
mais c'est un unitaire, un déiste, un homme dont le voisinage souillerait!. . .
La maison où s’assemble la Société est fort belle. Le rez de chaijssée.est une
sorte de Muséum où sont exposés, sans ordre et sans go û t, des objets d’histoire
naturelle et de curiosité. Quelques squelettes de têtes ¿ ’Eléphants, de
Rhinocéros, de Requins et de Tigres, quelques lambeaux de peaux de Serpents
et de Crocodiles, pourrissent à l’air libre. Une douzaine de petits quadrupèdes
empaillés, et une centaine d'oiseaux, abrités quelque peu, dans des
armoires, de l’excessive humidité du chmat, sont détruits par les vers et les
termites. Il n’y a que les coquilles et les pierres qui se. défendent contre ces
fléaux. Les premières remplissent une petite armoire où elles sont disposées
au hasard sans aucune nomenclature. Les pierres sont plus nombreuses ; mais
à l’exception d’une série méthodique de roches, envoyées de Freyherg par
M. Ebel, avec un catalogue, et rangées suivant l’ordre du donateur, le reste
n'est qu’une multitude de petits tas de pierres couvertes de poussière et remplies
d’araignées, qu’on a laissées dans les caisses et les paniers d’envoi, se
contentant d’en ôter le couvercle pour les laisser voir. C’est à peu près tout
ce qu’elles méritaient de soins.
Dans une autre des salles inférieures, il y a une collection d’armes indiennes,
de sabres du Népaul, de lances de Rajpouts, de poignards persans
et malais, de bouchers, de cottes de mailles, mêlés indistinctement avec des
satraies et des casse-têtes des lies de la mer du Sud. Les insectes n’ont laissé
aucune étiquette, et la rouille travaille à faire ce que les insectes n’ont pu.
Une autre chambre est remplie de modèles de métiers et de machines des
natifs. Il y a une grande variété de bateaux, quelques machines à élever l’e au,
et des échantillons de produits manufacturés.
Enfin, et je dois j supposer que c’est la partie brillante du Muséum de la
Société, plusieurs salles et la cage de l’escalier sont ornées d’idoles de toutes
espèces, en brique, en porcelaine, en métal, en marbre, en pierre; il y en a
de toutes les parties de l’Inde, en deçà et au delà du Gange. Il y a aussi un
grand nombre de pierres couvertes d’inscriptions.
Les appartements supérieurs contiennent une bibliothèque dont j ’ignore
entièrement la richesse en fait de livres et de manuscrits orientaux, mais
dont les rayons européens sont assez peu chargés. Un vieil Italien, qu’on
appelle le Dr Bullini, garde tous ces trésors. Quoique son titre officiel soit
celui de bibliothécaire de la Société, ce n’est pas un argus impitoyable. Il y
a ici un système libéral, chacun des membres et de leurs adhérents emporte
chez soi les livres dont il a besoin.
Un grand nombre d’exemplaires invendus de la collection des Mémoires
de la Société ajoutent singulièrement à l’ameublement de la bibliothèque.
La Société asiatique, comme corps, est absolument nulle. Aucune recherche
faite en commun, aucune association de travaux parmi ses membres
vers un but commun. Mais, est-elle à cet égard dans un autre cas que toutes
les Sociétés scientifiques et littéraires de l’Europe, parmi lesquelles l’Institut
de France seu l, l’Institut alors qu’il était jeune, alors qu’il était l’Institut
national, montra un esprit de confraternité et d’émulation dont les sciences
tirèrent tant de profit, et qui le plaça à la tête et en dehors de tous les corps
savants? Aujourd’hui, et depuis bien des années déjà, ce n’est plus que la réunion
des hommes les plus distingués dans les sciences qui viennent juger de
l’exactitude des découvertes qu’on s’empresse de proclamer devant eux. Leur
sanction est utile ; mais c’est à juger que se borne désormais leur action comme
corps. Gomme corps, ils n’agissent plus.
Il n’y a pas de sinécures dans le gouvernement de la Compagnie des Indes.
Elle paie largement les gens qu’elle emploie ; mais elle leur impose assez de
travail pour que, dans un pays où le climat rend le travail pénible, il ne
leur reste aucun loisir. Je ne sais cependant si des hommes d’une autre nation,
si des Allemands, passionnés pour l’étude, ne trouveraient pas ic i,
après l’accomplissement de leurs devoirs publics, quelques heures par jour
à lui donner. Car enfin, ceux qui travaillent le plus, commencent à 9 heures
et demie, et cessent à 5 ou 6 heures. Us se lèvent au point du jour pour se
promener à cheval ou en voiture; ils répètent le soir, avant de se mettre à
table, le même exercice, prolongent le temps du dîner, sont impropres à
toute espèce d’occupation ensuite, et forcés de s’aller coucher, parce qu’ils
ne peuvent même demeurer éveillés. On dormirait à moins : après l’ordinaire
excessif de boisson et d’aliments que chacun prend le soir, il n’est pas besoin
du climat de l’Inde pour obliger d’aller au lit les gens qui quittent la table.
Je vois dans la vie de ceux qu’on appelle les plus laborieux, du loisir, de
l’oisiveté. Ils disent que c’est du repos, et que ce repos est ici de première
nécessité. Ce n’est pas pour le plaisiï* de se promener, disent-ils, qu’ils le font;
ils se promènent, comme ils prendraient en Europe une médecine sans mauvais
goût. La grande affaire de la vie dans l’Inde, ce n’est pas de s’amuser,
c’est de vivre; et tout en la remplissant de conforts et de jouissances matérielles,
on se dit, et quelques-uns peut-être se persuadent, qu’on ne fait que
suivre docilement le régime médical le plus propre à la conserver.
Les Anglais de la classe moyenne, je le vois ici, ont une ambition de bien