
39« TOM
de to m b a c ; a'mfi i l eft à propos de rajouter à chaque
liv re de cet alliage deux onces de zinc & un gros de
limaille de fer , chaque fois qu’on fait fondre ; il fera
aufli très-bon d’y joindre en même tems de la poix
o u du fuif. (—)
T om ba c blanc , (Métallurgie. ) c’eft le nom
qu ’on donne quelquefois à une compofition métallique
blanche, & qui par fa couleur a quelque ref-
iemblance av e c l ’a rgent, c ’eft du cuivre blanchi par
l ’arfenic.
O n trouve plusieurs maniérés de faire cette composition.
Vo ic i celle que donne Stahl dans fon I n t r o d u c t
i o n à l a C h im i e . Faites fondre quatre onces de cuivre,
auquel vous joindrez enfuite une demi-once d ’arfenic
fixe par le nitre , & qui fera empâté dans de la terre
grade hume&ée par de l’eau de ch a u x , dont on aura
forme une ou deux boules. Laiffez le tout en fufion
environ pendant un quart d’heure. Prenez bien garde
qu ’il ne tombe point de charbons dans le creufet. Au
bout de ce tem s , vuidez le c r eu fe t, & examinez la
couleur que cette compofition tracera fur une pierre
de touche : & v o y e z fi elle fouffre le marteau. Si elle
n’avoit point de dudilité convenable , il faudroit la
remettre en fufion pendant quelque tems av e c du
verre pilé , ou av ec un peu de nitre. Si on joint à
cette compofition la moitié ou le tiers d’arg en t, fa
cou leu r blanche ne s’altérera point.
A u t r e m a n i é r é . Prenez une demi-livre de lames de
cu iv re. P lu s , prenez de fel ammoniac, de nitre & de
tartre de chacun une d emi-once, de mercure fublimé
deux gros. Stratifiez ces fubftances dans un c reu fe t,
& faites fondre le mélange à un feu très-fort. Ré ité rez
la même opération à plufieurs reprifes , à la fin
le cuivre deviendra blanc comme de l’argent.
A u t r e . Prenez d’arfenic blanc une demi-livre ; de
n itre & de fe l ammoniac, de chacun quatre onces ;
de borax & de fiel de verre , de chacun deux onces.
Réduifez le tout en poudre. O n prendra une once
de ce mélange , que l’on joindra av ec quatre onces
de cu iv r e , av ec lequel on le fera fondre ce qui le
rendra blanc.
A u t r e . Prenez d’arfenic b la n c , de mercure fublimé
& d’arg en t, de chacun une once. O n fera diflou-
dre chacune de ces fubftances féparément dans de
l’ eau-forte ; après q u o i, on mêlera enfemble toutes
ces diflolutions ; on enlevera par la diftillation le fu-
perflu de la d iflo lution, jufqu’à ce que ce qui refte
devienne trouble ; alors on y mettra de l’huile de
tartre par défaillance jufqu’à faturation, il fe fera
un précipité que l’on féchera. O n prendra une once
de cë pré cipité , que l’on fera fondre avec une liv re
d e cuivre qui en deviendra d’un très-beau blanc.
A u t r e . Mettez dans un creufet une once d’arfenic
b lanc, deux onces de fel marin, deux onces de nitre,
une once de potaffe, on mêlera bien toutes ces fubftances
; après q u o i, on mettra le creufet dans le feu
fous une cheminée qui attire bien ; on l’y laiffera jufqu’à
ce qu’il n’ en parte plus de vapeurs qui font très-
dangereufes. O n prendra une once de cette matière
qui fera reftée dans le c reu fe t, que l’on joindra av e c
quatre onces de lames de cuivre coupées par petits
morceaux, & que l’on aura fait fondre dans un autre
creufet ; on remuera bien le t o u t , & l’on y ajoutera
d eu x onces de cuivre jaune réduit en lames très-
minces on remuera de n o uv e au , & lorfque tout
fera parfaitement entré en fu fion, o n mettra dans le
c reu let deux onces d’argent fin. Lo rfque tout fera
fo n d u , o n remuera encore av ec une v erge de fer
bien é ch au ffé e , & T on vuidera le creufet dans une
lingotiere. L ’on au ra par ce moyen une compofition
métallique très-malléable, & qui reffemblera beaucou
p à de l’argent.
A u t r e . Faites fondre dans un creufet deux onces
d’argent ; lorfqu’il fera parfaitement fo n d u, joignez-
TOM
y quatre onces de cuivre jaune qui a été rougi &
éteint deux ou trois fois dans de fort vinaigre. Faites
fondre le tout de nouveau , alors joignez-y de fel
marin décrépité, de b o ra x , de nitre & d’arfenic blanc
de chacun une demi-once. Faites fondre de nouveau
le tout pendant une heure , & alors vous vuiderez
votre creufet. (—)
T O M B E , T O M B E A U , ( S y n o n . to m b e & to m b
e a u , fur-tout to m b e , font plus ufites en vers qu’en
profe dans le fens figuré.
M a f i a m m e p a r H e c t o r f u t j a d i s a l l u m é e ,
A v e c l u i d a n s l a tombe e l l e s ' e j t e n f e rm é e .
Rac. A n d r .
E h , q u ' o n t f a i t t a n t d ' a u t e u r s p o u r r e m u e r l e u r c e n d
r e !
L e tombeau c o n t r e v o u s n e p e u t - i l l e s d é f e n d r e ?
De fp ré au x , f a t . i x i
O n dit noblement en poéfie , la n u i t d u t o m b e a u ,
les h o r r e u r s d u t o m b e a u , pour fignifier la m o r t ; to m b
e a u fe dit admirablement en profe des chofes qui
font perdre la mémoire d’un autre objet, des chofes
qui en font la d e ft ru d io n , & q u i, pour parler ainfi,
Tenfeveliffent. L ’abfence eft le t o m b e a u de l’amour.
O n regarde ordinairement le mariage comme le to m b
e a u des foupirs. L ’ordonnance de 1536 , dit M. le
M a ît r e , tira du to m b e a u l’autorité paternelle enfe-
v elie fous les v ic e s & les débordemens du fiecle.
T ombe , f. f. ( A r c h i t .) mot dérivé du g rec tu m b o s 9
fepulcre. C ’eft une dale de pierre ou tranche de marbre
, dont on couvre une fépu ltu re , & qui fert de
pa vé dans une églife ou dans un cloître. ( D . J . ' )
T O M B E A U , f. m. ( A n t i q . ) partie principale d’un
monument funéraire o ii repofe le cadavre. C ’eft ce
que les anciens nommoient a r e a , & qu’ils fàifoient
de terre cu ite , de pierre ou de m arbre, creufé au ci-
feau quarrément ou à fond de c u v e , & cou v ert de
dales de pierre ou de tranches de ma rb re , av ec des
bas-reliefs & des inferiptions. Il y avo it aufli des
t o m b e a u x faits d ’une efpece de p ie r re , qui confumoit
les corps en peu de tems. On les appelloit f a r c o -
p h a g e s , mange - chair , d’oîi eft venu le nom de c e rc
u e i l .
T ombeau , ( A n t i q . r o m . ') fépulcre plus ou moins
magnifique, où Ton met le corps des princes , des
grands ou des riches après leur mort.
Les rois d’Egypte pour fe confoler de leur mortalité
, fe bâtifl’oient des maifons éternelles, qui dév
oient leur fervir de t o m b e a u x après la mo rt; voilà
l’origine de leurs obélifques & de leurs fuperbes p y ramides.
Les Romains avoient trois fortes de t o m b e a u x
f e p u l c h r u m , m o n u m e n t u m & c e n o t a p h i u m .
S e p u l c h r u m étoit le t o m b e a u ordinaire, où l’on avoit
dépofé le corps entier du défunt. V o y e ^ S e p u l -
CHRVM & SÉPULCRE.
L e monument, m o n u m e n t u m , offroit aux y e u x
quelque chofe de plus magnifique que le fimple fépulcre
; c’étoit l’édifice conftruit pour conferver la
mémoire d’une pe rfonne , fans aucune folemnité funèbre.
O n pouvo it ériger plufieurs monumens à
l’honneur d’une perfonne ; mais on ne pouvo it avoir
qu’un feul t o m b e a u . Gruter a rapporté l’infcription
d’un monument élevé en l’honneur de D ru fu s , qui
nous inftruit en même tems des fêtes que l’on faifoit
chaque année fur ces fortes de monumens.
Lorfqu’après avo ir conftruit un t o m b e a u , on y
célébroit les funérailles av ec tout l’appareil ordinair
e , fans mettre néanmoins le corps du mort dans ce
t o m b e a u , on l’appelloit c e n o t a p h i u m , cénotaphe ,
c’eft-à-dire t o m b e a u v u i d e . L ’idée des cénotaphes vint
de l’opinion des Romains, qui c roy oien t que les
âmes de c eu x dont les corps n’étoient point enter«
té s, erroient pendant un fiecle le long des fleuves de
l ’en fe r , fans pouvoir pafler dans les champs Elyfées.
H c e c o m n i s q u a n t c e r n i s i n o p s i n h u m a t a q ù e . t u r b a e f l.
O n éle vo it donc un to m b e a u de g a io n , ce qui
s’appelloit in j e c l io gUb<&. Apres c e la , ôn pratiquoit
les mêmes cérémonies que fi le corps eut été préfent.
C ’eft ainfi que V ir g ile , E n é i d e , l i v . V I . fait pafler à
Caron l’aine de Dé ip hobu s , qUoiqu’Enée rte lui eût
drefle qu’un cénotaphe. Suéton e, dans la v i e d e l ' e m p
e r e u r C l a u d e , appelle les cénotaphes, t e s to m b e a u x
h o n o r a i r e s , parce qu’on mettoit defliis ces mots-, 6 b
h o n o r e n t ou m e m o r i â , au-lieu que dans les to m b e a u x
où repofoient les cen dre s , on y gravoit ces lettres
D .M .S .p o u r montrer qu’ils étoient dédiés aux dieux
mânes.
Cependant comme ce rt’étoit point en réalité que
Ton faifoit les funérailles de la perfonne en l ’honneur
d e laquelle ce to m b e a u vuide étoit con ftruit, les Ju-
rifconfultes ont beaucoup difputé, fi le cénotaphe
étoit religieux. Marcian le prétend, Ulpien le n ie; &
tous deux fe fondent fur divers endroits de l’Enéide :
mais il eft ailé de les c o n cilie r , en diftinguant le cé notaphe
confacré dans les fo rmes , de celui qui ne l’a
point été av e c les cérémonies requifes. Virg ile lui-
même a décrit lès cérémonies de cette confécration,
en parlant du cénotaphe éle vé à l’honneur d’H ed o r
fu r le rivage feint du fleuve Simoïs.
S o i e n t n é s t u m f o r t è d a p e s , & t r i f i a d o n a
A n t e u r b em i n l u c o f a l j i S im o e n t i s a d u n d a m
L i b a b a t c i n e r i A n d r o r n a c h e , m a n e f q u e v o c a b a t
H e c l o r e u m a d t u m u l u n i t y v i r i d i q û e m c e f p i t e i n a n e m
E t g e m i n a s , c a u f a m I d c r im i s 9 f a c r a v e r a t a r a s .
O n ne peut pas douter que la confécration rt’ait
été néceflaire pour rendre le cénotaphe religieux,
puifque Ton apprend par plufieurs in lcriptions, que
ceux qui fàifoient conftruire leur to m b e a u pendant
leur v ie , le confacroient dans la penfée qu’il ne pour-
roit pafler pour relig ieu x , fi par quelque avanture
leur corps n’y étoit pas mis après leur mort.
Les gens de nâiflance avoient aufli dans leur palais
des voûtes fépulcrales, où ils mettoient dans différentes
urnes, les cendres de leurs ancêtres. On a
trouvé autrefois à Nifmes une de ces voûtes pavée
de marqueterie, & garnie de niches dans le mur ,le f-
quelles niches contenoient chacune des urnes de verre
remplies de cendres.
La pyramide de Geftius, qui contenoit intérieurement
une chambre admirablement p e in te , n’étoit
que le to m b e a u d’un particulier ; mais il faut confidé-
re r ic i principalement les t o m b e a u x ordinaires de la
nation; •* ;
Il y en avo it de famille, d’autres héréditaires, ô t
d’autres qui n’a yoient aucune deftination. O n trouve
cette différence dans les lois du digefte & du c o d e ,
fous le titre d e r e l i g io j t s y ainfi que dans le r e c u e i l d ' i n f
e r i p t i o n s publiées par les làvans.
_ L e s t o m b e a u x de famille étoient ceux qu’une personne
faifoit faire pour lui & pour fa famille , c’eft-
à-dire pour fes enfans, fes proches pa ren s , & fes
affranchis. Les t o m b e a u x héréditaires étoient ceux
que le teftateur ordonnoit pour lu i , pour fes héritiers
, ou pour ceux qui l’acquereroient par droit
d’héritage.
T out le monde pouvoit fe réfer v e r un t o m b e a u particulier
, où perfonne n’eût été mis. O n pouvo it aufli
defendre par teftament, d’enterrer dans le t o m b e a u t e
famille , aucuns des héritiers de la famille. Pour lors
on gravoit fur le t o m b e a u , les lettres fuivantes : H .
M . H . N . S . h o c m o n u m e n t u m h c e re d e s n o n f e q u i t u r ; ou
ces autres : - H . M . a d H . N . T R A N S . h o c m o n u m e n t
t u m a d h oe r e d e s n o n t r a n j i t , le droit de ce monument
n e luit point Theritier, c’eft-à-dire que les héritiers
ne p o u r r o n t difpofer de l ’endroit où étoit le to n i -
beau, & que ni 1 endroit, ni le tombeau, ne feroient
partie de l’héritage.
On peut voir dans lès anciennes inferiptions fépulcrales,
les précautions que Ton prenoit pour que
les tombeaux fubfiftaflent dans les différens chan<m-
mens de propriétaires. Outre qu’on le gravoit fur la
tombe ; outre les imprécations qu’on faifoit encore
contre ceux qui oferoient violer la volonté du teftateur,
les lois attachoient aux contraventions de très'*
grofles amendes.
En un mot, les tombeaux etoiént dü nombre des
chofes religieufes. Celui, dit Juftinien dans fes infti-
tutes, liv. II. ti't. 1. §• _9'.^qui fait inhumer le corps
d’une perfonne décédée, dans un fonds qui lui appartient
, le rend religieux. On peut même inhumer
tin corps dans le fonds d’aütrui, avec le confentement
du propriétaire ; & s’il arrive qu’il l’oblige dans la
fuite d’enlever ce cadavre, le fonds reftera toujours
religieux, *
Non feulement la place occupée par le tombeau
etoit religieufe, il y avoit encore un efpace aux environs
qui étoit de même religieux, ainfi que le chemin
par lequel on alloit au tombeau. C’eft ce que
nous apprenons d’une infinité d’inferiptions anciennes,
que Gruter , Boiflard, Fàbretï, Reinefius, &
plufieurs autres ont recueillies. On y voit qu’outre
l’efpàce où le tombeau étoit élevé, il y avoit encore
iter, aditus & ambitus, qui étant une dépendance du
tombeau 9 jouifloit du même privilège. S’il arrivoit
que quelqu’un eût ofé emporter quelques-uns des
matériaux d’un tombeau, comme des colonnes ou des
tables de marbre, pour l’employer à des édifices
profanes, la loi les condamnoit à dix livres pefant
d’o r , applicables au tréfor public; & de plus, fon
édifice étoit confifqué de droit au profit du fife. La
loi n’excéptoit que les fépulcres & tombeaux dés ennemis,
parce que les Romains ne les regardoient pas
pour faints ni religieux.
Ilsornoient quelquefois leurs tombeaux te bandelettes
de laine, & de'feftons de fleurs ; mais ils avoient
fur-toüt foin d’y faire graver dès ornemens qui fer-
viflent à les diftinguer, comme des figures d’animaux
, des trophées militaires, des emblèmes cara-
dériftiques, des inftrumens, en un mot, différentes
chofes qui marquaffent le mérite, le rang, ou la pro-
feflion du mbrt.
Dans les tems de corruption, lès particuliers du
plus bas étage, mais favorifés des biens de la fortune
, fe bâtirent des tombeaux fomptueux. Ler tombeau
de Licinus, barbier d’Augufte, égaloit en magnificence
ceux des plus nobles citoyens romains de fon
tems. On connoît le diftiqüe que Varron indigné fit
dans cette occafion.
Marmoreo Licinus tumulo jacet, at Cato parvo,
Pompeius hullo ; quis putet ejfe dcos ?
Mais que dire de celui de Pallas, affranchi de T ibère
, portant cette infcriptiôn fuperbe, que le fénat
eut la baffefle de laiflèr graver?
Tib. ClaUdius. Aug. I.
Pallas
Huic. Senatus. ob. Fidem.
Patronos. Ornqmenta.
Prcetoria. Decrevit.
Et. H. S. Centies. (juin.
Quagies. Cujus. Honore»
Conientus. Fuit.
Je fai qüe l’orgueil ne perce pas moins fur nos épitaphes
modernes ; mais Ce n’eft point pour les recueillir
que je vifite quelquefois les tombeaux dans
nos égliles : je le fais parce que je puis értvifager la
nature fans effroi ,dans ces fortes de fcènes muettes ;
& dç plus, parce que j’en tire quelque profit* Par