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de la colle fur le dos des livres quand ils font endof-
fés 6c prêts à couvrir ; on trempe les paquets, puis
quand ils font fecs on colle les parchemins, 6c quand
cette façon eftfeche on trempe de nouveau à la colle.
Voye^ Co u v r ir .
Tremper les cpuvert ures à la colle, c eft mettre de la
colle fur le dedans des couvertures des livres après
qu’elles ont été parées. Quand on y a mis de la colle
on les plie en deux, & on laide ainfi imbiber la colle
dans la couverture un peu de teins. Voye^ Pa r e r ,
Couver tur es , C o u v r ir .
TREMPLIN , f. m. terme de Danfeur de corde, ef-
pece d’ais fort large, qui a un pié à un bout, 6c qui
n’en a point à l’autre ; on s’en fert à faire des fauts
périlleux; il vient de,l’italien trempellino, tréteau.
TREMPOIRE, T. f. terme de Teinturier, c’eft la
première des trois cuves qui fervent dans la préparation
de l’indigo. Elle s’appelle trempoirt, parce
qu’on y met tremper la plante pour s’y macérer , &
fermenter. ( D . J .) _
TREMUE, f. f. (Marine.) petit couvert ou dé-
fcnfe de planches élevées , pratiqué aux écoutilles
des bûches 6c des flibots qui, vont à la pêche du hareng
, pour empêcher que l’eau, que les coups de
mer envoient, n’entre dans le bâtiment par les écoutilles.:
T r em u e , ( Marine. ) c’ eft un paflage fait avec
des planches dans quelques vaiffeaux, depuis les ecu-
biers, julqu’au plus haut pont, 6c qui lert à faire
palier les. ça blés, qui font ralingues aux ancres.
TRENIERE ROSE, ( Botan. ) la rofe treniere eft
autrement nommée lafojè d’outre-mer ; c’eft une ef-
pece de mauve fortufitée en Médecine ; elle eft appelée
par les Botaniftes ,. malva hortenjîs, malva ar-
borea , malva rofea , folio fubrotundo.
Sa racine eft longue, blanche., contenant un mucilage
de même faveur que la mauve fauvage. Sa tige
s’élève à la hauteur d’un arbriffeau ; elle eft épaifle ,
folide, velue, garnie de quelques branches ; fes feuilles
nailfent alternativement, portées fur des queues
médiocrement longues ; celles qui fortent des premières
, font arrondies,; 6c les autres anguleufes ,
ayant cinq ou lix découpures. Elles font crénelées à
leurs bords, d’un verd foncé en-deffus , blanchâtres
en-deffous, velues des deux côtés ; cependant leur
duvet eft fi court en-deflùs, qu’on a bien de la peine
à l’apperçeÿoir. ,
Ses fleurs.fortent des àiffelles des feuilles, tantôt
feules à feules, tantôt deux à deux, ou trois à trois,
portées fur des pédicules courts. Elles deviennent
fuçceflivement plusnombreufes» font de la groflèur
d’une .fçffe ordinaire, mais fans odeur, d’une feulé
piece en1 cloche, évafées, 6c prefque divifées en
cinq parties jufqu’au fond, de couleur rouge purpurine^
blanche, ou jaune.
Ces fleurs font tantôt Amples, ayant leur centre
occupé par un cône garni de fommets jaunâtres 6c
purpurins ;-tantôt elles font doubles, portées fur un
double calice ; couvert d’un duvet blanchâtre ; elles
laiffent après elles un fruit applati comme une pa-
ftille, femblable à celui de la mauve , mais .plus
grand, : on cultive avec railon cette planté dans les
jardins. ( D . J.)
T reniere , rose , ( Agriculture. ) les fleurs de
cette plante font ordinairement doubles , ne pouvant
làns, doute être fécondées facilement par une
autre farine que la leur. Elles ne pechent ni par défaut
de beauté, ni par défaut démaillé ; leurs tiges à
fleurs, ont rarement moins de ftx piés ; & font chargées
communément de leurs fleurs, femblables à des
rofes, à plus de moitié de.cette hauteur. Leur graine
fe fente, au mois de Mars'dans.ùne terre naturelle;
6c quoiqu’elle n’y r,efte pas bien long-tems fans lever,
néanmoins les plantes ne fleuriffent ,que . l’année fui-
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vante, ô n doit les tranfplantet dans le mois de Septembre
ou de Mars, 6c elles fleuriront en Juillet ou
•Août. Elles feplaifent dans une bonne terre, & 11
faut les arrofer fréquemment en été, pour les rendre
plus fortes. Elles le confervent plufieurs années, &
peuvent, tant h caufe de leur, durée, que pour leur
grandeur, être placées parrtii les arbriffeaux à fleurs
dans les bofquets, ou rangées en ligne dans les avenues
d’arbres, où les beftiaux ne puiffent pas les venir
détruire ; quelquefois il convient de les mettre
dans les cantons les plus écartés 6c les plus couverts
des grands jardins, oiileurs fleurs rouges, blanches,
pourpres, noires, font un très-beau coup d’oeil.
Elles meurent tous les hivers, jufqu’à ras-deterre,
6c repouflèntle printems fuivant. Il y en a quelques-
unes qui fe multiplient en divifant leurs racines au
mois de Mars ou de Septembre. ( D . J .)
TR EN T , la , ou la TRENTE , ( Géog. mod. )
riviere d’Angleterre ; elle a fa fource en Stafford-
shire, paffe parlesprovincesde D e rb y , Nottingham,
& Lincoln, oii elle fe décharge dans l’Humber. Elle
arrofe en paffant Nottingham, Newark, 6c Ganes-
borough; c’eft cette riviere qui divife l’Angleterre
en deux parties, l’une feptentrionale, 6c l’autre méridionale.
(D . J. )
TRENTAIN, f. m. ( Hiß. eccléf. ) terme uftté dans
l’églife romaine pour lignifier trente meffes de re-
quiem, qu’on fait célébrer pour le repos de Tarne
d’une perfonne défunte. Ainft Ton dit que tel prêtre
ou telle facriftie eft chargé d’acquitter un trentain
pour N.
M. Chambers obferve que ce terme étoit encore
en ufage en Angleterre au commencement du regne
d’Edouard VI. 6c cite un teftament fait la première
année du regne de ce prince, qui porte : Je veux &
ordonne que mes exécuteurs teßamentaires fajjent célébrer
un trentain pour Le fü llt de mon ame.
TRENTAINS, f. m. pl. (Draperie.) on nomme
ainft les draps de laine dont la chaîne eft compofée
de trente fois cent fils, qui font en tout trois mille
fils. (D . J .)
TRENTANEL, (Mat. tnéd.) voye{ G arou.
TRENTE,adj. numér. (Arithmétique.) nombre
qui renferme en foi trois fois dix, ou dix rois trois;
en chiffre arabe il s’exprime en pofant un- 3 devant
un zé ro , comme il fe voit par ces figures 30; en
chiffre romain il fe marque tle cette maniéré X X X ;
6c en chiffre françois de finance , ou de compte , de
la forte xxx. Savary. (D . J. )
T rente-et-UN , ■ ( Jeu. ) la belle eß le flu x ; ce jeu
eft fort divertifiant ; on peut y jouer plufieurs-per-
fonnes-; lé jeu de cartes doit être de cinquante-deux.
Il faut encore avoir trois corbillons que Ton met de
rang fur la table ; Ton met dans Tun pour la belle,
dans le fécond pour le flux, & dans l’autre pour le
trente-un. Voye^ ces termes à leur article. On peut
fixer la partie à tant de coups, trente, quarante, plus
ou moins; après quoi Ton voit à qui fera; ilfi’y a
point d’avantage à faire, puifque lorfque la belle,
ou le flux , ou- le trente-un, font -égaux entre' deux
joueurs, il refte pour le coup fuivant qui eft’doublé'.
Celui qui doit mêler donne à couper à la gauche,
6c donne à chacun deux cartes d’abord , 6c enfliite
une troifieme à ■ chacun■ qu’il retourne ; c’ eft la plus
haute de ces dernieres qui eft la plus belle ; quoique
l’as vaille onze au trente-un; il eft au-deffous du roi;
de la dame, & du valet pour la belle. Après avoir
tiré- la belle, chacun regarde dans fon jeu s’il a le
flux; 6c fi perfonne ne Ta on le remet au coup fur;
vant. Enfin, après avoir* tiré la belle 6c le flux, ôn
en vient'au trente-un 3 6c chacun examinant fon jeii
lé compte en lui-même; & s’il approche d e trente',
& que félon la difpofition des cartes il craighë de
paffer.trente-un, il s’y tient, ftnon il en demande; cé
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telui qui a mêlé en donne dû deffùs à chacun qui lui
en demande, félon fon rang , en commençant par
fa droite. On ne donne qu’une carte à chacun des
loueurs qui en demandent, 6c on ne recommence à
en donner que lorfque le tour eft fait; celui qui mêle
peut en prendre à fon tour lorfqu’il trouve bon pour
fon jeu d’aller à fond. Voyt{ Aller a fo n d .
Les joueurs qui ont été à fond, ou qui fans y
avoir été ont plus de trente-un , ne peuvent gagner ;
mais celui qui a trente-un, ou fl perfonne n’a ce point
juftement, c’eft celui qui en approche de plus près
qui gagne.Ce qui fait qu’on s’y tient loifqu’ona vingt-
huit, vingt-neuf, ou trente, on s’y tient plutôt que
de rifquer à prendre une carte qui fera palier le trente-
un. Lorfqu’il y a plufieurs trente-un , c’eft celui qui
Ta plutôt eu qui gagne ; c’ eft pourquoi celui qui a
trente-un le premier doit avertir qu’il Ta ; 6c fl deux
ou plufieufs Ta voient dans le même tour, perfonne
ne snigneroit, 6c on renvoyeroit le coup au jeu fuivant
; ôn feroitde même d’un point plus bas s’il étoit
égal, 6c le gagnant ; telle eft la maniéré de jouer ce
jeu, qui n’a rien que de fort aifé.
T r ente - maille , f. m. (Pêche.) forte de filet
tramaillé ; le ret de trente-mailles ou ret à poiflbn
plat, eft une efpece de trameau ou de picot dérivant;
les pêcheurs s’en fervent de même que des brions ;
mais quand le tems leur permet de defeendre à la
mer 6c de paffer la barre de Bayonne ; ils tendent
alors leur ret en demi ^ Cercle, 6c après qu’il eft
tendu de la même maniéré que les picots féden-
taires , ils battent l’eau pour faire donner le poiffon
dans le filet. Cette pêche tient ainfi des rets verquans
aux alofes dans la riviere 6c des picots fédentaires à
la mer ; on s’en fert en tout tems ; mais la meilleure .
faifon pour faire la pêche du poiffon plat à cette côte
, eft durant le mois de Septembre ; le ret a une :
braffe de haut fur foixante de long ; la maille du hameau
ou de l’émail eft de deux fortes ; la plus large
a lix pouces deux lignes; la charte, nappe, ou flue ,
n’a que quinze lignes en quarre.
T rente , (Géog. mod.) ville d’Italie, capitale du
Trentin, dans la Marche trévifane ; elle eft fituée ■
fur la riviere d’Etfch ou Adige, qu’on y paffe fur un
pont, dans une plaine environnée de montagnes ,
qui font prefque toute Tannée couvertes de neige * à :
4 milles du lac de Garde, à 6 de Bolzene , à 8 de V érone,
& à i4 d ’Infpruch»
La ville, eft féparée en deux quartiers , dont le
plus grand eft habité par les Italiens, ôcTautre parles
Allemands. Il y régné de grandes chaleurs en été ,
& pendant l’hiver un froid violent. La riviere & des
torrens qui tombent des montagnes défolent foüvent
cette ville par des débordemens. On y compte huit
églifes , dont trois paroifliales. Le chapitre de la cathédrale
eft compolé de nobles 6c de lettrés qui ont
droit d’élire leur évêque. Long. 28. 3 <?. Lit. 46V. :
La ville de Trente eft fort ancienne. Strabon , Pline
6c Ptolomée en font mention. Elle dérive fon
nom de trois ruiffeaux qui des montagnes voifines entrent
dans la ville, 6c fa fondation eft attribuée aux
anciens Tofcans. Après ceux-ci les Cénomans.la doivent
avoir réparée 6c élargie. Elle a obéi fucceflïve-
inent aux Goths, aux Lombards 6c aux empereurs
romains. Enfuite elle a fait partie du domaine des
ducs de Bavière. Aujourd’hui l’évêque de Trente, en
eft le feigneur pour le temporel & le fpirituel. Il eft
prince de l’empire, 6c poffede toute la comte de
Trente avec plufieurs bourgs 6c feignéuries, en vertu
de la donation qui lui enfi.it faite Tan. ioz7,parTem-
pereur Conrad II. 6c confirmée par les empereurs
Frédéric I. 6c II. Il reconnoît pourtant pour fon pro-
te&eur le rcomte d ë T iro l, qui pendant la vacance
du fiege envoie à Trente un gouverneur qui commande
j ufqu’à ;ee que l’évêque foit\ élu,
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Trente n*a gùerè qu’un mille d’Italie de circuit, 6c
n a rien dans fon enceinte qui mérite d’être VU. Elle
n’eft fameufe que par le concile qui s’y eft tenu dans
le feizieme fiecle. Il commença Tan 15 4 5 ,6c ne finit
que Tan 1563. Fra-Paolo, Vargas , Ranchin fiC'MM.
Dupuy en ont dévoilé Thiftoire. L’églife où ce concile
a tenu fes affemblées, s’appelle Sainte Marie-Majeure;
elle eft petite , 6c bâtie d’un vilain marbré qui n’eft
que dégrofli. On y voit dans un grand tableau lé concile
repréfenté ; mais ce tableau n’eft pas le pendant
de la Mejje Jules de Raphaël. Aucun des grands aéleurs
du concile n’y eft cara&érifé , pa3 même le cardinal
de Lorraine, qui y joua le plus grand rôle; 6c qui s’y
rendit avec un train magnifique compofé d’une quarantaine
d’évêques , & d’un grand nombre de docteurs.
Le pape en conçut de l’ombrage ; 6c faifi de
crainte, pria Philippe de le foutenir ; mais la fortune
le fervit encorè mieux , la mort du duc de Guife ra-
baiffa le courage du cardinal. Il trouva convenablé
pour les intérêts de fa maifon , de s’humanifer aveé
fa fainteté ; 6c relâchant de fes grands deffeins, il ne
foutint dans le concile ni les trente-quatre articles de
réformation qu’il s’étoit propofé d’appuyer, ni les
droits de la couronne , ni les libertés de Téglife gal-
licane.
Aconce ( Jacques ) , philofophe & théologien, naquit
à Trente au xvj. fiecle. Il embraffa la réformation,
vint à Londres , reçut mille marques de bonté dé
la reine Elifabeth , comme il le témoigne à la tête du
livre qu’il lui dédia. C’ eft le fameux recueil des flra-
1 agentes du Diable , qui a été fi fou vent traduit 6c fi
fouvent imprimé. L’auteur mourut peu de tems
après la publication de cet ouvrage, dont la première
édition eft de Bâle en 1565. ,
Il n’adoptoit point les principes de Calvin , ce qui
fit qu’on l’accula de tolérantifme comme d’un crime ;
mais il répondit aux Proteftans, comme Jefus-Chrift
à fes difciples : Vous ne fave^.de quel ejprit vous êtes-,
C ’étoit alors une gloire rare qu’une ame éprife de la
tolérance ; le contraire feroit de nos jours une chofé
odieufe;
Aconcé n’étôit pas feulement théologien, mais un
efprit exaèb, plein de difeernement 6c de pénétration
* qui prévoyoit déjà qu’on alloit paffer dans un
fiecle plus éclairé que le fien , 6c fa conje&ure étoit
bien fondée; Il eft vrai que le feizieme fiecle a produit
iin plus grand nombre de favans hommes que le
dix-feptieme ; cependant il s’en faut beaucoup que
le premier de ces deuxfiecles ait éu autant de luniie-
rës que l’autre. Pendant que le régné de. la critique
6c de la philofophie a duré,; on a vu par toute l’Europe
plufièurs prodiges d’érudition. L’étude de' la
nouvelle philofophie , & celle des langues vivantes
ayant introduit iin autre goût ; on a ceffé de voir cette
vafte 6c cette profonde littérature ; mais eii récom-
penfe il s’eft répandu dans la république des lettres
un certain efprit plus fin , 6c accompagné d’un difeernement
plus, exquis. Les,gens font aujourd’hui
moins favans &:plushabiles;. ,
Le jéfuite Martini ( Martin ) étoit au Ai natif de
Trente. Il fut envoyé par fes fupérjeurs à la Chine ;
fes ouvrages fur ceroyaume contiennent une deferip-
tion géographique de là .Chine en latim Ils ont été
imprimés à Amfterdamen 1659, in r fo l. ay.ee quantiré
de cartes. (Le chevalier d e J a u c o u r t . ) A ..
TRENTE, concile de , ( Hift. eccléf. ) la clôture de
.ce fameux concile qui avoit commencé en 154^ jfe
fit en 1563. Du Ferrier, ambàffadeur fit fes protefta-
tiôns contre.ce qui s’étoit paffé à ce concile. Nous
voyons dans Une lettre datée de Fontainebleau dui 3
Mars , de Jean Morvilliers a fon neveu l’évêque de
Rennes ; ambaffadeiir .auprès dé l’empereur : « Que
». fitôt que le cardinal de Lorraine fut de retour :du
» concile.; .on envoya.qiiéxk. lés préfidens de la cqur