TRAPICHE, f. m. ( terme dé minés, ) mouKn pour
caffer le minerai en Amérique. _
Les moulins , dit M. Frezieç, que les Efpagnols
appellent trapichcs, font faits à-peu-près de la meme
maniéré que ceux dont on fe fert en France pour
écrafer des pommes ; ils font compofés d’une auge
ou grande pierre ronde de cinq à fix piés de diamètre
creufee d’un canal circulaire profond de dix-
huit pouces.
Cette pierre eft percée dans le milieu pour y paf-
fer l’axe prolongé d’une roue horifontale pofée au-
deffous & bordée de demi-godets, contre lefquels
l’eau vient frapper pour la faire tourner ; par ce
moyen on fait rouler dans le canal circulaire une
meule pofée de champ qui répond à l’axe de la grande
roué. s
Cette meule s’appelle la valteadora, c’eft-a-dire,
la tournante ; fon diamètre ordinaire eft de trois pies
quatre pouces ; elle eft traverfee dans fon centre par
un axe affemblé dans le grand arbre , qui la failant
tourner verticalement, écrafe la pierre qu’on a tirée
de la mine, que les gens du pays appellent le métal,
te nous autres en terme françois de forges, le minerai.
Voyage à la mer du Sud. ( D . J- )
TRAPOR ottTRAPOUR o« T A R a POR , (Géog.
mod. ) ville des Indes , fur la côte de Malabar, au
royaume de Concan, entre Daman te Baçaim, fur
une riviere qui ne porte que des bateaux. M. Dellon
fait une plaidante defcription d’une efpece de comédie
fainte qu’il y vit jouer dans l’egliie des dominicains
le dimanche de la paffion. (D . /. ) ^
TR A PP, f. m. ( Hijl. nat. Minéralogie. ) les Suédois
défignent fous ce nom une pierre compofee d un
jafpe ferrugineux, tendre, te d’une argille durcie.
Cette pierre forme quelquefois des montagnes entières
; mais le plus communément elle forme des veines
enveloppées de roche d’une autre efpece. Le grain
de cette pierre eft plus ou moins fin ; quelquefois on
y remarque des particules femblables à du fpath calcaire
, mais qui ne font point effervefcence avec les
acides. . ’
Le trapp expofé au feu fe convertit en un verre
noir compafte ; par la calcination il devient rouge,
t e contient environ dix livres de fer par quintal.
Dans la partie qui eft la plus enfoncée en terre, cette
pierre eft communément pleine degerfuresou de fentes
, te elle affeéle une figure rhomboïdale. On en
mêle en Suede dans la fritte dont on fait le verre de
bouteilles. Il y en a de grife , de roHgeâtre, de brune,
de noire, de bleuâtre ; fon grain eft plus ou moins
fenfible ; il y en a de ftriée te de granulée; celle qui
•eft noire, prend le poli comme une agate , & eft
compafte comme elle. M. Cronftedt lui donne le nom
de pierre de touche, lapis lydius. Voyez Pejfai d'une
nouvelle-minéralogie publiée enfuédois en 1758* (—)
TRAPPE, f. f. ( Archit.) fermeture de bois com-
pofée d’un fort chafîis te d’un ou deux venteaux,qui
étant au niveau de l’aire de l’étage au rez-de-chauffée,
•couvre une defcente de cave. ( D . J. )
T rappe, f.f. (termede Chajfe.) forte de piege qu’on
met dans une foffe ou autre lieu pour prendre les
loups, les renards te autres bêtes carnacieres. (DJ .')
T r a p p e , moines de la , ( Géog. mod. ) cette abbaye
eft de l’ordre de Citeaux, lituée dans un grand
vallon de la province du Perche, dioc^fe de Sèez,
entre les villes de Seez, de Mortagne, ne Verneuil
t e de l’Aigle. Les collines te les forêts qui environnent
cette abbaye, font difpofées de telle forte, qu’elles
fémblent vouloir la cacher au refte de la terre.
Elles enferment des terres labourables , des plans
d’arbres fruitiers, des pâturages, te neuf étangs qui
font autour du monaftere, te qui en rendent les approches
fi difficiles, que l’on a befoin d’un guide pour
y arriver.
Cette abbaye fut fondée en 1140 par Rotrou '
comte de Perche , te cqnfacrée fous le nom de la
fainte Vierge en 1214, par Robert, archevêque de
Rouen. Rien n’eft plus foiitaire que ce défert ; car
quoiqu’il y ait plufieurs bourgades à trois lieues à
l’entour, ü femble pourtant qu’on foit dans une terre
étrangère & dans un autre pays. Le filence régné partout
; fi l’on entend du bruit, ce n’eft que le bruit
des arbres lorfqu’ils font agités des vents, te celui
de quelques ruitfèaux qui coulent parmi des cailloux.
Les religieux de la Trappe fe couchent en été à
huit heures, te en hiver à fept. Ils fe lèvent la nuit
à deux heures pour aller à matines , ce qui durejuf.
qu’à quatre heures te demie. Une heure après ils di-
fent prime, te fe rendent enfuite au chapitre. Sur les
fept heures ils vont à leurs divers travaux jufqu’à
huit heures te demi, qu’on dit tierce , la méfié &
fexte ; après cela ils reviennent dans leur chambre,
vont enluite chanter none , & fe rendent au réfectoire
à midi.
Les tables font propres , nues & fans nappe. Ils
ont devant eux du pain, un pot d’eau te chopine de
Paris de cidre. Leur potage eft fans beurre & fans
huile ; leurs faufles font d’eau épaiffie avec un peu
de gruau te de fel. Une heure après le repas, ils retournent
au travail du matin. A fix heures on dit
complies, à fept on fonne la retraite ; chacun fe couche
fur des ais où il y a une paillafl'e piquée , un
oreiller rempli de paille &une couverture. Tout cela
fe fait en filence, & fans aucun entretien des uns
avec les autres.
L’abbaye de la Trappe étoit tombée dans un grand
relâchement, lorfque M. l’abbé de Rancé l’a reformée.
Sa vie a été donnée ou plutôt déguifée au public
fous les couleurs de la pure adulation, par M. de
Maupeou, M. Marfolier , & dom le Nain, frerede
M. de Tillemont.
Dom Armand Jean le Bouthillier de Rancé, dit M.
de Voltaire , commença par traduire Anacréon, &
inftitua la réforme effrayante de la Trappe en 1664.
Il fe difpenfa, comme légiflateur, de la loi qui force
ceux qui vivent dans ce tombeau, à ignorer ce qui
fe paffe fur la terre. Quelle inconftance dans l’homme
! Après avoir fondé & gouverné fon inftitut, il
fe démit de fa place, & voulut la reprendre. Il mourut
en 1700, à 74 ans.
Au refte les leâeurs curieux de plus grands détails
peuvent lire la defcription de l’abbaye de la Trappe
par Félibien, Paris 1671 & 1692., in-8°. m m
T rappe, abbaye de la, (Hijl. ecclef.) elle eft de l’ordre
de Citeaux, lituée ,dans le Perche, aux confins
de la Normandie, à quatre lieues de Mortagne, vers
le nord; elle fut fondée par Rotrou comte de Perche
en 1140, fous le pontificat d’innocent 11. & le
régné de Louis V I I . elle fut dans fon origine de l’ordre
de Savigny ; en 1148. Seflon quatrième abbé de
Savigny , réunit fon ordre à celui de Citeaux, à la
follicitation te par l’entremife de S. Bernard. En
1 114 l’églife de l’abbaye de la Trappe fut confacrée
fous le nom de la fainte Vierge ; en 1 z o o , la com-
teffe Matilde avoit fondé l’abbaye des Clairiftes;
l’abbé de la Trappe fut le premier abbé de cette abbaye
de femmes, te fes fucceffeurs ont encore le
droit d’en élire les peres te fupérieurs. La Trappe
d’abord fut célébré par lafàinteté de fes premiers religieux
; mais ils dégénérèrent,fort de toutes les cho-
fes humaines, de la vertu de leurs fondateurs. L’abbaye
de la Trappe fut plufieurs fois faccagée par les
Anglois, pendant les guerres que nous avions alors
avec eux. Les religieux de la Trappe eurent le courage
de demeurer quelque tems dans leur maifon ;
la continuité du péril auquel ils étoient expofés, les
en chafla ; la guerre venant à ceffer, ils rentrèrent
tous dans leur monaftere ; mais ils avoient eu le tems
de fe corrompre dans le monde. En r ç 1 6 , la Trappt
eut desabbés commendataires.; en 166 a, l’abbé Jean
le BoutilLër.de Rancé, converti non par la mort fit-
bite , je c rois, de la belle madame de Montbazon,
dont il étoit amant favorifé , mais par une circonf-
tance extraordinaire qui l’a fùivie, porta la réforme
la plus auftere à la Trappes G’eft-là que fe retirent
ceux qui ont commis ^quelques crimes fecrets dont
les remords les pourfuivent; ceux qui font tourmentés
de vapeurs mélancoliques te religieufes ; ceux
qui ont oublié que Dieu eft le plus miféricordieux
des peres, te qui ne voient en lui que le plus cruel
des tyrans ; ceux qui réduifenr à rien les ibuffrancfes,
la mort, te la paffion de Jefiis-Chrift, te qui ne voient
la religion que du côté effrayant te terrible. C’eft
de: là que partent des c ris, &: là que font pratiquées
des auftérités qui abrègent la v ie , te qui font injure
à la divinité.
TRAPPE, (Jardinage.) fignifie bien rumaffé, bien
venu. Il fe dit ordinairement des melons; voilà un
melon qui trappe.
TRAQUENARD, f. m. ( terme de Manege. ) en-
trepas qui eft un train ou amble rompu, qui ne tient
ni du pas ni du trot, mais qui approche de l’amble.
Le cheval qui a cette forte d’allure , fe nomme traquenard
, ex eo quod intricat pedes, dit Saumaife.
T raqu enard, f. m. ( terme de Chajfe, ) forte de
piege compofé d’ais rangés èn forme de cercueil, te
dont on fait ulàge pour prendre des chats fauvages,
des-belettes , des fouines, &c. On fait dès traquenards
fimples te doubles ; mais ces derniers font les
meilleurs;. ( D . J .)
TRAQUER, v. a£L (terme de Chajfe.') entourer un
bois, y envelopper les bêtes fauves de telle maniéré
qu’elles ne puiffentfefau ver , fans être apperçues de
quelque chaffeur. (D . J . )
TR AQ U E T , TARIER , G ROULARD, fubft. m.
( Hiß. nat. Ornitkol. ) oenanthe tertia Rai , muficapa
ténia Aid. rubetra bellonii,- oifeau qui eft de la grof-
feur de la linotte ; la tête te le cou font noirs ; il y a
de chaque côté une tache blanche, difpofée de façon
qu’il femble que cet oifeau ait un collier ; les plumes
du milieu du dos font noires te ont les bords roux ;
il y a au-deffus du croupion une tache blanche. La
poitrine êft roufi'e ou d’un jaune rougeâtre, le ventre
a une couleur blanche, mêlée d’une teinte de rouge.
Le mâle te la femelle ontfur les aîles près du dos une
tache blanche. Ils different principalement des autres
oifeaux de leur genre par ce caractère qui leur eft particulier.
Le bec, les piés te les ongles font noirs. Rai,
jynop. meth. avium. Voye£ OlSEAU,
T ra q u et , f. m. (terme de Meunier. ) cliquet de
moulin; c’eft une petite loupape qui ouvre te ferme
Couverture de la trémie, pour laiflèr tomber le grain
peu-à-peu fur la meule. (D . J.)
TRASELLE, f. m. (Poids ét ranger.) poids en ufage
dans quelques villes de l’Arabie , particulièrement à
Mocha , célébré par fon grand négoce ; le trafelle
pefe 28 liv. il en faut 15 pour le bahars ; dix manus
font un trafelle. Savary. (D . J .)
T R A S I , f . m. ( Hiß. nat. Botan. ) nom vulgaire
qu’on donne au fouchet rond te bon à manger ; il
croît dans les pays chauds, & fur-tout en Italie ; delà
vient que Gérard le nomme cyperus efculentus,
trafi Italorum. Il eft appellé par Tournefort, te par
tous les autres botaniftes , cyperus rotundus, efculen-
tnj » angufii folius. Ses tiges hautes d’environ deux
Çies, portent en leurs fommités des fleurs à plufieurs
etamines ramafîees en tête, de couleur jaunâtre; ces
tetes font compofées de diverfes feuilles en écaille,
îous chacune defquelles il vient, lorfque la fleur eft
paflee, une graine relevée de trois coins. Les racines
au trafi font chargées de tubercules charnus, gros
comme de. petites noifett.es y couverts d’une écorce
ridée Jaunâtre, ayant la chair blanche, ferme, d’un
goût doux -, approchant de celui de la châtaigne te
\ fans odeur. (D . J .)
TRASIMENE, LAC DÈ , ( Géogant.) lac d’Italie
dans la Tofcanè, fatal aux Romains du tems de là
guerre punique ; car c?eft où Annibal vainquit le
: eonfui Flaminius. Polybe , Uv. I I I . ch. Ixxxij. dit
'Tmoip.tvtv Sk/uwv ; Strabon , liv. V. comme la plupart
des auteurs latins écrit Tpctrfimr, par un T fimple ;
mais ces deux anciens fe trompent dans la pénultième
, quèles poètes latins font longue ; Ovide l VU
Fafi'.v.yCX
Trafimenaque littora ufiis.
Silius Italicus, l. IV. v. y 40. en ufe de même :
* • • Stagnis Trafimenus opacis*
EtStace , /. I. Silvar. car. jv . v, 8G.
* * •• Gaudet Trafimenus & Alpes
Cannenfefque anima.
Le nom moderne de ce lac eft Laeo di Perueta*
( D . J . ) *
TRASMAUR, (Géog. mod.) petite ville d’AIle*
magne, dans la bafl’e Autriche, fur la droite duDra-
fain , près de fon confluent avec le Danube.
TRASSuR, ou TRACER , (Cornrn.) terme qui eft
de quelque ufage parmi les négocians te banquiers-
Il fignifie tirer une lettre de changé fur quelqu’un ,
ou prendre de l’argent à change. Voye? C hange. D i cl.
de Cornrn.
TR A STR A V A T , c h ev a l , (Manege.) onappelle
en termes de manege, un cheval traßravat, celui qui
a des balzanes à deux prés qui fe regardent diagona*
lement te en croix de S. André, comme au pié mon-
toirde devant, te au pié hors-montoir du derrière,
ou-bien au pié hors montoir du devant, & au pié mon»
toir du derrière. Oh appelle travatt celui qui a des
balzanes aux deux piés du même côté. Le cheval tra-
Vat, ainfi que le traßravat ne font pas eftimés.f D J \
TR A TR A TR A TR A , f. m. ( H fi. nat. ) animal
quadrupède de l’ile de Madagafcar. Les voyageurs
ne nous en apprennent rien, finon qu’il eft de la
grandeur d’une géniffe de deux ans, qu’il a une tête
ronde qui a du rapport avec celle d’un homme. Ilref*
femble par-devant & par-derriere à un gros finge ,
te fe tient dans les deferts.
TRATTES, f. f.pl. (Charpent.) ce font des pièces
de bois , longues dé trois pies , te greffes de feize
pouces, que l’on pofe au-deffus de la chaife d’un
moulin à vent, te qui en porte la cage. ( D . J . )
TRAVADES , f. f. ( Marine. ) ce font certains
• vents inconftans qui parcourent quelquefois les tren»
te-deuX rumbs en une heure. Ils font ordinairement
accompagnés d’éclairs, de tonnerres, te d’une pluie
abondante.
TRAVAIL , f. m. ( Gramm:) occupation journalière
à laquelle l’homme eft condamné par fon befoin
, te à laquelle il doit en même tems fa fanté, fa
fubfiftance, fa férénité,fonbon fens & fa vertu peut-
être. La Mythologie qui le confidéroit comme un
mal, l ’a fait naître de l’Erebe & de la Nuit.
T ravail , (Cntiq. facrée.) ce mot dafts l’Ecriture
fe prend pour la fatigue du corps , Job. v, y. pour
celle de l’efprit, PJl xxjv. 18. pour les fruits du travail
, Deuu xxviij, j j . & finalement par une figure
de Rhétoriqueipour l’ûijuftice, fous la langue du méchant
, eft le travail de l’iniquité , Pf. x. y. ( D. J.)
T r a v a il , f. m. (Art milit.) eft le remuement
desserres, le tranfport te l’arrangement des gabions,
des facs à terre , des briques , des fafeines , & de
tout ce que l’on fait pour fe loger & fe couvrir. Ainfi
h s travailleurs font des pionniers, te le plus fouvent
des foldats commandés pour remuer les terres, ou
s’occuper à quelqu’autres travaux. DiH. militaire.