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les charges qu’on y m et, par le moyen d’une grofle
corde. ( D . J . ) ■
TO R TO N E , ( Géog. mod. ) ville d’Italie, dans le
Milanez, chef-lieu du Tortonèfe, dans une plaine,
avec un château fur une hauteur, à dix lieues au
fud-eft de CafaL Son évêché eft ancien 6c fuffragant
de Milan : cette ville dépend du roi de Sadaigne par
le traité de Vienne de 1738, mais elle eft fort dépeuplée.
Long. 26'. a i . lut. 44. i a . (D . J.)
TORTONÈSE, l e , (Géog. mod.) contrée d’Italie,
au duché de Milan, entre le Pô au nord, le territoire
de Bobbio à l’orient, l’état de Gènes au midi,
& l’Alexandrin au couchant : fa capitale eft Tortone.
T O R T O S E , ( Géog. mod. ) ville d’Efpagne, en
Catalogne, capitale d’une viguerie de meme nom,
fur la gauche de l’Ebre, à 4 lieues de la mer, à 3 5
de Barcelone, 6c à 70 de Madrid. On la divife en
vieille ville 6c en ville neuve : fon évêché vaut quatorze
mille ducats de revenu. Cette ville a un vieux
château fortifié, 6c une académie qui appartient aux
freres prêcheurs ; ce qui fuffit pour apprécier fa célébrité.
Tortofe eft la Dertofa des Romains , capitale des
Ilercaons, comme on le prouve par une médaillé de
Tibere, fur le revers de laquelle on lit : Den. lier-
gaonia : dès Pan 716 les Maures en étoient les maîtres
; Berenger, prince d’Arragon, la leur enleva en
1149. Long. 18.10. lat.40. Si.
Il ne faut pas confondre Tortofe en Catalogne avec
Tortofe, petite ville dans la nouvelle Caftille, fur le
Hénares, au -deffus de Guadalajara. (D . J .)
T ortose , viguerie de, (Géog. mod. ) elle eft bornée
au nord, partie par le royaume d’Arragon, partie
par la la viguerie de Lérida, à l ’orient par la
même viguerie 6c par celle de Taragone, au midi
par la mer Méditerranée, 6c à l’occident, partie par
le royaume d’Aragon, partie par celui de Valence:
fon lieu principal eft Tortofe. Cette viguerie eft fertile
en grains 6c en fruits; on y trouve aufli des carrières
d’alun , de plâtre, 6c de jafpe. ( D . J .)
TO R TU E , f. f. ( Hiß. nat. Botan.) chelone, genre
de plante à fleur en mafque, dont la levre lïipe-
rieure eft voûtée en dos de tortue, 1 inferieure eft
découpée en trois parties. Le derrière de la fleur eft
rétréci en tuyau dont l’ouverture reçoit le piftil qui
devient un fruit arrondi, oblong, partage eii deux
• loges remplies de femences bordées d’un petit feuillet.
Tournefort, Mém. de l'acad. royale des Sciences.
Voye{ Plante. ' j
T ortue , f. f. (Hiß. nat. Zoolog.) tefludo, animal
quadrupède ovipare, recouvert en-deffus 6c en-def-
fous par une grofle écaille. Il y a plufieurs efpeces de
■ tortues que l’on divife en deux claffes, dont la première
comprend les tortues terreftres, 6c la fécondé les tor-
■ tues aquatiques, c’eft-à-dire celles qui relient dans
la mer ou dans les eaux douces. Les tortues aquatiques
different principalement des terreftres , en ce
•que leurs doigts tiennent à une membrane qui leur
fert de nageoire. Les tortues de terre ne deviennent
jamais aufli grandes que celles qui vivent dans la
mer. Solin rapporte que deux écailles d’une certaine
efpece de tortue de mer fuffifent povir couvrir l’habitation
d’un indien. On trouve dans les Mémoires de
Vacadémie royale des Sciences, la defeription d’une très-
grand e tortue terreftre prife fur la côte de Coroman-
del. Cette tortue (PI. XIV . fig.S. ) , avoit quatre piés
• 6c demi de-longueur depuis le bout du mufeau juf-
qu’à l’extrémite de la queue, 6c un pié deux pouces
d’épaifleur ; l’écaillé étoit longue de trois piés,& elle
.vaVoit deux piés de largeur; elle étoit compofée à fa
partie'fupérieure de plufieurs pièces de différentes
figures, dont la plupart étoient pentagones ; toutes
. ces pièces fe trouvoient placées 6c collées fur deux
ps, dont l’un couvroit le dos 6c l’autre le ventre;
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ils étoient joints enfemble fur les côtés pâi* dés iiga-
mens très-forts; ils enfermoient les entrailles dé
cet animal, & ils avoient une ouverture en-devant
pour laiffer paffer la tête & les jambes de devant *
6c une autre en-arriere pour la queue 6c les jambes
de derrière. Ces os fur lefquels ces écailles étoient
appliquées avoient un pouce & demi d’épaiffeur en
quelques endroits , 6c feulement une ligne & demie
dans d’autres. Les trois plus grandes pièces d’écailles
étoient fituées fur la partie antérieure du dos, elles
avoient chacune une boffe ronde, élevée de trois ou
quatre lignes, 6c large d’un pouce & demi. Le def-
fous du ventre étoit un peu concave; Toutes les parties
de l’animal qui fortoient hors de l’écaille, favoif
la tête, les épaules, les bras, la queue, les feffes 6c
les jambes étoient revêtues d’une peau lâche, ridée,
6c couverte de petits grains ou tubercules comme
le maroquin ; cette peau étoit adhérente aux bords
des deux ouvertures où elle fe terminoit fans fie prolonger
au-dedans des écailles. La tête reffembloit
en quelque forte à celle d’un ferpent, elle avoit fept
pouces de longueur 6c cinq de largeur ; les yeux
étoient très-petits, & ils n’avoient point de paupière
fupérieure ; il ne fe trouva point d’ouverture pour
les oreilles ; les levres étoient couvertes d’une peau
dure comme de la corne, & découpées en maniéré
de feie, & il y avoit en-dedans de la bouche deux
rangées de dents. Les jambes étoient fort courtes ;
celles de devant avoient cinq doigts qui n’étoient
diftin&s que par les ongles, 6c les pattes de derrière
n’en avoient que quatre. Les ongles étoient arrondis
en-deffus 6c en-deffous, & lèur coupe faifoit un ovale,
car ils étoient émouffés & ufés ; ils avoient un pouce
6c demi de longueur. Les tortues de terre étant ren-
verfées fur le dos, peuvent fe retourner fur le ventre
, en appuyant la tête & le cou fortement contre
terre. Mém. de l'acad. royale des Sciences, par M. Perrault
, tom. I II, part. I I .
Les tortues aquatiques different principalement
des tortues terreftres, en ce qu’elles ont des nageoires
au-lieu de pattes. Les efpeces les mieux connues
font la tortue franche , la kaouanne, & le caret. La
chair de la tortue franche reffemble parfaitement à
celle du boeuf par fa couleur, mais la graiffe eft d’un
jaune verdâtre ; elle a fort bon goût.
La kaouanne eft la plus grofle ; on en trouve qui
ont jufqu’à cinq piés de longueur fur quatre de largeur
; elle a la tête beaucoup plus grofle que
toutes les autres à proportion du refte du corps ; fà ’
chair a un mauvais goût 6c fent la marée ; elle fe défend
de la gueule 6c des pattes contre ceux qui veulent
la prendre. Les plaques d’écailles de cette efpece
de tortue font beaucoup plus grandes que celles
du caret ,& cependant moins eftimées parce qu’elles
ont moins d’épaiffeur. .
Le caret a la chair moins bonne que celle de la
tortue franche, mais beaucoup meilleure que celle
de la kaouanne ; il eft plus petit que les deux efpeces
précédentes; il a treize plaques ou feuilles d’écailles,
huit plates 6c cinq courbes, qui font plus eftimées
que relies des autres efpeces de tortues.
Les tortues pondent des oeufs ronds, 6c couverts
d’une membrane molle 6c blanche : ces oeufs font
compofés comme ceux des oifeaux, de deux fubftan-
ces différentes ; le jaune fe durcit aifément en cui-
fant, mais le blanc refte toujours liquide. Une feule
tortue pond deux ou trois cens oeufs, gros comme
i des balles de paume, 6c durant fa ponte rien n’eft
capable de la faire cefler ni de la mettre en fixité.
Les tortues de mer viennent la nuit fur les ances pour
y dépofer leurs oeufs dans le fable ; elles y font un
creux qui a environ un pié de largeur 6c un pié &
demi de profondeur : lorlque leur ponte eft finie,
elles couvrent les oeufs avec du fable, 6c elles retour-.
f l
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Î -M j h mer. Les oeufs édofent à la chaïetir §9 fo.
i»;i & les petites tortues qui en fortent vont a la mer
dès*qu’elles font nées. La pêche des tortues fe fait
principalement dans le tems de la ponte, on les
prend très - aifément lorfqu*eUes font hors de 1 eau 1
in les renverfe fur le dos pour les empecher d y.
retourner. Hijloirc naiurtlU des AnuUts, par le pere
Dutertre, tome II. | 1
La tortue a la vie très-dure. Redx a éprouvé qUe
les tortues de terre peuvent vivre dix-huit mois ians
manger : ce même auteur a reconnu que la tortue
pouvoit vivre affez long-tems fans cerveau, 6c que
la privation de cette partie ne lui faifoit pas perdre
fon mouvement progreflif : il fit au crâne d’une tortue
de terre une large ouverture, par laquelle il tira tout
le cerveau, de façon qu’il n’en relia pas la moindre,
particule, cependant cette tortue conferva tous fes
mouvemens, excepté ceux des y e u x , qui fe ferme-,
rentauffi-tôt après l’opération ; au relie, elle alloit 8c
venoit comme au para vant& elle vécut encore fix
mois dans cet état : une autre tortue dont la tete avott
opérations. • • . . • , .
On vient de lire la defeription anatomique, de la
tortue, 6c beaucoup d’autres faits curieux fur ce genre
d’animal teftacé, dont le cara&ere diftinéhf eft d’avoir
une queue, 6c d’être couvert dune écaillé large
, voûtée, dure 6c offeufe. Ses pies de devant font
compofés chacun de cinq doigts, garnis d’ongles ;
ceux de derrière n’en ont que quatre ; fa queue eft
grofle au commencement, 6c finit en pointe ; toutes
les parties qui paroiflent hors de l’ecaille de la tortue
font couvertes d’une peau large, pliffee par de grandes
rides , 6c grenées comme du maroquin. Il y a
différentes efpeces de tortues; nous allons parcourir
les principales,. ,
i° . La tortue commune. Elle eft marbree de taches
noires 6c jaunes, 6c fillônnée de raies fur le dos. Son
écaille de deffus eft extrêmement convexe ; celle du
defleus du corps eft applatie. Sa tête eft courte, ref-
femblante en quelque maniéré à celle d’un ferpent,
6c eft couverte d’une peau mince ; l’animal peut la
tirer en dehors ou en dedans à fa volonté ; il n a ni
paupières, ni oreilles externes ; il peut paffer l’hiver
fous terre fans prefque aucune nourriture.
i° . La jaboti des habitans du Bréfil nommée par
les Portugais cagado de terra; cette efpece a une écaille
noire, gravée de différentes figures exagonales ;
fa tête 6c fes jambes font brunes, ,avec des marbrures
de taches d’un jaune obfcur ; fon foie eft un manger
délicat. . - . ' t
3°. La tortue de riviere ou d’eau dormante ', fe
trouve fréquemment dans les.foffés qui entourent les
murailles des villes. Son écaille eft noire, peu convexe
, 6c compofée de plufieurs pièces lifles, & délicatement
articulées enfemble ; elle eft d’une vie fi
dure, qu’elle conferve encore du mouvement dans
fon corps pendant quelques minutes apres qu’on lui
a coupé la tête- ; '
4°. La tortue de mer ordinaire ; elle eft plus groffe
que la tortue terreftre ; mais fon écaille eft moins liffe
6c moins belle , fes piés font faits comme les nageoires
des poiffons, 6c par confisquent très-propres pour
nager. Elle a à chaque mâchoire une eau continue
qui eft reçue dans le finus de la mâchoire oppofee,
6c qui lui fert à mâcher fa nourriture. La femelle fort
de la mer polir pondre fes oeufs ; elle en fait à terre
line grande quantité en une feule ponte, les couvre
de fable, retourne dans l’eau, 6c le foleil les fait éclore
devaht font longues chacune de è policés , mais celles
au bout d’une quarantaine de jours.
5°. La jurucua des Bréfiliens nommée tartarugd,
par les Portugais & par les François, tortue-franche, ;
jelle a une forte de nageoire au lieu de piés ; celle de
de derrière font beaucoup plus courtes ; fon écaih.
le eft agréablement ornée de différentes figures.
6°. La koauanne ; c’eft une tortue de mer de formé
femblable aux autres de cet élément, d’une écaillé
plus forte •, mais d’une chair de mauvais goût.
7°; La tortue nommée en françois le caret ; c’eft
une petite efpece de tortue qui pont fes oeufs dans lé
gravier 6c le cailloutage ; on ne fait aucun cas de fa
chair, mais on en fait un fort grand de fon écaille.
8°. La jurura des Bréfiliens, ou cagado d'agoa des
Portugais ; elle eft beaucoup plus petite que les autres
; l’écaille qui la couvre eft de forme elliptique,
6c très-voûtée lur le dos. Margerave dit avoir gardé
chez lui une tortue de cette elpece vingt-un mois },
fans lui avoir donné aucune nourriture.
9°. La petite tortue terrefire des Indes orientales ;
cette efpece n’a que trois pouces de long ; fa coquiU
le eft compofée de trois fortes. d’écailles entourées
d’une bordure générale ; leurs couleurs font d’unë
grande beauté , blanches, pourpres, jaunes 6c noi-.
res ; la coquille du ventre eft blanche avec une agréai
ble empreinte d’un grand nombre de raies ; fa tête 6c
fon mufeaii font allez femblables à la tête 6c au bec
du perroquet ; le deffus de la tête eft diapré de rougé
& de jaune ; fon cou eft fort mince ; fes jambes dé
devant font garnies de petites écailles avec des piés
applatis , qui finiffent en quatre orteils ; fes jambes
de derrière font beaucoup plus longues, beaucoup
plus déliées que celles de devant, 6c feulement couvertes
d’une peau rude ; fa queue eft longue de trois
j pouces, menue 6c pointue;
i0°. La petite tortue échiqitetee & râyonnee; fort
écaille a environ fëpt travers de doigts aë longueur;
6c cinq de largeur ; elle eft noire, marquetée de figures
rhomboïdes, 6c compofée.de trois rangs de tu^
hercules , qu’entoure une bordure générale ; le milieu
de ces tubercules eft rayonnant d’étoiles ; l’écaille
du ventre eft formée de huit pièces dont les
deux plus confidérables font marbrées , d’un jauné
tirant fur le noir,
11°. La grande tortue échiquetée ; cette efpecë
qui eft la plus Voûtée de toutes les tortues fe trouvé
dans l’île de Madagafcar. Elle eft longue d’un pié ,
large de huit pouces, 6c haute de fix; c’eft du-moins
la taiile de celle qui eft dans le cabinet de la fociété
royale, 6c dont Grew a donné la figure.
12°. Joignons enfemble la tortue de Surinam, la
tortue de Virginie dont l’écaille eft en mofaïque ; cë
font de belles tortues, dont les écailles font prefqué
autant eftimées que celles du caret, comme difent
nos ouvriers,
T ortue , pêche de la , ( Pêche marine. ) On prend
ordinairement les tortues de trois maniérés différenr
tes : la première, en les tournant fur le fable ; la fécondé
, avec, la varre ; 6c la troifieme, avec la folle-'
Pour là première maniéré , on obferve quand elles
viennent pondre leurs oeufs fur le fable, ou quand
elles viennent reconnoître le terrein où elles ont intention
de pondre. Quand on trouve une trace ou
un train neuf fur le fable, il eft ordinaire qu’en revenant
au même lieu dix-fept jours après, on y trouve
la tortue qui vient pondre. On la prend par le côté
& on la renverfe fur le dos, d’où elle ne fauroit fé
. relever, à la referve du caret qui a la carapace convexe
, ce qui facilite fon retour fur le ventre , maté
on tue celui-là fur le champ ; ou bien étant tourné
fur le dos, on met de grolfes pierres autour de lui<
La fécondé maniéré de pêcher les tortues > eft dé
les varrer dans la mer, ou percer avec la varre. Vtye^.
V arre.
La troifieme eft de les prendre avec un filet qui
s’appelle la folle. Voye{ Folle.
On voit fouyent vers la côte du Mexique, flotter