On appelle oreille de petites lames de plomb qu’on
fonde aux cqtés des tuyaux bouchés, afin de les
abaiffer , ou de les relever, pour Ouvrir ou ombrager
leur bouche, & pour rendre les fons plus graves,
ou plus aigus. On les appelle ainfi, parce qu il fem-
ble qu’elles écoutent fi les tuyaux font d’accord.
Il y a des tuyaux de quatre fortes ; les uns font ouverts
, les autres font bouchés. Ceux-ci rendent les
fons deux fois plus graves, ou plus bas. Les tuyaux
à anche font de laiton avec une anche au milieu. Les
tuyaux à cheminée font des tuyaux bouchés, fur lesquels
on applique un petit cylindre dont la circonférence
eft la quatrième partie du tuyau. La hauteur
d’un tuyau doit être quadruple de fa largeur ou cir-
çonférençe. .
Quand les tuyaux font longs fans s’élargir en haut,
on les appelle cromomts , & quand ils s’élargiffent,
on les nomme trompettes oyi clairons.
On appelle la partie du tuyau , noyau d’orgue , celle
où l’on fait rentrer l’anche avec fon échalote, ou bien
l’endroit où il change de groffeur, comme il arrive au
çromprne, . , •
Les plus grands tuyaux parlent plus aifément &
avec moins de vent que les petits, parce que leurs
bouches font plus baffes & plus étroites, & les trous
de leurs piçs , beaucoup moindres à proportion.
Traité de ü orgue. (Z?. J.')
T uyau , ( Plombier. ) canal ou conduit qui fert à
faire entrer dans quelqu’endroit ou à en faire fortir
l’air., le v en t, l’eau, êc autres chofes liquides.
Il y a des tuyaux d’étain, de plomb, de bois pour
monter les orgues.
Les tuyaux qui fervent pour la conduite & pour
la décharge des eaux fe font de fer, de plomb, de terr
e , ou dé bois...............
Les tuyaux de plomb font de deux fortes, il y en
a de foudés, & d’autres fans foudure. On ne parle ici
que, des tuyaux fondés, parce que on a expliqué ailleurs
la fabrique des tuyaux de plomb fans foudure.;
Foye^ Plom bi ER. '
On prend une table de plomb de la largeur, épaif.
feur & longueur convenable aux tuyaux qu’on veut
faire, & après l’avoir bien débordée,on l’arrondit iur
ijn tondin de bois, avec des .bourfeaux & des maillets
plats. Quand les deux bords font approchés' l’un
contre l'autre & bien joints', on les gratte avec un
grattoir, & ayant frotté de poix-réfine la partie qu’on
a grattée, on y jette par-deffus la foudure fondue
, & on l’applatit enfuite avec le fer à fouder. j
Pour les petits tuyaux où la foudure ne s’emploie
pas fort épaiffe, on la fait fondre avec le fer à fouder
à mefure qu’on l’applique.
Comme il y a des tuyaux qui ont tant de diamètre
&C d’épaiffeur, qu’il ne feroit pas facile de les fouder
fans les échauffer en-dedans, les plombiers ont pour
cela des polaftres , qu’on emplit de braife, & avec
un long manche de bois qu’elles ont à un bout, on les
infinue dans la cavité du tuyau aux endroits qu’on veut
chauffer pour les fouder.
T u Y au , (Soierie.) ce font des rôfeaux pour les étoffes
unies, & de petits canaux de buis pour les étoffes
façonnées. C’eft là-deffus qu’on met la dorure ou
la foie à employer dans l’étoffe.
T uyau de mer, (Conchyliolog.) genre de coquille
univalve dont voici les caraôeres. Elle eft de figure
oblongue, terminée en pointe , & creufe en-dedans
comme une corne. On nomme en latin cette coquille
tubulus marinas, canahs marinas , parce qu’elle ref-
femble à un tuyau. On l’appelle encore dentale, à
c.aufe de fa prétendue reffemblaace à la dent d’un
chien, & an taie, par rapport à la courbure en forme
de croiffant qu’a quelquefois cette coquille ; cependant
pour plus de convenance, nous referverons ces
deux noms au coquillage.
Dans la famille générale des tuyaux de mtr', on y
met quatre claffes; i ° . les tuyaux rayés; x°. lés
tuyaux polis ; 30. les tuyaux droits; 4% les tuyaux
Îèmblables à une corne peu courbée ; 5°. les tuyaux
petits, polis fur lafurface, &: faits en çroiffapt: quelques
auteurs nomment ces derniers antales.
Nous ne connoiffons qu’une feule efpece de tuyaux
rayés ; mais comme cette efpece varie beaucoup en
groffeur & en couleur, on l’a multipliée en plufieurs
efpeces, qui ne font que des variétés. D ’ailleurs cette
efpece de tuyau prend une forme différente dans les
cabinets des curieux, ce qui vient du poli qu’on lui
donne, lequel en élevant ces raies & ces canelures,
fait paroître cette coquille totalement différente de
ce qu’elle eft naturellement.
Nous ne connoiffons aufli qu’une feule efpece de
tuyaux droits, quoique variés par différens accidens.
Mais il y a plufieurs efpeces de tuyaux ou de dentales
courbés ; on diftingue dans ce nombre, i° .le
tuyau cornu,il prend exa&ement la forme d’une corne
modérément courbée ; a0, le tuyau fait en forme
de racine ; 30. le tuyau qui a la figure d’une racine
de biftorte ; 40. le tuyau en forme de rave ; 50. le
tuyau appellé communément dent de chien', 6°. le
tuyau nommé dent T éléphant ; 70. le tuyau courbé de
couleur blanchâtre ; 8°. le tuyau courbé verdâtre ; 90.
le purpurin ; io Q. le noirâtre.
On ne connoît que deux efpeces de tuyaux de la
claffe de ceux qu’on appelle antales ; favoir, i° . Tantale
blanc, & i° . Tantale jaune : Tantale eft plus petit
que le dentale, & fes cannelures font moins profondes
; les plus eftimés viennent des Indes orientales*.
L’arrofoir ou le pinceau de mer eft de tous les
tuyaux le plus diftingue : on doit le regarder comme
ayant un câra&ere fpécificjue, non pas feulement à
ca^fe defaforme toute d roite, mais par la fingularité
4e fa tête percée en arrofoir. C’eft cette efpece de
tuyau que quelques auteurs appellent phallus.
Il ne faut pas confondre les tuyaux de mer avec les
vermiffeaux de m er, qui font fi intimement joints en-
femble , qu’ils ne paroiffent qu’une maffe confufe.
Voyei Vermisseaux de mer
II me refte à parler de l’animal habitant de la coquille
, que je nommerai dentale & antale, pour plus
grande commodité.
Ces animaux font toujours folitaires , & on ne les
voit jamais adhérens & collés les uns contre les autres.
Ils peuvent faire fortir de leur étui une partie
de leur corps qui ne tient à rien , & même fortir entièrement
eux-mêmes , ainfi ils ont certainement un
mouvement progreflif. Le vermiffeau folitaire eft de
même. Ceux qui font en maffe toujours adhérens &
collés enfemble , ou. attachés à quelque corps étranger
, ne fortent jamais.de la place , où le hazard qui
a porté leur frai les fait naître , à moins qu’on ne les
détache. Çes animaux font fortir de leur tuyau une
partie fupérieure , & enfuite ils la retirent d’environ
5 à 6 lignes.
Le tuyau de mer nommé le pinceau, Xarrofoir , le
phallus , a la tête garnie d’une fraife & d’un gland
percé de petits trous remplis d’une infinité de filets,
qui reffemblent allez aux poils d’un pinceau. Sitôt que
ce poiffon eft hors de l’eau, tous lés filets tombent ;
&C vous voyez alors un tuyau blanc, mince & creux,
qui va en diminuant jufqu’à l’autre extrémité, formant
quelques replis d’efpace en efpace. Comme
il eft percé dans le gros bout d’une infinité de trous,
il peut fort bien s’appeller l 'arrofoir, mieux du-moins
que le brandon <Pamour, qui eft d’ailleurs un terme
impropre &obfcene. . - -
Aucuns teftacés ne fe détachent plus facilement de
leur coquille, quand ils le veulent, que ces animaux
qui y font flottans : cela eft fi v ra i, qu’en introduis
f?.nt une ftilet par un des bouts des tubulaires , ôn leS
Fait fortir par l’autre. Peut-être que dans cette opération
le ligament qui les retient eft fi fragile qu’on
n’y apperçoit aucune rupture. Leur forme tortueufé
fait allez foupçonner qu’ils font libres entièrement
dans leur étui, & qu’à l’exemple de la teigne, informent
leur fourreau indépendant de leurs corps.
La plus grande partie du corps du dentale eft couverte
d’une teinte blanche, au-travers de laquelle
percent plufieurs petits vaiffeaux inteftinaux d’un
jaune foncé. Lorfque ce teftacé eft çaché dans fon
étui, il fe ramaffe du côté de la tête ; mais lorfqu’il
s’alonge, cette maffe fe développe : alors il fe forme
un bouton pyramidal qui fe trouve enveloppé d’un
capuchon ; à l’extrémité du bouton eft une très-petite
ouverture par où le dentale prend la nourriture.
Comme le dentale refte prefque toujours enfablé
dans une attitude verticale ou perpendiculaire, il
s’alonge de côté & d’autre jufqu’à la furface du ter-
rein , fans que les flots des la mer puiffent Tébran-
le%iiW
Lorfqu’il eft à fec fur la greve, & qu’il craint de
fuccomber à fes efforts, il fait fortir de la pointe tronquée
de fa coquille ( j’entends de celle oppofée à la
tête ) une efpece de filament ou jambe, dont l’étendue
n’a que 5 à 6 lignes, & qui va un peu en ferpen-
tant ?,fouvent en forme d’une petite poire. Il enfonce
cette jambe , dans le terrein, ce qui affermit fa coquille
: il la termine dans une plaque rtmde, dont
les rebords préfententle calice d’upéffleur à 5 pans.
Cette partie , qui peut avoir un defiii-pouce, &: par
laquelle il eft à croire que pafferit les alimens, eft
très-blanche , & ne paroît en-dehors dans toute fon
étendue, qu’autant que la tête ne jouit pas de toute
fa liberté.
. Le dentale n’a point d’opercule, & pour fe fouf
traire à ce qui pourroit extérieurement le bleffer, il
s’avance fi avant dans un é tui, qu’il n’eft guere pof-
fible de le pouvoir atteindre.
L’antale qu’on ne trouve que rarement dans la plupart
des ports de mer, eft préfumé avoir' la même
conftru&ion & les mêmes habitudes ; l’analogie Ten-
feigne ainfi : on a déjà dit qu’il étoit moins gros que
le dentale ; & c’eft la feule différence qu’on y peut
trouver. Voye^ Aldrovand-, Jonfton, mém. de. l'académie
des Sciences, & furtout la conchyliogie de M.
Dargenville. (D . J.)
T uyaux d’orque , voye^ Orgue de m er ,
. T uyau ch am b r é ou cloisonné , ( Hiß. nat. )
tubulus concameratus , polythalamium , ortkoceratites,
c’eft une coquille de forme conique, dont l’intérieur
eft féparé par des cloifqns comme la corne d’ammon.
Çette coquille ne fe trouve que pétrifiée. Foye^l'article
O r th o c e r a t it e .
T U Y E R E , f. f . ( Métallurgie. ) ç’eft ainfi qu’on
nomme dans les fonderies, une efpece de tuyau de
cuivre , ffe fer fondu ou de tôle , dans lequel on
ajufte le bec des foufflets qui doivent faire aller lefeu
dans les fourneaux où Ton traite les mines & les métaux.
La tuyere fe place à la partie poftérieure du fourneau
dans un trou quarrépratiqué-pour la recevoir;
qn lui donne toujours un peu d’inclinaifon de haut-
en:bas, afin qu’elle dirige le vent des foufflets fur la
mine en fufion; cette difpofition eft une chofe effenr
tielle pour que la fufion fe faffe convenablement.
Torfqu’on fe fert de deux foufflets à la fois , il faut
aufli que la tuyere foit double.
T V E D E , l a } (Géog, mod. ) riviere qui fépare
^’Angleterre de TEcoffe. Elle fe jette dans la mer auprès
de Berwick, fur le s frontières d’Ecoffe. (D . J.)
TWENTE , (Çéog. mpd.) canton des Pays-bas,
dans la province d’Ovériffel, fur les .confins de la
WeftphaUe. Oidenfel en eft .le chef-lieu. (D . J .)
Tome XFIy
TNYESDALE, ( Gèog. mod. ) proviricè de TEcoffe
méridionale, qui prend fon nom de la riviere de
Twedequi la tr-averfe* Elle a environ 18 milles de
longueur fur 18 de largeur. Ses montagnes.font cou-
vertes de pâturages , où Ton nourrit de nombreux
troupeaux ; fçs rivières & fes lacs abondent en poiffon.
Peebles eft la capitale. (D . J .)
TUXIUM, ( Géog. anc. ) ville d’Italie, & la capitale
des Samnites, félon Plutarque, parall.p. j
Il dit que Fabius Fabricianus en pillant cette v ille ,
en enleva la Vénus viélorieufe qui y étoit adorée, &
la fit porter à Rome. ( D . J .)
TU Y , ( Géog. mod. ) ville d’Efpagne dans la Galice
, fur une montagne , au pié de laquelle coule le
Minho, vis-à-vis & tout proche de Valence , à 24
lieues au midi deCompoftel, & à 100 au nord-oueft
de Madrid. Elle a titre de cité, avec un évêché fuffra-,
gant de Compoftelie, & fon évêque jouit de quatre
milles ducats.de revenu. Comme c’eft une place
frontière, on y tient "toujours bonne earnifon. Son
territoire eft très-agréable & très-fertile , outre què
l’air y eft tempéré. Long'8. SS.latit. 41. 64. ( D J . )
T Y
TYAHILLAUD, cri de chaffe , d’ufage lorfque lé
cerf commence à dreffer par les faites , & que le veneur
en eft certain; c’eft ainfi qu’il crie jufqu’à ce
que les chiens foient arrivas à lui, tk. c’ eft ainfi qu^
crient les piqueurs lôrfqu’ils voyent ce cerf.
T YAN , ( Géog. mod.) petite ville d’Irlande, dans
la province d’Ulfter, au comté d’Armagh, fur les
frontières du comté de Tyrone & de Monaohan. MT
Y ANE, (Géog. atic.) Tyand, villé de la Cap-
padoce, dans la prèfé&ure tyanitide , félon Ptolo-s
mée, /. F..c..vJ. Strabon, l, XII. p. en fait là
feule ville de cette préfeâure. Pline, l. VI, c. iij. &c
Arrien, I. Peripl. connoiffent auffl cette ville. Ce dernier
dit qu’on la riommoit Thyana^owrThoana, nom
qui lui avoit été donné par Thôas , roi. de Cherfon-
nèfe taurique.
Cette ville eft principalement connue pour avoir
donné la naiffance à Apollonius,furnommé par cette
raifon, de Tyarie , l’un des hommes du mondé dont
on a dit les chofes les plus.étranges; & en effet il
mena une vie fort extraordinaire. Il naquit vers le
commencement du premier fiecle , & dès l’âge de
feize ans il fe montra un obfervateur rigide de la
réglé de Pythagore, renonçant au vin', aux femmes,
ne portant point de fouliers, laiffant croître fes cheveux,
& ne s’habillant que de toile. Il fit élëéripn de
domicile dans un temple d’Efculape, où bien des malades,
alloient lui demander leur guérifon. Il paffa
.cinq ans fans parler, & enfuite après'avoir donné
Une partie de fon bien à un frere aîrie’éé à'des parens
pauvres, il fe mit à voyager prefque dans tpütes les
parties du monde, condamnant dans fa route le luxe1
& les plaifirs , & recommandant les oeuvres de cha-.
rité.
Il avoir coutume de dire qu’il étoit convenable de
bien parler de tous les dieux quels qu’ils fuffent, &
il répétoit cette maxime principalement à Athènes y
où plufieurs autels étoient dédiés à des dieux même
inconnus. S’étant .préfenté à Eleufis pour, être initié
dans les myfteres , Thyérophante le refiifa d’abord,
fous pirétexte qu’il étoit magièien, & qu’il fe vantoit
de çonnoître les penfées des hommes. Vaincu néanmoins
par le mécontentement général que fon refus
excitoit, il offrit de l’initier. Je le ferai, lui répondit
Apollonius, mais ce fera par un autre que vous: ce
qui arriva, félon Philoftrate, au bout de quatre ans'.
Il mourut fort âgé, fans qu’on ait pii favoir ni où ni
de quelle maniéré.