
de bois. Je doute qu’on puisse les estimer à 2,"600 kilog. de sucre brut, tel
qu’on le prépare à Bourbon.
La plante de la Canne n’est pas ici la graminée superbe de cette île. 'Ses tiges
s’élèvent droites, et ne dépassent pas 2” ,00, y compris le sommet de leur herbe.
En cette saison, peu éloignée du temps où on les coupe, le feuillage en -est
maigre, et les feuilles les plus jeunes sont seules vertes. Le sucre, sur la route ,
coûte o',07 la livre : c’est le prix du riz.
Ma Grammaire hindoustanie dit qu’on donne généralement aux faquirs l’appellation
honorifique de Schah, Roi. Mes domestiques, qui ne l’ont pas lue ,
mais qui sont Hindoustanis autant que possible, Musulmans et Hindous indistinctement,
leur disent très-rudement dja! lorsqu’ils s’arrêtent pour me
demander l’aumône. C’est la manière la moins polie de dire à un homme
de s’en aller :. « Dja! va! va-t’ien ! »
Je n'ai pas encore vu un de mes gens donner un pice à aucun faquir ;
cependant ils disent que les faquirs sont très-respectables. C’est la dévotion
de ceux des hautes classes en Europe, qui défendent per fa s et n e f as („ eu
paroles ou en actions gratuites) l’église de leur pays, et n’y mettent jamais
les pieds..
Le 3i décembre 1829.— A Bcnarès , et séjour jusqu’au 5 janvier i 83o.
J’arrivai sur les bords du Gange, devant Bénarès, le dernier jour de l’année.
C’était par une matinée superbe;: Le soleil, au commencement de sa course, illuminait
merveilleusement l’antique cité dont la rive opposée du fleuve baigne
les temples sans nombre. Derrière eux s’élevaient, en amphithéâtre magnifique,
des édifices dune grandeur imposante, e t, par-dessus leurs élégantes terrasses,
les sommets pointus de quelques pagodes dispersées dans la ville, et les deux
Minarets de la Mosquée d’Aurengzeb qui dominent, suspendus dans les airs,
cet horizon étrange et pittoresque. Quelques arbres opposaient à la teinte claire
et rougeâtre des édifices, la couleur sombre de leurs cimes arrondies : leurs
formes semblaient de loin celles de l’Europe; vainement je cherchai un palmier
dans le tableau extraordinaire qui s’offrait à ma vue. Du site favorable
où le hasard m avait conduit , la nature se montrait à moi sous des traits
presque européens; mais sans le secours du langage de ses productions, les
monuments des hommes me disaient assez que j ’étais en Asie et dans la plus
étrange de toutes ses contrées.
Le Gange, dont les eaux montent dans la saison des pluies à 4o pieds (i 3.^
au-dessus, de leur niveau pendant l’hiver, n’est ici maintenant qu’un fleuve de
moyenne largeur; et son courant, furieux alors; excède à peine maintenant
un mille ( i l . ) à l’heure. Sa largeur actuelle est en rapport avec les proportions
de la ville, et je trouve dans la lenteur et la tranquillité de son cours, un accord
avec l’air antique de stabilité qu’offre ^celle-ci.
Il suffit à présent de quelques minutes pour le passer. Le Ghaut où je débarquai
est presque au-dessous de la ville, et pour me rendre aux cantonnements,
je dus la traverser dans toute sa longueur.
>?Elle n’est guère moindre de 3 mil. ( f 1. ). Quelques rues sont assez larges
pour le passage d’une voiture , mais la plupart n’ont que 6 à 7 pieds ( i “ ,95
à 2m,27) de largeur, et beaucoup de maisons se projettent d’un pied au-dessus
d’elles depuis le premier étage. Tortueuses autant qu’étroites, pavées de dalles
éparses, un cavalier n’y peut marcher avec sûreté.
Les maisons sont presque toutes de pierre;à cinq ou six étages assez bas ^
appuyées les unes contre les autres, percées de petites fenêtres peu nombreuses.
Quoique moins hautes généralement que celles de Paris, elles le paraissent davantage
à cause de l’étroitesse des rues. Le rez-de-chaussée de presque toutes/
celles que n’habitent pas des gens fort riches, est une boutique devant un magasin,
e t, comme cela doit être dans un pays fort pauvre, où l’immense majorité
de la population ne vit que pour subsister, sur dix magasins il y en a
neuf de grains. En dehors de sa nourriture, le peuple, dans les pays riches, consomme
mille autres objets plus dispendieux qu’elle : ic i, c’est tout pour lui.
G’était l’heure où commence le travail, où s’ouvrent les marchés, où la foule
se précipite hors de ses demeures : elle est vêtue de la manière la plus pittoresque.
L’habillement de la multitude -Consiste, en cette saison, emine sorte
de robe de chambre qui descend à peine au-dessous du genou, à longues
manches, serrée autour des reins, le plus souvent par une ceinture blanche.
Cette robe, ou cette sorte de tunique plutôt, est faite d’étoffe du pays, bleue,
rose ou verte, à fond de diverses couleurs couvert de palmettes, dans le
goût des shalls de Cacliemir, quoique ce ne soit qu une impression sur Une
toile grossière de coton : elle est doublée d’une étoffe de couleur claire, unie ^
et chaudement ouatée. La ¿¡plupart des Musulmans portent dessous des pantalons
; les turbans sont de toutes couleurs. Par-dessus cet habit, ehacun s’enveloppe
d’une pièce d’étoffe peinte, beaucoup d’un schall de Cachemir.
La population est moins noire en général qu’à Calcutta, où je l’avais trouvée
fort claire en arrivant de Pondichéry. Cependant les extrêmes du noir s’y
rencontrent également, qui ne le cèdent en coloration à aucune race africaine.
Les rues sont encombrées de taureaux auxquels on a donné la liberté. G^est