
Us produisent encore des fruits, parce que, dit-on, la brise de mer souffle
quelquefois jusqu’en ce lieu. Dans ceux qu elle n’atteint pas, et où le cocotier
peut végéter en'core, il ne fructifie pas. On m’indique Patna comme leur limite
sur le Gange; ils s’élèvent davantage au nord sur les bords de la rivière
; à cause de l’atmosphère marine que les marées y portent.
On se souvient ici d’avoir vu M. Desbassyns le père, lors de son intendance
générale de Pondichéry, quand il vint voyager au Bengale. Il examina
de très - près, dit-on, les procédés des natifs pour faire le Sucre. O’est en
février que les Cannes sont mûres : on porte dans les champs le simple appareil
de deux cylindres entre lesquels on les écrase à bras d’homme.
Le ju s , ainsi exprimé, est immédiatement évaporé dans des vases de terre
placés sur un fourneau de terre construit pour l’occasion ; on en achève la
cuite dans des pots de même espèce, mais plus petits. Le Sucre obtenu ainsi
est plein de mélasse; il coûte moyennement de 4 à 5 roupies le mand (ici
60 livres et non 8çr), 10 à 12» francs les 3o kilogrammes. On le raffine ensuite,
et beaucoup mieux que dans aucune autre province de l’Inde ; amené
presqu’au degré de pureté du raffinage européen, avec des blancs d’oeufs et du
lait au lieu de sang, il coûte 8 roupies le mand, 35 francs environ, les 100
livres : c’est le prix du Sucre brut à Bourbon, et il est moins cher au Brésil
et à la Havane. C’est très-loin de l’idée que je m’étais faite du prix de cette
denrée dans l’Inde.
Le Sucre de Burdwan est exporté en grande partie à Calcutta. Pendant
deux mois de l’année, en juillet et août, au temps des plus grandes eaux,
l’ancienne Dummoudah, ce cours d’eau que j ’ai traversé près d’Hougli, est
navigable, et c’est par là que se font alors les transports. Hors de cette saison,
la grande Dummoudah, ou le lit nouveau de la rivière, est presqua sec
au dessus du point jusqu’où monte la marée, et son cours est tout à fait
innavigable.
Je jette pêle-mêle sur le papier tout ce que j ’ai appris à Burdwan— Le
conducteur d’un des éléphants du Rajah a fait tuer dernièrement, par l’animal
qu’il gouverne, un homme avec lequel il avait eu récemment une querelle.
Il sera condamné à mort sans la moindre difficulté. Cette classe de serviteurs
passe pour la pire de toutes ; ils sont redoutés de leurs maîtres surtout.
Il n’est pas rare que, pour se venger d’une juste punition, ils n’empoisonnent
l’éléphant confié à leur garde ; faisant perdre ainsi 1,000 à 1,200 roupies
(2,5oo à 3,ooo fr. ).à celui qui les emploie..
Les condamnations capitales sont d’ailleurs assez rares. Le Juge de ce distr
ic t, M. Monney, disait hier que sous la législation des tribunaux provinciaux
l’accusé est bien plus protégé que sous celle des lois anglaises et de la
cour suprême de Calcutta. Mais la peine de mort n’était pas celle qui effrayait
le plus les natifs : ils redoutaient bien davantage la déportation à Pil-Penang.
Mais maintenant que des condamnés, y ayant fait leurs 12 ans de galères, en
sont revenus, et qu’ils ont dit ce que c’était, le charme est détruit, et la peine
capitale est redevenue la plus grande.
Un mille de route ( 1600“ ) , consistant en une chaussée d’une dizaine de
mètres de large, élevée de om,3 à om,6 au dessus des campagnes environnantes,
et briqué avec solidité sur une voie large de 3m,.25, coûte moyennement, dans
le Bengale , de 1,000 à 1,200 roupies ( 2,5oo à 3,000 fr. ).
Le temps des congés que les officiers de l’armée indienne obtiennent pour
cause de maladie, ne compte pas dans leur service. C’est ainsi que des hommes
de 5o ans, venus à 18 ans dans ce pays, peuvent n’avoir pas les 23 ans de
service qui donnent droit à la pension.
C’est donc se condamner à rester dans l’Inde 2 ou 3 ans de plus que de
retourner en Europe passer ce temps après 12 ou i 5 ans de service, ainsi
que font beaucoup d’employés civils et militaires de la Compagnie. C’est néanmoins
un plan bien sage. Ceux qui passent 20 ou 25 ans dans l’Inde, sans
faire une seule visite à leur patrie dans cet intervalle, s’y trouvent étrangers
quand ils y retournent. Une génération a passé : celle qu’ils connaissaient.
Une nouvelle s’est élevée qu’ils ne connaissent pas ; ils ne trouvent pas le home
qu’ils avaient rêvé, et regrettent leurs amis de l’Inde et l’Inde elle-même.
On voit chaque année quelques vieux officiers revenir d’Europe, qu’ils dé_
clarent le plus ennuyeux des pays du monde, pour mourir ici avec leur
pension. On se prépare une douce vieillesse en retournant à 3o ou 35 ans
renouer des liens d’amitié dans sa patrie. Le capitaine Yetcb l’a fait il y a
8 ans ; les employés civils de la station anglaise aussi.
Burdwan passe pour être très-salubre. Le sol en est élevé de quelques pieds
au dessus du Delta du Gange p assez enfin pour donner un écoulement aux
eaux; mais on les retient partout par de petites digues autour des champs,
pour la culture du Riz qui veut être inondé. D’ailleurs, point de jungles dans
le voisinage ; il faut aller à plusieurs lieues pour en trouver. — Il n y a pas de
maisons européennes sans cheminées. On y allume quelquefois, dans les jours
de brouillards, un feu de houille du pays. L’été y est au moins aussi chaud
qu’à Calcutta, la brise de mer ne s’y faisant pas toujours sentir.
La distance à Hougli, communément estimée à 40 MM ou * ° cos* i 11