
qu’un chétif village, et quoique Panna tombe en ruines, il est évident que
ces ruines sont bien modernes; de plus, l’uniformité des constructions,
une sorte de régularité de plan que je n’ai encore vu nulle part dans l’Inde,
l’absence d’antiques pagodes, tout dit que Panna ne s’est point accru par
les lents progrès de la richesse que développe la culture des terres ou le
travail des fabriques, mais par une source abondante, ouverte tout à coup.
Les natifs attribuent à l’épuisement des mines la diminution de leurs produits
et la décadence de leur ville ; opinion que le capitaine Franklin semble
partager. Il y en a une explication beaucoup plus naturelle. Le diamant qui
pouvait s’échanger, il y a deux siècles, contre 100,000 livres de riz , ou contre
10 chevaux, 100 boeufs, ne représente plus aujourd’hui que la valeur de
20,000 livres de r iz , de 2 chevaux, de 20 boeufs. Les pierres précieuses vont
se dépréciant de siècle en siècle bien plus rapidement encore que les métaux
précieux.
Il n’y a pas d’ ailleurs de raison pour que le même nombre d’hommes
exploitant aujourd’hu i, par les mêmes procédés, des lambeaux de la même
couche de Gangue diamantifère qu’il y a un siècle ou deux, n’en extrayent
pas chaque année la même quantité de diamants. La richesse minérale des
filons s’épuise, mais celle des couches dure autant que la couche a d’étendue.
O r , l’on n’a découvert encore qu’une petite partie de celles où se trouvent
les diamants près de Panna; mais la même quantité de ceux-ci ne représente
plus la même valeur : voilà pourquoi Panna est sur son déclin, voilà
pourquoi l’exploitation de ses mines, à peine lucrative aujourd’h u i, ne tardera
pas à devenir ruineuse et impraticable.
J’estime, bien approximativement, qu’il peut y avoir 4000 ou 5ooo habitants
à Panna, et que ce nombre a pu être triple jadis. Le vert domine dans le
costume de cette population, dont l’apparence est fière et presque menaçante.
11 n’est pas un enfant de 14 ans qui n’ait un sabre à la main ; beaucoup
d’hommes portent en outre un poignard persan à la ceinture, et un fusil à
mèche ou une pique sur l’épaule. Une de ces armes au moins est partie
obligée du costume.
Panna m’a rappelé Saseram. L ’une et l’autre ville, jadis florissantes, se
dépeuplent tous les jours ; mais Saseram est une ville musulmane, et Panna
une ville hindoue, et les Musulmans laissent après eux des tombeaux dont
l’architecture simple et massive dépose longtemps des races éteintes, tandis
que les Hindous ne laissent rien après eu x , que leurs demeures bientôt détruites,
bientôt effacées, quand on ne les habite plus.
Un météore brillant illumina le ciel, près de Lohargong, une heure avant
le lever du soleil. C’était comme une large étoile, d’une lumière blanche,
éclatante, semblable à celle que produit le zinc en limaille dans les pièces
d’artifice. Aucun bruit n’accompagna sa formation ni sa disparition, à quelques
degrés au-dessus de l’horizon et fort près de m o i, à ce qu’il me sembla.
L es M in e s d e D iam a n t s . — La Carte topographique du district des mines
de diamants par le capitaine Franklin, me dispensa d’en demander le chemin.
Je marchai au N . E ., au travers de terres vagues et de bois misérables. Le
Grès se montre partout à la surface. C’est dans les fissures de ses couches
que la végétation cherche un peu de terre desséchée.
Ces Grès, en bancs solides et horizontaux, offrent, sur une médiocre surface
, un grand nombre des variétés que j ’ai eu occasion de décrire depuis
que j ’ai quitté Mirzapour. L ’oxyde de fer se joue au milieu de quelques-unes,
en veines épaisses contournées bizarrement. Une structure concentrique résulte
souvent de ces accidents. Ailleurs, il n’a pas pénétré la roche, qui reste
d’un blanc uniforme ou d’une couleur grisâtre ou jaunatre très-claire; il ne
forme que des filons dans les fissures qui divisent ses couches. Cependant
la plus commune de ces variétés, d’une teinte toujours fort claire, est mouchetée
de brun ou de violet par de petits amas de ce minéral. A la loupe,
ces taches brunes paraissent des sortes de Géodes remplies plus ou moins
complètement d’une infiltration ferrugineuse concrétionnée.
Aucune couche d’argile ne les accompagne. Là où la terre végétale manque
absolument, la surface des couches, leurs enfoncements surtout, sont recouverts
d’un gravier grésiforme et ferrugineux épars sur elles comme le Kankar,
et qui nie semble être un débris des petits filons qui empâtent les masses
divisées d’un grand nombre de bancs. Ce gravier ferrugineux, sans être dur,
se polit et s’arrondit avec une régularité remarquable. Les natifs 1 appellent
, Lâlkakrou (gravier rouge).
Ce gravier se rassemble, comme le Kankar, dans le lit D 7 des ruisseaux, où
les eaux l’entraînent.
Ailleurs, dans des lieux bas ou sur les pentes inférieures des monticules
qui animent la surface du plateau de Panna, le Lâlkakrou est mêlé de terre
végétale argileuse, de fragments d’argile ferrugineuse, et le sol rougeâtre
et graveleux qui résulte de cette association est parsemé de grands blocs
anguleux de Grès blanc moucheté (la variété dominante décrite ci-dessus);
beaucoup de ces blocs sont enterrés dans sa profondeur.