M. le duc de Penthievre fon fils, en a été revêtu ;
pendant fa minorité M. le prince de Dombes l’a
exercé ; à fa majorité, il l ’a exercé lui-même, & en
a revêtu M. le prioce de Lambale fon fils, & il en fait
encore les fonctions jufqu’à fa'majorité.
Salnove & M. de la BrifFardiere ne font pas d’accord
des grands-veneurs fous les régnés d’Henri IV.
& de Louis XIII. Salnove dit que M. le prince Gui-
mené& M. le duc de Montbazon, étoient grands-veneurs
fous Henri IV. & M. de la BrifFardiere les met
fous le régné de Louis XIII. Je crois qu’on peut s’en
rapporter à Salnove qui a fervi dans fa vénerie fous
Louis XIII. il étoit à portée de le favoir au jufte.
Edit du roi du . . . . Octobre t jg y , qui fupprime
partie des ckàrges de la grande venerit. Art. premier. Des
quarante-quatre charges de gentilshommes, il y en a
trente-huit de fupprimées : plus, toutes les charges
de fourriersvalets de chiens ordinaires à cheval,
& ceux fervant par quartiers; les valets de limiers,
autres valets de chiens fervant par quartier; les petits
valets de chiens, maréchaux fêrrans, chirurgiens,
boulangers , &: châtreurs de chiens.
Il y avoit.anciennement fous les ordres du grand-
veneur quatre lieutenans qui fervoient comme de capitaines,
chacun dans leurs quartiers, & qui en fon
abfence recevoient les ordres du ro i, pour les donner
à t.oute la vénerie.. Nouveau traité de vénerie ,p,
20. introduction.
Commandant. Les places de commandant de la vénerie
du r o i, font établies depuis que les lieutenans
en charge n’ont plus.fait de fondions.
Il y a un commandant qui prend les ordres du
grand-veneur, 8>C en fon abfence du ro i, qui .les lui
donne pour les chafFes qu’il juge à propos de faire;
il diftribue les ordres, comme il en a'été déjà parlé.
. Dans le premier volume de Vécole de la chafle, par
M. Le verrier de la Conterie, p. 2 , il eft dit qu’un
prince, amateur de la chafFe, doit choifir un commandant
qui ait de la naifFance, qui l’entende , qui
l’aime, & penfe afFez jufie pour préférer à tout lé
plaifir de fon prince. Ces quatre qualités font abfo-
Jumeht néeeffaires.
Un commandant eft refponfable de ce qui fepaffe
au ..chenil &, à lachaffe.parla faute des officiers &
autresjdu fervice ; & il doit fe faire un point d’honneur
d’amufer fon prince. Du choix du commandant
dépend la' bonté de l’équipage , & le bon ordre dans
lequel il doit être tenu. Il faut un gentilhomme né
avec le goût décidé pour la chafle, & q u i ait blanchi,
avec fruit dans le métier; qu’il ait des moeurs,
humain envers, ceux qui lui font fubordonnés, poli
avec tout le monde.
M. de Lignivillt. Celui qui commande, s’il n’eft parfaitement
iriftruit, on lui en fera bien accroire. Il y a
des -veneurs fi ambitieux., qu’ils demandent fouvent
beaucoup plus de quête qu’ils n’en peuvent faire. Il
y en a a'uflr à qui on donne des quêtes qui font toujours
mal.faites.par l’ignorance & la parefle de ceux-
ci; c’eft au commandant à connoître l’ambition des
uns & là négligence des autres, pour réprimer l’un,
& réveiller l’émulation des autres.
: Lé commandant doit fe rendre le protecteur & lé
pere désivèneurs. Les plus grands princes & feigneurs
ont donné le titre de compagnon de venerie à ceux
avec .■lefquels ils prenoient le plaifir de la chafle.
Quand un commandant a1 fait monter un veneur au
grade, potU\faire.chaffer les: chiens, il ne l’aura pas
fait avancer, qu’il n’ait vu des preuves de fon favoir
par les Beaux laiffés-co urre qu’il aura faits ; l’intelligence^
Fâgè, la .conduite, les tàlens qui font néeef-
fàirès.dans.'cëtte.partie : d’après cela, il lé doit traiter
avec bonté & aihitié. Si c’ eft un homme de fen-
tnnent;ü-n'è fé dédira fùrément pas; mais fi on lui
^itefiuyér.des défagrémens^ ce pauvre veneur devient
trifte, mélancolique, fe dégoûte du fervice,
ne le fait plus que par honneur ; le plaifir eft banni
de lui. Cet exercice demande qu’on foit dégagé de
toute autre chofe étant à la chafle ; qu’on ne penfe
& agiffe que pour remplir les devoirs de la place
qu’on occupe ; qu’on foit à l’abri des craintes ; que
le plaifir feul d’amufer fon maître foit toutes les pen-
fées & le s aérions du veneur à la chafle. Les réprimandés
publiques, les mortifications qu’on fait fou-
vent fubir à d’honnêtes gens par pur caprice, font
bien à craindre pour ceux qui fe font un principe de
ne point manquer dans leurs fervices. Il peut arriver
des fautes en croyant bien faire ; fi-tôt qu’un habile
& zélé veneur s’en apperçoit , il eft affez puni de
l’avoir commife ; il en fera tout honteux & conf-
terné. Qui eft-ce qui ne commet point de faute ?
C’eft celui qui n’a rien à faire, & qui n’eft chargé de
rien.
Les mauvais fujets doivent être traités comme ils
le méritent après les fautes réitérées ; il les faut punir
; & s’ils ne fe corrigent pas, que les réprimandes
& menaces n’y faffent rien, les redefeendre à leur
premier état, & fi cela n’y fait rien, les renvoyer
avec du pain rie roi & les princes nevoudroient-pas
voir des malheureux, qui auroient eu l’honneur de
les fervir dans leurs plaifirs, être des miférables. Il#
ne faudroit qu’un pareil exemple à celui d’être descendu
, pour exciter & réveiller l’émulation.
Il faut que le commandant foit comme le pere de
famille, attentif aux befoins de ceux qui lui font
fubordonnés. S’ils n’ont pas de quoi vivre de leurs
appointemens & revenus de leurs places, qu’il fol-
licite pour eux des fupplémens ; qu’il fâche faire ré-
compenfer les anciens & bons ferviteurs qui fe font
expofés, facrifiés pour leur fervice. Les bontés du
maître doivent couler fur eux par le canal du commandant
; de même ceux qui ont de greffes familles,
qui ont peine à vivre & qui n’ont pas d’autres/ef-
fources, n’en doivent point être abandonnés; il faut
fecourir les malheureux dans la peine.
La place de commandant eft la plus honorable de
la vénerie, après le grand-veneur.
Ses appointemens fur l’état de ceux de la vénerie,
font de quinze cens livres ; il a en fus fur la caffette
trois mille livres payés par quartiers ; c’eft-à-dire,
en quatre payemens.
Le roi leur donne en fus des penfions fur le tréfor
royal & des gratifications , qui ne font accordée^
qu’autant qu’ils ont d’ancienneté & qu’il plaît à S.
M. de leur faire du bien. Ils ont un carroffe & une
chaife entretenus aux dépens du ro i, quatre chevaux,
un cocher & un poftillon de même.
Pour l’habillement de l’ordonnance, il eft pareil à
celui du roi du grand-veneur ; ils ont des trompes.
Voilà l’état des commandans de la venerie du
roi.
Ecùyêr. Celui de l’écuyer eft de même.
Gentilshommes. Celui des gentilshommes eft de
trois mille livres payées fur la caffette. S. M. leur
donne des penfions & gratifications fuivant leur ancienneté
& la volonté de S. M. Ils n’ont rien fur l’état
des appointemens de la vénerie ; leur habillement eft
pareil à celui du commandant ; leur fervice eft d’aller
au bois, de piquer à la queue des .chiens, ils ne
font pas tenus d’aiitres fervices; ils avancentau grade
de commandant : ils font deux dans la'vénerie.
Pages. Les pages font au nombre dé deux ; on les
prend fort jeunes fuivant l’ufage'; ils apprennent à
Connoître les.chiens, à aller-au bois; ils ont deux
chevaux à la chaffe, pour apprendre cet.art. Leur
•fervice eft d’aider à aller rompre ; d’être fur les aîles
à voir ce qui fe paffe-, pour fe rendré utiles. Ils parviennent
au grade de gentilhomme. Leufhabillément
eft pour la chaffe le furtout des pages de la gtande-
écurie,
écurie, & l’habit de grande livrée delà petite écurie
chapeau bordé, bourdaloue, &c. Ils ont ceinturon *
«outeau de chaffe, bottes, trompe, bas, fouliers *
quarante fols par jou r, & une gratification fur la
caffette pour leur bois & chandelle.
Piqueurs. L’état de la vénerie eft de cinq piqueurs;
le premier & le plus ancien eft chargé du foin &
du détail de la meute ; les quatre autres font pour
aller aux bois & piquer à la queue des chiensr les
bien connoître, pour en diftinguer lafageffe, la bonté
& la vigueur , afin de les remarquer & avoir de la
confiance dans les occafions aux plus fages.
Il faut, pour être bon piqueur , avoir paffé les
grades du ffervice de la vénerie , pour en connoître
les détails, avoir été au bois avec un bon maître pendant
deiix ans , cela ne ferait qu’une perfeâion de
plus poiir l’écolier. Toutes les faifons lbnt différentes
pour le travail du bois ; il faut les avoir fuivies
avec attention & goût ; à vingt & vingt-cinq ans eft
l’âge pour les faire monter à ce grade, pour en tirer
du fervice ; il le faut choifir dans les eléves , qu’il
aime la chaffe-par goût & non par intérêt, ou pour
avancer ; qu’il foit d’une bonne fanté , vigoureux
ne craignant ni le froid ni le chaud, ni la pluie , neig
e , gelée, que tout lui foit égal ; qu’il ne craigne
point de percer les enceintes, fourées ou non, à la
queue de fes chiens , ni de franchir un foflé ; il faut
qu’un bon piqueur foit collé , pour ainfi dire, à fes
chiens, pour les remarquer manoeuvrer, & favoir
quand il arrive du défordre par le change ou par la
féchereffe , afin de leur aider dans ces occafions ;
connoître les chiens timides dans le change , les
chiens fages & hardis , & ceux en qui l’on n’a point
encore de confiance , afin de favoir à quoi s’en tenir
, & prendre Ion parti fuivant les occurences ; favoir
retourner à propos & prendre garde de le faire
trop promptement dans les fechereffes au bord d’une
route ou chemin, ou fi des cavaliers auroient pafl’é
dans l’un ou l’autre , pour lors les chiens peuvent
demeurer court, & le cerfs’en aller: chofes à prendre
garde dans une pareille incertitude , les uns retournent
dans les vo yes, les autres prennent avec
des bons chiens au-deffüs & au-deffous. Il faut pareillement
qu’il s’applique à connoître fon cerf par
la tete, fi elle eft brune, blonde ou touffe ; fi elle eft
ouverte , rouée oit terrée ; fi le pelage eft brun ,
blond ou fauve ; fi c’eft un pie long ou rond , creux
ou paré, les pinces groffes ou menues , la jambe large
ou étroite , haut ou bas jointe , les os gros ou
menus ; de même la figure dû pié de derrière, s’il y
a quelque remarque à y faire , en revoir avec attention
fur le terrein ferme, comme dans le terrein mol
ôu fableux , ce qui fait un changement au revoir.
D ’après toutes cesobferVations, le piqueur fe diftin-
guera dans tous les moméns de la chaffe, & fera peu
de fautes : il faut prendre garde que le trop d’ardeur
ne 1 entraîne pour fe faire voir un des premiers aux
chiens,fans fe donner la peine de mettre l’oeil à terre de
crainte que cela ne l’arriere; il arrivera du change ,
Jes chiens fe fépareront, il tournera à une partie, il
reverra d’un cerf devant eux fans favoir fi c’eft le
ce rf de meute, il eft long-tems à fe décider s’il rom- "
pra ou appuyera , cela le met dans l’embarras , &
connoiffant ton cerf, il appuyé ou arrête.
S’il peut avoir une bonne voix & une belle trompe
, cela fait un ornement de plus à la chafle. Il faut
qu’il foit fage fur le vin & le refte ; un veneur qui
s’èft trop adonné à l’un ou à l’autre Vice , fait mal
fon fervice , il fe trouve affommé pat la débauche,
& ne peut pas les jours de chaffe remplir- le fervice
du bois où il va pour y dormir au coin d’une enceinte
, & fa quête fe fait tout d’un fomme ; & à la
chaffe il eft mou, fatigué, & ne remplit point les
devoirs de fa place, pour lors il y faut mettre ordre ;
Tome X V I t
il y à toujours une intervalle de trois jours d’une
chaffe à l’autre , c’eft affez pour fe repo/er & réparer
la fatigue de chaque chaffe.
. ^es P‘qu^ r s ont cinq chevaux chacun à la chaffe,
amfi que les commandans & gentils-hommes; le premier
eft pour attaquer de meute, le feco'nd à la vieille
meute, le troifieme à la fécondé, le quatrième aux
fix chiens , & le cinquième au relais volant, où il
n y a que des chevaux & point de chiens.
Le premier piqueur n’a que deux chevaux pour
accompagner l’équipage au rendez-vous, & aux bri-
fees où l’on attaque , & fe promener ; il n’eft tenu
d’auciin autre fervice que de fe trouver, s’il peut, à la
fin de la chaffe pour ramener les chiens au logis : il
a de plus que les autres 300 livres pour le foin des
chiens , 300 livres pour les têtes des cerfs qui lui ap-
partenoient, que le roi prend ; il eft chauffe & éclairé
toute l’année.
L’habillement des piqueurs ne différé des premiers
que par les bordées, boutons , boutonnières , galons
fur les coutures, bord de chapeau, le bordé, & boutonnière
de la vefte qui font d’argent, & aux premiers
ils font or ; les grands galons font les mêmes ;
ceinturon & couteau de chaffe de même , paremens
& collet de velours, la même pofition des galons
pareille ; on leur donne une trompe à l’habillement
comme à tous ceux qui en doivent avoir.
L’habit eft bleu, doublé de rouge , paremens de
de velours, & collet de même ; vefte & culotte écarlate
, l ’habit bordé , boutons & boutonnière d’argent
, un grand galon or & argent travaillé enfem-
ble , l’or dans le milieu , & lés deux bandes chaque
cote , large de plus de deux pouces ; un de ces grands
galons eft pofé à côté des boutonnières, à chaque
côté dü haut en bas ; deux de ces grands galons fur
le velours de chaque manche , un en bande , l’autre
en pointe, & forme deux petits fers à cheval deffus
& en dedans , & une bande de ce grand galon qui
prend fous le premier galon qui couvre foute la couture
du parement, & rentre en-dedans la manche ;
il y a de même deffous un même galon qui fait le '
meme effet , la poche eft bordée d’un petit galon ,
& un grand qui couvre prefque la poche , qui eft
en grande patte longue ; un autre grand galon qui
eft pofé fur la poche au-dèflous de la patte, remonte
aux hanches , eft plie de façon qu’il forme une pointe
qui gagne la fourche de l’habit par derrière , où il y
a encore un autre grand galon dé chaque côté de ladite
fourche cfoifé par en haut, qui gagne les deux
pointes du galon qui remonte de la poche, le tout
lté enfemble ; en outre il y a deux bordés dans les
plis , & deux grands galons chaque côté ; fur toutes
les coutures un galon d’argent large de deux pouces.
Le ceinturon eft couvert du même grandgalon or
& argent ; le bord de chapeau, le bourdaloue, bouton
& ganfe eft pareillement donné. Les habits complets
tels qù’ils font dits, fe montent à près de 700 livres
: ceux du grand-veneur & commandant,
paffent au-deflus à caùfe de l’or.
Appointemens des piqueurs. Ils ont chacun 1100 liv.’
fur l’état des appointemens de la vénerie ; ils font
payés, ainfi que tous ceux qui font fur l’état de la vé-
nerie , tous les mois ; ils ont enfuite chacun une pen-
fion fur le tréfor ; il y en a de plus fortes les unes
que les autres , depuis 300 liv. jufqu’à 480 ; il n’y-
en a point eû de 500 liv. S. M. donne à la S. Hubert
à chaque piqueur 200 livres ; hors Verfailles ils
ont 10 fols par jour : le roi leur donne des penfions
& gratifications fur fa caffette , aux uns plus ,& les
autres moins.
Valets de limiers. Les valets de limiers fur l’état de
la vénerie, font au nombre de huit, dont deux à cheval
, pour faire avancer lés-relais ; les autres à p ié ,
pour garder-les , cerfs détournés le matin, jufqu’à ce
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