634 T R I
cet Arriphon étoit un favant homme, fort eftîmé des
Lyciens, parmi lefquels il v ivoit; critique judicieux
qui découvroit bien des chofes à quoi les autres n’a-
voient pas penfé. C’eft lui , ajoute Paufanias , qui a
remarqué le premier que tout ce qui concerne les
myfteres de Lerna, vers, proie, ou mélange de l’uti
& de l’autre, étoit écrit en langue dorique. Or avant
l’arrivée des Héradides dans le Péloponnèfe, les Ar-
giens parloient la même langue que les Athéniens,
& du tems de Philammon , le nom de Dorien étoit
encore inconnu à la plûpart des Grecs. Telle eft la
découverte dont on étoit redevable à Arriphon, 6c
dont nous fommes peu touches aujourd hui.
Ortélius croit que le Trichonium de Paufanias 6c d E-
tienne le géographe, eft le Trichone de Pline , 1. 1V.
c. in., mais le P. Hardouin lit Thitkröne pour Trichone,
&foutient que ce peut être le Trichonium en queftion
qui étoit dans l’Etolie , au lieu que le Trichone de
Pline étoit dans la Locride. 11 tonde fa correûion
fur Paufanias même, qui met dans la Locride une
ville nommée Tuhronium , 6c fur Hérodote , liv.
VIII. n°. 33. qui nomme cette derniere ville Thetro-
nium. ( D .J . )
TRICHOSANTHES, f. f. {Hiß. nat. Bot.) nom
donné par Linnæus au genre de plante que le P. Plumier
, Micheli, & autres botaniftes appellent angui-
na ; en voici les caraôeres. Il produit des fleurs mâles
6c femelles fur des parties diftinôes de la même
plante. Dans les fleurs mâles, le calice eft formé d’une
feule feuille très-longue, liffe fur la furface, avec
une petite levre repliée en-arriere, 6c découpée en
cinq parties. La fleur eft aufîi divifée en cinq feg-
mens, du refte attachée au calice 6c déployée ; les
fegmens font de forme ovale, terminés en pointe 6c
frangés dans les bords en un grand nombre de fils
chevelus. Les étamines font trois filamens qui s’étendent
au fommet du calice ; chaque boffette eft un
corps cylindrique , droit , contenant une grande
quantité de farine ; on diftingue dans cette fleur trois
ftiles fort petits, & qui naifl'ent aux côtés du calice,
mais ils ne produifent jamais rien. Le calice de la
fleur femelle eft le même que dans la fleur mâle, excepté
que dans la fleur femelle il eft placé fur le germe
du piftil, 6c qu’il meurt promptement ; cette
fleur eft toute femblable à la male ; le piftil a un germe
délié, 6c un ftile capillaire, naiffant du piftil, 6c
ayant la longueur du calice ; les ftigma font au nombre
de trois, longs, pointus, 6c entr’ouverts au milieu.
Le fruit eft une très-longue pomme, contenant
trois loges fort éloignées les unes des autres. Les
graines font nombreufes, applaties, de figure ovale
obtufe, 6c couvertes d’une pellicule. Linnæi, gen.
plant, p. 466. Micheli, nov. gen. p. $. Plumier, nar.
p. 100. hort. malab.vol. 8.p .i5y. (D .J .)
T R 1CHOSTEMA, f. m. (Hiß. nat. Bot.) genre de
plante qu’on caraôérife ainfi. Le calice eft d’une feule
feuille bilabiée ; la levre fupérieure fe divife en trois
. feomens, 6c eft deux fois aufli large que la levre inférieure
, laquelle eft feulement découpée en deux
parties. La fleur eft monopétale, 6c du genre des labiées
; fon tuyau eft fort court ; 1a levre fupérieure
eft applatie, 6c faite en faulx ; la levre inférieure eft
découpée en trois fegmens, dont l’intermédiaire eft
le plus petit. Les étamines font quatre filets capillaires
, longs 6c crochus ; les boffettes font fimples ; le
genre du piftil eft divifé en quatre parties ; le
ftile eft fort délié, a la longueur des étamines ; le
ftigma eft fendu en deux. Le calice fubfifte après que
la fleur eft tombée, 6c devient alors beaucoup plus
gros ; fa levre fupérieure tombe fous l’inférieure, il
s’étend dans le milieu, fe referme à l’extrémité,
& contient quatre femences. Linnsei, gen. plant, p.
iG â .(D .J . )
T R fÇ jiR y S j C fa. (Hiß, nat, Lithol.) pierrç que
T R I
Pline dit s’être trouvée en Afrique, qui rëndoit des
fucs de trois couleurs différentes. Il étoit noir à la ba-
fe, de couleur de fang au milieu, 6c blanc par le haut.
T RACLA RI A , (Mythol.) furnom de Diane, pris
de ce que la déefle éto|b honorée par trois villes de
l’Achaie ; favoir, A ro é, Anthie 6c Meffatis, lefquel-
les poffédoient en commun un certain canton avec
un temple confacré à Diane. Là les habitans de ces
trois villes célébroient tous les ans une fête en l’honneur
de cette déeffe, 6c la nuit qui précédoit cette
fête fe paffoit en dévotion.
La prêtreffe de Diane étoit toujours une vierge
obligée, de garder la chafteté jufqu’à ce qu’elle fe mariât
, 6c pour lors le facerdoce paffoit à une autre.
Ce mot Triclaria eft formé de ifiç, trois, 6c ia»poç,
héritage. (D . J . )
TRICLINIUM, f. m. ( Antiq. rom.) lieu oii man-
geoient les Romains ; on lui donnoit ce nom à caufe
des trois lits qui y étoient dreffés : l’architriclinar-
che de S. Jean, ch. ij. 6c le triclinarche de Pétrone,
font dérivés de ce mot. On les traduit affez mal en
françois par maîtres-d''hôtel, (jpioiqu’en partie la fonction
de ces officiers fût de préparer le couvert dans le
triclinium, d’accommoder les lits autour de la table,
6c de dreffer le buffet. On donnoit aufli le nom de
triclinium aux lits fur lefquels mangeoient les Romains
, parce que chaque lit étoit pour trois perfon-
nes. Lorfqu’on mettoit plus de trois lits autour de
chaque table, ou que ces lits contenoient plus de
trois perfonnes, c’étoit un extraordinaire. Tel fut le
cas du feftin de Lucius Verus, ojù il y avoit onze convives
fur trois lits ; telle étoit encore la cène que
Jefus-Chrift fit avec fes apôtres; dans le repas que
Perpenna donna à Sertorius, 6c oh ce grand capitaine
fut affaffiné : les trois triclinium ètoient, félon
Séneque, difpofés de maniéré que lê nord-eft ré-
. pondoit au triclinium d’Antoine, & le nord - oueft
à celui de Perpenna.- (D .J . )
TRICO LO R , f. m. (Hijl. nat.Bot.) nom abrégé,
donné par les Fleuriftes à une efpece d’amaranthe,
dont lés feuilles font comme enluminées de trois
couleurs, amaranthus folio variegato, de Tournefort.
Elle pouffe une feule tige rougeâtre, à la hauteur
d’environ deux piés ; fes feuilles font faites comme
celles de la blete, mais elles font colorées & comme
enluminées naturellement de verd , de jaune, 6c
d’incarnat ; fes fleurs font petites, verdâtres, 6c par
paquets ; du milieu de ces fleurs s’élève un piftil,
qui devient enfuite un fruit membraneux, s’ouvrant J en-travers comme une boëte à favonnette, & renfermant
une ou deux femences prefque rondes : on cultive
cette plante dans les jardins à caufe de fa grande
beauté.
Le mot tricolor fe donne aufli par les Fleuriftes à
quelques oeillets. (D . J.)
TKICOISES, f. f. pl. (Maréchal.) les tricoifes font
des tenailles à l’ufage des Maréchaux ; elles ont le
mors tranchant, pour couper les clous qu’il a brochés
avant que de les river, & pour déferrer un cheval.
(D . J.)
TRICOLLORI, ( Géog. anc. ) peuple de la Gaule
narbonnoife. Pline, l. III. ch. iv. éloigne ce peuple
de la côte de la mer ; leur pays èft aujourd’hui, félon
le pere Hardouin, le diocèle de Siftéron, 6c la capitale
étoit Alarante, dont la table de Peutinger fait
mention, & qu’on nomme préfentement Talard,
lieu du Dauphiné, fur la route de Siftéron à Gap ;
c’eft du-moins le fentiment de Bouche dans fon hii-
toire de Provence, liv. III. ch. xvij. (D . J .)
T RICO LO N I , (Géog. anc.) ville de l’Arcadie.'
Paufanias, /. VIII. c. xxxv. dit qu’elle étoit à dix fta-
des des ruines de Charifium ;mais il ajoute que cette
ville ne fubfiftoit plus de fon tems, & qu’il ne s’étoit
coiffer vé qu’un temple de Neptune fur une colline,
T R I
avec un bois facré qui environnoit ce tertple. (D. J.)
TRICO M IA , ( Géog. anc.)v ille de l’Arabie heu-
reufe : il en eft parlé dans la notice des dignités de
l’empire, fect. 22. OÙ on lit : équités prcmoû Illyricani
Tricomite : un manufcrit confulté parOrtelius portoit
Trigonia pour Triconia. ( D . J . )
TRICON, f. m. (Jeux.) au brelan, à l’ambigu,
au hoc, & autres jeux de cartes, ce font trois cartes
de même figure, comme trois rois, trois d ix , Oc. Le
tricon en main l’emporte fur le tricon de retourne,
qui confifte à avoir en main deux cartes de même
figure, lorfqu’il y en a une femblable retournée fur
le talon.
TRICONESII, (Géog. anc.) peuples de la haute
Moefie. Ptolomée, liv. III. ch. c). les place aux confins
de la Dalmatie; le nom moderne de leur pays eft
Topliza, félon Caftald. (D . J . )
T RICO RNIUM, (Géog. anc.) ville de la haute
Moëfie ; Ptolomée la marque près du Danube : c’eft
aujourd’hui Glumbatz, félon Niger; 6c Corufcène,
félon Lazius. Cette ville Tricornium eft, à ce que
croit Smiler, la ville Turium ou Dorium d’Antonin.
(D . J . )
TRICORY PHOS, (Géog. anc.) montagne de
l’Arabie heureufe, félon Pline, liv. VI. ch. xxvüj.
Le nom de cette montagne lui avoit été donné à
caufe de fes trois fommets, fur chacun defquels il
y avoit un temple d’une hauteur prodigieufe, à ce
que nous apprend Diodore de Sicile, liv. III. p. 178.
Ï D - m I .
TRICORY TUS, (Géog. anc.) bourg de PAttique,
fous la tribu Æantide ; il étoit proche de Marathon,
fur le bord du marais des champs marathoniens, où
périt une partie de l’armée des Perfes, dans cette
bataille qui préferva les Grecs de l’efclavage des
Barbares. Il n’y a plus dans cet endroit qu’un méchant
hameau, appellé Calyvi -Jiofoully : cependant
il a été un tems qu’on comptoit ce lieu pour une
des quatre villes de l’Attique, qui donnoit le nom
de Tétrapole à ce quartier, &ce s quatre villes étoient
Oenoé, Tricorythus, Probalinthus, & Marathon.
On voit à Athènes, au rapport de Spon, proche
l’églife d’Agria-Kyra, cette infcription :
« A l’honneur de la déeffe Vefta&des dieux Au-
» guftes, du confeil de l’Aréopage, & du confeil
» des fix-cens, & du peuple ; Pniloxenus, fils d’Aga-
>> thoclès de Phlya, a confacré ce monument à les
» propres dépens. Agathoclès, fils de Philoxenus,
» ayant eu le foin de le faire, dans le tems que Tibe-
» rius Claudius Poeanien étoit gouverneur de la mi-
» lice, & pourvoyeur de la v ille .. . . Tricorythus» ...
(£>.ƒ.)
T R IC O T , f. m. ( Bonneterie. ) on appelle ouvrages
au tricot, bonneterie au tricot, toutes les efpeces
de marchandifes qui fe fabriquent ou fe brochent
avec des aiguilles, comme bas, bonfiets, camifo-
les, gants, chauffons, &c. ( D . J . )
TR ICO TAGE, f. m. ( Bonneterie. ) travail de celui
qui tricote ou qui broche à l’aiguille des bas, des
bonnets, & autres marchandifes de cette nature,
dépendantes du négoce des Bonnetiers ; le tricotage
eft plus ou moins bon dans un lieu que dans un autre
, fuivant que les ouvriers font bien ou mal ftilés
& conduits, ou ljue les matières font bonnes ou
mauvaifes, ou qu’elles font plus ou moins bien filées.
(D .J . )
TR ICO TE R , v . aâ . ( Bonneterie.) aftion par laquelle
on travaille à former avec de longues & menues
aiguilles, ou broches de fer ou de laiton poli,
certains tiffus de foie, de laine, de coton, de chanvre,
de lin, ou de poil, en maniéré de petits noeuds,
boucles ou mailles, tels qu’on les voit aux bas, bonnets,
camifol es, & autres pareilles marchandiles de
bonneterie. On dit aufli dans le même fens , brocher
Tome W M I
T R I 635
des bas, des camifoles, des bonnets, Oc. pour dire
les tricoter, ou les travailler à l’aiguille ; ce mot fe
dit aufli des dentelles de foie ou de fil, qui fe manufacturent
avec des épingles 6c des fufeaux fur un
oreiller, fuivant le deffein en papier ou en vélin qui
y eft appliqué; ainfi l’on dit tricoter une dentelle,
pour dire la travailler avec des épingles 6c des fufeaux
fur l’oreiller. Savary. ( D . J . )
T r ic o t e r , en terme de Manege, fe dit d’un cheval
qui remue vite les jambes en marchant, & qui
n’avançe pas.
TRI CRA N A , ( Géog. anc.) île de l’Argie. Paufanias
, 1. II. c. xxxiv. dit : « Quand on a paffé le cap
» Bucéphale, les îles Halioufe, Pithyoufe 6c Ariftère,
» on trouve un autre promontoire qui joint le con-
» tinent, 6c que l’on n’appelle point autrement qu’-
» Acra; bien-tôt après vous voyez File de Ticrane,
» 6c enfuite une montagne du Péloponnèfe , qui
» donne fur la mer, 6c qui a nom Buporthmos ». WÊ , T R 1CRENE, ( Géog. anc. ) Tricrena, lieu de l’Arcadie.
A la gauche du mont Géronte, dit Paufanias,
liv. VIII. ch. xvj. les Phénéates font bornés par un
lieu qu’on nomme Tricrene, à caufe des trois fontaines
qui y font, & où l’on dit que les nymphes lavèrent
Mercure lorfqu’il vint au monde; c’eft pour
cela que ce lieu étoit confacré à Mercure. ( D . J . )
TR IC TR A C , f. m. ( Jeu. ) jeu qui fe joue avec
deux dés, fuivant le jet defquels chaque joueur ayant
quinze dames, les difpofe artiftement lur des points
marqués dans le tablier, & félon les rencontres gagne
ou perd plufieurs points, dont douze fontgagnerune
partie ou un trou, 6c les douze parties ou trous le
tout ou le jeu.
Il faut pour jouer au trictrac avoir quinze dames de
chaque côté noires ou blanches, deux dés , trois jet-
tons 6c deux fiches qui fon t, comme nous l’avons dit
à leur article, les marques qu’on met dans chaque
trou pour compter les parties qu’on gagne.
On ne joue ordinairement que deux au trictrac, &
avec deux dés; ce font les joueurs eux-mêmes qui les
mettent chacun dans leur cornet.
On commence ce jeu en faifant deux ou trois piles
de dames qu’on pofe fur la première fléché du triarac.
Il ne faut jamais que ce foit à contre-jour pour la plus
grande commodité des joueurs, à moins qu’on ne
joue à la chandelle ; alors il n’y a point de réglés à
garder là-deffus, & il eft indifférent de quel côté
l’on place les piles des dames. A l’égard des dames ,
les blanches fontjes dames d’honneur ; c’eft pourquoi
par honnêteté on les préfente toujours aux perfion-
nes qu’on confidere ; l’honnêteté exige aufli qu’on
donne „le choix des cornets, 6c qu’on préfente les
dés pour voir à qui l’aura , ou bien qu’on lui donne
les deux dés pour tirer coup 6c dés, auquel cas celui
qui a de fon côté le dé qui marque le plus haut point,
gagne la primauté. On peut s’affocier , fi l’on v eut,
au trictrac pour jouer tour- à-tour, ou fi l’on fefent foi-
ble , il eft permis de prendre un confeil du confen-
tement de celui avec lequel on joue , fans cela per-
fonne ne peut confeiller en aucune façon.
Pour jouer avec ordre, on obfervera que fi l’on
amene d’abord ambezas.de jouer deux dames de la pile,&
de les accoupler fur l’as,qui eft la fléché qui joint
celle fur laquelle font ces dames empilées. On peut
jouer tout d’une en mettant une dame feule fur la fécondé
fléché. C’eft la même chofe à l’égard de tous les
autres nombres qu’on peut abattre,ou jouer tout d’une
fi l’on v eu t, excepté cependant fix 6c cinq qu’on doit
absolument abattre quand on l’amene le premier
coup, parce que les réglés ne permettent point de
mettre une dame feule dans le coin de repos. Il eft
de la prudence du joueur d’accoupler deux dames
enfemble, 6c on commence ainfi à cafer dans la ta-
L L 1 1 ij
i l