
èt sans inscriptions. Lune d’elles est celle du fondateur, et les autres, des
membres de sa maison. Beaucoup d’enfants en bas âge reposent près de lui.
Les murs sont chargés d’arabesques élégants, sculptés dans la pierre; plusieurs
encadrent des inscriptions persanes que je, regrette de ne pouvoir déchiffrer :
ce n’est pas qu’elles soient effacées, mais elles sont couvertes, incrustées de
poussière, et la forme de diverses lettres est modifiée d’une manière inintelligible,
pour complaire au goût et aux exigences de l’artiste.
A côté d’ouvrages finis avec une extrême délicatesse, sont des parties à peine
ébauchées, des blocs à peine équarris. De même aujourd’hui, pour arriver aux
salles brillantes et magnifiques des riches Indiens, vous devez.toujours traverser
ou apercevoir quelque réduit obscur et dégoûtant; il n’y a pas d’ensemble,
d'harmonie dans leur architecture.
Un mur mauresque entoure cet édifice; des minarets s’élèvent sur ses angles;
de sa cour déserte, on passe dans une autre où est creusé un bassin carré,
très-profond, où l’on descend par trois grands escalier^. De petites Mosquées
sont bâties au-dessus, dont le toit arrive à peine au niveau du sol. Quelques
oiseaux seuls vivent parmi ces ruines? que je juge fort peu anciennes, d’après
leur état de conservation.
Une observation du baromètre, faite à midi dans le Mausolée, m’a donné
une différence de niveau bien petite avec Calcutta.
A une centaine de pas, au nord du Mausolée, erst un grand bassin qui n’a
pas moins d’un ou i \ hectare de surface, de forme carrée, au centre duquel
est bâti un édifice du même style, mais de proportions plus grandes. Un
pont y conduisait; il est rompu : la Mosquée se trouve ainsi isolée comme
une île, et les oiseaux de proie, les Milans et les Corbeaux, qu’aucune visite
n’y peut importuner , s y sont établis par milliers. Quelques Pipuls en ont pris
aussi possession, et leurs raeines auront bientôt fait effondrer toutes les voûtes.
Un peintre ne saurait désirer ni plus ni moins.
Sur les bords du bassin, plusieurs petites Mosquées ont été bâties ,? ¡bien
misérables, "auprès de la belle et grande ruine dont je viens de parler ; et des
multitudes de tombes couvrent les pentes qui descendent au bassin, revêtues
jadis d escaliers en pierre. Des prêtres musulmans y viennent réciter chaque
jour les priÉfres. ( Mousoulmâni Pâdri), me dit mon guide. Les Indiens
de toute caste n’ont d’autre mot que Pâdri pour dire prêtée. Cela prouve
quelles chances.de succès eut jadis, parmi eux, le catholicisme romain. Nul
d’eux ne comprendrait le mot anglais Clergyman. $
La grande porte qui est restée debout, au sud de la v ille , où elle domine
comme unè tour toutes lés maisons environnantes, était sans doute celle de l’enceinte
de la demeure du prince ; mais on ne voit plus de vestiges de murailles.
Quelques pauvres familles de tisserands nichent avec les oiseaux dans les ruines
du palais ; les salles en étaient décorées d’arabesques peintes à fresque que la
pluie n’a pas détrempées. Les débris tombés sur quelques terrasses, de parties
de l’édifice plus élevées, y ont formé une petite couche de terre végétale
que se disputent une multitude de plantes sauvages.
De ce jardin singulier, qui domine toutes les parties de la ville, on en saisit
l’ensemble qui n’est pas très-étendu, mais qui pourtant mériterait le nom de ville
dans tous les pays du monde. Les maisons dès habitants pauvres, avec leurs
murs de pisé,. sont serrées les unes près des autres, et l’on n’aperçoit que leurs
toits de tuiles; tandis que les mosquées ouïes demeures des «riches, isolées, entourées
de quelque espace ouvert, montrent leurs murailles de pierre. Au
Sud, il n’y a plus que des tombeaux; ils s’enfoncent dans l’éloignement d’une
petite forêt de Tars et? de Dattiers. La campagne alentour est cultivée, mais
la terre en est peu fertile, et les jungles ne sont pas loin. Je ne m’explique pas
la base de la magnificence passée des princes de ce lieu.
Quelques rues, moins étroites et moins tortueuses, sont habitées spécialement
par diverses professions, et les produits de leur travail exposés sous la varangue
ouverte devant leur demeure, en font autant de bazars. G’est au milieu
deSOn petit étalage que chacun travaille, accroupi comme un singe, et;,comme
un singe aussi, non moins adroit de ses pieds que de ses mains. Du reste,
leurs procédés et leurs ouvrages sont également grossiers. Les vases de laiton
(Pl. X X , fig. £ et 3 ), dont la fig. 2 représente la forme la plus commune,
et qui servent à tous les habitants de ce pays, quelle que soit leur religion, pour
boire et faire leurs ablutions, sont fondus en cuivre, puis diminués d’épaisseur
à la lime et battus sur l’enclume. Chauffés légèrement, on les frotte d’un
morceau de zinc dont une petite quantité fondue leur reste adhérente, et l’on
opère grossièrement par le martelage et quelques faibles recuits, l’imparfaite
union des deux métaux. D’autres font, avec de l etain, cette sorte d’étamage. Je
n’ai pas vu d’outils anglais dans les mains de ces ouvriers; leurs outils indiens
sont détestables, e t , s’il n’en avait pas d’autres pour travailler, le plus habile
ouvrier d’Europe ne* saurait pas s’en servir à beaucoup près aussi adroitement.
Leur travail, qui est lent, ajoute très-peu au prix du métal. Des tourneurs
en cuivre et en argent font des bracelets pour les femmes et les enfants. Auprès
d’eux, des forgerons font divers ouvrages grossiers, des clous, des cuillers ,
et, avec un métal à peine aciéré, des fers de lance et des lames de sabre. Un
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