164 T E R
vaudrait peut-être, mieux qu’une partie de l’efpace
qu’occupent les eaux fut rempli par la terre ferme ;
il prévient cette objection, en difant que ce changement
priveroit la terre d’une quantité fuffifante de
pluie . & de vapeurs : car fi les cavités quife trouvent
dans les mers, lacs, 6c rivières, étoient plus
profondes, 8c que cependant elles continffent la
même quantité d’eau, l’étreçiffement 6c la diminution
de leur furface priveroient la terre d’évaporation,
à proportion de.cet étreciffement, & caufe-
roient une féchereffe pernicieufe.
On ne fauroit douter que la diftribution des eaux
6c du continent étant l’ouvrage du Créateur, n’ait été
faite de la maniéré la plus avantageufe pour nos be-
foins : niais l’équilibre prétendu que M. D.erham
croit appercevoir entre l’océan méridional & feptentrional,
6c entre les continens d’Afie, d’Afrique, 6c
d’Europe, peut bien être traité de chimere ; en effet,
que veut .dire fauteur par cet équilibre ? Prétend-il
que l’océan feptentrional 8c méridional font de la
grandeur 6c de l’étendue néceffaires, pour qu’une de
ces,mers, ne le jette pas dans l’autre ; mais une pareille
fuppofition feroit contre les premiers principes
de l’hydroftatique : la même liqueur fe met de
niveau dans, les deux branches d’unfyphon, quelque
inégalité de groffeur qu’il y ait entre ces branches
; 6c-le fluide contenu dans la petite, a.toujours
autant de.forceque le fluide contenu dans la grande,
quoiqu’il ait beaucoup moins de poids. Ainfi quand
l’océan feptentrional, par exemple, ne feroit pas plus
grand que la mer Cafpienne, il feroit toujours en
équilibré ayec l’océan méridional, c’eft-à-dire, que
fi ces deux océans communiquoient enfemble, l’eau
fe mettroit toujours dans l’un 6c dans l’autre au même
niveau, quelque différence qu’il y eût d’ailleurs
dans l’étendue des deux.
Le fentiment du do&eur Burnet ne paroît pas plus
fondé, jdu-moins à quelques égards : car toutes les
obfervations aftroqomiques, & les opérations faites
dans ces derniers tems , nous apprennent que la. figuré
de là terre èft celle d’un fphéroïde applati vers
, }es pôles, 6c affez régulier, 6c les inégalités qu’il peut
y avoir fur fa furface , font ou totalement infenfibles
par rapport à la malfe du globe, ou celles qui font
le plus confidérables, comme les montagnes , font
le refervoir des fontaines 6c des fleuves , 6c nous
procurent les plus grandes utilités. Ainfi on ne peut
point regardèr la terre dans l’état où elle eft aujourd'hui,
comme un ouvrage indigne du Créateur. Ce
que M. Burnet ajoute que le déluge peut y avoir
caufé des bouleverfemens, paroît plus vraiffemblable.
En effet, pour peu qu’on jette les yeux fur une
mappemonde, il eft difficile de ne pas fe perfuader
qu’j.1 foit arrivé beaucoup de changement fur la fur-
face du globe terreftre.
La figure des côtes de la Méditerranée & de la
mer N o i r e le s différens détroits qui aboutiffent à
ces mers, & les îles de l’Archipel, tout 'cela- paroît
n’avoir point exifté autrefois ■ ; & on eft bien-tenté
de croire que le lieu que la Méditerranée occupe ,
étoit anciennement un continent dans lequel l’océan
steftprécipité, ayant enfoncé les terres, qui fiépa-
roient;l’Afrique del’Efpagne. -Il y a même'une ancienne
tradition qui rend cela plus que çonjedhiral;
la fable des colomnes.d’Hercule paroît n’être autre
chofe qu’une hiftoire défigurée de l’irruption de l’océan
dans les terres, 6c altérée par la longueur des
tems. Enfin, tout nous porte à croire que la mer a
caufé fur notre globe plufiéurs bouleverfemens. Voye^
Continent. (O )
y ne preuve des irruptions de. l’Océan fur les çon-
tinens, une preuve qu’il a abandonné différens ter-
reins , c’eût qu’on ne trouve que très-peu d’îles dans
le milieu des grandes mers, & jamais un grandnom-
T E R
bre diles voifines les unes des autres.
Les mouvemens dë ia -mer font lesprificipales
caufes des changemens qui font arrivés 6c qui arrivent
fur la furface du-globe ; mais, cette' caufe .n’eft
pas unique, il y en a ^beaucoup d’autres .moins confidérables
qui contribuent à ces changemens, les
eaux courantes, les fleuves, les ruiffeaux, la fonte
des neiges, les torrens, les gelées, &c. ont .changé
considérablement la furface de la terre.
Varenius dit que les fleuves tranfportent.dans la
mer une grande quantité de terre , qu’ils déponent à
plus ou moins de diftance des côtes , en raifon de
leur rapidité ; ces terres tombent au fond delà mer,
. & y forment d’abord de petits, bancs q,ui s’augmentent
tous les jours, font des .écueils, & enfin forment
des îles qui deviennent fertiles.
La Loubcre, dans fon voyage de .Siam, dit que
les bancs de fable 6c de terre'augmentent tpus les
jours à l’embouchure des grandes rivières de l’A fie,
par les limons 6c les fédimèns qu’elles y apportent,
enforte que la navigation de ces: rivières devient torts
les jours plus difficile, 6c deviendra un jour impoffi-
ble-; on peut dire la même chofe des grandes rivières
de l’Europe, 6c fur-tout du V olga, qui a plus de
foixante &: dix embouchures dans la mer Cafpienne,
du Danube qui en a fept dans la mer Noire, &ç.
Comme il pleut très-rarement en Egypte, l ’inondation
régulière du Nil vient des torrens qui y .tombent
dans l’Ethiopie ; il charrié une très-grande quantité
de limon , 6c ce fleuve a non-feulement apporté
fur le terrein de l’Egypte plufiéurs milliers de cour-
ches annuelles , mais même il,a jettë.bien avant dans
la mer les .fondemens d’une alluyion qui pourra former
avep le tems un nouveau pays ; car on .trouve
avec la fonde à plus de vingt lieues de diftance delà
cô te , le limon,du Nil au fond de la ,mer, qui aug^-
mente tous les ans. La baffe Egypte où eft maintenant
le D elta, n’étoit autrefois qu’un golfe de là mer.
La ville de Damiette eft aujourd’hui éloignée de la
mer de plus de dix milles^ 6c du tems de faint Louis,
en 1-2.43, c’étoit un port dp mer.
.Cependant tous l,es changemens que les fleuves
occafionnent font affez lents, 6c ne peuvent devenir
confidérables .qu’au bout d’Une longue fuite ff’an-
nees ; mais il eft arrivé des changemens hruiqups 8c
fubits par les inondations 6c les tremblejnens de terre.
Les anciens prêtres, Egytiens, 6po ans avant la
naiffance de Jefus-Chrift, affuroien.t, au rapport de
Platon dails le :Timëe , qu’autrefois il y avoit une
grande île auprès des colonnes d’Hercule, plus
grande que l’Aiie & la Lybie prifes enfe.mbip, qu’ on
appelloit A dan ti des; que cette grande île fut inon*
dée & abyméë fout lés eaux de la mer après un grand
tremblement de t,erre. Traditur AthenUnfis civkas refi
titijjt olim in nùpienshdfllum copiis qutz éx Atlanùco
mari profeftx, profil cuniïam Euiopajji AJiamque obfe-
derünt; tuhe tnini frètuih illud navigabik, habensin orz
& W*fiveftibuLq ejus ipfulqrp^qpfls ffercplis, cplurnnas
cognominant : ferturque infulailla^ybiq fimiil & Afid
major fuijfe, per quçm ad aliqs prôxl/tfaf [njulaspate-
bat aditus, atque ex infulu\ ad omne,rri cantincntern b
conjpeclu jaceruem vero piari viçinapi ;fed infrà os ipfurn
porius angüjlo Jîtiu traditur pelagus illud verum mare %
terrft quoque ilia vere erqt çorntipens „ &ç. Pofl Acec in-
genti terre?, motu jugïque diei unius & poclis illuvione,
factum cjï, ut terra dehifeens otnnes illo.s belliçofos .<zfe.
forcer et, & A tlaniis ijifulq fub vafio gurgite mergeretur.
Une troifieme caule de changement fur la furface
du globe, font les yènts impéfuéux ; non-feuiçment
ils forment des dunes 6c des collines für les bords
de la mer 6c dans le milieu, des continens., mais fou-
vent ils arrêtent & font rebrouffer les rivières, ils.
changent la direction des .fleuves, ils enievent les
terres cultivées, lès arbres, ils renverfent les mai-
T E R
fonÿ,MÜs inondent pour- ainfi-dire des pays tout entiers
; nous avons un exemple de cesînondations de
fable en France, furies côtes de Bretagne; I’hiftoire
de l’Académie, année i7 z z ,e n fait mention dans
les termes fuivans.
: Aux environs de Saint^-Paul-de-Léon, en baffe
y. Bretagne , il y a fur la mer un canton, qui avant
n l’an 1666 étoit habité & ne l’eft plus, à caufe d’un
» fable qui le couvre jufqu’à une .'hauteur de plus de
»vingt piés, & qui d’année en année's’avancë&
».gagne du terrein. A compter de l’époque marquée
» il a gagné plus de fix lieues,& il n’eftplusqu’à
» une demi-lieue de Saint-Paul; de forte que , félon
» les apparences ; il faudra abandonner cette ville.
» Dans le pays fubmergé on voit encore quelques
» pointes de clochers 6c quelques cheminées qui
» fortent de cette mer de fable ; les habitans des vilêf
» lages enterres ont eu du-moins le loifir de quitter
» leurs maifons pour aller mendier.
. » C’eft le y entd’eft ou du nord qui avance cette
» calamité ; il éleve ce fable qui eft très - fin, & le
» porte en fi grande,quantité & avec tant de vîteffe
» que M. Deflandes, à qui l’Académie doit cette ob-
» lervation, dit qu’en fe promenant dans ce pays-là
» pendant que le vent charrioit, il étoit obligé de fe-
» Couer de tems-en-tems fon chapeau & fon habit
» parce qu’il les fentoit appefantis : de-plus, quand
» ce vent eft violent, il jette ce fiable par-defliis un
» petit bras de mer jufque dans Rofcof, petit port
» allez fréquenté par les vaiffeaux étrangers ; le fa-
» ble s’élève dans les rues de cette bourgade jufqu’à
» deux;piés, & on l’enleve par charretées : on peut
y remarquer en paffant qu’il y a dans ce fable beau-
» coup de parties ferrugineules, qui fe reconnoiffent
» au-.cowt.eau aimanté.
• » L’endroit de la côte qui fournit tout ce fable, efl
» une filage qui-s’étend depuis Saint»Paul jufque vers
» Plonefcat, c’eft-à -dire un peu plus de quatorié
» lieues., 8c qui eftprefque au-niveairde lamerlorf-
>. qu’elle eft pleine : la difpofttion des lieux eft telle
» qu’ë n’y a que ie vent d’eft ou de nord-eft c^ii ait
» la direction néoeflaire pour porter le fable dans les
» terres. Il eft aifé de-concevoir-comment -le fablè.'
» porté & accumulé parle vent en Un endroit, eft
» repris err&ite par le même vent & porté plus loin,
” & qu’ainfi le fable peut avancer en iùbmergeant
» le p a ys, tant que la minière qui le fournit en four-
>. nira de nouveau ; car fans cela le fable en avan-
». çant dimmueroit toujours de haliteur, & ceffèroit
» de &ire du ravage. Or il n’eft que trop poffiblè
»-que la mer jette oudépofe long-teins de nouveau
».fable dans cette plage, d’ob le vent l’enleve ; il eft
» vrat qu’il faut qu’il foit toujours auffi fin pour être
». aifement enleve.
», Le .défaftre eft nouveau, parce que la plage qui
» fournit le fable n ’en avoit pas encore une aller
» grande quantité pour s’élever aii-dëffus dé là fut&-
» ce de la mer, ou peut-être parce que la mer n’a
»! abandonne cet endroit, 8t ne l’a laiffé à découvert
» que depuis un tems; elle a eu quelque mouvê-
» ment fur cette cote, elle vient prefentement dans
» le flux ,une dem^heue en-deçàde cèrtaihes roches,
». qu elle ne paflbit pas aUtréfois.
I Ce malheureux canton i inondé d’une feç’on H
» guliere, juftifie ce que les anciens- & les tnodter-
» nés rapportent des tempêtes de fable eicitées efi
» Afrique , qtu ont Ôit périr des villes, & même des'
» armées ». ,
caufés générales,•
la me r P«n0* q u « & réglés, p lr M Ü
la mer prend fuccelfvement H plate de là f i l | &
abandoftnelafienrtejmats il y a «mé grande quantité
^ raWribhéht à Ces-Change-
mens-, & qm -predutfent des bouleverfemens, les
T ER 165
inondations, des affaiffemensi & la fin-face de la-fereftlUieo
» Ce que ” 0US ,connoi®>^ de plus folide,
eft injette, comme tout le relie de la nature, i des
vtciffitudes perpétuelles. H,fi. „ai. e ,n. & ^ J
t m r e J & T ’ ■ ’ Montagne » DE la
lER'RÀSSË , I f, ,(a//ï tniiii.) C’étoit dans les fie-
bor l f MSËÊm m ePa,ulcment environnant fur le
! °!g n femblable à nos tranchées, où les
archets & les frondeurs tiraient à couvert & fans
ceffe contre les defenfes HH ville, pendant qu’on
H Q d e , ol;tcs parts. -Les Urriffu fervoienïauffi
ce,contrevallation pour brider, 8c refferrer de plus
près CMix de-la place. On appelloit auffi w r a d un
cavalier eleve tort bifut pour dominer les murs d’une
On commençoit la fermée fur le bord du folle oiï
du-moms fort près & elle formoit un quarré long!
On la formoit à la faveur des mantelets , qu’on élf- ‘
voit fort haut, derrière lefquels les foldats travail,
loient à couvert dès> machines des affiégés Les or '
« J « ;qu’Alexandfe fit élever aux fiegefdù roc^Z
Conenez & d’Aorne , & celle de Maffada, dont Jo-
toire HH drfcrIPtl0",> fi°nt fanieufes dansl’hif-
I comblement du folfé’
des-places afllegées^; mais on ne doit pas confondre '
H H avec-les çavàli'ers ou
elevees fur le bord du folle pour dominer les murâil-
; m m m n Paff°« for le parapet. Les tra-
j duçteurs 8c les commentateurs tombent fouvent dans '
cette erreur. Il eft aifé de diftinguef les taraffes con!
fiderées c o m m ^ les a r ra fe o&nfide-
rées comme cW ir r s ; H B M H H
WËÊÊËËËËmH9HB Paa douter que
I B i veuille parler du Comblement de foffé • 1
s il parait que ees belipts font fur un cavalier, il & t t
I df ?.lder„qtte ■ ■ eft un ignorant qui ne fait H
« Ï . MSUerr'- Po,y ^ > ^ ‘ ^ r . F o U r j
de' terre élevé Se H H {oT Bh HI i™BWI bte du terrein La maçonnerie n’èftpas Cependaftt
toujours neceffaire pour faire irnentrnffi. Otiand la'
*.erre. eI?-fortf > on ^ contente de faire des tâluds 8c'
des glacis, qu on coupe à chaque extrémité. On iaiffe
une pènte douce-fur la tertafe, pour l’écoiilement'
des eaux, d environ un pouce 8c demi par toile
' Ia W m & H pente fe ptenil1
, toujours fur fa longueur. On orne les termpj d’âr-
br,fléaux , d’ifs 8c de charmilles à hauteur d’appui '
avec des vafrs, des cailles 8c déâifots de fleiirs ijo-;
I ™.des des-de pierre. Les figtires 8clesfôntàines5
contribuent encore beaucoup àleur décoration Maigre
ces ofnemens, les urrajfes b’embéliffent pas beau-
■ H B B ’S doit-on (aire le moins qu’on
- peut , 8c les elOigner toujours, les unes d'es antres.'
i K°ye\ d » mpâefes de ttrrafit dans la théorie 8c ia pta-
; tique du jârdirïagë. 1 i
On appellé càntre-tirrafil ; Uhè tirra/Ti élevée au-
dellus d une autre, pour quelque raccordement de
terrein ; qu élévation de parterre. (D . /.)
T errasSe , (Joaillerie.) ce ternie fe dit en ftyle
d ouvriers lapidaires, de .quelques p a rt it dafis ürie
i pierre preciettfé qui ne peuvèiit foüffrir le poliment/
T errassé , (Peint.) on appèîlciiënafle en Peintu,
un e pace de terre qu’on place d’ordinaire fur le
• tableàir. Les terrd/ef àôivehi être fpaciëules
& bïèn ouvertes ; on pëut y repréfefiter quelqùë
verdure, ou même des cailloutages qui s’y trouvent
comme par acfcideiit. J . j
T errasse , (.Sculpt.) c’èft le deffiis de la plinthe en
; pente fur le devant ; où on pofe une figure, une fta-
; tué, xiri gr-ùùppè; &c. (JD. J . j