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Vécouta, plaignit fa langueur 9
E t fit peut-être plus encore.
Dans cet antre profond -, ah fans autres témoins
Que la nayath & le {épkire ,
Laure fut par de tendres foins 9
De l'amoureux Pétrarque adoucir h martyre ; '
Dans et t antre oh l'amour tant de fois fu t vainqueur,
Quelque fierté dont onfepique ,
On fient élever dans fort coeur
•Ce trouble dangereux par qui P amour s'explique,
Quand il allarme la pudeur.
' Ce îîejfi pas feulement dans cet antre écarte
Qu'il refit de liürs feux une marque immortelle :
Ce fcrtilevqüon dont on a tant vanté
Lafoluüde & La beauté,
Voit mille fois le jour dans la faifibn nouvelle 9
Les rofïgnols, les ferins * les pinçons 9
Répéter fous un vèrd ombrage ,
Je ne jais quel doux badinage,
• Dont ces heureux amans leur donnoient des leçons.
Leurs noms fur ces rochers peuvent encore fit lire ,
L'an avec l'autre efl confondu ;
Et famé à peine peut fojfire
A u x tendres mouvemens que leur mélange infpire.
Quel charme efl ici répandu J
A nous faire imiter ces amans tout confpire.
Par les foins de Vamour leurs foupirs confervés
Enflamment l'air qu'on y refpire;
E t les coeurs -qui fefont fauves
De fon impitoyable empire,
A ces déferts font, réfervés.
Tout ce qu'a de charmant leur beauté naturelle »
Ne peut m'occuper un moment.
Les refiles précieux d’une flamme f i belle
Font de mon jeune coeur le feul amufement.
A h ! qu'il rdentretient tendrement
Du bonhtur de la belle Laure !
E t qu'à parler Jincerement ,
I l feroit doux d'aimer , j î P on trouvoit encore
Un'coeur comme le coeur de fou illuflre amant l
( Le chevalier D E J A U CO U R T . )
VAUCOULEURS , (Gèog. mod.') petite ville de
France , danfc la Champagne, au Bafligny , fur le
bord de la Meufe, à 5 lieues au couchant de T o u l,
à 8 au fud-oueft deNanci, & à 65 au levant de
Paris.
Comme la vue de ce lieu eft belle, & qu’elle don-
sie furxiné vallée ornée de fleurs naturelles de toutes
Fortes de couleurs , la ville en a pris le nom de vallée
des couleurs’ ou Vaucouleurs. Elle faifoit autrefois une
petite fouveraineté poffédée par les princes de la
anaifon de Lorraine; inais à caufe de l'importance
rie fon paffage » Philippe de Valois en fit l’acquifition
•de Jean de Joinville en 1335. On y voit une collégiale
, un couvent de religieux, un monaftere d’An-
aïonciades & un prieuré.
Vaucouleurs eft le liege d’une prévôté compofée
d e vingt-deux paroiffes qui font du diocèfe de Toul.
Long. 23.18. latit. 48 .3 1.
Le.pays de Vaucouleurs eft connu pour avoir don-
aié la naiflance dans le village de Domrémy, à cette
fameufe fille appellée Jeanne dArc 6c furnommée la
pucelle d'Orléans. C ’étoit une fervante d’hôtellerie,
née au commencement du xv. fiecle, « robufte,
» montant chevaux à poil,.comme dit Monftrelet,
» ôc faifant autres apertifes que filles n’ont point ac-
■*> coutume de faire ». On la fit palier pour une ber-
.gere de 18 ans en 1429, & cependant par fa propre
oorïfefiion elle -avoit alors 27 ans. On la mena à Chi-
«on auprès de Charles VII. dont les affaires étoient
réduites à un état déplorable, outre que les Anglois
affiegeoient alors la ville d’Orléans. Jeanne dit au roi
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qu’elle eft envoyée de Dieu pour faire lever le liege
de cette v ille , & enfuite le fairefacrer à Rheims.
Un gentil-homme nommé Baudricourt avoit propofé
au duc de Dunois d’employer cet expédient pour relever
le courage de Charles V il. 6c Jeanne d’Arc le
chargea de bien .jouer fön rôle de guerriere 6c d’inf-
pirée.
Ellé fut examinée par des femmes qui la trouvèrent
vierge 6c fans tache.
Les doéieurs de l ’univerlité & quelques confeil-
lers du parlement ne balancèrent pas à déclarer qu’elle
avoit toutes les qualités qu’elle fe donnoit ; foit
qu’elle les trompât, foit qu’ils cruffent eux-mêmes
devoir entrer dans cet artifice politique : quo: qu’il
en foit, cette fille guerriere conduite par des capitaines
qui ont l’air d’être à fes ordres, parle aux fol-
dats de la part de D ie u , fe met à leur tête, leur infpire
fon courage , 6c bientôt après entre dans Orléans
, dont elle fait lever le fiege.
Les affaires de Charles VII. commencèrent à prendre
un meilleur train. Le comte de Richemont défit
les Anglois à la bataille de Patay, oh le fameux Talbot
fut prifonnier. Louis III. roi de Sic ile, fameux
par fa valeur 6c par les inconftances de la fortune
pour la maifon d’Anjou , vint fe joindre au roi fon
beau-frere. Auxerre, Troyes , Châlons, Soiflons,
Compiegne, 6c. fe rendirent à Charles VII. Rheims
lui ouvre fes portes ; il eft facré, la pucelle aflîftant
au facre, en tenant l’étendart avec lequel elle avoit
combattu.
L’année fuivante elle fe jette dans Compiegne que
les Anglois alliégeoient ; elle eft prife dans une fortie,
6c conduite à Rouen. Le duc de Bedford crut nécef-
faire de la flétrir pour ranimer fes Anglois. Elle avoit
feint un miracle , le régent feignit de la croire forciere
; on l’aceufa d’héréfie, de magie, & on condamna
en 143 ï à périr par le feu , celle qui ayant
fauvé fon ro i, auroit eu des autels dans les tems héroïques.
Charles VII. en 1454 réhabilita fa mémoire
affez honorée par fon liipplice même.
On fait qu’étant en prifon elle fit à fes juges une
réponfe admirable. Interrogée pourquoi elle avoit
ofé afîifter au facre de Charles avec fon étendart, elle
répondit : « il eft jufte que qui a eu part au travail,
» en ait à l’honneur ». Les magiftrats n’étoient pas
en droit de la juger, puifqu’elleetoit prifonniere de
guerre ; mais en la condamnant à être brûlée comme
hérétique 6c forciere, ils commettoient une horrible
barbarie, & étoient coupables de fanatifme, de fu-
perftition 6c d’ignorance. D ’autres magiftrats du dernier
fiecle ne forent pas moins coupables en condamnant
en 1617 Léonora Galligaï, maréchale d’An-
c r e , à être décapitée 6c brûlée comme magicienne
& forciere, 6c elle fit à fes juges une aufîi bonne réponfe
que Jeanne d’Arc.
On peut lire ici les mémoires de du Bellay, l’abbé
Laiiglet, hiß. de la pucelle d'Orléans, & la differtation
de M. Rapin dans le iv. volume defon hiftoire. Au
refte Monftrelet eft le feul auteur qui ait été contemporain
de Jeanne d’Arc.
Delifle (Claude) naquit à Vaucouleurs en 1644 ,
6c mourut à Paris en 1720, à 76 ans. On a de lui
quelques ouvrages, entr’autres une relation du voyage
de Siam , & un abrégé de l’hiftoire univerfelle eu
fept vol. in-12; mais fa principale gloire e ftd’êtrele
pere de Guillaume Delifle , un des plus grands géographes
de l’Europe. ( Le chevalier d e J A U c o u r t .)
VAUCOU R, 1. m. terme de Poterie ; les potiers de
terre nomment vaucour, une efpece de table ou de
large planche , foutenue fur deux piliers, placés devant.
la roue dont ces ouvriers fe fervent pour tourner
leurs ouvrages de poterie ; c’eft fur le vaucour
qu’on prépare 6c qu’on arrangé les morceaux de ter-
V A U .
V A U D , ?ÀŸS d ë-, ( Géog■. mod!) èiî îatiri dii fflôÿêii
âge, comitatus Waldenfiis ; 6c en Aimand, Wath; contrée
de la Suiffe * dépendante du canton de Berne.
Ce pays oh le peuple parle le françois ou le roman,
& non pas l’Allemand, s’étend depuis le lac de Genève
, jufqu’à ceux d’Yverdun & de Morat. Il tou-
che à l’orient au pays de C e x, 6c le mont Jura le fé-
pare de la Franche-Comté vers l’occident. Il eft affez
probable , que ce pays a à-peu-près les mêmes bornes
que le pagus Urbigenus de Céfar , dont la ville
d’Orbe , en latin Urba, retient le nom.
Quoi qu’il en foit > le pays de Vaud fit partie de la
• province nommée maxima fequahorum ; ÔC fous les
Bourguignons 6c les Francs , après la ruine de l’empire
Romain, il fut de la Bourgogne tranjurane. Les
empereurs allemands ayant fuccédé aux rois de Bourgogne
, donnèrent le pays de Vaud aux princes de
Zéringem Dans la fuite des tems, il fut partagé entre
trois feigneurs; favoir -, l ’évêque de Laulannè ,
le duc de Sa vo ye, 6c les deux cantons de Berne 6c
de Fribourg comptés pour un feignéur.
Le premier étoit feigneur de la ville de Laufanne,
des quatre paroiffes de la Vaux, d’Avenche 6c de
Vevay. Les cantons de Berne 6c de Fribourg poffé-
doient en commun les trois bailliages d’Orbe , de
Granfon 6c de Morat. Le duc de Savoye poffédôit
tout le refte, qu’il gouvernoit par un grand-bailli
joint aux états du pays qui s’affembioient à Moudon.
Ces états contenoient quatorze villes ou bourgs,
dont les principaux étoient Moudon, Yverdun, Mor-
ges , Nyon , Romont, Payerne , Eftavayer 6c Çof-
fonay. Mais tout le pays de Vaud paffa ibus la puif-
fance de Berne dans le tems de la réformation.
Le duc de Savoye s’avifa pour fon malheur, de
commencer par chagriner les Genevois , au fujet de
leur changement de religion. La ville de Berné lui
envoya des députés pour le prier de laiffer à Genève
, le libre exercice de la religion qu’elle avoit choi-
fie. Les députés n’ayant rien pû obtenir, les Bernois
levèrent des troupes, entrèrent en armes fur les ter-
ires du duc, 6c dans moins de cinq femaines, ils s’emparèrent,
non - feulement de ce qu’il poffédoit dans
•le pays de Vaud , mais pénétrèrent encore dans l’in-
férieur de la Savoye. Cette conquête fe fit en 1536
for Charles, duc de Savoye, qui avoit été dépouillé
de fes états par François I. Enfin par la médiation
des autres cantons Suiffes, les Bernois remirent au
-duc tout ce qu’ils lui avoient pris au-delà du lac de
Genève > à condition qu’ils demeureroient à perpétuité
poffeffeurs du refte, dont ils font encore aujourd’hui
fouverâins. Comme ils s’étoient aufli emparés
de la ville 6c de l’évêché de Laufanne , ils en gardèrent
la poffeflïon, 6c abolirent généralement le culte
"de l’Eglife romaine dans toutes leurs conquêtes.
Rien de plus agréable que les deux quartiers du
pays de Vaud, qui font à droite 6c à gauche du lac
de Zurich, ainfi que la partie qui eft fituée proche
du lac de Genève. « On admire fes riches 6c char-
» mantes rives oh la quantité de villes, le peuple
» nombreux qui les habite , les coteaux verdoyans
» & parés déboutés parts forment un tableau ravif-
» fant, terminé par une plaine liquide d’une eau pu-
» re comme le cry ftal ; pays oh la terre par-tout cul-
» tivé e, & par-tout féconde, offre aux laboureurs,
» aux pâtres, aux vignerons, le fruit affuré de leurs
» peines, que ne dévoré point l’avide püblicain. On
» voit le Chablais fur la côte ôppofée , pays non-
» moins favorifé de la nature, & qui cependant n’ofi
» fre aux regards qu’un fpeûacle de mifere. Ort dif-
■ » tingue fenfiblement les différens effets de deux
» gouvernemens pour la richeffeV lé nombre & le
» bonheur des hommes. C ’eft ainfi que là térre ou-
» vre fon-fein fertile^, 6c prodigue fes tréfors aux
» héureux peuplés qui la eultivénl'Pour eux-mêmes.
Tome X V I%
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» Ëlté fembie fouriré & s’animer àii doux fpe&acle
» dé la liberté ; elle aime à nourrir des hommes. Au
» contraire, les triftes mafures, la bruyere, les ron-
» ces & les chardons qui couvrent une terre à de-
» mi-ferte, annoncent de loin qu’un maître abfent y
» domine * 6c qu’elle donne à regret à des efclaves,
» quelques maigres produirions, dont ils ne profi-
» tent pas.
On connoît à cette peinture , brillante & vraie,
l’Auteur d’Emile, d’Héioïfe, 6c de l’Egalité des conditions.
(Z>. J.)
VAUDEMONT , ( Géog. mod. ) en latin Vadani
mons, bourg du duché de Lorraine, au département
du Barrois. Il a été long-tems le chef-lieu du comté
de Vaudemont, mais il a dépuis cédé cet honneur à
la petite ville de Vezelize. (D. J.)
VAUDEVILLE, f. m. ( Poefiie. ) le vaudeville eft
une forte de chanfon, faite fur des airs connus, auxquels
on paffe les négligences, pourvû que les vers
en foient cfiantans, 6c qu’il y ait du naturel 6c de la
faillie.
Defpréaux dans' fort art Poétique, a confaçré plusieurs
beaux vers à rechercher l’origine, & à exprimer
le cara&ere libre, enjoué & badin , de ce petit
poème, enfant dç la joie & de la gayeté.
Si on l’en croit, le vaudeville a été en quelque forte
démembré de la fatyre ; c’eft un trait mordant 6c malin
, plaifamment enveloppé dans un certain nombre
de petits vers coupés, 6c irréguliers, plein d’agrér
ment 6c de vivacité : Voici comme il en.parle, après
avoir peint l’efprit du poème fatyrique.
D ’un trait de ce poème , en bons motsfi fertile
Le François né malin, forma le vaudeville
Agréable , indiferet , qui conduit par Le chant
Paffe de bouche en bouche , 6 s'accroît en marchand
La liberté françoife en ces. vers fe déploie;
Cet enfant de plaifir veux naître dans la joie.
Cependant le vaudeville ne s’abandonne pas toujours
à une joie bouforine, il a quelquefois autant
de délicateffe qu’une chanfon tendre, témoin le vaudeville
fùivant qui fut tant chanté à la cour de Louis
X IV , 6c dont Anacréon pourroit s’avouer l’auteur.
, Si j'avois la vivacité
Qui fit briller Coulange;
Si j'avois la beauté
Qui fit régner Fontange ;
Ou f i j'etois comme Conti
Des grâces le modelé ;
. Tout cela feroit pour Crequi,
Dût-il né être infidèle l '■
On dit qu'un Foulon de V iré, petite ville de Normandie
, inventa les vaudevilles , qui furent d’abord
nommés vaudevires , parce qu’on commença à les
chanter au Vau de Vire.
André du Chefne, après avoir parlé de Ce pays,
dans fes antiquités des villes de France, dit que « d’i-
» celui ont pris leur origine cês anciennes chanfons
» qu’on appelle communément vaudevillespour vaudevires,'
defquels, ajôute-t-il, fut auteur un Oli-
» vier Baffelin, ainfi queTa remarqué Belléfôréft.
M. Ménage, qui a cité ces paroles, cite aufli celles
de Bellèfbreft, qui fe trouvent au II. VôL'Àq fa
cofmographie; 6c il çonçlut de ce paffage, & de quelques
autres qu’il rapporte, que ceux - là le font trompés
, qui ont cru qué^cès cHanfons font appelées vaudevilles
, parce que ce font des'voix‘de 'ville, où
qu’elles vont de ville en yifle. De ce premier .fenti-
ment ont été Jean Chard^yqme , de. Hèquiort -, en
Anjou, dans, un livre intitule : Recueil fes plus belles
6* des plus excdlentes Çhdnfons-, en forme" dé voix de
ville ; & Pierre de Saint - Julien, dans fe^^mélahgés
hiftoriques. M. de Càllüérëf eft pour leTecô'rid fénti-
R R r r r