leurs ; les unes unies, & les autres peintes d’armoiries,
de devifes , ou de quelques autres ornemens;
celles dont les Anglois fe fervent, particulièrement
pour leurs ferges de Londres, font des plus belles &
des plus façonnées : ils en ont oîi l’or & l’argent eft
joint aux couleurs. On marque ordinairement fur
les toilettes les numéros & les aunages des pièces
qu’elles renferment, & quelquefois on y ajoute le
nom du marchand qui en Fait l’envoi. Les toiles que
l’on emploie le plus communément pour faire des
toilettes, fe nomment bougrans. Dûlionn. de Comm.
( o . j g ' '
T o il e t t e , (Modes), c’eft une efpece de nappe de
toile fine, garnie de dentelle tout autour,dont on
couvre la table fur laquelle les hommes & les femmes
qui aiment la propreté, fe deshabillent le foir, & oiiils
trouvent préparé de quoi s’habiller le matin. On appelle
pareillement toilettes, les tapis de foie, ou autres
riches étoffes, bordés de dentelle ou de frange,
& qu’on étend au-deffus du miroir qui orne la toilette
des dames , ou même des hommes qui de nos jours
font devenus femmes. (.D .J .)
TOILETTE , marchande à la, ( Commerce des modes.)
on appelle ainfi certaines revendeufes qui vont de
maifon en maifon porter de vieilles hardes, ou même
quelquefois des marchandil'es neuves, que leur
confient les marchands. Ces fortes de femmes gagnent
leur vie par les petits profits qu’elles font ou fur les
hardes mêmes, ou par un certain droit volontaire
que leur donnent ordinairement le vendeur & l’acheteur.
Ce font ces femmes qui vendent la plupart
des marchandifes de contrebande : elles font aufii
affez fouvent quelque petit trafic de pierreries & de
bijoux. (D .J .)
T o il e t t e des dames romaines , ( Antiq. rom.) cet
attirail de l’habiller du jour pour paroître en public,
ce mundus muliebris , les dames romaines l’avoient
comme les nôtres. Dans les fiecles de luxe, leur toilette
étoit fournie de tout ce qui peut réparer les, défauts
de la beauté, & même ceux de la nature. On y
voy oit des faux cheveux, de faux fourcils, des dents
poftiches, des fards, & tous les .autres ingrédiens
renfermés dans de petits vafes précieux. Martial, lib.
IX . epig. 18. décrit tout cela plaifamment, en parlant
de la toilette d’une damé nommée G alla.
Fiant abfentes & tibi G alla coma ;
Nec dentes aliter quam ferica nocle reponas
Et lateant centum condita pixidibus;
Nec tecum fades tua dormitat ; innuis illo,
Quod tibi prolatum efl marié ,fupercilio.
Les dames romaines paffoient du lit dans le bain ;
quelques-unes fe contentoient de fe laver les piés ,
mais d’autres portoient bien plus loin l’ufage des
bains; elles fe fervoient de pierrre-ponce pour s’adoucir
la peau, & faifoient fuccéder à cette propreté
les oignemens & les parfums d’Affyrie. Elles ren-
troient enfuite dans leurs cabinets de toilette, vêtues
d’une robe, où le luxe & la galanterie avoient jette
leurs ornemens ; c’eft dans cette robe qu’on fe laif-
foit voir à fes amis particuliers, & aux perfonnes les
plus cheres. Entourée de plufieurs femmes, on fe
pretoit aux mains qui favoient fervir de la façon la
plus commode & la plus agréable. Lorfque Claudien
nous repréfente Vénus à la toilette,il la met dans un
fiége brillant, environnée des grâces, & fouvent occupée
elle-même à compofer fa coëffure.
Cafariem tumfortï Venus fubnixa corufco
Fringebat folio.
Une femme à fa toilette ne perdoit point de vûe
fon miroir ; foit qu’elle conduisit elle-même l’ouvrage
de fes charmes, foit qu’elle apprît à regler fes regards
, foit qu’elle étudiât les mines ôc les airs de têt
e , omnes vultus tenta bat, le miroir devoit pofer à
demeure.
Elle avoit aufii des coëffeufes qui vivoient de ce
métier , & que les Latins appelloient ornatrices. On
lit dans Suétone, matris Claudii ornatrix, & elles ont
le même titre dans les anciennes infcriptions ornatrix
Livice, Domitioe. Ces ornatrices ne prenoient pas
feulement foin des cheveux, mais du vifage & de l’a»
juftement entier , d’où vient qu’Ovide dit, ornatrix
toto corpore femper erat.
La vanité des coquettes faifoient quelquefois un
Crime de leur manque de beauté à leurs coëffeufes,
& ces fortes de femmes fe portoient contr’elles à des
violençes, au lieu de s’en prendre à la nature. La
toilette de quelques-unes , félon Juvenal, n’étoit pas
moins redoutable que le tribunal des tyrans de Sici*
le. Quelle eft l’offenfe que Plécas à commife, dit ce
poëte, en parlant à une de ces femmes ? de quel crime
eft coupable Cette malheureufe fille, li votre nez
vous déplaît ?
Quanam ejl hic culpa puella,
Si tibi difplicuit naj'us tuus ?
Le defir de fe trouver au temple d’Ilis, cette déef-
fe commode qui préfidoit aux rendez-vous & aux
myfteres des engagemens, caufoit quelquefois d’ex*
trèmes impatiences.
Apud ljiaca potius facraria lena.
Ainfi par toutes ces vivacités ordinaires, aufli-bien
que par la nature du travail, & par le foin de coëffer,
il y avoit des momens à faifir, qui faifoient une né-
ceflité de trouver fous fa main, tout ce qui fervoit à
l’ornement de la tête & à la compofition du vifage.
Mais pour y mieux parvenir, le luxe multiplia le
nombre des femmes qui fervoient à la toilette des dames
romaines ; chacune étoit chargée d’un foin particulier;
les unes étoient atachées à l’ornement des
cheveux, foit pour les démêler ou pour les féparer
en plufieurs parties. Multifidum dfcrimen erat, foit
pour en former avec ordre & par étage des boucles
& des noeuds différens : Dat varios nexus & certo divi-
dit orbes ordine ; les autres répandoient les parfums ,
largos hoec neclaris imbres irrigat ; toutes tiroient leurs
noms de leurs différens emplois.
Dè-là viennent dans les poëtes les noms de cofme-
tce, de pfecades, d’ornatrices. Il y en avoit d’oifives,
& de prépofées uniquement pour dire leur avis ; celles
ci formoient une efpece de confeil : ejl in concilio
matrona, & la chofe , dit Juvenal, étoit traitée aufii
férieufement que s’il eût été queftion de la réputation
ou de la vie :
Tanquamfamce difcrimen agatur
A ut animot.
On lit dans le livre des amours de Lucien, que les
dames employoient une partie du jour à leur toilette
environnées de fuivantes, ornatrices, piccatrices, dont
les unes tiennent un miroir, d’autres un réchaud ,
d’autres des bafîins, &c. On voit fur cette même toilette
toutes les drogues d’un parfumeur ; celles - ci
pour nettoyer les dents, celles -là pour noircir les
fourcils, d’autres pour rougir les joues & les levres,
d’autres pour teindre les cheveux en noir ou en blond
doré, indépendamment de toutes fortes de parfums.
Ces femmes, dit Clément d’Alexandrie , ne reffem-
bloient pas à la courtifane Phriné, belle fans art, 6c
fans avoir befoin d’étalage emprunté.
Cette remarque d’un pere de l’églife, me rappelle
une épigramme d’Addifon contre nos dames, & à
la louange de la comtefle de Manchefter, que fon
mari, ambaffadeur à Paris, y avoit menée avec lui.
Voici cette épigramme qui n’ eft point dans la dernière
adition des ouvrages de cet illuftre auteur.
While haughty G allia.'s dames, thatfpread
O 'er their pale cheeks , an artful red,
Beheld this beauteous f ranger there ,
In native charms, divinely fa it ,
Confufion in their looks theyshcw d ,
And with unborrow'd blushes glow'd.
C’eft-à-dirc : « Quand les fieres dames de France,
» qui couvrent leurs joues pâles d’un rouge artifi-
» ciel, apperçurent celte belle étrangère, brillante
» comme une divinité, quoique parée des feuls at-
» traits qu’elle tient de la nature ; leurs regards an-
» noncerent leur confufion ; une rougeur naturelle
» fe répandit fur leur vifage ».
Les aiguilles d’or ou d’argent, le poinçon, les fers
étoient d’un grand ufage à la toilette. Les aiguilles
différoient, félon les divers arrangemens qu’on vouloir
donner à fa coëffure , & quelquefois même la
dame romaine à l’exemple de Vénus, prenoit l’aiguille
& faifoit fa difpofition : Ipfa caput difiinguit acu.
La façon de coëffer varioit perpétuellement: » Vous
» ne favez, difoit Tertulien, aux dames de fon tems,
» à quoi vous en tenir fur la forme de vos cheveux ;
» tantôt vous les mettez en preffe , une autre fois
» vous les attachez avec négligence & leur rendez la
» liberté ; vous les élevez ou les abaiffez, félon vo-
» tre caprice ; les unes les tiennent avec violences
» dans leurs boucles , tandis que les autres affettent
» de les laifler flotter au gré des vents ». C’étoit l’envie
de plaire qui fit imaginer toutes ces différences,
& qui les perpétuera jufqu’à la fin du monde.
Les fers dont elles fe fervoient ne reffembloient
point aux nôtres, ce n’étoit tout - au - plus qu’une
grande aiguille que l’on chauffoit, & les boucles fe
formoient en roulant le cheveux, volvit in orbem. On
les arrêtoit par le moyen d’une aiguille ordinaire.
» Ne crains point, dit Martial, que les ornemens
» dont ta tête eft parée dérangent les cheveux par-
» fumés, l’aiguille en foutiendra la frifure, & tien-
» dra les boucles en refpeft ». L ’union en étoit tel?
l e , qu’une feule boucle qui n’avoit point été arrêtée,
lailfoit voir du défordre dans toutes les autres. Pala-
gé qui avoit vû que ce défaut fe trou voit dans fa chevelure
j traita impitoyablement une de fe femmes.
Il falloit pour l’ornement d’une tête, les dépouilles
d’une infinité d’autres. Souvent elles en formoient
des ronds cju’elles plaçoient derrière la tête, d’où les
cheveux s’elevoient de leurs racines & faifoient voir
tout le chignon, nunc in cervictm rétro fuggefium. Elles
donnoient quelquefois à leur coëffure un air militaire
, c’étoit un càfque qui leur enveloppoit toute la
tete, in galeri modum , quali vaginam capitis ; ou bien
elles donnoient à leurs cheveux la forme d’un bouclier
, fcutorum umbilicos cervicibus adjlruendo. Elles
avoient des coëffùres toutes montées de la façon des
hommes, qui dans ce genre de travail s’acquéroient
de la réputation, frujtrà peritijjimos quofqueJlruclores
capillatura adhibetis.
Tertüllien veut encore intéreffer ici la délicatefle
des femmes contre elles-mêmes ; il ne comprend pas
que leur vanité puiffe affez prendre pour ne pas leur
donner de la répugnance à porter fur leurs têtes les
dépouillés d’autrtii, & fur-tout des cheveux d’efcla-
ves ; mais elles pouvoient lui répondre, que ces cheveux
d’efclaves valoient bien ceux des plus grands
feigneurs pour l’ufage qu’elles en faifoient, & qu’en-
fin il ignoroit la tyrannie des modes.
Les dames romaines, à l’exemple des grecques,
nouoient leurs cheveux, tantôt avec de petites chaînes
d’o r , tantôt avec des rubans blancs ou couleur
de pourpre, chargés de pierreries.. Elles fe poudroient
d une poudre éclatante ; elles plaçoient dans leurs
cheveux dès poinçons garnis de perles. C ’étoit de
Ces ornemens que Sapho s’étoit dépouillée dans l’abfence
de Phaon : » Je n’ai pas eu, lui dit-elle, entre
» autres chofes, le courage de me coëffer depuis que
» vous êtes parti, l’or n’a point touché mes cheveux;
» pour qui prendrais-je la peine de me parer? à qui
» voudrois-je plaire? Du-moins cette négligence eft
» conforme à mes malheurs, & le feul homme qui
» anime mes foins & ma vanité, eft loin de moi ».
Le vifage ne recevoit guere moins de façons que
la chevelure. Le fard en particulier fervoit à augmenter
ou à gâter les couleurs naturelles. Voye^ F a r d 6*
Rouge.
Les dames romaines avoient grand foin de leurs
dents, & ne les lavoient d’ordinaire qu’avec de l’eau
pure, en quoi on ne peut que les louer ; leurs cure-
dents étoient de Ientilque, & c’étoit encore une fort
bonne idée ; mais quelquefois l’art fe portoit jufqu’à
tâcher de réparer les traits. Celles qui avoient les
yeux enfoncés tâchoient de déguifer cet enfoncement
; elles fe fervoient pour cela de poudre noire ,
nigrum pitlverem quo exordia oculorum producuntur ;
on la faifoit brûler, le parfum ou la vapeur agiffoit
fur les y e u x , qui s’ouvroient par-là & paroiffoient
plus coupes, oculos fuligine porrigunt.
Voilà quelques-uns des myfteres de la toilette des
dames romaines; les hommes efféminés avoient aufii
la leur. » L’on tenoit le miroir d’Othon, comme une
» glorieùfe dépouille remportée fur fon ennemi ; le
» prince s’y miroit tout armé, lorfqu’il commandoit
» qu’on levât les drapeaux pour aller au combat.
» C ’eft une chofe digne d’être placée dans les anna-
» les, que la toilette d’un empereur qui fait partie de
» fon bagage ». (D .J .)
TOISE , f. f. (Archit.) mefure de différente grandeur
, félon les lieux où elle eft en ufage ; celle de
Paris , dont on fait ufage en quelques autres villes
du royaume, eft de fix piésde roi. Son étalon ôü mefure
originale eft au châtelet de Paris ; c’eft pourquoi
on l’appelletoife du châtelet.
On donne aufii le nom de toife à l’inftrument avec
lequel on mefure. Selon M. Ménage , le mot toife
vient du latin tefa , dérivé de tenfus, étendu.
Toife à mür. C’eft une réduction de plufieurs fortes
d’ouvrages de mâçonnerie , par rapport à une toife
de gros mur ; ainfi on dit toifer à mur de gros ou de
légers ouvrages.
Toife courante. Toife qui eft mefurée fuivant fa
longueur feulement, comme une toife de corniche,
fans avoir égard au détail de fes moulures ; une toife
de lambris, fans confidérer s’il eft d’appui ou de revêtement.
Toife cube, folide, ou maffive. Toife qui eft mefurée
en longueur, largeur & profondeur ; elle contient
z i 6 piés cubés.
Toife d?échantillon. On appelle ainfi la toife de
chaque lieu où l’on mefure, quand elle eft différente
de celle de Paris, comme la toife de Bourgogne, par
exemple , qui eftdefeptpiés & demi.
Toife de roi. C’eft la toife de Paris, dont on fe fert
dans tous les ouvrages que le roi fait faire , même
dans les fortifications, fans avoir égard à la toife d’au-,
cun lieu.
Toife quarrée, ou fuperficielle. Toife qui eft multipliée
parfes deux côtés, & dont le produit eft de 3 6
piés.
T oise d’échantillon , ( Mefure.) c’eft celle dé
chaque lieu où l’on méfürè lorfqu’elle n’a pas de rapport
à celle de Paris. En Bourgogne elle eft de fept
piés & demi. Les arpenteurs,toïfeurs, maçons, couvreurs
, &c. fe fervent d’une toife ronde, & les charpentiers
d’une toife plate pour mefurer leur bois ,
parce que cette derniere s’applique plus jufte fur les
pièces ; l’une & l ’autre eft divifée en piés, en pouces
& en lignes. Toife fe dit aufii de la chofe mefuréè ;
une toife de corde , une toife de moilon, une toife de