
à la cour de Dehli, signifie Sir Charles Metcalfe, qui reçut ce titre au temps
de sa résidence.
Les personnes présentées n’adressent point la parole à l’empereur. Il ne
leur dit rien. Lorsque ; le récipiendaire cependant est un. grand seigneur ,
comme le commandant en chef, cette étiquette n’est pas observée. L ’empereur
parle au Résident par âp, exactement lei, ella des Italiens. Nous
ne donnons pas d’autre titre à l’héritier présomptif de la couronne. A l’empereur
seul nous donnons celui de Majesté, que tous les natifs de la classe
moyenne nous accordent dans ces provinces.
Nul que lord Amherst ne s’est encore assis devant l’empereur déchu des
Mogôls. Lord Hastings ; qui fit un roi du nawab d Oûde, ne put négocier
un siège devant l’empereur à Dehli, et évita, à cet effet, d’entrer dans la
ville, lorsqu’il voyagea dans les hautes provinces. Lord Amherst,est aussi
le seul qui garda seii? souliers sur le tapis impérial. L ’eSprit de celte règle
d étiquette fut observé néanmoins, parce que le Gouverneur général ayant
été porté dans son palanquin jusque dans la salle d’audience, il était censé
n’avoir jamais marché ailleurs avec les souliers qu’il portait ; mais toute sa
suite, et le Résident qui assistait à 1 entrevue, obligés de traverser à pied deux
cours du palais, laissèrent leurs chaussures sur l'escalier de la salle du trône.
L empereur rendit sa visite à lord Amherst , portant avec lui son trône à la
queue de paon, pour s asseoir devant le Gouverneur général comme dans son
propre palais. La mauvaise intelligence, qui régnait entre M. Hawkins et la
cour provenait du refus d’un siège devant l'héritier présomptif en l’absence,de
l’empereur.
L empereur, de temps à autre, adresse au Gouvernement quelque réclamation
: il demande la restitution de certains honneurs, etq,, etc. Dernière^
ment il demanda que les titres^qu’il confère aux natifs fussent reconnus
par le Gouvernement. G eut été leur donner un prix qu’ils n on t pas, et
par labus mercenaire que le prince en ferait, diminuer la valeur de ceux
que le Gouvernement distribue avec discrétion. Cette prétention fut refusée.
Si 1 on eut cède au prince une portion de ce privilège, celui-ci, prêt à
vendre ses faveurs à meilleur marché, eût rendu vaine la portion que le
Gouvernement se serait réservée. Il en coûte 100,000 fr. au moins, dépensés à
propos, pour quelque objet d utilité publique, et quelque adresse, pour qu’un
Babou obtienne de la cour de Calcutta le titre de Rajah. Nul doute que l’empereur
n eût vendu les titres au rabais, si on lui eût accordé le droit de les conférer
en s’engageant à les reconnaître. On lui a dit : Faites Visir, Nawâb, Rajah ,
qui il vous plaît; appelez ainsi les gens que vous avez qualifiés, qu’ils paraissent
sous ces titres à votre cour, vous avez ce droit, exercez-le; mais
nous continuerons d’appeler chacun dans l’Inde selon le nom et le titre
qu il a portés jusqu’ici, à moins que nous-mêmes ne les changions.
L empereur ne sort guère du palais que pour aller faire ses dévotions à
la Djuma Mosjéd, ou passer quelques semaines de l’été à sa villa, près
du Koutoub. Il est parfaitement libre de sortir sans en prévenir à l’a-
vanCe le Résident ; mais comme e’est du Résident seul que le commandant
militaire du palais reçoit l’ordre de faire tirer des remparts le salut impérial,
1 empereur préfère toujours informer le Résident, afin de recevoir cet
honneur. Les princes vont et viennent sans aucune cérémonie. Les sentinelles
présentent les armes à l’héritier présomptif, mais nul ne fait la moindre
attention à ses frères. \ '
Le nombre immense des gens qui vivent à Dehli des trois cent mille francs
que l’empereur reçoit par mois, lui forme une clientèle, dont le Gouvernement
anglais s’acquiert la bienveillance par les égards qu’il témoigne au
prince. Le petit peuple de Dehli aime à voir l’empereur entouré. Hors des
murs de la ville, personne ne s’intéresse à lui.
Le pouvoir qu’on laisse à l’empereur dans l’intérieur de son palais n’est
pas tellement absolu que le magistrat de Dehli ne fît une enquête et ne
requît le témoignage des princes de la famille impériale; si des bruits,
quelque peu vraisemblables, de crimes commis dans ses murs parvenaient
a Ses oreilles. Nul doute que l’homicide commis par l’héritier présomptif
sur la personne du plus pauvre serviteur, n’entraînât son exclusion du trône,
et probablement son emprisonnement dans une forteresse. Une femme se
je ta , il y a quelque temps, par-dessus les murs du palais dans la ville ; elle
fut réclamée par l’empereur comme une esclave du harem. Le Magistrat
refusa de la restituer , sur le principe que le Gouvernement anglais ne reconnaît
pas l’esclavage.
Les descendants de Timour n’ennoblissent pas par l’étude les loisirs de
leur grandeur déchue. Seul de la famille impériale, l’héritier présomptif passe
pour connaître à fond la langue persane, et ses chansons hindoustanies sont
des plus populaires à Dehli. Le houka et le harem sont le passe-temps des
habitants du palais. Aucun des princes ne parle un mot d’anglais.
Affublé de mon habit turc, et perdant mes babouches à chaque pas,
je visitai l’intérieur du palais après l’audience impériale. Les jardins sont
abandonnés : dans leurs compartiments symétriques de marbre blanc croissent