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l’impuiflance de leur réfifter. Il feroit inutile de rapporter
de quelle maniéré elle fut prife fous Valérien
par les S cythes, que nous connoiflons fous le nom
de T a r t a n s , fi l’hiftoire qui en parle n’avoit décrit
l’état de la place. Zozime donc remarque , que c’é-
toit une grande ville, bien peuplée , fortifiée d’une
double muraille : les peuples voifins s’y étoient réfugiés
avec leurs richefles comme dans un lieu oh il
n’y avoit rien à craindre. Outre la garnifon ordinaire
on y avoit fait entrer dix mille hommes de
troupes ; mais ces foldats dormant fur leur bonne
foi, 6cfe croyant à couvert de tout, fe laiflerent fur*
prendre la nuit par les Barbares, qui, ayant entafle
des fafcines contre la muraille, entrèrent par ce
moyen dans la place, tuerent une partie des. troupes,
yenverferent les temples 6 c les plus beaux édifices;
après quoi, chargés de richefles immenfes, ils em-
menerent un grand nombre de captifs.
Les empereurs grecs ont pofléde T r é b i f o n d e à
leur tour. Du tems de Jean Comnène, empereur de
Conftantinoplë, Conftantin Gabras s’y étoit érigé
en petit tyran. L ’empereur vouloit l’en chafler ; mais
l’envie qu’il v avoit d’ôter Antioche aux Chrétiens,
l’en détourna. Enfin T r é b i f o n d e fut la capitale d’une
principauté dont les empereurs de Conflantinople
çlifpofoient ; car Alexis Comnène , furnommé le
Ç r a n d , en prit p.offeffion en 1204, avec le titre de
d u c , lorfque les François 6 c les Vénitiens fe rendirent
maîtres de Conflantinople, fous Baudouin,
çomte de Flandre.
L’éloignement de Conflantinople , 6 c les nouvelles
affaires qui furvinrent aux Latins, favoriferent
Fétabiiflement de Comnène; mais Nicétas obferve
qu’on ne lui donna que le nom de d u c , 6 c que ce
fut Jean Comnène qui fouffrit que les Grecs l’appel-
laflent e m p e r e u r d e T r é b i f o n d e , comme s’ils eufl'ent
Voulu faire connoître que c’étoit Comnène qui étoit
leur véritable empereur; puifque Michel Paleologue
qui faifoit fa réfidençe à Conflantinople, avoit quitté
le rit grec pour fuivre celui de Rome : il eft certain
que Vincent de Beauvais appelle Amplement Alexis
Comnène f c i g n e u r d e T r é b i f o n d e .
Quoi qu’il en foit, la fouveraineté de cette v ille ,
fi l’on ne veut pas fe fervir du nom d’empire, commença
en 1204,tous Alexis Comnène,& finit en 1461,
lorfque Mahomet II. dépouilla David Comnène. Ce
malheureux prince avoit époufé Irène, fille de l’en*-
pereur Jean Canracuzène : mais il implora fort inutilement
le lecours des Chrétiens pour fauver les débris
delon empire ; il fallut céder au conquérant, qui le
fit pafler à Conflantinople avec toute fa famille,
qui fut maflacrée quelque tems après : ainfi finit
l ’empire de T r é b i f o n d e , après avoir duré plus de deux
fiecles 6c demi.
Les murailles de T r é b i f o n d e font prefque quarrées,
hautes, crenelées ; 6c quoiqu’elles ne foient pas des
premiers tems, il y a beaucoup d’apparence qu’elles
font élevées fur les fondemens de l’ancienne enceinte
, laquelle avoit fait donner le nom de T r a p e f e
à cette ville. Tout le monde fait que t r a p ï f e en grec
fignifie une t a b l e , 6 c que le plan de cette ville efl
un quarré long, aflez femblable à une table. Les murailles
ne font pas les mêmes que celles qui font décrites
par Zozime : celles d’aujourd’hui ont été bâties
des débris des anciens édifices, comme il paroit
par les vieux marbres qu’on y a enclavés en phifieurs
endroits, & dont les inferiptions ne font pas lifibles
parce qu’elles font trop hautes.
La ville eft grande 6c mal peuplée ; on y voit plus
de bois 6c de jardins que de maifons ; 6c ces maifons
n’ont qu’un fimple étage. Le château, qui eft fort
négligé, eft fitue fur un rocher plat 6c dominé ; mais
les fofles en font taillés la plupart dans le roc. L’inf-
cripùon que l’on lit fur la porte de ce château, dont
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le centre e fl un d em i - c e r c le , marque que l’empe*
reur Juftinien renouvella les édifices de la ville! U
eft furprenant que Proçope n’en ait pas fait mention
, lui qui a employ é trois liv res entiers à décrire
jusqu’aux moindres bâtimens que ce prince avoit
fait éle ve r dans tous les coins de fon empire : cet
hiftorien nous apprend feulement que Juftinien fit
bâtir un aqueduc à T r é b i f o n d e , fous le nom de V a q u e d
u c d e f a i n t E u g e n e le m a r t y r .
L e port de T r é b i f o n d e appelle P l a t a n e , eft à l’eft
de la ville : l’empereur Adrien le fit rép are r, comme
nous l’apprenons par Arrien. Il paroît par les médail--
les de la v i l le , que le port y avo it attiré un grand
commerce. Goltzius en rapporte deux à la tête d’Apo
llon. O n fait que ce dieu étoit adoré en Cappa-
d o c e , dont T r é b i f o n d e n’étoit pas la moindre ville.
Sur le revers d’une de ces médailles e fl une ancre *
6 c fur le revers de l’autre la proue d’un navire. Ce
po rt n’ eft bon préfentement que p ou r des faïques ;
le m ole que les Génois y avo ien t fait b â tir , eft pref-,
que d étru it,.& les T u rc s ne s’embarraflent guere de
réparer ces fortes d’ouvrages ; peut-être que ce qui
en refte eft le débris du port d’Ad r ien , car de la ma«
niere qu’A rrien s’e xp liq u e , cet empereur y avoit
fait faire une jettée confidérable pour y mettre à
cou v ert les n a v ire s , qui auparavant n’y pouvoient
mouiller que dans certains tems de l ’an n ée , 6 c encore
é toit-ce fur le fable.
T r é b i f o n d e jou it aujourd’u i du v a in titre d’archev
êché . L o n g , fuivant le pere de Beze, 6 2d. 40/. iA "
l a t i t . 4/d. 4 ' .
G e o r g e d e T r é b i f o n d e 6 c le Cardinal B e f l a r i o n , font
fortis de cette v ille de l’Anatolie ; on con vient pourtant
que G eorg e n’ étoit qu’originaire de T r é b i f o n d e ,
6 c qu’il étoit né en Candie. Q u o i qu’il en fo it , il vi-
v o it dans le quinzième fiecle , 6 c mourut en 1480.,
fous le pontificat de Nicolas V . de qui i l fut fecré»
taire. Il avo it auparavant enfeigné la rhétorique &
la philofophie dans Rome du tems du pape Eugene
IV. mais fon entêtement pour Ariftote lui attira de
grofles querelles av e c Befla rion , qui. ne juroit que
par Platon.
Il eft v rai que Beflarion quitta bien-tôt les difpu-
tes de l’école pour fe tourner aux légations. Il devint
patriarche de Conflantinople, archevêque de N icée,
cardinal,& prefque pape. 11 aima les favans, 6 c forma
une très-belle bibliothèque qu’ il laiflà par fon tefta-
meat au fén a t de Venife. Puifqu’o n la conferve avec
tant de foin qu’on n’en v eut communiquer les manuf-
crits. à perfonne, il faut regarder ce beau recueil comme
un trçfior enfoui 6 c inutile à la république des lettres.
Beflarion mourut àR av enne en 14 6 2 , après une
fort mauvaife réception que lui fit Louis X l.p a r ce qu’il
a v o it rendu vifite au duc de Bourgogne avant lui.
A m y r u t { e s , philofophe péripatétieien, v it aufli
le jour à T r é b i f o n d e : il s’acquit une grande confidé-
ration à la cour de l’empereur D a v id fon ma ître , 6 c
fignala fa plume en faveur des Grecs contre les déd
iio n s du concile de Florence ; mais il ternit fa gloire
par l’apoftafie oh il tomba. Il fut un de ceux qui
accompagnèrent l’empereur D a v id à Conflantinople
, lorfque Mahomet II. l’y fit tranfporter après la
prife de T r é b i f o n d e , en l’année 14 61 . C e philofophe,
fe laiflant gagner aux promefles du fu lran , abjura
le chriftianifme, & fe fit turc a v e c fes enfans, l’un
defquels, fous le nom de M e h e m e t - B e g , traduifit en
arabe, plusieurs liv res des Chrétiens par ordre de
Mahomet II. C e prince donna des emplois confiée-
rables dans le ferrail à Am yru tzes , 6 c s’entretenoit
quelquefois fur les fciences, & fur des matières de
religion av e c lu i , ou av e c M ehemet-Beg. Amyrutzes
a publie la relation du concile de Florence ; il afliire
dans un ouvrage que le patriarche de Conflantinople
fut étranglé pendant la tenue de c e c o n cile , 6 c que
TRE
les médecins attéfterent ce fait fur l’examen du cadavre.
Tantiïm religio. . . » . ( D . J. }
T R E B IT Z ou TREBICZ, ( Géog, mod. ) petite
yille dans la Moravie, près la rivière Igla, du côté
de la Bohème. ( D. J. }
TREBNITZ, ( Geo,g. mod.) nom commun à.deux
villes d’Allemagne, ou plutôt à deux bourgs, l’un
en Bohème, près de Leutmaritz ; l’autre efl Siléfie,
dans le duché d’Oels.. (D . J .) .
T R É B U C H A N T , f. nu à la Monnôie, c’eft un
droit accordé fur lé poids des métaux aux officiers
de monnoie dans le droit du change : voici quel efl
ce droit. En pefant des pièces d’or ou d’argent il faut
qu’il y ait équilibre ; fi cependant l’un des deux plateaux
quitte foiblement cet équilibre, ce doit être
le plateau oh eft le métal, 6c ç’eft cet avantage qui
eft le droit du trébuchant : le trébuchant eft accordé
aux receveurs aux changes.
T r é b u c h a n t , terme de M onnaie, ce mot fe dit
des pièces d’or qu’on ftefe ; c’eft environ un demi-
grain, que dans la fabrication on a départi à chaque
efpece pour la faire trébucher, & pour l’empêcher
par le frai de trop diminuer dans la fuite du
tems. Les écus d’or 6c lës louis d’o r , par exemple,
font à la taille de foixante 6c douze pièces 6c demie
au marc ; chaque piece eft de foixante 6c trois grains
avec le trébuchant. (D . J. }
TRÉBUCHER, ( Maréchal.} Fbye{B r o n c h e r »
TRÉBUCHET, 1. m. ( Hiß- mod. } cage ou feile
dans laquelle on baignoit autrefois les femmes méchantes
6c qiierelleufes par un ordre de la police
d’Angleterre. Voyec Q u e r e l l e u r *
T r É B U CH E T , fi m. ( terme de Balancier.} petite
balance très-fine 6c très-jufte, que le plus petit poids
fait trébucher ou pencher plus d’un côté que d’autre»
Les trébuchas fervent particulièrement à pefer les
monnoies d’or 6c d’argent, les diamans 6c chofes
prétieufès. L’on prétend que les Affineurs en ont de
fijuftes, que la quatre mille quatre-vingt-feizieme
partie d’un grain eft capable de la faire trébucher*
WMÊà I M l | T r e r u C h e t , f. m. ( Chafle.) petite cage qui fert
à attrapper des oifeaux, dont la partie fupérieure eft
couverte 6c arrêtée fi délicatement, que pour peu
qu’on y touche , le refîbrt fe lâche & la ferme, en-
forte que l’oifeau qui le fait lâcher en entrant dans
cette cage pour y prendre du grain que l’on y a mis
pour amorce, fe trouve pris 6c ne peut plus en fortir»
On prend des compagnies entières de perdreaux
fous une efpece de trébuchet qui eft une cage fans
fond, de fimple ofier, que l’on tend à-peu-près comme
une fouriciere, avec une marchette dont un bout
eft attaché de^long par une ficelle au bas d’un des
côtés de-la cage, 6c à l’autre bout desla marchette
qui eft plus longue que la cage n’eft large. On fait
une coche qui arrête délicatement la fourchette fur
laquelle la cage eft tendue; on met du grain parterre
au milieu par tas, afin que les perdrix montant defîiis
les unes les autres pour prendre le grain avec avidité,
touchent la marchette 6c détendent la. cage j'on couvre
cette cage de feuilles, pour qu’elle ne foit point
apperçue; il faut quelques jours avant que de tendre
la cage, laifler les perdrix s’accoutumer à venir prendre
du grain dans cet endroit.
T K E B U L Â , ( Géog. anc. ) 1 °. ville d’Italie, que
Denys d’Halycarnafle donne aux Aborigènes ; 20.
ville d’Italie , dans la Campanie, félon Tite-Live,
/. X X I 11. c. x x x ix . 30. nom d’une autre ville d’Ita-*-
lie , qui étoit dans la Sabine, félon Ortelius. (Z>. J.)
TREBUR , ( Géog. mod. ) en latin du moyen âge
Triburia , Triburium , bourg d’Allemagne , dans le
Pays de Hefîe , au comté de Catzenelenbogen, pas
loin de la rive du Rhin. Ce bourg qui eft même aujourd’hui
ruiné, étoit autrefois une grande ville, oh
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l ’ofl tint un concile l’an 89 y ; 6 c cette v ille devint en-
fuite le rendez-vous des congrès publics , des diettes
dé l’empiré , & des noces des fouverains d'Alle*?
magne. ( D . J . )
T R E CH E D IPN A , fi fi ( L i t t é r a l . ) - r p i x i h i ^ v a , efpece
d’habit particulier que portoient les parafites
pour pouvoir venir fouper chez leurs protecteurs
fans invitation ; cette efpece d’habit é to it , pour
ainfi dire , la-livrée du maître de la maifon ; mais ce
'nom n e f t pas honorable pour celui qui le p o r te ;
car 'c’eft un.mot compofé de tp'&/o, j e c o u r s , 6 c S f ^ 0 m
u n f o u p e r . Ç D . J . }
T R E C H I A , { G é o g . a n c . } Athénée päroit donner
ce nom à une partie de la v ille d’Ephèfe, ou même à
la ville entière. Son interprète écrit T r a c h i a , & Pline
T r a c h e a : ce dernier en fait un des furnoms de la v illé
d’Ephèfe. Etienne le géographe dit , T r i c h i a 1
mais la véritable ortographe. eft T p a x t,e t ? T r a c h e a .
TR Ê CH E U R , f. m. ( t e rm e d e B l a f o n . } c’ eft une
trefle où une efpece. d’o rle , qui n’a néanmoins quö
la moitié de fa largeur. Le t r ê c k e u r eft conduit dans
le fens de l’écu. Il y en a de fimples 6 c de doubles,
quelquefois de fleuronnés , 6 c quelquefois de fleur«
d elifes , comme celui du royaume d’E co fîe ; on l’appelle
autrement e j f o n n i e r . ( D . J . }
T R E CK .-SCH U Y T , f. m. ( H i ß . m o d . C o m m e r c é ,}
c’eft ainfi que l’on nomme en Hollande 6 c dans les
dutres provinces des Pays-Bas , des barques couver«
tes tirées par des ch e va u x , qui fervent à conduire
les voyageurs fur les canaux d’une ville à l’autre. C es
barques partent toujours à des heures marquées,
chargées ou non ; elles font compofées d’une grande
chambre deftinée-é recevoir indiftinClement tons les
paflagers , 6 c d’un cabinet appellé r o e f qui fe loue
aux perfonnes qui veulent voy a g er à part ; ces fortes
de barques font d’une grande propreté. Le mo tho l-
landois t r e c k - f e h u y t fignifie b a r q u e à t i r e r .
TR E F , ( L a n g , g a u l o i f e . ) ancien m ot qui fignifie
une t e n t e , un pavillon. Villehardouin dit : « lors vei«
» fiez maint ch e va lie r , 6 c maint ferjans iffir des nez,
» 6 c maint bon d ’eftriertraire des viffiers maint
» riche t r e f , 6 c maint paveillon ». (Z>. ƒ .) .
TR E F FLE , f. m* ( H i j l . n a t . B o t a n . } t r i f o l i u m $
genre de plante dont la fleur eft papilionacée , ou
reflemble beaucoup aux fleurs papilionacées. La
fleur papilionacée eft compofée de quatre pièces
qui repréfentent un p a v illo n , deux ailes 6 c une ca-*
rene ; ces pièces fortent toutes du calice av ec le piftil
qui eft enveloppé d’ufle gaine frangée. Le piftil de-*
v ient dans la-fuite une femence qui a le plus fouvent
la forme d’un rein , & qui adhéré très-fort aux. p a r
o i s de la capfule quand elle eft parvenue à fon degré
de maturité»
La fleur qui reflemble aux fleurs papilionacées,
eft m onopétale ; le piftil fort du calice de cette fleur,
& devient dans la fuite une capfule membraneufe
renfermée dans le ' calice de la fleur; cette capfule
contient une femence qui eft le plus fouvent oblon«
gue , ou qui a la forme d’un rein. Ajoutez aux carac«
teres de ce genre qu’un feul pédicule porte trois
feuilles , 6 c rarement quatre ou cinq. T o u rn e fo r t,
i n f l . r e i h e r b . V o y e £ PLANTE..
.T ou rn e fo rt diftingue quarante-quatre efpèeesde
t r è f l e s , outre ceux que l’on range parmi les loti ers;
mais il fuffira de décrire le t r e f l e des prés ,- t r i f o l i u m
p r a t e n f e . , f l o r e m o n o p e t a l o , I . R . H . 4 0 4 , en angloiSj
th e c o m m o n p u r p l e - m e a d o w - t r e f o i l , o r c lo v e r . Sa racine
eft prefque grofle comme le petit doigt, lon g u e ,
ronde 6 c fibreufe. Elle poufle des tiges à la hauteur
d’ environ un pié & d em i, grêles, cannelées, quel-»
quefois un peu velues , en partie droites-, en partie
fer pentant par terre. Ses feuilles font les unes rondes,
Tes autres oblongues, attachées prefque toujours trois