devant le Jugé anglais sous la jur idiction
duquel elles sont placées. Je ne crois pas que ces officiers puissent
prononcer des sentences capitales ; mais quels que soient leurs jugements,
ils sont tous sujets à l’appel devant le Commissioner, espèce dé cour royale
ambulante qui visite deux fois par année les sièges des magistratures et des
judicatures de son ressort. Il voit les pièces de leurs procédures, et peut
prononcer sur elles un nouveau jugement. Ce jugement, dans tous les cas
où il excède une certaine pénabté (la déportation à Penang et la mort);
ou s’il concerne des intérêts pécuniaires d’une certaine importance, doit, ou
peut être porté, avec les pièces sur lesquelles il a été prononcé; devant la
cour d’Adowlet (et dans l ’immense territoire de Dehli, devant le Résident);
qui juge en dernier ressort.
Dans cette hiérarchie judiciaire, la puissance du juge croît précisément
en raison inverse de sa capacité probable de bien juger.
Le Judgc ci le Magistrate, qui habitent en général lé beu où l’offensé
dont ils instruisent a été commise, ;sont bien mieux qualifiés par leur connaissance
du lieu et des personnes, pour porter sur l’affaire un jugement
éclairé, que le Commissioner, qui ne fait que voir en passant les pièces de
leur instruction et de leur procédure. Il est une foule d’appréciations morales
de la plus haute importance pour bien juger (en ce pays surtout, où la déposition
des témoins, et la vérité des actes même doit toujours inspirer tant
de défiance), appréciations que le Juge et le Magistrat peuvent faire, et que
le Commissioner, étranger à la connaissance de la localité et des individus,
ne peut former. S’il modifie leur jugement, il n’est donc pas probable que
ce soit pour l’améborer. Quant à la cour d’Adowlet et au Résident de Dehli
qui jugent de nouveau sur leur siège immobile, à plusieurs mois de date,
et à 7 ou 800 milles (200 ôu 23q 1. ) de distance, sur un petit nombre de
pièces écrites seulement, il est évident que la sentence du Commissioner,
S’ils l’altèrent, n’a rien non plus à gagner au changement.
Il me semble que tous les officiers judiciaires de l’Inde avec lesquels j ’ai
causé de ce sujet sont frappés des vices de l’institution actuelle; mais elle
a été établie et ne peut être réformée que par un acte du parlement.
Le Résident de Dehli exerce encore un pouvoir considérable dans l’administration
financière des provinces sujettes à son autorité judiciaire. De
concert avec le Collecteur des revenus territoriaux , il propose au Gouvernement
la concession des fermes de l’État à tel ou tel individu, selon qu’il
lui plaît; et comme il est, par sa position, le meilleur juge des convenances
qui doivent présider à ces transactions, le Gouvernement accueille toujours
les candidats qu’il présente.
Enfin, dans des circonstances dont l’avenir n’enferme aucune probabilité,
il donnerait des ordres généraux d’action à des forces militaires extrêmement
considérables, accumulées de toutes parts sur cette frontière.
La Résidence de Dehli est, en général, la récompense de longs et d’habiles
services. Il est à peu près établi qu’on ne la quitte que pour un siège
au conseil de Calcutta. Le dernier occupant, Sir Edward Colebrooke, vient
cependant d’en être démis sans compensation. Le Résident actuel, M. Hawkins,
nommé temporairement, ne paraît pas devoir être maintenu.
Le Résident de Dehh a trois ou quatre assistants, employés les uns
dans le service judiciaire, les autres dans le service politique. Ces places sont
comme des secrétaireries d’ambassade, dont la première exige beaucoup de
talents et les autres fort peu. Du moins, je vois ici parmi ces assistants un jeune
homme arrivé dans l’Inde après m o i, et trop jeune pour avoir terminé en Angleterre
le cours complet de ses études. Au reste, je dois remarquer que ces
adolescents anglais, qu’on daignerait à peine considérer en France comme des
jeunes gens, acquièrent de suite l’aplomb qui convient à des hommes, et,
je le pense, la capacité d’un âge supérieur au leur, quand débarqués en
ce pays., ils se trouvent presque aussitôt appelés à un poste de pouvoir et
de responsabilité.
Le salaire du Résident, qui était autrefois de 200,000 francs ; a été réduit
à i 5o,ooo ; c’est peu dans l’Inde pour tant de pouvoir.
Quoique les ju g e s , les magistrats et les collecteurs que j ’ai vus depuis
mon départ de Calcutta se plaignent tous de la besogne dont ils sont surchargés,
ces trois emplois sont remplis à Dehli par la même personne,
M. Metcalfe, qui est en outre collecteur des douanes intérieures, et q u i,
depuis p eu , a la charge de la personne de l’Empereur ; et ce n’est que depuis
quelques mois qu’il a un assistant. Il se dit très-occupé, mais il suffit
à ses occupations. Je ne pense pas qu’il ait autant de causes arriérées que
I. 63