■ cerfs a toujours fin goût defagréabie 6c fort*; ce que
cet animal a de plus utile, c’eft fon bois &c fa peau ;
on ia prépare., & elle fait un cuir fouple 6c très - du*-
rable ; le bois s’emploie par les Couteliers-, les Four-
biffeurs, 6*c. & l’on en tire par la chimie des efprits
■ alkali-volatils , dont la Médecine tait un fréquent
-ufage. . \
-Lorfque le faon a environ fix mois, alors il change
die nom , il prend celui de here: les boffettes croifi-
fent & s’alongent, elles deviennent cylindriques, &
-dans cet état on leur donne le nom de couronné ( en
■ termes-de chaffe on les nomme pivots) ; iis font-terminés
par une face concave , fur laquelle pôle l’extrémité
inférieure du bois.
Le premier que porte le cerfne fe forme qn’après
fa première année ; il n’a qu’une limple tige lur cha-
•que pivot fans aucune branche, c’eft pourquoi on
donne à ces tiges le -nom de dagues, 6c au cerf celui
de daguet, tant qu’il eft dans fa fécondé année; mais
à la troilieme année, au lieu de dagues i f a un bois
dont chaque perche jette deux ou trois branches',
que l’on appelle andouillers.
Alors l’animal eft nommé cerf à la féconde te te ; ce
nom lui refte jufqu’à ce qu’il ait mis bas fa fécondé
tête ; celle qui lui repouffe à la quatrième année lui
fait prendre le nom de cerfà fa. troifieme tète > qu’il
conferve jufqu’à ce qu’il ait mis bas cette troifiem'è
tête, 6c celle qui lui repouflê à la cinquième année,
lui fait prendre le nom de cerfà fa quatrième tête, qu’il
conferve de même jufqu’à ce qu’il ait mis bas cette
quatrième tête , celle qui lui réponde lui Fait prendre
le nom de dix cors jeunement qu’il conferve pendant
fa fixieme année ; quand il met bas cette tête, à
■ celle qui lui repouffe à fa feptieme année, il prend le
nom de cerf dix cors -, après il n’y a plus de terme
que celui de gros &c vieux cerfs ; dans ces âges le
nombre des andouillers n’ eft pas fixe ; il y a plufieurs
exemples de daguets qu’on a pris avec les meutes de S.
:M. lefquels portoient des andouillers fur leurs dagues,
qui étoient chaflêspour des cerfs à leur fécondé tête,
& qui à la mort ne fe trouvoient que daguets, parce
qu’ils n’avoient point de meule, les daguets n’en
-ayant jamais ; les meules font une petite couronne
en*forme de bague , qui croît au bas du merain des
cerfs, & elles-ne prennent cette forme qu’après que
les dagues font tombées, 6c qu’il leur pouffe leur fécondé
tête, les daguets n’ont point de meule, mais
feulement de petites pierrures détachées à l’endroit
où les meules fe forment à l’accroiflëment de leur fécondé
tête, quand le nombre des andouillers eft au
•nombre pair, 6c qu’il y en a autant d’un côté que de
l’autre,& particulièrement ceux qui forment l’empau-
mure, c’eft-à-dire, andouillers de chaque côté à l’em-
:paumure,celafe dit porter dauie, parce que l’on compte
de cette façon ; Fandouiller qui croît le plus près des
meules, fe nomme premier andouiller, celui qui fuit fur-
'andouiller, & celui d’après chtvillurc, or il eft à préfumer
que tous les cerfs doivent avoir ces trois andouil-
* M. de Buffôfi n’a point mangé de la chair du cerf dans la
faifon qu’elle eft bonne, puifqu'il la trouve d’un goût defagréa-
fcle & fort ; il eft vrai qu'elle eft telle dans le tems du rut, mais
quand il eft paffé , & que les cerfs font refaits & rétablis, elle
•eft très - bonne à manger, quand on fait bien l’accommoder.
Elle étoit fi peu mauvaife , qu’anciennement on pôrtoit à la
bouche du roi les petits filets, la langue, le mufle & les oreilles
: j’ai encore vu de mon tems y porter les petits filets & la
langue ; on s’eft relâché fur cela , ils n’ont pôinc été redemandés,
& on ne les y a plus portés ; on lesporcoit à la bouche juf-
tju’à ce que les cerfs fuflenc en rut, pour-lors on ceffoit jufqu’à
la S. Hubert qu’on les reportoit. J’ai vu auffi porter quelquefois
la hampe du cerf, qui eft la poitrine, à la bouche de fa
majefté qui les demandoit. Le roi mange a&uellement les din-
f iers > Sc même dans le tems du rut par régal. Depuis qu’on ne
porre plus à la bouche les petits filets & la langue, ces morceaux
font pris par ceux à qui l'aflemblée en pain, vin & viande
tombe les jours que l’on chaffe, Toit valets de limiers ou valets
rie chiens.
lers le long au fnérain,que tous les andouillers qui font.
au-deffus doivent être compris de l’empaumure, ainfi
ayant trois andouillers le long du merain , ■ & trois à
l’empaumure, cela fait fix , autant de i ’autre côté,
fait douze , qu’on dit que lexerf qui ace même nombre
doit porter,& s’il n’y avoit que deux andouillers à
l’empaumure d’un côté & trois de l’autre,on ditporut
dou^e mal femee : quand un cerf n’auroit qu’un pre-.
mier andouiller, .point de fur-andoiriller, ni de che-
viilure , 6c qu’il auroit trois andouillers à l’empair-
mure de chaque côté , on doit toujours dire porter
donçe, comme je l’ai déjà dit, qu’il n’y à que les an*
douillers de l’empaumure que l’on compte en fuppo-
fant toujours les andouillers au-deffous, qu’ils y foient
ou non ; un cerf qui a les trois premiers andouillers*
& qui n’en a point à l’empaumure, il eft dit potut
huit ; s’il y a un andouiller .à l’empaumure * fi petit
quji|puiffe être, pourvu qu’il déborde le marain à y
accrocher la bouteille , on le compte, 6c on dit per-
itr dix ; s’il y en a autant dè l’autre côté * s’il n’y en
a qu’un d’un côté & point de l’autre * il eft dit portier
dix malJemée ; ainfi du plus grand nombre comme
celui-ci, p. /-43.
L’extrémité inférieure de chaque perche eft en tou*
rée d’un-rebord en forme d’anneau * que l’on nomme
la meule : ce rebord eft parfemé de tubercules appelles
pierrures , & il y a lur les perches ou mérain,
6c fur la partie inférieure des andouillers d’autrestu-
bercules plus petits appelles perlures : ceux-ci font
féparés les uns des autres dans quelques endroits par
des filions qui s’étendent le long du merain 6c des an-*
douillers , 6c que l’on nomme gouttière : à mefure que
le cerf avance en âge le bois eft plus haut, plus ou*
vert, c’eft-à-dire, que les perches font plus éloignées
l’une de l’autre ; le merain eft plus gros , les
andouillers font plus longs, plus gros 6c plus nombreux
, les meules plus larges , les pierrures plus
groffes, & les gouttières plus grandes. Cependant à
tout âge il arrive dans ces parties des variétés qui dépendent
de la qualité des nourritures 6c de la tempé*
rature de l’air»
Lorfque le bôis eft tombé * la fade fupérieure des
prolongemens de l’os du front refte à découvert (en
terme de vénerie il fe nomme pivot ) ; mais bientôt le
périofte & les tégumens qui embraffent chaque pivot
en l’entourant s’alongent, leurs bords fe réuni!*
fent fur la face fupérieure, 6c forment fur cette face
une maffe qui a une confiftance molle, parce qu’elle
contient beaucoup de fang, 6c qui eft revêtue de poils
courts à-peu-près de la même couleur que celui de
la tête de l ’animal : cette maffe fe prolonge en-haut,
comme le jet d’un arbre devient la" perche du bois ,
6c pouffe à mefure qu’elle s’élève des branches latérales
qui font les andouillers. Ce nouveau bois ,
qu’on appelle un refrais , eft de confiftance molle
dans le commencement de fôn accroiffement: la réaction
qui fe fait contre les pivots,forme les meules par
la portion de matière qui déborde autour de l’extrémité
inférieure de chaque perche. Le bois a une forte
d’écorce qui eft une continuation des tégumens de la
tête; cette écorce ou cette peau eft velue, & renferme
des vaiffeaux fanguins, qui fourniffent à l’accroif-
fement du bois; ils rampent 6c fe ramifient le long du
merain 6c des andouillers.
Les troncs 6c les principales branches de ces vaiffeaux
y creufent des imprelïions en forme de filions
longitudinaux, qui font les gouttières. Les petites
branches & leurs ramifications tracent d’autres filions
plus petits , qui laiffent entr’eux fur la furface du bois
des tubercules , des pierrures & des perlures ; ces
tubercules font d’autant plus larges 6c plus élevés
que les vaiffeaux entre lelquels ils fe trouvent, font
plus gros , & par confisquent plus éloignés les uns
des autres à l’extrémité du mérain 6c des andouillers,
les ramifications font très-petites ; il n’y a point de
perlures, ou elles feroient fi petites, qu’elles fe détrui-
roient par le moindre frottement. La fubftarice du
nouveau bois de cerf fe durcit par le bas, tandis que
la partie fupérieure eft encore tuméfiée & molle ;
mais lorfqu’il a pris tout fon accroiffement, l’extré-
mite acquiert de la folidité, alors il eft formé en entier,
quoiqu’il ne foit pas auffi compaft qu’il le devient
dans la fuite ; la peau dont il eft revêtu fe durcit
comme un cu ir, elle fe deffeche en peu de tems,
& tombe par lambeaux, dont le cerf accéléré la
chute en frottant fon bois contre les arbres.
. Il y a au-deffus de l ’angle antérieur de chaque oeil
du cerf une cavité dont la profondeur eft de plus d’un
pouce : elle s’ouvre au-dehors par une fente large
d’environ deux lignes du côté de l’oe il, 6c longue
dun pouce, elle eft dirigée en ligne droite du côté
de la commiffure des levres ; cette cavité a, pour l’ordinaire
,u n pouce de longueur, 6c environ huit lignes
de largeur dans le milieu : la membrane qui la
tapiffe , eft pliffee dans le fond & très-mince ; elle
renferme une forte de fédiment de couleur noire,de
fubftarice graffe, tendre & légère ; on donne à ces
cavités le nom de larmiers, & à la matière qu’ellës
contiennent celui de larmes, ou de be^oard de cerf;
mais le premier fembleroit être plus convenable que
’ l’autre.'Ces cavités font dans tous les cerfs & dans
toutes les biches ; mais on ne les trouve pas toujours
pleines de matière épaiffie ; fouvent il n’y en a
qu’une petite quantité, & fa confiftance eft très-
molle.
Le cerf a de chaque côté du chanfrein, près de la
fente dont il vient d’être fait mention, le poil dif-
pofé en épi, comme celui qui eft fur le fr-ont du
cheval,
II fe trouve fur la face extérieure de la partie fu-
perieure du canon des jambes de derrière, un petit
bouquet 3e poil auquel on a donné le nom de broffe ,
parce qu’il eft un peu plus ferré & un peu plus long
que celui du refte du canon.
I Le faon en naiffant eft moucheté, il perd fa livrée
à l’âge d’environ neuf mois.
Le coeur du cerf eft fitué comme celui du boeuf ;
il a auffi deux os femblables à ceux du coeur du boeuf
par leur pofition & leur figure ; la biche a un os dans
le coeur, mais à proportion beaucoup plus petit que
dans le cerf. En terme de vénerie on nomme l ’os du
coeur du cerf croix de cerf.
Les tefticules des cerfs font pofés dans le milieu
du ferotum , l’-un en avant, & l’autre en arriéré ;
dans quelques fujets, le tefticule droit fe trou voit en
avant ; dans d’autres c’étoit le gauche ; dans tous ,
les deux tefticules fetouchoient parle côté intérieur,
& ils adheroient l’un à l’autre par un tiffu cellulaire
affez lâche , pour qu’on pût le remettre l’un à côté
de l’autre, mais dès qu’on donnoit quelque mouvement
au ferotum ou aux cuiffes de l’animal, on re-
trouvoit les tefticules dans leur première fituation.
En terme de vénerie, on nomme les tefticules daintiers.
La biche a deux mamelles comme la vache, & chaque
mamelle a deux mamelons.
Les dents incifives du cerf font au nombre de huit
à la mâchoire inférieure.
Le cerf & la biche ont de plus que le taureau deux
crochets dans la mâchoire fupérieure,un de chaque
.cote ; ils ont rapport par leur-pofition aux dents canines,
& ils leur reffemblent encore par leur racine,
mais au-lieu d’être pointus, ils font arrondis à leur
.extrémité, & ils font liffes ; quand il y a une ef-
pece de larme noire dans le blanc liffe de la dent,
elles font belles , & on les fait monter en bague , fa
majefté 6c le grand veneur prennent fouvent les plus
belles.
Il y a fix dents mâchelieres de chaque cô té de chacune
des mâchoires : ces dents reffemblent à celle du
taureau par leur pofition & leur figure, comme par
leur nombre.
Le bcqoard de ctrf II eft de figure ovoïde aplatie^
& de couleur jaunâtre au-dehors, & blanches au-de-
dans ; il a deux pouces une ligne de longueur , un
pouce dix lignes de largeur, & quinze lignes d’épaif-
f e » ; fa furface ell lifle & polie, il pefe trois onces
cinq gros & demi.
Le bézoard, pierre précieufe, qui naît dans l’ef-
tomac d’un animal des Indes. Il s’en trouve auffi dans
l’eftomaè de quelques boeufs & de quelques cerfs.
Il y a en Guinée une efpece de petits cerfs qui pa-
roît confinée dans certaines provinces de l’Afrique ,
des Indes orientales ; l’on en avoit apporté un mâle
6c une femelle à M. de Machault, pour lors miniftre
de la marine; le mâle mourut dans le voyage, & la
femelle arriva en bon état ; j’ai été la voir à l’hôtel
du miniftre à Compiegne, elle étoit en liberté, &
mangeoit pour lors des feuilles de laitue ; elle étoit
formée dans toutes les parties de fon corps confine
les biches de ce pays-ci, mais elle n’étoit pas plus
groffe qu’un chat de la moyenne efpece ; elle n’a-
voit pas un pie de haut, par le volume à-peu-près
elle ne devoit pas pefer cinq livres ; elle étoit lefte
autant que par proportion de fa taille elle devoit
l’être.
Grand - veneur , M. Langlois , procureur du roi
en la varenne du Louvre , fiege de la grande-vénerie,
a donné un petit traité dont nous allons don-»
ner un précis.
L’office de grand-veneur eft ancien, mais le titre
n eft que du tems de Charles VI. Il y avoit auparavant
un maître-veneur; Geoffroy eu le veneur qui
foit connu (fous le régné de S. Louis len 1 13 1. Plu-
fiéurs de fes fucceffeurs eurent la même qualité jointe
à celles de maître ou enquêteur des eaux & forêts.
Le grand-veneur étoit autrefois appelle le grand-
forejlier.
Quand ils perdirent cette qualité, ils eurent celle
de maître-veneur & gouverneur de la vénerie du
roi. :
Louis d’Orguin fut établi le 30 O&obre 1413 ;
grand-veneur & gouverneur de la vénerie, fous le
régné de Charles VI.
Jean de Berghes ,fieur de Cahen & de Marguillier
en Artois, fut le premier qui fut honoré du titre de
grand-veneur de France par lettres du zJuin 1418. M.
de Gamache a été grand-veneur fous le même régné.
L’école de la chaffe par M. Leverrier de la Conte-
rie \p. 8. p. 80.
Il n eft plus, mention du nom des grands-veneurs '
depuis Charles- VI. jufqu’aux régnés d’Henri iv !
qu’on nomme ceux-, qui l’ont été , Louis XIII. Louis
XIV. & Louis X V .
Salnove nomme M. le prince Guimené & M. le
duc de Montbazon , grands-veneurs feus Henri IV &
Louis XIII.
Dans le nouveau traité de vénerie par M. de la
Brifïardiere, dans fon inftruâion à la venerie du roi
page 20. dit que fous le régné d’Henri le grand, le
duc d’Aumale étoit grand-veneur ; .après lui, le duc
d’Elboeuf fut revêtu de cette charge : & depuis le régné
de Louis Xtll. on a vu la charge de grandrveneur
exercée fucceffivement par M. le prince de Condé,
M. le duc de Montbazon, M. le prince de Guimené,
M. le chevalier de Rohan. i
J’ai lu dans un endroit, fans pouvoir me fouvenir
dans quel auteur, que M. de Saucourt avoit été grand-
veneur, apparemment entre M. le chevalier de Rohan
& M. le duc de la Rochefoucault.
A la mort.de M. le duc de la Rochefoucault, M;
le comte deXouloufe en a exercé la charge; à fi1 mort,