Or comment cela fe peut-il concevoir? Il faudroit
dire que différens tourbillons puffent s’entrelacer &
fe croifer ; ce qui ne fauroit fe foutenir.
xc. En accordant que différens tourbillons font contenus
dans le même efpace, qu’ils fe pénètrent l’un
l’autre , & au’ils font leur révolution avec des mou-
vemens differens ; puifque ces mouvemens doivent
être conformes à ceux des corps céleftes qui font parfaitement
réguliers, & qui fe font dans des feélions
coniques ; on peut demander comment ils auroient pu
fe conferver n long-tems fans aucune altération, fans
aucun trouble par les chocs Sc les aftions contraires
de la matière qu’ils ont perpétuellement rencontrée.
3°. Le nombre des cometes eft fort grand, & leur
ihouvement parfaitement régulier ; elles obfervent
les mêmes lois que les planètes , & elles fe meuvent
dans des orbites elliptiques qui font exceffivement
excentriques ; ainfi elles parcourent les deux dans
tous les fens, traverfant librement les régions planétaires
, & prenant fort fouvent un cours oppofé à
l’ordre des lignes ; ce qui feroit impolïible, s’il y
avoit des tourbillons,
' 40. Si les planètes étoient mues autour du foleil
dans des tourbillons , nous avons déjà obfervé que
les parties des tourbillons voifines des planètes fe*
roient auffi denfes que les planètes elles-mêmes ; par
conféquent la matière du tourbillon, contiguë à la
circonférence de l’orbite de la terre, feroit auffi denfe
que la terre même : pareillement la matière contenue
entre les orbites de la T erre & de Saturne feroit
moins denfe. Car un tourbillon ne fauroit le foutenir,
à-moins que les parties les moins denfes ne foient
au centre , & que les plus denfes ne foient à- l à, circonférence
; de plus, puifque les tems périodiques
des planètes font entr’eux comme les racines quar-
rées des cubes de leurs diftances au foleil, les vîteffes
du tourbillon doivent être dans ce même rapport ;
d’où il fuit que les forces centrifuges de ces parties
feront réciproquement comme les quarrés des diftances.
Ainfi les parties qui feront à une plus grande
diftânee du centre , tendront à s’en éloigner avec
moins de force ; c’eft pourqüoi ,fi elles étoient moins
denfes , elles devroient céder à la plus grande force,
avec laquelle les parties plus voilines du centre tendent
à s’élever ; ainli les plus denfes s’éleveroient &
lesmoinsdenfes defeendroient; ce qui occalionneroit
un changement de place dans la matière d es tourbillons.
La plus grande partie dii tourbillon, hors de l’orbite
de la terre, auroit donc un degré de denlité auffi
confidérable que celui de la terre même. Il faudroit
donc que les cometes y éprouvaient une fort grande
réfiftance, ce qui eft contraire aux phénomènes.
Cotef. protf. ad Newt. princip. Voyez COMETE , RÉSISTANCE,
& c .
M. Newton obferve encore que la doûrine des
tourbillons eft fujette à un grand nombre d’autres
difficultés : car afin qu’une planete décrive des aires
proportionnelles aux tems , il faut que les tems périodiques
du tourbillon foient en raiibn doublée des
diftances au foleil ; & pour que le tems périodique
des planètes foit en raifon fefquiplée de leurs diftances
au foleil, il eft nécelfaire que les tems périodiques
des parties du tourbillon loient dans ce même
rapport ; & enfin pour que les petits tourbillons autour
de Jupiter , de Saturne % des autres planetès
puiffent fe conferver , & nager en toute fûreté dans
le tourbillon du foleil ; les tems périodiques des parties
du tourbillon du foleil devroient être égaux : aucun
de ces rapports n’a lieu dans les révolutions du
foleil & des planètes autour de leur axe. Phil. natur.
vrinc. matk.fckol. gen. à la fin.
Outre cela les plânetes dans cette hypothefe étant
emportées autour du foleil dans des orbites elliptiques
, Sc ayant le foleil au foyer de chaque figure, fi
l’on imagine des lignes tirées de ces pîaftétes au fijj
le il, elles décrivent toujours des aires proportion*
nelles aux tems de leurs révolutions : or M. Newton
fait voir que les parties d’un tourbillon ne fauroient
produire cet effet. Scol.prop. ult. lib. II. princip.
Le même M. Newton a fait encore d’autres objections
contre la formation des tourbillons en elle*
même. Si le monde eft rempli de tourbillons, ces
tourbillons doivent néceffairement former des vuides
entr’eux , puifque des corps ronds qui fe couchent
laiffent toujours des vuides. Or les parties d’un fluide
ôc de . tout corps qui le meut èn rond , tendent fans
ceffe à s’échapper , 8c s’échappent en effet dès que
rien ne les en empêche. Donc les particules du tourbillon
qui répondent à ces vuides , doivent s’échap*
per 8c le tourbillon le difliper. On dira peut-être, 8c
c’eft en effet le réfuge de quelques cartéliens, que
ces vuides font remplis de matière qui s’oppofe à la
diffipation des particules du tourbillon ; mais cette
matière qui n’a point de force par elle-même , ne
peut empêcher les particules de s’échapper dans les
principes de Defcartes , autrement il faudroit dire
que le mouvement eft impoflible dans le plein ; 8c
c’eft de quoi les Cartéfiens font bien éloignés. Par
conféquent fi on admettoit le fyltème des tourbillons,
il faudroit les réduire à un feul tourbillon infini en
tout fens ; c’eft ce que les partifans des tourbillons
n’admettront pas.
De plus , en fuppofant qu’ il n’y eût qu’un feul'
tourbillon, il faut néceffairement que fes couches
obfervent une certaine loi dans leurs mouvemens'.
Car fuppofons trois, couches voilines , dont la première
, c’eft - à - dire la plus proche du centre , fe
meuve plus promptement, 8c les deux autres plus
lentement, à proportion qu’elles ont un plus grand
rayon : il eft certain que le frottement de la première
couche contre la fécondé tend à accélérer
cette fécondé couche, & que le frottement de la
troifieme couche contre cette même fécondé couche
tend au contraire à la retarder ; ainfi pour que la
fécondé couche conferve fa vîteffe , 8c ait un mouvement
permanent 8c invariable, il faut que les deux
frottemens qui tendent à produire des effets contraires
foient égaux. Or M. Newton trouve que pour
cela il faut que les vîteffes des couches du tourbillon
fuivent une certaine loi, qui n’eft point du tout celle
du mouvement des pla'netes.
De plus, M. Newton fuppofe dans cette démonftra*
tion, qu’il y ait au centre du tourbillon un globe qui
tourne fur l'on axe, 8c il trouve qu’il faudroit continuellement
rendre à ce globe une partie de fon mouvement
pour empêcher que fa rotation ne ceffât. II
n’y auroit qu’un feul cas oit le fluide mû en tourbillon
8c la rotation du globe pourroient fe conferver,
fans l’a&ion continuelle d’une force confervatrice :
ce feroit celui où le globe 8c les couches du tourbillon
feroient leurs révolutions enmême-tems, comme
fi elles ne faifoient qu’un corps folide. Ainfi les planètes
devroient faire toutes leurs révolutions dans
le même tems ; ce qui eft fort éloigné de la vérité.
La rotation des planètes autour de leurs axes eft
encore un phénomène inexplicable par les tourbillons
: dès la naiffance , pour ainfi dire , dû Cartéfia-
nifrne, on a fait voir que dans le fyftème des tourbillons
les planètes devroient tourner fur leurs axes
d’orient en occident. Car la matière qui frappe l’hé-
mifphere inférieur , ayant plus de vîtèffe que celle
qui frappe l’hémifpherefupérieur, elle doit faire avancer
l’hémifphere inférieur plus que l’hémifphere fupe*
rieur,cequine peutfefaire fans que la planete tourne.
Repréfentez-vous un bâton iïtué verticalement,
que l’on pouffe d’occident en orient par en-bas avec
plus de force que par en-haut ; il faute aux yeux que
ce bâton tournera par fa partie inférieure d’occident
en
en orient , & par fa partie fupérieure d’orient en
occident. C’eft le contraire de ce qui arrive aux planètes
, & c’eft encore une difficulté qui eft jufqu’à
préfent demeurée fans réponfe.
^ De plus , M. Keil p rouve, dans fon examen de la
théorie de Burnet, d’après Iejhol. qui eft à la fin du
fécond livre des principes de Newton , que fi la terre
étoit emportée dans un tourbillon, elle iroit plus vîte
dans le rapport de 3 à x , quand elle eft au ligne de
la Vierge , que quand elle eft à celui des poiffons ;
ce qui eft contraire à toutes les obfervations. Cham-
bers. •
Enfin on pourroit encore, félon M. Formey, faire
des objections très-folides contre la divifion 8c le
mouvement de la matière dans les principes de Defcartes.
Pour ce qui regarde la divifion, on ne peut la
concevoir qu’en deux maniérés , ou bien en imaginant
entre le$ parties divifées des intervalles vuides
, ou bien en concevant ces intervalles remplis
de quelques corps ou de quelque matière d’une nature
différente de celle des parties. C’eft ainfi que,
quoique tout foit plein dans le monde , nous concevons
quatre dés approchés les uns contre les autres
comme quatre corps cubiques diftingués, parce que,
quoiqu’il n’y ait point de vuide entr’eu x , on y ap-
perçoit cependant un petit intervalle rempli d’air ,
qui empêche de les concevoir comme un feul corps.
Mais , félon les principes du Cartéfianifme , on ne
peut concevoir la chofe ni en l’une ni en l’autre maniéré
: car on ne peut pas fuppofer de vuide entre
les parties divifées, puifque le vuide dans ce fyftème
eft impoflible. On n’y peut pas concevoir non plus
de corps de différente nature , puifque la différence
des corps, félon l’auteur du fyftème , n’exifte
qu’après l’agitation 8c le mouvement de la matière :
cette divifion eft donc une chimere. Pour ce qui eft
du mouvement, c’eft bien pis encore ; car le moyen
de concevoir que toutes ces parties cubiques, lef-
quélles font toutes dures, impénétrables & incapables
de compreflion , puiffent tourner fur leur centre de
maniéré à fe çaffer fans qu’il n’y ait déjà ou qu’il ne
fe faffe quelque vuide.. Car la petiteffe ne fait.rien
i c i , puifque quelque petites qu’elles foien t, elles •
font dures, impénétrables , 8c concourent toutes en-
femble à réfifter au mouvement de chacune en particulier.
A ces difficultés générales , on en joint de
particulières, qui prouvent que tout ce que nous dé'-
couvrons dans la lumière 8c dans la ftruCture de
la terre , eft incompatible avec l’archite&ure carté-
ficnne.
Nous répondons ici en peu de mots à une objection
des cartéfiens. Les furfaces concentriques du tour*
billon, difent-ils, font comme les quarrés des diftances
; les forces centrifuges doivent être en raifon in-
verfe de ces furfaces, afin que les furfaces foient en
équilibre , ainfi les forces centrifuges doivent être
en raifon inverfe des quarrés des diftances, & les
vîteffes en raifon inverfe des racines quarrées ; ce
qui eft la loi de Kepler. A cela on répond ï° . que ce
prétendu équilibre des furfaces , en vertu de leurs
forces centrifuges, eft une chimere , parce qu’il n’y
a point d’équilibre entre des forces confpirantes ;
a0, que par les lois de l’hydroftatique, les grandeurs
des furfaces ne devroient entrer pour rien dans cet
équilibre; 3°. que quand on expliqueroit par-là une
des lois de Kepler fur les vîteffes des différentes planètes
, on n’expliqueroit pas l’autre, favoir que la
vitefie d’une même planete aphélie 8c périhélie eft
en raifon inverfe de la diftance, 8c non de fa racine.
Le P. Malebranche avoit imaginé de petits tourbillons
, à l’imitation de ceux de Defcartes. Ges petits
tourbillons, par les moyens defquels il prétendoit expliquer
la lumière , les couleurs, l’élafticité, &c. ont
fait pendant quelque tems une grande fortune : mais
Tome X V I, 0
ils font prefqtie oubliés aujourd’hui. En effet fi les
grands tourbillons font une chimere , comme On ne
peut en douter, c’eft déjà un grand préjugé contre
les petits. D ’ailleurs on peut faire contre l’exiftence
de tous ces tourbillons cette objeCtion générale ÖC
bien fimple , à laquelle on ne répondra jamais ; c’eft
que leurs parties ayant une force centrifuge, s’échap*
peront néceffairement par les vuides que ces tourbillons
laifferont entr’eux. L’exiftence fuppofée de ces
petits corps en annonce la ruine. (O)
T ourbillo n, ( Artificier. ) c’eft un artifice com-
pofé de deux fùfées directement oppofées 8c attachées
fur les tenons d’un tourniquet de bois, comme
ceux que les anciens appelaient bâton à feu , avec
cette différence qu’on met le feu aux bouts par le côté
8c non fuivant l’axe. Cet artifice produit l’effet
d’une girandole.
TOU RD , f. m. (Hifi. nat. Ichthiolog.) turdus, poif-
fon de mèr.Rondelet en décrit douze efpecesqui ne
different les unes des. autres que par les couleurs ;
elles font brillantes dans prefque tous ces poiflons.
Les principales efpeces ont des noms particuliers.
Voyez G ai an , Menetrier , V ie l le , Pa o n , T an*
CHE DE MER, &c. Rondelet, hiß. nat. despoißons y
J, part. liv.Vl. ch. vj. Voyez POISSON.
TOURD , voyez LlTORNE.
TOURDELLE, voyez Gr iv e .
TOURDILLE, ( Maréchal.') efpece de'poil gris.'
TOURELÉ, ( Antiq.) c’eft-à-dire chargé Ou garni
de tours ; c’eft ce qu’on appelle baflillé en terme
de blafon. C yb e le, la déeffe de la terre, 8c tous les
génies particuliers des provinces 8c des villes portent
des couronnes tourelées. (D . J .)
TOURELLE, f. f. ( Archit.) petite tour ronde
ou quarrée portée par encorbellement ou fur un cul-
de-lampe , comme on en voit à quelques encoignures
de maifons à Paris.
Tourelle de dôoie, efpece de lanterne ronde ou à
pans qüi porte fur le maffif du plan d’un dôme, pour
l’accompagner & pour couvrir quelque efcalier à-vis.
Il y a de ces tourelles aux dômes duYal-de-grace & dè
la: Sorbonne à Paris. (D . J .)
T ourelle, ( Orgue. ) c’ eft ainfi que l’on appelle
dans un buffet d’orgue les parties Caillantes arrondies
compofées de plufieurs tuyaux, qui font comme autant
de colonnes dont la tourelle eft compofée. Voyez
la PI. I. <Torgue.
TOURER, v. aCt. en terme de Pdtißerie. c’eft plier
8c replier la pâte plufieurs fois fur elle-même 8c l’a-
baiffer fur un tour à chaque fois avec le rouleau-pour
la feuilleter. Voyez T our & A baisser.
T O U R E T , voyez Mauv is.
T o u r e t , f. m. ( terme d'ouvrier. ) petit tour ou
roue qui fe meut très-vite par le moyen d’une grande
ro.ue qui fe tourne avec une manivelle. Les Taillandiers
le fervent de ces tourets pour éguifer leurs fer-r
remens , les Cordiers pour faire du bitord , &0.
( D .J . )
T o u r e t , ( terme de Balancier.) les Ware« font
deux fortes de petits anneaux que les faifeurs de balances
mettent aux gardes du pezon. ( D . J . )
T o u r e t , (-terme de Batelier-, ) c’eft une cheville
qui eft fur la nage d’un bachot, & où l’on met l’anneau
de l’aviron lorfqù’on rame. ( D . J . )
T o u r e t , ( Inßrument de Cordier.) eft un tambour
de bois qui eft terminé à chaque extrémité par deux
planches affemblées en croix , & qui eft traverfé par
un effieude fer. Cet infiniment fert à dévider le fil ;
ainfi les tourets font de groffes bobines. Voyez les P l.
de la corderie.
Pour pouvoir fe fervir des tourets, c’eft-à-dire ,
pour dévider le fil , ou pour l’en tirer afin de l’employer,
on les pofe fur des fupports que l’on place
aux extrémités de la filerie. Ces fupports font quelr
O 00