& que le concile deTrente a généralement adoptées.'
On doit mettre au nombre de l’es ordonnances utiles
8c nécelTaires , celle du regiftre des baptêmes dans
toutes les paroiffes, ce qu’on n'avoit point encore
fait, 8c que tous les royaumes chrétiens ont pratiqué
depuis.
11 travailla en même teins à la réforme des Cordeliers
dans les royaumes d’Aragon & de Caftille , &
en vint à bout, malgré toutes les oppofitions qu’il y
rencontra , tant de la part des moines, que de la cour
de Rome. Il établit une univerfité à Alcala , 8c y fonda
tout de fuite, en 1499,1e college de S. Ildephon-
fe, qui fut bâti par Pierre Gumiel, l’un des habiles
architeûes de fon liecle ; il entreprit enfuite le projet
de donner une bible polyglotte, 8c ce projet auquel
on travailla long-tems , hit exécuté. Voye^ Pol
y g lo t t e de Ximenès. ( Littérat. )
La reine Ifabelle voulut qu’il l’accompagnât dans
fon voyage d’Aragon, pour y faire régler aux états
la fucceffion du royaume , 8c Ximenès ne contribua
pas peu à difpofer l’aflèmblée de prêter le ferment
que la reine fouhaitoit. Elle le nomma à fa mort, arrivée
en 1504, un des exécuteurs 'de fon teftament.
Alors Ximenès ne manqua pas <ie jouer le premier
rôle, 8c rendit de grands fervires à Ferdinand, qui
lai remit l’adminiftration des affaires d’état, 8c obtint
pour lui du pape Jules II. le chapeau de cardinal
: on l’appella le cardinal dEfpagne , 8c avec rai-
fon , car il devint dès ce moment l’ame 8c le mobile
de tout ce qui fe géroit dans le royaume. Pour comble
de confiance il fut déclaré grand inquifiteur, en
la place de l’arche vêque de Séville, qui donna fa dé-
miffion de cette importante charge.
Il fignala le. commencement de fon nouveau minif-
tere, en déchargeant le peuple du fubfide onéreux ,
nomme ac avale, qu’on avoit continué à caufe de la
guerre de Grenade. Il étendit en 1509, la domination
de Ferdinand chez les Maures , par la conquête
de la ville d’Oran, dans le royaume d’Alger. Il entreprit
cette conquête à fes dépens, 8c marcha lui-
même à la tête de l’armée, revêtu de fes ornemens
pontificaux , 8c accompagné d’un nombreux cortege
4 ’eccléfiaftiques 8c de religieux. A fon retour Ferdinand
vint à la rencontre jufqu’à quatre lieues de Séville
, 8c mit pié à terre pour l’embraffer. On juge
aifément qu’il obtint la jurifdi&ion fpirituelle de cette
nouvelle conquête ; mais il gagna bien davantage
l’affeélion générale, par les greniers publics qu’il ht
conftruire à Tolède , à Alcala, & à Torrélaguna fa
patrie. II les remplit de blé à fes dépens, pour être
diftribué dans les tems de ftérilité.
Le roi Ferdinand, en mourant en 1516 , déclara
le cardinal Ximenès régent du royaume, 8c l’archiduc
Charles ( qui fut depuis l’empereur Charles-
quint ) , confirma cette nomination. Ximénès par
reconnoiffance lui procura le titre de roi, & cette
proclamation eut lieu, fans que perfonne ofât la contredire.
Il fit dans fa régence une réforme des officiers du
çonfeil fuprème , ainfi que de ceux de la cour, 8c
congédia les deux favoris du prince Ferdinand. En-
vain les principaux feigneurs formèrent une ligué
contre lu i, il. trouva le moyen de la diffiper par fa
prudence, & fa fermeté ; il appaifa les troubles qui
s’élevèrent, dans le royaume de Navarre; il ré du i fit
fa ville de Malaga foos Tobéiffance, & calmâ diverfes
?utres rébellions.- Enfuite, quand tout fut tranquille
^ans le royaume , il rétablit l’ordre dans les finances
& déchargea le roi d’une partie de la dépenfe des
troupes ; il créa de nouveaux àdminiftrateurs des revenus..
retrancha les penfions des cou rtifans fans fer-
vice, régla les gages des officiers, & fit rentrer dans
le domaine, tout ce qui avoit été aliéné pendant les
guerres de Grenade , dé Naples ? 8c de Navarre,
Il déploya néanmoins dans cette conduite autant
d’auftérité d’humeur, que d’équité, car il ôta à plu-
fieurs particuliers des revenus dont ils jouiffoient en
vertu de titres légitimes, fans leur procurer aucun
dédommagement des biens qu’il leur enlevoit, pour
augmenter les revenus du nouveau ro i, & s’accréditer
auprès de lui. Il ne fut pas heureux dans fon expédition
contre Barberouffe , devenu maître d’Alger
; l’armée qu’il y envoya ayant été entièrement
défaite parce fameux pyrate. Ilfe brouilla par fa fierté
8c par fa rigueur, avec les trois premiers feigneurs
du royaume, le due de l’Infantade, le duc d’Albe.
8c le Comte d’Urena.
Enfin les miniftres du roi Charles intriguèrent fi
bien auprès de ce prince, qu’ils le déterminèrent à
congédier le cardinal, dès qu’il feroit arrivé en Efpagne.
Ximenès s’étoit avancé au-devant de lui, à
grande hâte , mais il tomba malade fur la route, 8c
cette maladie le mit au tombeau, foit qu’il ait été em-
poifonné , ou que le chagrin de fa difgrace , joint à
la fatigue du voyage , ait terminé fes jours. Quoi
qu’il en foit il les finit le 8 Novembre 1517, à 81 ans,
après avoir gouverné l’Efpagne pendant vingt-deux
ans, fous les régnés de Ferdinand, d’Ifabelle, de
Jeanne, de Philippe , 8c de Charles d’Autriche.
Entre les établilfemens qu’il fit pendant fa vie , on
compte deux magnifiques monafteres de demoifelles
de qualité, & des embelliffemens à Torrélaguna , qui
lui coûtèrent près d’un million d’or. Meilleurs Flé-
chier, Marfollier, les peres Mariana, Miniana, &
Gomez, ont écrit fa vie; elle eft intimement liée à
l’hiftoire d’Efpagne.
Il a laiffé à douter en quoi il a le plus excellé, ou
dans la pénétration à concevoir les affaires, ou dans
le courage à les entreprendre , ou dans la fermeté à
les foutenir , ou dansle bonheur à les terminer. M.
Fléchier loue extrêmement fon zèle pour la religion,
& pour le maintien de la difcipline eccléfiaftique, fa
charité envers les pauvres , fon dcfintéreffement par
rapport à fa famille , fon amour pour la juftice, 8c
fon inclination pour les fciences. On ne peut pas lui
côntefter une partie des qualités que l’hiftorien fran-
çoislui donne ; mais on doit reconnoître que ce n’eft
pas à tort que le$ pères Mariana, Miniana & Gomez,
lui attribuent une ambition démefurée , une politique
des plusexquïfes, de la hauteur, de la dureté,
8c de l’inflexibilité dans le caraétere.
Ajoutons que les moyens qu’il employa pour opérer
la converfion des Maures, ne font pas évangéliques.
Il mit en oeuvre non-feulement l’argent & la
flatterie, mais la perfécutiôii 8c la violence. On lui
repréfenta qu’il ne convenoit pas d’obliger par des
préfens, ou par contrainte, de profeffer la foi de J. C.
qu’il falloit la perfuader par la charité, que les conciles
de Tolède avoient défendu févérement qu’on fît
aucune violence à perfonne pour croire en J. C. 8c
qu’on ne reçût à la profeffionde la foi, que ceux qui
l’aufoient fotihaité avec une volonté libre, après
mure délibération. L’arChevêque de Tolède répon-
•doit en fuivàntfôn cara&ere , que c’étoit faire grâce
à des hommes rebelles, que de les pouffer dans les
voies de leurfahit, Comme fi l’on pouvoit y parvenir
fahs une vraie convintion de la vérité du Chriftia-
nifme.
Le zèle de Ximenès le conduifit à exécuter en même
tems une chofe funefteaubien des fciences; ilfe
fit apporter tous les livrés inahométans, de-quelques
auteurs qu’ils fuffent, 8c de quelque matière qu’ils
trair-affent ; 8c après en avoir amaffé jufqu’à cinq mille
volumes , il les brûla publiquement, fans épargner
ni enluminures , ni reliures de prix,'ni autres
ornemens d’or St d’argènt, quelques prières qu’on
lui fit de lès deftirter à d’autres ufages. Une telle conduite
étoit auffi folle qu’aveugle. Le cardinal Quiri ni '
{l’auroit
n^auroit pas détruit fi tellement des livres précieux
fur la religion, les arts, 8c les fciences ; puifque c’eft
par eux feuls qu’on peut être véritablement inftruit
de là littérature arabique 8c orientale.
Leur confervation n’empêchoit pioint Ximenès de
nous donner fa belle édition de 1500 8c 1501. des
bréviaires & des miffels mozarabes, dont il rétablit
l’office ancien. l ia , dit-on, compoféquelques ouvra*
ges qui font dans les archives d’Alcala. Je m’étonne
que Rome n’ait pas canonifé ce cardinal., dont le
nom fe trouve écrit avec la qualitéde faint 8c de bienheureux
, dans fept martyrologes d’Efpagne. Il ne
fit point de miracles, me dira*t-on ; mais les Efpa-
gnols en citent plufieurs rapportés dans M. Fléchier.
J’imagine donc que ni Charles-Quint', ni les moines,
ne requirent cette canonifation , 8c l’on fait que les
grâces de Rome veulent être follicitées 8c payées.
( Le chevalier D E J A U C OU RT. )
TORR EN T, f. m. eau qui coule avec une grande
violence , 8c dont le débordement fait quelquefois
de grands ravages. Voye{ Inondation , D ébordement.
T orrent , ( Critique facrée. ) le mot hébreu qui
lignifie torrent, fe prend auffi pour vallée ; l’Ecriture
les met fouvent l’un pour l’autre ; 8c attribue au premier
mot, ce qui ne convient qu’au dernier ; par
exemple, Genef. xxvj. \y. venit ad torrentem Gcraroei
il faut traduire, il vint à la vaille de Gétare.
L’Ecriture donne encore quelquefois le nom de
torrent, à de grands fleuves, comme au Nil., à l’Euphrate
, &c. Enfin, comme il y avoit plufieurs torrent
qui couloient dans la Paleftine, & que lés uns
y faifoient beaucoup de bien, & d’autres beaucoup
de mal, ce mot a donné lieu à ces façons de parler
métaphoriques, un torrent de délices, Pf. xxxvP^jÿi
un torrent de foufre, If. xxx, 3 3 . Mais torrent fe
prend d’ordinaire en un fens défavorable ; & c’eft
pour cela qu’il lignifie l'affliction, la perfécution, La
terreur : « les détreffes de la mort m’ont environné ;
» les torrent de Bélial m’ont épouvanté ». II. Rois,
xxij. 6. (D . J. )
T o r r en t , ( Géog. mod» ) en latin torrent , en
grec cheimarros, en hébreu nachal. On diftingue le
torrent du fleuve, en ce que le fleuve coule toujours,
& que le torrent ne coule que.de tems-en-téms ; par
exemple, après les grandes pluies , ou la fonte des
neiges.
Comme le terme hébreu nachali lignifie une vallée,
auffi-bien qu’un torrent, fouvent dans l’Ecriture, on-
met l’un pour l’autre ; par exemple, le torrent de Gé-
rare, pour la vallée de Gérare. L’équivoque en cela
n’eft pas fort dangereufe, puifque les torrens fe trouvent
ordinairement dans les vallées ; mais il eft bon
de la-remarquer , parce qu’on attribue quelquefois à
la vallée, ce qui ne convient qu’au torrent : par exemple
, à la vallée de Cédron, ce qui doit s’entendre du
torrent de même nom.
On n’obferve pas toujours dans l’Ecriture la di-
ftinâion qui fe trouve entre le torrent & le fleuve ;
& fouvent on prend l’un pour l’autre, en donnant
le même nom à de grandes rivières , comme l’Euphrate
, le N il, le Jourdain ; & à des rivières qui-
coulent toute l’année, comme le Jabok & l’Arnon.
On donne au Nil le nom de torrent d Egypte : dans
les Nombres, xxxiv. 5 . Jofué , xxv. 4. & 47. Ifaïe,
xxvij. 12. 8c. à l’Euphrate, Pjalm. C X X I ll. 5 . &
dans Ifaïe, ce fleuve eft nommé le torrent des Sauls,
Ifaïe , Xv-J- D. Calmet, Pictionn. (D . J. )
. TORRES , la , ( Géog. mod. ) en latin Lacer, ri-
y)erf Sardaigne : elle prend fa fource dans la val-
lée de Bunnari, s’enfle par la jon&ion de l’Ottara, &
de plufieur? ruiffeaux, & fe jètte dans la mer au-
deffous du pont Saint-Gavin de Torrés. {D . J.)
T orrés-No v a s , ( Géog, mod. ) ville de Portu-
Tome XVI, " J
gai, dans PEftramadure, à une lieue au nord du Ta-
g e , fur la petite riviere d’Almonda , à cinq lieues ail
nord-eft de Santoren ; elle a titre de duché, un château
, quatre paroiffes, 8c deux couvens. Long. 1 o.
2. lotit. 39 .2 4 . (D . / .)
T orrés-V edras , ( Géog. m'od. ) ville de Portugal
, dans l’Eftramadure, au nord du Tage , proche
l’Océan,.à fept lieues de Lisbonne, avec titre de
Comté , un château, & quatre paroiffes dépeuplées.
Long. 9. 12. latit. 3$. 8. ( D. J. )
TORRHEBUSr, (Géog. anc. ) ville de Lydie;
Etienne le géographe dit qu’elle tiroit fon nom de
Torrhebus fils d’A t y s , & que les habitans étoient
nommés Torrhebii ; Denis d’Halicarnaffe les appelle
néanmoins Torybi. Il y a dans la Torrhébide, ajoute
Etienne le géographe, une montagne nommée morts
Carias ; & lur cette montagne on voit le temple de
Carius, qui étoit fils de Jupiter & de Torrhébia.
TORRICELLI, tube de, ou Expérience de T or-
ricell i , ( Phyf ) eft une expreffion que l’on trouve
fouvent dans les écrits des Phyficiens; Torri-
celli étoit un difciple du grand Galilée, fameux par
fes expériences fur la pefanteur de l’air ; & le tube
de Torricelli eft un tuyau de verre, comme A B , ( PI.
pneum.fig.C. nQ. 2.) d’environ trois piés de long, Sc
de quelques lignes de diamètre.
Son orifice lupérieur eft fermé hermétiquement.’
L’expérience de Torricelli fe fait de cette maniéré :
on emplit de mercure le tube A B , enfuite on bouche
avec.le doigt l’orifice R ; on renverfe le tube,
& l’on enfonce le même orifice dans un vaiffeau rempli
d’autre mercure D C. Cela fait, on retire le doigt,
8c l’on foutient le tube perpendiculairement fur la
furfaçe du mercure qui eft dans le vaiffeau, de maniéré
qu’il y plonge un peu.
Alors une partie du mercure qui eft dans le tube
tombe dans celui qui eft dans le vaiffeau, 8c il en refte
encore affez dans le tube pour l’emplir à la hauteur
de 27 à 29 pouces au-deffus de la furface du mercure
qui eft dans le vaiffeau.
Si le tube eft précifément de 27 pouces, il ne descendra
pas du tout de mercure ; mais le tube reliera
tout plein. Enfin, fi on fait la même expérience avec
des tubes de différentes longueurs, figures, 8c capacités
, & différemment inclines ; dans tous la furface
de la colonne de mercure fera toujours élevée au-
deffus du mercure qui eft dans le vaiffeau, précifément
de la même hauteur de 27 à 28 pouces ; pourvu
cependant que le diamètre du tuyau ne foit pas trop
étroit, 8c qu’on ait bien pris garde en l’empliffant
de chaffer toutes les petites bulles d’air qui auroient
pû relier entre le mercure 8c le tuyau.
Cette colonne de mercure fe foutient dans le tube
par la preffion de l’atmofphère fur la furface du mercure
qui eft dans le yaiffeau ; 8c félon que l’atmo-
lphère fe trouve plus ou moins pefante, ou , félon
que les-vents condenfent ou dilatent l’air, 8c qu’ils
en augmentent ou diminuent le poids 8c le reffort,
le mercure hauffe ou baiffe .plus ou moins dans le
tube.
Si l’on n’emplit pas tout-à-fait le tuyau de mercure
, alors quand le mercure defcend, il relie de l’air
dans la partie fupérieure du tuyau ; 8c cet air faifant
en partie équilibre ayec l’air extérieur , le mercure
defceiid plus bas , parce que la colonne de mercure
qui doit relier fufpendue dans le tuyau, n’eft alors
loutenue que par l’excès de preffion de l’air extérieur
fur la preffion de l’air qui eft relié dans le tuyau.1
Voyei Am & A tmosphère.
Le tube de Torricelli eft ce que nous appelions aujourd’hui
le baromètre. Voye{ BAROMETRE.^ Cham-
bers. ( O )
TO R R IDE , adj. (Giog. & P/tyj!q.) ügnifie bru-
lant, ■
I i i