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bande de chamois ; par te moyen la pelote eft mobile
, afin qu’elle puiffe fe mettre au point convenable,
fuivant la groffeur du membre; il faut de plus un ruban
pour fixer la compreffe & la pelote autour du
membre ; ce ruban doit être attache par fon milieu ,
fur la partie externe de la bande de chamois ; la pelote
cylindrique fe place fur le trajet des vaifleaux;
■ le double couflinet doit répondre à la partie oppofée,
& la bande de chamois entoure le membre circulai-
rement: tout cet appareil eft retenu par le ruban qu’on
noue à côté du double couflinet.
Alors on pofe le tourniquet au-deffus du double
couflinet, à la partie du membre oppofée au cours
des gros vaifleaux c on affujéttit le tourniquet par un
lac double {fig. 2. ) , qui a une boutonniere pour
permettre le paflage de l’écrou de la plaque fuperieu-
re : on voit à côté une anfe formée par la duplicà-
ture du la c , pour recevoir un des chefs de ce lac,
qui après avoir paffé par cette anfe ,fert à former une
rofette avec l’autre chef ; ce qui contient le tourniquet
en place. .
Pour faire la compreflion on donne à la Vis un demi
tour , ou un tour de droit à gauche : pour lors la
piece fupérieure s’éloignant de l’inférieure, le lac tire
le cylindre & le ferre contre les vaifleaux, ce qui
les comprime parfaitement bien.
Ce tourniquet a l’avantage i° . de comprimer moins
les parties latérales , que le tourniquet ordinaire ;
20. de n’avoir pas befoin d’aide pour le tenir, ni
pour le ferrer , ou pour le lâcher ; 3 °. l’opérateur
peut lui-même, par le moyen de la v is , arrêter plus
ou moins le cours du fang dans l’artere ; 40. quand
on craint l’hémorrhagie après l’opération, on peut
laiffer ce tourniquet en place , & en cas que l’hemorperfonnes
, peut fe ferrer lui-même autant qu’il eft
néceflaire ; 50. on ne rifque pas que le membre tombe
en mortification , par la conftriûion de ce tourniquet
, parce qu’il ne fufpend point le cours du fang
dans les branches collatérales.
On peut obferver ici que l’étendue des deux plaques
contribue autant que l’épaiffeur de la pelote, à
diminuer la compreflion du lac fur les parties latérales
du membre, ce qui fait qu’on doit avoir des tourniquets
de différentes grandeurs , félon le volume
des membres.
M. Petit a imaginé en 1731 , une autre efpece de
moyen , pour fe rendre maître du fang , nous en
avons donné la defcription à la fin de 1* article hémorrha<
ne. Voye^ Hémorrhagie.
M. Heifter décrit un inftrument propre à comprimer
l’ouverture d’un artere, qui eft une efpece de
tourniquet. Voyc.[ la fig. 3. PI. X X X I . il eft compofé
d’une plaque de cuivre légèrement cambrée , large
d’un pouce & demi, & longue de trois ; à une des
extrémités de cette lame, il y a deux rangs de petits
trous ,'pour y pouvoir coudre une courroie ; à l’autre
extrémité il y a deux petits crochets ; le milieu
de cette lame eft percé en écrou, au-travers duquel
pafle une vis affez forte ; la partie fupérieure de cette
vis eft applatie, & forme une piece de pouce , &
la partie inférieure porte une petite plaque ronde,
qui a environ un pouce de diamètre ; la courroie qui
eft coufue par un de fes bouts à une des extrémités
de la grande lame, eft percée à l’autre bout de plufieurs
trous en deux rangs, pour que cette machine
puiffe fervir à différentes parties ; ces trous fervent à
accrocher la courroie aux deux crochets qui font à
l’autre extrémité de la grande lame.
Pour fe fervir de cet inftrument pour arrêter une
hémorrhagie par la compreflion, il faut mettre des
tampons de charpie fur le vaiffeau ouvert ; les couvrir
de quelques compreffes graduées, & appliquer
fur la derniers de ces compreffes la petite plaque or-
T OU
biculaire : alors on entourera fortement lé membre
avec la courroie , que l’on accrochera par fon extrémité
libre aux crochets, & en tournant lavis, on
comprimera l’appareil, & on fe rendra maître du
fang.
Il faut obferver ( ce dont M. Heifter n’a fait aucune
mention), que l’extrémité de lavis doit être rivée de
façon que la plaque orbiculaire ne tourne point avec
elle ; ce feroitun inconvénient pour la compreflion ,
car en tournant la vis, on pourroit déranger les com»
preffes ; elles fe plifferoient au moins, ce qui en rendant
la compreflion inégale & douloureufe , peut
former des finus dans l’appareil, par lefquels le fang
pourroit s’échapper : on évitera tout cela, fi la vis eft
de façon qu’elle tourne fur la plaque orbiculaire.
Il faut pour cet effet que la vis foit percée dans
toute fa longueur, & traverfée par une cheville dont
la plaque orbiculaire foit labafe , & fur laquelle cheville
la vis tournera fans fin. ( T )
TOURNOIR , f. m. terme de Potier (Pétain ; c’eft
Un bâton rond de trois ou quatre piés de long, avec
lequel l’ouvrier q*|i travaille des ouvrages de poterie
à la grande roiæ , donne les mouvemens à cette
machine, ce qu’il fait en l’appuyant fucceflivement
fur chacune des quatre raies de la roue, le quittant &
le reprenant autant de fois qu’il le croit néceflaire
pour hâter ce mouvement. ( D . J. )
TOURNOIS, f. m. pl. {Hijl. de la Cheval.) exercice
de guerre & de galanterie que faifoient les anciens
chevaliers pour montrer leur adreffe & leur bravoure.
C’eft l’ufage des tournois qui unifiant enfembl'e les
droits de la valeur & de l’amour, vint à donner une
grande importance à la galanterie, ce perpétuel men-
fonge de l’amour.
On appelloit tournoi, dans le tems que régnoit
l’ancienne chevalerie , toutes fortes de courfes &
combats militaires, qui fe faifoient conformément à
certaines réglés, entre plufieurs chevaliers & leurs
écuyers par divertiffement & par galanterie. On nom*
moit joutes , des combats finguliers qui fe faifoient
dans les tournois d’homme à homme avec la lance ou
la dague ; ces joutes étoient ordinairement une partie
des tournois. Voye%_ JOUTE.
Il eft difficile de fixer l’époque de l’inftitution des
tournois, dont les Allemands, les Anglois & les François
fe difputent la gloire, en faifant remonter l’origine
de ces jeux au milieu du jx. fiecle. #
L’hiftorien Nithard parle ainfi des jeux militaires,
dont les deux freres Louis le Germanique & Charles
le Chauve fe donnèrent plufieurs fois le fpeftacle
vers l’année 8 4 1 , après avoir juré cette alliance qui
eft devenue fi célébré par la formule de leur ferment.
Ludos etiam hoc ordine fkpe causa exercitii frequenta-
bant. . . . Subjijlenlî hinc in de omni multitudine, prt-
mum pari numéro Saxonorum , Vafconorum , Auflra-
Jiorum, Britannorum, ex utrâque parte veluti invicem
adverfari Jibi vellent, aller in alterum veloci curfu rue-
bat. . . & plus bas, eratque res digna . . . fpeclaculo.
Il paroît affez clairement par la fuite du texte de
Nithard, que l’Allemagne fut le théâtre de ces jeux
qui avoient quelque reffemblance aux tournois qui
fuccéderent. La plûpart des auteurs allemands prétendent
que l’empereur Henri I. furnommé Yoifeleur,
qui mourut en 9 3 6 , fut Pinftituteur des tournois ; mais
quelques-uns avec plus de fondement en font l’honneur
à un autre Henri, qui eft poftérieur d’un fiede
au premier. En ce cas les Allemands auroient peu
d’avantage fur les François , chez qui l’on voit les
tournois établis vers le milieu du xj. fiecle, par Geof-
f ro i, feigneur de Preuillien Anjou. Anno 10S6, dit
la chronique de Tours , Gaufridus de Pruliaco , qui
torneamenta invenit, apud Andegavum occiditur.
Il y amêmeunhiftorien étranger, qui parlant des
tournois, les appelle des combats françois 3conjliclu?
■ eaïlici, foit parce qu’il croyoit qu’ils étoient nés en
f rance, foit parce que de fon tems les François y
brilloient le plus. Renricus rek Anglorum junior, dit
Mathieu Paris, fous l’an 1 1 7 9 , mare tranfiens in con-
fli&ibus gallicis , & profujîoribus expenjis, triènmum
peregit, regiâqiie mdjefldte depofitâ, lotus ejl de rege
tranflaius in milium. Selon les auteurs de l’hiftoire
byfantine , lès peuples d’orient ont appris des François
l’art & la pratique des tournois ; & en effet notre
dation s’y ëft toujours diftinguée jufqü’au temS de
Brantôme;
La veille des tournois étoit annoncée dès le jour
qui la précédoit, par les proclamations des officiers
d’armes. D es chevaliers qui dévoient combattre, ve-
noient aüfli vifiter la place deftinée pour les joutês.
« Si venôient devant eux un héraült qui crioit tout
en hault, feigneùrs chevaliers , demain aurez là
t> veille du tournoy., où proueffe fêta vehduè , &
» achetée au fer Sc à l’acier ».
On folemnifoit Cette veille des tournois par dès ef-
peces de joutes appellées, tantôt effais ou éprouves,
'épreuves, tantôt leS vêpres du tournoi, & quelquefois
çfcrémie, c’eft-à-dire efcrimès , où les écuyers s’ef-
fayoient les uns contre lès autres avec dès armes pliis
légères à porter, & plus âifées à manier que celles des
chevaliers ; plus faciles à rompre, & moins dange-
reufes pour ceux qu’elles bleffoieht. C’étoit le prélude
du fpe&acle nommé le grand tournoi, le maître tournoi
, la maître éprouve y que les plus braves & les plus
adroits chevaliers, dévoient donner le lendemain.
Les dameS s’abftinrent dans les premiers tems d’af-
fifter aux grands tournois ; mais enfin l’horreur de
yoir répandre le fang céda dans le coeur de cefexe rté
iènfible , à l’inclination encore plus puiffante qui le
porte vers tout cè qui appartient aux fentimens delà
gloire , ou qui peut caufer de l’émotion. Les dames
donc accoururent bientôt en foule aux tournois, &c
dette époque dut être celle de la plus grande célébrité
de ces exercices;
Il eft aifé d’imaginer quel mouvement devoit produire
dans lés efprits la proclamation de ces tournois
iblemriels, annoncés long-tems d’avance, & toujours
dans les termes les plus faftueux ; ils ânimoient dans
chaque province & dans chaque coùr tous les chevaliers
& les écuyers à faire .d’autres tournois, ou par
toutes fortes d’exercices, ils fe difpofoient à pâroître
fur un plus grand théâtre.
Tandis qu’on préparoit les lieux deftinés aux tournois
, on étaloit le long des cloîtres de quelques mo-
hafteres voifins i les écus armoriés de ceux qui pré-
iendoient entrer dans les lices , & ils y reftoient plufieurs
jours expofés à la curiofité & à l’exàmen des
feigneùrs , des dames & demoifélles. Un héraut ou
pourfuivartt d’armes , nommoit aux dàmës ceux à
qui ils appartenoient ; & fi parmi les prétendans, il
s’en trouvoit quelqu’un dont une dame eût fujet de
fe plaindre , foit parce qu’il avoit mal,parlé d’ellé,
foit pour quelqu’autre ofïenfe , elle toiichoit l’écu de
fes armes pour le recômmandèr aux juges du tournoi y
c ’eft-à-dire pour leur en demander juftice.
. Ceux-ci y après avoir fait les informations nécef-
faires, dévoient prononcer ; & fi le crime avoit été
prouvé juridiquement, la punition fuivoit de près.
Le chevalier fe préfentôit-il au tournoi, malgré les
Ordonnances qui l’en exduoient, une grele de coups
que tous les autrès chevaliers faifoient tomber lur
lu i , le pùniffoit de fa témérité , & lui àpprenoit à
refpefter l’hônnèur des dames & les lois de la chevalerie.
La merci des dames qu’il devoit réclamer à
haute v o ix , étoit feule capable dé mettre des bornes
au châtiment du coupable; .
Je ne ferai point la dëfcription des lices pour lé
■ tournoi, ni des tentes .& des pavillons dont la campagne
étoit couverte aux environs 3 ni des hours .,
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c’èft-à-dire des échafauds dreffés âu-tour dé la carrière
où tant dé nobles pèrfônnages dévoient fe figna-
. 1er. Je ne diftinguerai point les différentes efpeces
de combats qui s’y donnoient, joutes, caftilles ,pas
d’armes & combats à la foule ; il me fuffit de faire remarquer
que ces échafauds fouvènt coriftruits en formé
de tours , étoient partagés en loges & en gradins j
décorés dé riches tapis, de pavillons, de bannières \
de banderoles & d’écuffons. Aufli lés deftinoit-on à
plaeer les rois y les reines i les princes & princeffes,
& tout ce qui compofoit leur cour, les dames ÔÇ
les demoifelles , enfin les anciens chevaliers qu’uné
longue expérience au màniment des armes avoit
rendu les juges’les plus compétens. Çes vieillards, à
qui leut grand âge ne permettoit plus de s’y diftin-
guer encore, touchés d’une tendreffe pleine d’eftimé
pour cette jeuneffe valeureufe j qui leur rappelloit le
fouvenir de leurs propres exploits , voyoient avec
plaifir leur ancienne valeur renaître dans ces effainé
de jeunes guerriers.
La richèffe des étoffés & des pierreries relevbit encore
l’éclat du fpeftacle. Des juges nommés exprès ,
des maréchaux du camp, des cônfeillers ou alfiftans y
avoient en divers lieux des places marquées pour
maintenir dans le champ de bataille les lois défi
tournois , & pour donner leur avis à ceux qui pour-
roient en avoir befoiri. Une multitude de héraults &c
pourfiiiyans d’armes , répandus de toutes parts j
avoient les yeux fixés fur les combattans, pour faire
un rapport ndele des coups qui feroient portés & reçus.
Une foule de menefiriers avec toute forte d’in?
ftrumens d’une mufique guerriere , étoient prêts à
célébrer les proueffes qui dévoient éclater dans cetté
journée; Desfergens aétifs avoient ordre de fe porter
de tous les côtés où le fervice des licés lés appelleroiti
foit pour donner des armes aux combattans, foit pour
contenir la populace dans le filence & le refpëét.
Le bruit des fanfares annonçoit l’arrivée des chevaliers
füperbement armés & équipés , fuivis de leurs
écuyers tous à cheval. Des dames & des demoifelles
amenoient quelquefois fur les rangs ces fiers efclaves
attachés avec des chaînes qu’elles leur ôtoient-feule-
ment , lorfqu’entrés dans l’enceinte des lices , ils
étoient prêts à s’élancer. Le titre d’efclave ou de fer-
viteur de la dame que chacun nommoit hautement eni
entrant au tournoi, étoit un titre d’honneur qui devoit
été acheté pair des exploits ; il étoit regardé par
celui qui le portoit, comme un gage de la viéfoire ,
comme urt engagement à ne rien faire qui ne fut digne
de lui. Servans d'amour, leur dit un de nos poë-!
tes dans une ballade qu’il .compofa pour le tournoi.
fait à Saint - Denis fous Charles VI. au commence ,
ment de Mai 1389.
Servans (Pamour , regardeç doucement
Au x échafauds , anges de paradis }
Lors joutere{ fort , 6* joylufementy
E t Vous ferc{ honorés & chéris.
A ce titré , les dames daignoient joindrë ordinairement
ce qu’on appelloit faveur, joyau, nobleffe $
nobloy y ou enfeignè ; c’étoit une écharpe, un voile y
une coëffe j une manche j une mantille, un braflëlety
un noeud, en un mot quelque piece détachée de leüé
habillement Ou de leur parure ; quèlquefois'un ouvrage
tiffu de leurs mains, dont le chevalier favorifé or-
noit le haut de fon heaume ou de fa lance,fon écu,fa
cotte d’armes, ou qitelqu’autre partie de fon armure;
Souvent dans la chaleur de l’afKon y le fort des armes
faifoit paffer ces gages précieux aü pouvoir d’un!
ennemi vainqueur , ou divers accidens en oc-cafion-
hoiènt la perte. En ce cas la dame en renvôyoit
d’autres à Ion chevalier pour le confoler, & pour te:
lever fon courage : ainfi elle l’animoit à fe vangèr, &S
à conquérir, à fon tour les faveurs dont fe ï adVérfai-’
f