«luire dans l ’Eglife, y excitèrent de grands troubles
au commencement du vji fiécle.
Elle fut condamnée d’abord dans les conciles tenus
à Rome & à Conftantinople en 483. On la fit
revivre dans le ix. fiecle , 6c elle fut condamnée de
nouveau dans un concile tenu à Rome fous le pape
Nicolas I. en 86®. ;
Le P. le Quien , dans fes notes fur S. Jean Dar
niafcene, dit que la même erreur avoit déjà été avancée
par Apollinaire, dont les difciples furent les premiers
qui euffent été appellés Théop otites ou Théo-
p afdu tes. Voyt{ APOLLINAIRE.
THÉOPHANIE, f. f. pl. ( Antiq. greq.) ,
c’étoit la fête de l ’apparition d’Apollon à D elphes,
la première fois qu’il fe montra aux peuples de ce
canton. Ce mot eft compofé de Sloç, dieu, 6c çxîm,
yapparois , j t manifefie. Voye{ Potter, Archoeol. grac.
I. IL c. x x . tomel. p. 40Z. (JD. J.)
T héoph an ie , f. f. terme d'Eglifcy nom que l’on a
donné autrefois à l’Epiphanie ou à la fête des rois ;
on l'a aufli appelle théoptie. Le P. Petau, dans fes notes
fur S. Epiphane * obferve. que , félon Clément
d’Alexandrie , lorfque la théophanie, qui étoit un
jour de jeûne , tomboit le Dimanche y il falloit jeûr
nef. Cette pratique a bien changé, puifqu’aujour-
d’hui, bien-loin de jeûner le jour de laNativité lorf-
qu’elle arrive le Dimanche , au contraire lorfqu’elle
arrive un Vendredi ou un Samedi, qui font des jours
d’abftinence dans l’Eglife romaine, les lois eccléiiafti-
ques difpenfent de cette abftinence ; l’on fait gras, 6c
c’eft un jour de.régal. ( D . J .)
THÉOPHRASTA, f. f. ( LUf. nat. Botan. ) genre
de plante ainfi nommé par Linnæus. Le calice de la
fleur eft une petite enveloppe légèrement découpée
en cinq fegmens obtus , 6c il fublifte après la chute
de la fleur. La fleur eft monopétale, en cloche y finement
divifée en cinq fegmens obtus ÿ les étamines
font cinq filets pointus plus courts que la fleur ; les
boffettes des étamines font Amples. ; le germe, du
piftil eft ovale ; le ftile eft affilé, & plus^courjt que
la fleur ; le ftigma efl aigu ; le fruit eft une greffe
capfule ronde , contenant une feule loge ; les femen-
ces font nombreufes, arrondies , 6c attachées à cha-^
que partie de leur filique qui eft lâche. Linnæi, gc«.
plàht. p. tfàl ( D. J. )
THEOPNEUSTES(Littérat. ) Ssi.7rm»V«/,épithète
que les Grecs donnoient à leurs prêtres, quand
ils étoient faifis de l’efprit prophétique. Potter , Ar-
cliàol. grac. tome I. p. 302. ( D. J. )
TH E Ô P liO P lA , {Littérat.') déparia, c’eft l’épi*
thete même que les Grecs donnoient aux oracles.
Voyei Or a cle . (D .J . )
THÉOPSIE , f. f. (Mythologie.) c’eft-à-drre l’apparition
des dieux. Les païens étoient perfuadés que lès
dieux fe mànifeftoient quelquefois , apparoiftoient à
quelques pexfonnes, 6c que cela arrivoit ordinairement
aux jours où l’on célébroit quelque fête en leur
honneur. Cicéron, Plutarque, Arnobe & DïonChry-
foftôme font mention de/ces fortes d’apparitions.
THÉOPTIE,/. f. terme d’Eglifc, c’ eft la même
choie que Théophanie ou Epiphanie. Ce mot vient
de Dieu, 6c c<olopa.iyje vois. ( D. J .) •
THÉORBE ou TU ORBE, f. m. (Lutherie.) infiniment
de mufique fait en forme de luth , à la réfervê
qu-’il ja deux manches , dont le fécond qui eft plus
long que Je premier., foùtient les quatre derniers
rangs de cordes qui doivent rendre les fons les plus
graves. Wj"q'LüTH^ & la fig. Planches de Lutherie.
Ce mot eft françoïs , quoiqu’il y en ait qui lé'dëri-
Vént de •l’italien iiàrba, qui fignifie la même chofe ;
il y en a d’autres quiprëtendéntque c’eft le nom d'ê
celui qui a invente cet infiniment.
• G’éll le ihéorbe q ui, depuis environ cent ans,!a pris
la place du luth, de qui dans les concerts fait la baffe
continue. Ôn dit qu’il a été inventé en France par le
fieur Hotteman , & qu’il a paffé de-lâ én Italie.'
La feule différence qu’il y a entre le théorbe 6 c t é
luth, c’eft que le premier a huit groffes cordes plus
longues du double que.celle du luth : cette longueur
considérable fait rendre à ces cordes un fon fi doux,
& qu’elles foutiennent fi long - tems , qu’il ne faut
point s’étonner que plufieurs préfèrent le théorbe au
clavefîîn même. Le théorbe a du-moins cet avantage,'
qu’on peut aifément changer de placé. •
Toutes fes cordes font ordinairement fimples, ce->
pendant il y" en a qui doublent les plus groffes d’une
petite oêlave, & les minces d’un uniftbn ; 6c comme,
dans cet état, le théorbe reffemble davantage au luth,
lés Italiens l’appellent arcUleuto ou archi-luth. Voyeç
Ar c h i-Lu t h .
THÉORE , f. m. (Antiq. greq.") Stopec , les théores
étoient des facrificàteurs particuliers , oue les Athé-*
niens erfvoyoient à Delphes offrir en leur nom de
tems en tems à Apollon pythien des facrifices folenv
nels, pour le bonheur de la villé d’Athènes 6c la
profpérité de la république. On tiroii les théores tant
du corps du fénat, que de celui des thefmothetes.
THÉORÈME, f. m. en Mathématique , c’eft une
propofition qui énonce 6 c démontre une vérité.
Ainfi fi l’on compare un triangle à un parallélogram-
më appuyé fur là même bafe 6 c de même hauteur ,
en faifânt attention à leurs définitions immédiates,
auffi-bien qu’à quelques-unes de leurs propriétés
préalablement déterminées , on en inféré que le pa-*
rallélogramme eft double du triangle cette propofition
eft un théorème. Vcye{.DÉFINITION , &c.
Le théorème eft différent du problème » en ce que
le premier eft de pure fpéeulation , 6c que le fécond
a pour objet quelque pratique. Voye{ Pr o b l èm e . ■
Il y a deux chofes principales à cOnfidérer dans un
théorème, la propofition& la démonftration ; dans la
première on exprime la vérité à démontrer. Voyeç
Proposition.
Dans l’autre on expofe les raiforts qui établiffent
ëettè vérité.
Il y a des théorèmes de différente efpece : le thèo-
tème général eft celui qui s’étend à un grand nombre
de cas '; comme celui-ci -, le reélangle' de la fortune 6c
de la différence de deifx-quantités. iqttelconques eft
égal à la différence des quarrés dë tes mêmes.grandeurs.
Le théorème particuliëreft celtti quï rte s’étend qu’à
un objet particulier ; comme celuUti, dans \m triangle
équilatéral reéiiligne , chacun dés angles eft dé
60 degrés.
. Un théorème négatif exprime l’impoffibilité de quel-
qu’àflèrtion ; tel eft celui-ci : un nombre entier qui
n’eft pas quarré nefauroit avoir pbuf ratifie quarréè
un nombre entier phis une fraction.
Le ‘tkéorèmt réciproqu-e eft celui dont la Converfe
eft vraie ; comme celui-ci :.fi un triangle a deux côtés
égaux , il faut qii’il àît deux- angles égaùx : la con-
verfe de ce théorème eft aùfîi vr'aië^ c’eft-à-dire que fî
un triangle a deux angles égaux, il a ftéceflairement
deux côtés égaux: Voye^ Ré c ip r o q u e , Inverse 6*
Co n v e r se . Ghambèh. - '
THÉORÉTfQUE oü THÉORIQUE, qui à rapport
à la théorie y ou qui fe termine à la fpecul atiort.
Dans çe fens , le mot eft oppofeh pratique , & il répond
à dogmatique. -
Il eft formé du grec Smptu , je vois ^ j ’examine , je
contemple.
‘.Lès foiencès fe divifent ordinairemerit eh ihèôrî-
tiques cm fpéculatives, coin me la T h é o to g iè la Phi-
lOiôphie., &c. 6c en pratiqués, comme là Médecine,
le- Droitj &c. F'qycç SciÉN’CÈ. ; 1
T Hé or étique , eft un nom qui fut'dôhnë en pà'r-
ticulièr à une ancienne feêle de médecins oppôfës
nû-!x:empiriques. Voyè{ -MÉ-dectN: . .
Les Médecins théorétiques étoient"èeux qûi s’appliqyoient
à étudier 6c à examiner foignéûfemeht tôitt
ce qui regarde la fanté 6c les maladies ; les principes
du corps humain , fa ftruélure, fes parties , avec
leurs aérions 6c leurs tifàges ; tout ce qui arrive au
corps , foit naturellement, foit contre nature , les
différences des maladies , leur nature, leurs catifes ,
leurs lignes« leurs indications, & c . le tiffu, les propriétés
, 6 'o d es plantes 6 c des autres rémedes, & c .
en un m o t, les Médecins t h é o r é t i q u e s étoient ceux
qui fe concluifoient par raisonnement, au-lieu que
les Médecins empiriques ne fuivoient que l’expérience.
Voye^ M é d e c in e & E m p i r i q u e .
THÉORETRE, f. nt. ( A n t i q . g r e q . ) ô -z o p trp o v , de
â - i o o t u , j e v o i s , nom qu’-on donnoit en Grcce au pré-
fent qu’on faifoit aux jeunes filles prêtes à fe marier,
lorfqu’elles fe montroient la première fois en public
en ôtant leur voile. Scaliger , p o é t . l . I I I . c . c j . prétend
que ce mot défignoit les préfens que l’on faifoit
-à la nouvelle épeufe , loffqu’on la conduifoit au lit
'nuptial. Quoi qu’il en foit, ces mêmes préfens étoient
-encore appelles o p t h e r e s , a n a c a l y p t e r e s 6 c p r o p h t e n g -
't e r e s , parce que l'époux futur vo.yoit alors à fa volonté
(à future époufe. (D . J.)
THÉORIE , f. f. (P h i l q f j ) doétrine qtii- fe borne
•à la confidération cle fon objet, fans aucune application
à la pratique, foit que l’objet en foit fulceptible
ou non. •
Pour être favant dans un a rt, la théorie fuffit ; mais
pour y être maître, il faut joindre la pratique à la
-théorie. Souvent les machines promettent d’heureux
fuccès dans la théorie, 6c échouent dans la pratique.
■ Voye[ M a c h i n e .
On dit la théorie de l’airc-en cie l, du microfcope ,
’de la chambre obfcure, du mouvement du coeur, do
l ’opération des purgatifs, &c.
T h é o r i e s d e s p l a n è t e s , 6 c c . Ce font des fyftèmes oit
des hypothefés, félon lefquelles les Aftronomes expliquent
les phénomènes ou les apparences de ces
planètes, & d’après lelquels ils donnent des méthodes
pour calculer leurs mouvemens. V o y e £ S y s t è m e ,
P l a n e t t e , & e . C h a m b e r s .
T h é o r i e , f. f. ( Antiq.greq.') QApua, pompe fa-
orée compofée de choeurs de mulique que les principales
villes greques envoyôient toutes les années à
-Dé!os. Plutarque , en racontant la magnificence &
la dévotion de Nicias , • dit : avant lui les choeurs de
mufique que les villes envoyoient àDélos-pour chanter
des hymnes & des cantiques à Apollon , arri-
voient d’ordinaire avec beaucoup de défordre , parce
que les habitans de l’île accourant furie rivage au-
devant du vaiflèau, n’attendoient pas qu’ils fmTent
defcend'us à terre ; mais poufl'és par leur impatience,
ils les prefl'oient de chanter en débarquant, de -forte
que ces pauvres muiieiens étoient forcés de chanter
dans le tems même qu’ils-fe-eouronnoient <le leurs
chapeaux de fleurs , 6c qu’ils prenoient leurs habits
de cérémonie , ce qui ne pouvoit fe foire qu’avec
beaucoup d’indécence & de confu-fion. Quand Ni-
'cias eut l’honneur de conduire cette pompe facrée ,
il fe garda bien d’allei- aborder à Délosymais pour
éviter cet inconvénient y il alla defeendre dans l’île
de Rhène, ayant avec lui fort choeur de muficiens,
les viélimés pour le facrifice 6ç tous les autels préparatifs
pour là fête ; il avoit encore amené un pont
qu’il avoit eu la précaution de faire conftruireà Athènes
félon la mefure de la largèùr/du-cariai qui fépare
1-île dé Rhène 6c celle de Défos. Ce pont 'étoit d’une
magnificence' extraordinairè, orné de domres , de
beaux tableaux & de riches tapifieries. 'Nicias le fit
jetter la nuit fur le canal, 6c le lendemain au point du
jour il fit pafler toute fà procéffion & fes muficiens
fuperbemehtparës , qui en marchant en bel ordre &C
avec decçncë , rempliflbierttTàir de leurs cantiques.
Dans cette belle ordonnance il arriva au temple d’Apolîo'n.
On choififfoit pour la conduite des choeurs
un des principaux citoyens, & c’étoit une grande
gloire que d’être intendant des théores. Voye^
T héore. Voye{ z\\ff\ pour les détails de cette célébré
proceffion navale, qu’on nommoit théorie y lés
archoeol. grac. de Potter. A IL c. ix. t. I. pae. 2S4 &
fuiv. ( D . J .) . • ° _
THÉORIUS, ( Mythol. ) Apollon avoit un temple
àTroëzene, Ions ce nom qui fignifie je vois y 6c
qui convient fort à ce dieu confideré comme le fo-
leih C’étoit le plus ancien temple de cette ville ; il
fut rebâti 6c décoré par lefage Pithée. (D . J.)
THÉOSOPHES , LES, ( Hifl. de la Philofophie. )
voici ,peut-être l’efpece de philofophie la plus fingu-
liere-. Ceux qui l’ont profeflëe , regardoient en pitié
la raifon humaine ; ils n’a voient nulle confiance dans
fa lueur'ténébreufe 6c trompCufe ; ils fe prétendirent
éclairés par un priricipe intérieur, furnaturel 6c divin
qui brilloit en eux , 6c s’y éteignoit par intervalles,
qui les elevoit-aux connoiflànces les plus fu-
blimes^lorlqu’il agiffoit, ou qui lés Iaiffoit tomber
daqs l’etat d’imbécillité naturelle lorfqivil ceffoit
d agir ; qui s’emparoit violemment de leur imagina-
nation, qui les agitoir, qu’ils ne maîtrifoient pas, mais
dont ils etoient m a îr r ilë s6c qui les conduifoit aux
decouvertes les plus importantes 6c les plus cachées
fur Dieu 6c lur la nature-: c’eft ce qu’ils ont appelle
la théojbpkie.
Les théofopkes ont paffé pour des fous auprès de
cés hommes tranquilles 6cfroids, dont l’ame pefante
ou râffifle n’eft iufceptible ni d’émotion, ni d’en-
tnoufiafme , ni de ces tranlports dans lefquels l’homme
ne voit point, ne fent point, ne juge point, ne
parle point, comme dans fon état habituel. Ils ont
dit de Socrate 6c de fon démon, que fi le face de la
Grece y cfo yo it, e’étoit un infenfé, 6c que°s’il n’y
croyoit pas , c’étoit- un fripon.
Me fera-t-il permis de dire un mot en faveur du
démon de Socrate ’6c de -celui d es théàfop lies ? Nous
avons tous des preffentimens, -6c ces preffentimens
font d’autant plus juftes 6c plus prompts ^ que nous
avons plus de pénétration 6c d’expérieivce. Ce font
des jugemens lubits auxquels nous fommes entraînés
par certaines circonftânces très-dëliéés. Il n’y a aucun
fait qui ne foit précédé 6c qui ne foit accompagné
de quelques phénomènes. Quelque fugitifs, momentanés
6c fubtils que foient ces phénomènes , les
hommes doues d’une grande fenfibilité, que tout
frappe , a qui lien n’échappe, en font affectés., mais
fouvent dans un moment où ils n’y attachent aucune
importance. Us reçoivent une foule de ces impref*
fions. La mémoire du phénomène paffe; mais celle
de l’impreffion fe réveillera dans l’occafion ; alors
ils prononcent que tel événement aura lieu ; il leur
femble que c’eft une voix fecrette qui parle au fond
de leur coeur-, 6c qui les avertit. Ils le croyent infpi-
rés, & ils le font en effet y non par quelque puiffan-
ce lurnaturelle 6c divine, mais par une prudence
particulière 6c extraordinaire. Car qu’eft-ce que la
prudence j finon une fuppofition dans laquelle nous
femmes portes à regarder -les'- cir confiances diverfes
où nous nous trouvons,, comme les caufes jjoftibles
d’effets à craindre ou à efpérer dans l’avenir ? ôr il
arrive que cette fuppofition eft quelquefois-fondée
fur une infinité de chofes légères que nous avons
vues, apperçues, fenties , dont nous ne,pou vons plus
nous rendre compté ^ ni .à nous-mêmes , ni aux aù-
tres,mais qui n’en bnt pas une liaifon moins néceffài-
re ni moins forte avec l’objet de notre crainte 6c de
notre efpérance. G’éïl une multitude d’atomes imperceptibles
chacun , mais qui réunis forment un
poids çonfidérabîe qui nous incline , fans prefqüe
I favoit,pourquoi. Dieu voit l’ordre de l’univers entier
-daris la plus petits molécule de la matière, La pru