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lait par la feule compreffion de leurs mains qu’ elles
conduifent l’une après l’autre du haut du pis julqu’en-
bas, enforte qu’une main reprend toujours où l’autre
a quitté. Il n’y a là ni vuide ni pompé afpirante.
Qu’on examine bien un enfant, il en fait tout autant*
Quand une nourrice lui préfente la mamelle , elle
a foin de lui élever la tête avec une de fes mains,
pendant qu’avec l’autre elle lui porte le mamelon à
la bouche en preffant doucement la mamelle , &dif-
pofant ainfi le lait à paffer par les ouvertures qui
font à l’extrémité du mamelon ; c’efi ce qui détermine
l’a dion des levres , de la langue 6c des mâchoires
de l’enfant. Il faifit le mamelon a v e c fes levres
qu’il avance en fermant la bouche comme quand on
fait la moue, 6c dont il fait une efpece de canal charnu
qui ferre doucement le mamelon.
L’Anatomie démontre qu’il y a dans ce canal des
fibres de deux différentes directions , les longitudinales
6c les tranfverfës qui font circulaires. Les dernières
font celles du mufcle orbicùlaire ; les longitudinales
font fournies par les mufcles incififs, canins
, zygomatiques , buccinateurs , triangulaires
& quarrées. Avec les longitudinales aufîi alongées
qu’elles peuvent l’être , l’enfant prend le mamelon
le plus près-dè la mamelle qu’il peut ; & quand ces
mêmes fibre9 fe contrarient & s’accourciffent, elles
amènent le lait de ta mamelle dans le mamelon. Pour
les fibres trànfverfes, elles ne font que ferrer plus ou
moins.
Le mamelon des nourrices efl plus large à fa bafé
qu’à fa pointe , c’efi ce qui le difpofe toujours à
gliffer hors de la bouche ; c’efi aulfi ce qui fait que
les vaiffeaux laiteux ne peuvent être comprimés au
point que le cours du lait en foit intercepté ; c’efi
enfin par cette même difpofition que l’enfant, pour
retenir le mamelon gliffant, efl excité aux mouve-
mens les plus propres à faire couler le lait. En effet,
malgré l’attention qu’ont les nourrices de tenir la
tête de leurs enfans proche delà mamelle, le marne*
lôn s’échappe , fi les enfans ne le retiennent dans la
bouche : inflraits par la nature , ils favent fe fervir
utilement de leurs levres pour le retenir , & le retirer
par une efpece de mouvement ondoyant ou ve'r-
miculaire.
- Si ces premiers mouvemens ne fuffifent pas pour
faire entrer le mamelon , l’enfant les répété jufqu’à
ce que-le mamelon foit fiiffifamment entré , & il ne
peut répéter ces mouvemens fans obliger le lait à
fortir du mamelon. On dbferve même que pour tirer
le mamelon plus promptement &c plus avant dans
la bouché, l’enfant lè retient avec les mâchoires pendant'
qu’il élève les levres en-dehors auffi près de la
mamelle qu’il-efl poffible ; puis-il ouvre fes mâchoires
pour lâcher le mamelon, afin que les levres fe
retirant le faflent entrer plus avant dans la bouche.
La langue fert aufîi aux enfàns à retirer le mamelon
par tme efpeeé de fucciôn ; mais pour cela il. faut
que les mâchoires foient ouvertes , & que lès levrés
rie foient appliquées que mollement au mamelon ,
fans quoi la langue en fë retirant ne pouçroit; aifé-
ment l’attirer à elle pour le fairer rentrer dans la
bbuché.
Quand- la langue a fait entrer fufïifamment le mamelon
y elle ceffé de le retirer- fe place deffous , &
s?y moulant en forme de gouttière , non-feulement
elle s’y applique & leYetient fous la puiffance; des
levrés^, mais elle agit de concert avec elle par un
mouvement vermiculaiféqu’ elle exécute .fans ceffer
entièrement d’être applicjùéé au mamelon , puifqüe
là fiirfaceÿÿjoint toujours par quelques points , les
uns ne s’èn féparant que lorfqué d’autrès ^’yfont appliqués.
- Qtfékpïefois la langue ainfi appliquée airinamelon,
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pour le comprimer plus exaôement, le tire jufque
lous les mâchoires dont FaClion efl plus forte, mais
qui n’étant garnies que de la chair des gencives, le
preflent fans le bleffer ; .par cette prefiion plus v iv e ,
le lait coule dans la bouche en plus grande abondance.
Enfin la langue toujours appliquée au mamelon
le tiré quelquefois plus avant dans la bouche, 6c
le preffe contre le palais ; c’efi là que par fon mouvement
vermiculaire ou ondoyant, allant & venant
fucceflivement de la baie à la pointe, elle agit fur tout
le mamelon , & qu’elle en exprime le lait avec plus
de facilité.
Jufau’ici les levres, les mâchoires 6c la langue
n’ont tait fortir du lait des mamelles que par la feule
compreffion ; 6c fi nous avons parlé de la fuccion ,
ce ria été qu’entant qu’elle fert à tirer le mamelon
dans, la bouche, pour le foumettre à la preffion des
levres, de la langue 6c des gencives.
Cependant ce riefl pas l’unique effet qu’on puiffe
attribuer à la fuccion ; elle fuffit évidemment par
elle-même pour faire fortir le lait des mamelles,
pourvu que les levres non-feulement entourent, mais
encore lerrent afl'ez exactement le mamelon pour
l’empêcher de fuivre la langue, lorfqu’elle viendra à
être tirée versée gofier , alors lè lait fortira du mamelon
} 6c occupera dans la bouche l’efpace qu’aura
quitté la langue. La bouche, dans ce cas, fait l’office
d’une vraie pompe.
Si pour que le lait ou tout autre liquide entre dans
la bouche , il fuffit que le mamelon ou le vaiffeau
contenant le liquide foit exaClement entouré par les
levres , 6c qu’enfuite la langue fe retire en arriéré ,
ou que la mâchoire inférieure s’éloigne d,e la fupé-
rieure ; fi cela, dis-je, fuffit, il efl clair que la refpi-
ration riefl point toujours néceffaire pour l’intro-
duClion du liquide dans la bouche. L’expérience
même le prouve d’une façon fenfible, puifqu’on peut
remplir la bouche de liquide fans refpirer, & q ue,
qui plus e fl, on peut expirer dans le tems même que
la bouche le remplit de boiffon.
■ Quoique les différens mouvemens que nous ve-r
nons de parcourir, foit des levres, foit des mâchoires
, foit de la langue, puiffent chacun féparément
exprimer le lait du mamelon, ils ne peuvent pas toujours
le faire couler avec une certaine abondance ,
ni avec une certaine aifance ; par exemple, le feul
mouvement des levres ne feroit peut-être pas fuffi-
fant pour fatisfaire un enfant avide ou affamé non
plus que la fuccion fimple, c’efl-à-dire celle qui, fans
la compreffion alternative des levres , peut tirer le
lait des mamelles ; ce riefl que par le concours 6c la
combinaifon de tous les mouvemens dont nous avons
fait l’énumération, que l’enfant peut teter abondamment
& avec le moins de travail poffible.
De toutes lés façons de teter qui réfultent de cette
combinaifon de mouvemens, la plus naturelle ou la
plus commode pour l’enfant, c’efi celle qui s’exécute
par la fucceffion alternative & prompte de la
cômp effion que tout le canal formé par l’avance des
levres fait fur le mamelon par la fuccion , mais par
une fuccion telle que le bout de la langue ne foit
pas appliqué à l’extrémité du mamelon. La fuccion
alors à le double avantage de tirer le lait par elle-
même , en même tems qu’elle foumet le mamelon à
là compreffion des levrés 6c des gencives.
Il efl encore une autre façon ae teter, qu’on peut
regârder comme une efpece de repos 6c de délaffe-,
ment que l’enfant prend eh tétant. Ge cas arrive lorf-
que les premiers fucemens ont procuré une telle
dériyation de lait , que le mamelon le fournit presque
rde lui-même par le regorgement des vaiffeaux,
laiteux. Alors une légère preffion des levres & des
mâchoires oit tout-au-plus néceffiùrè, & la langue
ne fait que s’avancer- pour recevoir ou ramàffer 1«
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fait, & fe retirer ên arriéré pour le pouffer dans le
gofier>
Excepté éè dernier tas * la bouche dans l’aftion de
tuer fait le double office de pompe afpirante 6c foulante.
Le bout antérieur de la langue, en fe retirant,
fait le piflon de la première pompe , 6c attire le lait
contenu dans le mamelon ; enfuite la partie poflé-
rieüre de la langue en pfeffant le lait contre le fond
du palais , la cloifon du gofier 6c le gofier même, 6c
en fe retirant fur l’embouchure de Foefophage fait
le piflon dé la pompe foulante. Cette double a&ion
de la langue s’exécute prefque dans le même inflant,
fa racine riayant point achevé fon coup de piflon
foulant pour avaler , que déjà fon bout a commencé
celui 'de piflon afpirant pour fuCer.
Par tout ce qui a été dit jufqu’i c i , il efl clair, ful-
vant M. P etit, qu’un enfant né fans palais non feulé-
ment peut exprimer le lait du mamelon par la fimple
compreffion des levres, ainfi qu’on l’a expliqué, mais
encore que fa bouche peut faire la fonttion d’une
pompe afpirante. Cette pompe à la vérité fera plus
courte, que dans l’état naturel, puifqu’elle n’aura que
la longueur du canal charnu formé par l’avance des
levres, mais fon jeu fera toujours le même. Ainfi
l ’enfant qui manque entièrement de palais ne mourra
point faute de pouvoir exprimer ou fucer le lait
dli mamelon ; mais fi la bouche riefl point capable
de faire l’office de la pompe foulante , il doit nécefi
fairement périr faute de pouvoir avaler.
Il n’en efl pas de même lorfque les narines ne font
ouvertes dans la bouche que par le feul écartement
des os , qui forment la voûte du palais ; cette maiù-
Vaife conformation n’empêche point entièrement les
enfans d’avaler. En effet, dans ce cas , la langue en
s'appliquantau palais en bouche la fente, 6c agit en*
fuite fur chacune des portions du palais, comme elle
feroit fur le palais entier. Quand la cloifon charnue
fe trouve auffi fé'parée en deux, il'efl bien vrai qu’une
portion plus ou moins confidérable du lait paffe par'
le nez ; mais cela n’empêche pas que la racine de la
langue, fur-tout lorfqu’ellê fe retire précipitament,
nefaffe rentrer une partie du lait dans le canal de
l ’oefophage. On fent que dans ces différens vices de
conformation l’enfant efl obligé pour teter de faire
des mouvemens extraordinaires auxquels il ne peut
pas toujours s’habituer, ce qui le met en danger de
périr. On a vu plus d’une fois , dans de femblables
cas, réchapper des enfans en leur donnant le pis d’une
chevre.
Pour le rendre propre à cette fon âion, on le vuide
à demi avant que de le préfenter à l ’enfant ; la g reffe111,
,1a longueur 6c la flaccité ou la molleffe de ce
pis font qu’il fupplée au vice des organes en rem*-
plifTant le vuide du palais & des narines. Le pis s’a**
jufle fi bien à toutes ces parties 6c les ouvertures en
font même fi exactement bouchées, qu’à chaque inflant
on efl obligé de retirer le pis pour laifTer refpi-
rer l’enfant.
Il vient auffi quelquefois au monde des enfans qui
ne peuvent pas teter, en conféquence de quelque
cohérence de la langue au palais. Dans ce vice de
Conformation , il ne s’agit que de débrider la langue,
la détacner, la tenir abaiflee avec une fpatule, faire
înlenfiblement cette opération avec prudence, &
reJ-a avec ijg m*el rofat le plus fou vent qu’il
c poffible , pour empêcher la réunion des parties
qu on a divifées.
Après avoir expofé la maniéré dont fe feit faction
de« « r , on conçoit fans peine comment les payfan-
H tnant le pis de la vache ou d’autre quadrupède
femelle , en üint fortir le lait, Sc qii’ il ne fort
pas de lui-même. Il ne fort pas de lui-même , parce-
que les tuyaiix excrétoires étant ridés par plufieurs
hiers ligamenteux êcélaftiques» ces rides .comme
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auraVit de Valvules, s’oppofent il là îortie du la it,
dont les conduits laiteux font remplis. Ajoutez qu’en
tirant avë'c \in peu de force le bout du pis ou niame-
i Ion, on alonge en même tems le pis de l’animal d’où
réfulte un retréciflèment latéral qui pouffe le lait
vers les tuyaux ouverts ; fou vent dans une femme
eh comprimant légèrement la mamelle 6c en preffant
le lait vers le mamelon , on le fait fortir par les
tilyaux laiteux, fans qu’il foit befoin d’employer la
fuccion. ( Le chevalier d e J au co urt.')
TETHYE , tethya , f. fi ( Hiß. nat. ) zoophyte
couvert d’une peau dure femblable à du cuir, comme
les holothuries, & qui refie toujours attaché aux
pierres ou aux rochers de la mer > voyt{ Holothu*
r ie . Les ttthyes ont à chacune de leur extrémité
une ouverture pour prendre 6c reje.tter l’eau. L’ef-
péce de cuir qui les recouvre efl brun & dur au
toucher ; elles ont à-peu-près unefigure ovale. Rondelet,
Hiß. des injectes & {oophytes, chap. xix. Foyer
Z-OOPHYTE. j ’■
TÉ1 HYS , ( My-thol. .) fille du ciel & de la terre,
& femme de l’Océan. Son char étoit une conque
d’une merveilleufe figure, & d’une blancheur plus
éclatante que l’ivoire. Ce char fembloit voler fur la
face des eaux.
Quand la déeffe alloit fe promener, les dauphins
en fe jouant, foulevoient les flots. Après eux vé-
noient des tritons qui fonnoient de la trompette avec ■
leurs conques recourbées. Ils environnoient le char,
dè la déeffe trainé par des chevaux marins plus
blancs que le neige, & qui fendant l’onde falée ,
laiffoient loin derrière eux un • vafle fillon dans la
mer. Leurs yeux étoient enflammés, 6c leurs bouches
étoient fumantes. Les Océanides, filles de 77-
thys, couronnées de fleurs, nageoient en foule derrière
fon char ; leurs beaux cheveux pendoiènt fur
leurs épaules , 8c flottoient au gré des vents.
Téthys tenoit d’une main un feeptre d’or pour
commander aux vagues ; de l’autre elle portoit fur
fes genoux le petit dieu Palémon fon fils pendant à
la mammelle. Elle avoit un vifage ferein&une dou^
ce majeflé qui faifoit fuir les vents féditieux, & tou*
tes les noires tempêtes. Les tritons conduifoient fes
chevaux, & tenoient les rênes dorées. Une grande
voile de pourpre flottoit dans les airs au-deffus du
char. Elle étoit plus ou moins enflée par le fouffle
d’une multitude de petits zéphirs qui la pouffoient
par leurs haleines.
E o le, au milieu des airs,inquiet, ardent, tenoir
en filence les fiers aquilons, 6C repouffoit tous les
nuages. Les immenfes baleines 6c tous les monflres
marins, faifant avec leurs narines un flux 6c reflux’
de l’onde amere, fortoient à la hâte de leurs grottes
profondes, pour rendre hommage à la déeffe.
G’efl Tétkys qui délivra Jupiter, 6c le remit en lU
berté , dans le tems qu’il avoit été arrêté & lié par
les autres dieux, c’eft-à-diré que Jupiter trouva le
moyen de fe fauver par mer des embûches que lui
avoient tendues les titans à qui il faifoit la guerre;
ou bien en prenant cette guerre du côté de l’hifloire ,
une princeffe de la famille des Titàns employa des
fecours étrangers pour délivrer Jupiter de quelque
péril. Mais Téthys, félon les apparences, riefl qu’une
divinité purement phyfique, ainfi nommée de
Tihv»9 qui fignifie nourrice h parce qu’elle étoit la
déeffe de l’humidité qui efl ce qui nourrit & entretient
tout. Il ne faut pas confondre notre Téthys avec
la Thétis mere d’Achille; leur nom efl écrit différemment.
(Z>. ƒ ,)
TÊTIER E, fi f. en terme de Chirurgie, efl un bandage
de tête ufité lorfque la tête a été bleffée. h'oye^
Co uvrè-chef.
TÊt ier e , fi fi ( terme de Bourrelier.} c’eft. la partie
de la bride où fe met la tête du cheval, La tétiere e.fl
9
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