7 4 V T U L
néral, ils arrêtèrent cette folie par dés lois exprefles
des plus férieufes. ( Le Chevalier d e J a u c o u r t .}
T U L I P I E R , 1. m. (Hifi• nat. Botan.y , genre de
plante dont voici les caractères. Ses fleurs font com-
polées de plufieurs feuilles,, rangées , à ce.que quel- •
•ques auteurs difent, comme dans la tulipe ; ion piftil •
part du centre; il eft environné d’un grand nombre
d’étamines, & il dégénéré en un fruit écaillé , ou en
cône droit. On peut ajouter à ces carafteres, que fes
feuilles font pour la plupart angulaires, concaves
dans la partie fupérieure, 8c terminées par deux
pointes, comme fi l’extrémité avoir été divifée avec
des cifeaux. Miller en nomme deux eipec.es ; i °.tuli-.
pifera arbor virginiana, H. L. tulipier de Virginie ;
2°. tulipifera virginiana, laurinis foliis averfd parte
tore cotruleo tinclisÿ coudi baccifera, Piuk.Phyt. tulipier
à feuilles de laurier.
La première efpece eft fort commune en Amérique
, où elle s’élève à une grande hauteur ; mais d®
tous ceux qu’on cultive en Angleterre, il y en a
très-peu qui aient pris quelque force; on le tient
dans des caiffes, 8c on ferre les caiffes avec beaucoup
de foin pendant l’hiver : malgré tous ces foins
il profite peu , 8c ne produit point de fleurs. Il y a-
une cinquantaine d’années qu’on en planta un dans
un lieu champêtre, au milieu des jardins du comte
Peterborough, à Parfons - Gréen, proche Fulham ;
les progrès prodigieux qu’il fit en quelques années,
détrompèrent les curieux fur la maniéré dont ils cul-'
tivoient cet arbre ; il ne tarda pas à produire des
fleurs ; il fubfifte encore, Reproduit tous les ans en
grande quantité. Si quelques - unes de ces branches
commencent à fe fécher, il y a tout lieu de croire
que cela provient de ce qu’il eft trop ferré par d’autres
arbres qui l’environnent, dont les racines s’entrelacent
avec les fiennes, 8c qui le privent d’une
partie de fa nourriture. I f donne aufli des cônes,
mais qui ne font pës,.afiez parfaits pour que les fe-
mencês qui y font contenues foient fécondes.
Il y a encore quelques autres tulipiers qui ont produit
des fleurs pendant plufieurs années, mais ils ne
font pas devenus fort gros ; le plus haut de tous ceux
que j’ai vus, excepté à Parfons-Gréen, n’avoit pas
plus de vingt-cinq piés ; au-liéu que celui de milord
Peterborough s’eft élevé à cinquante piés, & a le tronc
d’une groffeur proportionnée à fa hauteur. Ce tronc
eftnud; ce n’eft qu’au-defliis de quarante piés qu’il
commence à pouffer, ce qu’il faut peut-être attribuer,
ainfi que je l’ai dit, au veifinage des autres
arbres dont il eft trop ferré ; car j’ai remarqué que
par-tout oii le tulipier avoit la liberté de s’étendre,
il pouffoit promptement des branches, & s’élevoit
moins. Il en eft de -cet arbre, ainfi que du plane, il
part de fon milieu un rejetton droit, qjii croît à-peu-
près de la même maniéré dans l’un 8c l’autre de ces
•arbres.
Il ne faut pas s’imaginer que ces fleurs foient fort
femblables à la tulipe-, comme ont fait quelques
perfonnes peu attentives, 8c fur-tout les habitans de
l’Amérique, qui ont nommé cet arbre, auquel les
Européens ont confervéle nom qu’ils lui ont trouvé.
Je n’ai point entendu dire que le tulipier fleuriffe en
aucune contrée de l’Europe qu’ en Angleterre.
M. Catesby dit dans fon niftoire naturelle de la
Caroline, qu’il y a des tulipiers en Amérique, qui ont
.jufqu’à trente piés de tour; que leurs branches font
.inégales, irrégulières, 8c font un grand nombre de
.coudes; ce qui rend cet arbre reconnoiffable à une
.grande diftance, même lorfqu’il eft dépouillé de fes
.feuilles. On le trouve.dans la plupart des contrées de
. l’Amérique méridionale, depuis le cap de Florida,
jufqu’à la nouvelle Angleterre, où fon bois eft d’un
grand ufage.
Le tulipier feuilles de laurier eft maintenant très-
T U L
rare en Angleterre ; il y avoit jadis plufiêitH'de
arbres dans les jardins de l’évêque de Londres à Fui*
ham, 8c dans ceux de la ducheffe de Beaufort à
Chellèa : mais ils font tous péris ; en forte qu’il n’en
refte plus qu’un dans les jardins de M. Pierre Collin-
fon à Peckam ; il a donné les trois dernières années
un grand nombre de fleurs»
On trouvera une fort bonne figure de la plante dit
tulipier, qui avoit ce nom lorfqu’on l’apporta en Angleterre,
dans la troifieme partie de l’hiftoire naturelle
de la Caroline de M. Catesbi > fous le nom de
magnolia, lauri folio>, fubtus albicante. Il dit que c’eft
un petit arbre qui s’élève rarement à plus defeize
piés de haut; que fon bois eft blanc, fpongieux, 8c
couvert d’une ecorce blanche; que fes feuilles ref-
femblent à celles du laurier commun ; qu’elles font
d’un verd pâle en-deffus, 8c blanches en-deffous;
que fes fleurs commencent à paroître en Mai ; qu’elles
font blanches 8c odoriférantes ; qu’elles durent
pendant la plus grande partie de l’été, 8t rempliffent
les bois de leur odeur ; qu’après la chute des fleurs ,
leur piftil dégénéré en un fruit conique, de la groffeur
d’une bonne noix, tout couvert d’éminences ,
8c plein de lemences groffes comme des feves fran-
çoifes, qui ont une amande couverte dune peau
mince 8c rouge ; que ces femences fortent de leurs
cellules, fans tomber à terre ; qu’ elles demeurent fuf>
pendues par de petits filamens blancs, ''d’environ
deux pouces de long. Ce qui forme un fort beau fpe-
ô a c le , c’eft que fon fruit qui eft verd d’abord, devient
rouge èn mûriffant, 8c finit par être brun ; que
cet arbre naît dans des lieux humides > 8c des tefres
bourbeufes ; mais, ce qu’il y a de fingulier, c’eft que
fi on le tranfplante dans des lieux feçs, il devient,
plus beau, plus régulier, 8c donne plus de fleurs 8c
de fruits ; qu’il fe dépouille ordinairement de fes feuilles
en hiver, à-moins qu’il ne foit fort doux.
On en a découvert une autre efpece', nommée par
le pere Plumier, magnolia amplijjima, flore albo, fru*
ctu cotruleo. C’eft un des plus beaux arbres qu’il y ait
en Amérique , où il croît dans les lieux humides 8c
marécageux : il s’élève quelquefois à la hauteur de
foixante piés 8c davantage ; fes feuilles font beaucoup
plus larges que celles du laurier commun ; elles
font d’un verd léger,' fort larges, blanchâtres 8c
odoriférantes. Son fruit reffemble à la première efpece
de tulipier, mais il eft plus grand; il porte fes
femences de la même maniéré ; en forte que cet arbre
n’eft jamais plus beau à v o ir , que depuis le mois
de Mai jufqu’au mois de Décembre. Cependant comme
il eft toujours v erd, il forme un allez bel afp eft,
même en hiver; fes feuilles croiffent promptement,
8c font placées , fur des pédicules droits-; ce. qui les
fait paroître avec avantage, notre climat n’étant pas
trop froid pour lui ; je ne doute point que dans quelques
années on ne le voye avec plaifir charge de
fleurs dans les jardins de quelques curieux, où on
le cultive, où il a fupporté le froid des trois derniers
hivers, 8c où il profite admirablement tous les
ans. (Z?. / .)
TÜ IN , ( Gèog. mod. ) petite ville des Pays-bas,
d’entre Sambre 8c Meufe, au bord méridional de la
Sambre. Quoique cette petite ville ou bourg foit
fituée dans le Hainaut, elle appartient au diocèfe de
Liège. (Z > ./ .) , ,
TULINGIENS, les , ( Gèog. anc. ) Tulingi, peuples
de l’ancienne Gaule. Céfar, l. I. t. y. les met
dans le voifinage des Helvétiens ; ils habitoient, félon
quelques-uns, le pays nommé aujourd’hui la
Lorraine ; 8c-> félon d’autres , c’étoient les habitans
des comtés de Stulingen 8c de Nellenburg. (D . J. )
TULLE , f. f. ( Commerce, ) efp.ece dé dentelle
commune qui fert à faire des manchettes, mais plus
communément ce qu’on appelle intoilage, Il y en a
T U L
en foie & en fil ; celle en foie a le même emploi que
celle en fil.
T u l l e , ( Gèog. mod. y en latin du moyen âge
Tutela, ville de France, capitale du bas Limoufin ,
au confluent des rivières de Çorrefe 8c de Solan, à
1 5 lieues au fud-eft de Limoges, 8c à 1 18 au midi
de Paris, dans un pays rempli de montagnes 8c de
précipices.
C ’eft aufli j>ar cette raifon, que d’anciens moines
s’y établirent, pour y former dans le x. fiecle un
monaftere qui procura la fondation de la ville de
Tulle. Les princes qui ont poffédé le Limoufin, s’attribuèrent
le haut domaine de cette ville, 8c les rois
de France leur ont fuccédé.
Tulle eft aujourd’hui décorée d’un évêché, d’un
préfidial, 8c d’une élection : l’évêché frit érigé par le
pape Jean XXII. en 1317 ; il n’a que huit lieues d’étendue,
8c le revenu eft de douze à quatorze mille
livres; l’évêque eft aufli feigneur de la v ille , qui
porte le titre de vicomté. Long, r9.20. latit. 4 J. / J ,
Cette ville a été fort illuftrée par M. Baluze
(Etienne ) qui y naquit en 1630. C'eft un des plus
favans hommes du xvij. fiecle, 8c un des auteurs qui
a rendu le plus de fervices à l’Eglife 8c à la république
des Lettres , par les foins qu’il prit de rechercher
de tous côtés les anciens manuferits, de les conférer
avec les éditions, 8c de les donner enfuite au public
avec des notes pleines d’érudition. On lui doit le
recueil du capitulaire de nos rois, les oeuvres de S.
Cyprien, les conciles de la Gaule narbonnoife, la
concorde du facerdoce 8c dé l’empire de M. de Mar-
ca , l’édition des épîtres d’innocent III. en 1. vol. infol.
qui parurent en 1682. Outre cela, il a mis au
jour fix volumes in-8°. de différentes pièces-, intitulées
Mifcellanea. C’eft encore lui qui a formé le recueil
des manuferits de la bibliothèque de Colbert,
lia travaillé jufqu’à l’âge de 88 ans, qu’il termina par
fa mort à Paris, en 1718.
M. Baluze écrivoit bien en latin, 8c étoit très-
verfe dans l’hiftoire eccléfiaftique 8c prophane. Il
donna en 1708, l’hiftoire généalogique de la maifon
d’Auvergne, 8c frit exilé pendant quelque tems,
pour avoir foutenu dans cet ouvrage les prétentions
du cardinal de Bouillon, qui fe croyoit indépendant
du ro i, & qui fondoit fon droit fur ce qu’il étoit né
d’un prince fouverain, dans le tems que Sedan ap-
partenoit encore à ce prince.
Lè jé fuite Jarrige ( Pierre ) n’a pas fait beaucoup
d’honneur à la ville de Tulle fa patrie. Il étoit un des
fameux prédicateurs de fon ordre, mais un mal-hon-
nete homme, qui pour fe venger de ne pas obtenir
les emplois, dont il fe croyoit digne, vint en Holland
e , abjura fa religion, 8c mit au jour un livre qu’il
intitula, 'lesjèjüites mis fur l'échafaud, livre dans le-
quel j l jes traita d’une maniéré fi outrageante, que
jamais il n’étoit arrivé à leur fociété rien de fi mortifiant
, dit un auteur calvinifte. Le pere Ponthelier
ramena cet efprit fougueux ; il rentra en 1650 dans
la communion romaine, s’établit chez les jéfuites
d’Anvers, 8c publia fa rétractation.
M. Melon ( N. ) mort à Paris en 1738 , étoit natif
de Tulle ; la cour l’employa dans des affaires très-
importantes ; fon principal ouvrage eft un Effaipolitique
fur le Commerce, dont la fécondé édition eft meilleure
que la première. (D . J. y
TULIL/M , ( Gèog. anc. y montagne de l’IIlyrie ,
félon Strabon, l. I F , p. 207. Lazius dit que le nom
moderne eft Delez, 8c que les habitans du pays la
nomment Telc{y ( D . J. )
TU LN , ( Gèog. mod.y petite ville d’Allemagne,
dans la baffe Autriche , proche la riviere de meme
toom, à quatre milles de Vienne ; fon terroir produit
du blé 8c du vin. Long, g 4. 6. latit. 48. 22.
C eft à Tuln que fut inhumé le comte de Habs-
T U M 74?
bourg, devenu empereur fous leriomde Rodolphe I.
pour avoir , dn-on, pr&d fon cheval à un curé. S i
lortune étoit fmguhere par plus d’un endroit ; il avoit
ete grand-maître-d’hôtel d’Ottocare roi de Bohème!
dès qu’il fut fur le trône impérial, il prelTa ce roi dé
1m rendre hommage : le roi répondit qu’il ne hii de*
voit rien , qu’il lui avoit payé fes gages» (D. ƒ.)
T uln la , (Géogr. mod.y riviere d’Aflemawne,
dans la baffe Autriche ; elle a fa fource au quartier
du bas Vienner-\Vald, arrofe la ville de Tuln , 8c fe
jette dans le Danube. ( D . A )
tmeraire d’Antonin la met fur la route de l’Efpa^nè
dans l’Aquitaine ou d’Afturica à Bordeaux, entré
Suiffatium 8c Alba, à fept milles du premier de ces
lieux, 8c à douze milles du fécond. ( D. J, y
TU L SK , (Gèog. mod.) petite ville d’Irlande, dans
la province de Connaught, au comté de Rofcomont
elle eft environ à trois milles au fud-oueftd’Elphin,
8c à treize milles au fud deRofcomon. Elle envoie
deux députés au parlement de Dublin. ( D J }
TUMBE , v o y c fS f i v e .
TUMBEZ, (Gèog. mod. y vallée de l’Amériqué
méridionale , au Pérou , dans le gouvernement de
Quito. Quoique cette vallée foit traverfée par une
riviere qui lui donne fon nom , fon terroir eft très-
peu fe r tile p a rc e qu’il n’y pleut jamais. (D . J .)
TUMEFACTION, f» f. eft l’a&ion de s’enfler, ou
de s’élever en tumeur. ^qye^.TuMEUR.
Il arrive fouvent dans la gonorrhée des inflamT
mations 8c des tuméfactions des tefticules, foit par la
foibleffe des vaiffeaux, les mouvemens violens \
l’ufage indiferet des aftringens, le dé&ut de purgation
, fiait par quelqu’autre caufe femblable. Foyer
GpNOR'RHÉE. v
TUMEN, ( Gèog. mod. ) ville de l’empire ruflien,
dans la Sibérie, fur la riviere de Tuca , à 50 lieues
au fud-oueft deTobolskoi. Ses habitans font prefque
tous tartares , 8c payent leur tribut au czar en pelleteries
» (D . j .y ■
TUMEUft, turnor, oris-, f. f. terme de Chirurgie
c’eft une élévation contre nature qui furvient à quelque
partie du corps. Ce mot vient du latin tumere .
s’enfler, fe gonfler.
Les tumeurs font formées ï°. par l’accumulation
8c le féjour de quelque humeur ; ce font alors des tumeurs
humorales, nommées apoflbnes, lorfqu’ellcs
attaquent les parties molles , voye% Apostèm e ; 6*
Exostose , lorfqu’elles aôeélent les parties dures
voye{ E xostose. Il y a dés tumeurs qui font caufées
par le déplacement de quelques parties ofganiqueSi
Ce font des hernies lorfque la tumeur eft faite par des
parties molles , voye[ Hernies ; 8c des luxations,
lorfque les parties dures o n t fouffert quelque dérangement.
Foyeq_ L u x at io n .
La troifieme claflè de tumeurs reconnoît pour caufe
la préfence de quelque corps étranger. On entend
par corps étrangers toutes les chofes qui n’entrent point
afruellemeiu dans la compofition de notre corps. Les
uns font formés au*dedans de nous , les autres viennent
du dehors ; les uns 8c les autres peuvent être
animés ou inanimés.
Ceux qui font formés chez nous font de deux efpeces.
Les uns fe font formés d’eux-mêmes : telles font
la pierre dans les reins , dans les ureteres , dans la
veflîe, dans la vefficule du fiel, ou dans toute autre
partie du corps ; la molle dans la matrice , les vers
8c autres infefres dans les inteftins , ou dans quel-
qu’autre partie. Les autres font devenus corps étrangers
, parce qu’ils ont féjourné trop long-tems dans
Je corps : tel eft un enfant mort dans la matrice s ou