rapeutes, ni de là vie thérapeutique, V ?yc{'EssÉEN ou
E s sénien.
• Cependant de Valois convient qu’ils étoient juifs,
& en cela il ëft appuyé par Photius. Les principales
rai Ions qu’en apporte de Valois, font i°. que fuivant
Philon, ils ne hioient d’autres livres que la loi & les
prophètes : a°. qu’ils avoient quelques livres de leurs
fondateurs, ce qui ne peut pas s’entendre des chrétiens
, puiftjue dans ce tems-là le chriftianilme ne’ve-
noit que de naître: 30. que les Thérapeutes ne prioient
Dieu que deux fois par jour ; au lieu que les Chrétiens
le prioient alors plusfouvent: 40. que les Chrétiens
ne commencèrent à chanter des hymnes 6c des
pfeaumes. qu’après la mort de l’empereur Antonin ,
6c enfin que les Chrétiens ne pouvoient encore être
répandus par toute la terre.
Malgré toutes cesraifons, Eufebe, lib. I I . hi(l.
ecclef. -cap. xv ij. S. Jérôme, Sozomène, Nicephore,
Baronius , Petau , Godeau, Montfaucon & autres
'maintiennent que les Thérapeutes étoient chrétiens.,
& tachent de le prouver, en difant que rien rie peut
être plus" conforme à la vie des premiers chrétiens,
que celle qui eft attribuée par Philon aux Thérapeutes
: que ces livres de leurs fondateurs étoient les
évangiles & les écrits des apôtres , & même que
Philon fenible indiquer par fonrécit qu’il y avoir par-
rrii eux des évêques 6 i d’autres minières évangéliques.
Mais M. Bouhier, préfident au parlement de Dijo
n , réfuté ce fentiment, parce qu’il y auroit de l’ab-
furdité à fuppofer que Philon qui étoit un juif, eût
fait un livre exprès à la louange des Chrétiens.
Ce qui n’empêche point que divers auteurs, comme
Cafîien , le p. Helyot, & autres ne foutiennent
que lés Thérapeutes étoient des chrétiens, & même
des religieux. Et en effet M. Bouhier avoue que s’ils
étoient chrétiens , il n’y a plus à douter qu’ils nefuf-
fent des religieux.
Pour ce qui eft de l’argument que Philon n’auroit
jamais fait le panégyrique des Chrétiens, on répond
que les Thérapeutes étoient des gens de fa propre nation
où juifs , comme il le déclare lui-même, 6c qu’il
les regardoit feulement comme une feéte de Juifs
dont les vertus extraordinaires faifoient honneur à
la nation.
Mais quoique le chriftianifme des Thérapeutes par
roiffe affez probable, on aura bien de la peine à prouver
qu’ils étoient des moines. Voye^ Moine.
Les raifons qu’on apporte encore pour prouver
que les Thérapeutes n’étoient point chrétiens,font i°.
que tous les auteurs qui ont parlé du chriftianifme
des Thérapeutes , n’ont fait que copier Eufebe qui ne
s’étoit fondé que fur le témoignage de Philon ; or ce
qu’en dit Philon ne prouve pas que les Thérapeutes
aient été chrétiens. On peut très-bien expliquer tout
ce qu’il en dit d’une feéte de juifs plus religieufe &
plus épürée dans fes fentimens que le commun de la ;
nation. Les auftérités, le filence , la retraite, le mé- i
pris des richeffes , la continence même ne font pas
des preuves univoques du chriftianifme. Tant de
payens ont été defintéreffés, aufteres, retirés, con-
tinens. Tous les Thérapeutes n’étoient pas obligés
d’obferver la virginité ; il n’y avoit que ceux dont
les femmes & les enfans ne vouloient pas obfervérle
même genre de vie. Les veilles, l’obfervancedu fab-
bat & au jour de la pentecofte, les hymnes, les ex- .
plications allégoriques font plus du caraftere des
Juifs que dès Chrétiens. Les diacres ou miniftrësïont
connus dans les affemblées des Hébreux & dans leur,
fynagoguê. Le repas myftique de pain levé & du fel:
mêlé avec de l’hÿffopë ne peut être le repas eucha-
riftique ou il entroit toujours du vin , mais jamais ni
tel ni hyffope. Enfin ce que Philon ajoute que ce repas
ou cette table étoit injiituée , par une dijiinftion refpectutufe
pour la table f ointe, pofée au vejlihtle du temple9
fu r laquelle on ne mettoit que dù pain fans levain & du
f e l tout p u r , prouve encore que c’étoit une cérémonie
purement judaïque.
2°. Le terme de monafleres ou de femnces ne doit
impofer à perfonne. Les anciens moines ont pu emprunter
ce terme des Thérapeutes, ainfi que plufieurs
de leurs pratiques, de même que l’églife a emprunté
plufieurs termes & plufieurs pratiques des Juifs, fans
qu’on en puiflè conclure pour cela que les Chrétiens
font juifs.
30. Les convenances générales qui fe trouvent entre
les Thérapeutes & les Chrétiens , ne prouvent pas
que les premiers aient profeffé le chriftianifme. Il
fàudroit pour cela trouver dans les premiers quelque
caractère particulier aux Chrétiens , quelque
dogme qu’ils ne puflènt avoir appris que de Jelùs-
Cnrift, 6c qui ne pût leur être commun avec aucune
autre religion.
40. La vie commune des Thérapeutes qu’on regarde
comme femblable à celle des premiers fideles, ne
prouve rien non plus ; car elle eft accompagnée de
circonfiances qui ne font point applicables à tous les
premiers chrétiens. Les premiers quittoient leur patrie
, leurs biens , leurs parens, & fe retiroient dans
la folitude. il eft certain que ce caraéterene convient
pas à tous les Chrétiens, pas même aux premiers fidèles
qui vivoient dans les villes, dans leurs propres
maifons, avec leurs parens , leurs femmes, leurs en-
fans. L’ufage de quitter les villes & de fe retirer dans
les folitudes n’elt venu que longtems après Philon ,
& lorfqu’on ne parloit plus de Thérapeutes.
50. Philon reconnoit que les Thérapeutes étoient
répandus en plufieurs endroits de la terre , mais fur-
tout qu’ils étoient nombreux en Égypte. Cela peut-il
défigner les Chrétiens, qui comme on fait, etoient
bien plus nombreux dans la Paleftine 6c dans la Syrie
que dans l’Egypte, du tems de Philon? Enfin les Thérapeutes
étudioient les Ecritures faintes & les écrits
que leur avoient laiffés leurs ancêtres touchant Ja maniéré
allégorique de les expliquer : ceci convient
mieux à des juits d’Egypte qu’aux Chrétiens, qui du
tems de Philon ne failôient que de naître, qui n’a-
voient point d’auteurs anciens , ni de livres allégoriques,
genre d’étude aufli commun chez les Juifs ,
qu’il l’étoit peu parmi les Chrétiens,
De toutes ces raifons le p. Calmet de qui nous les
avons empruntées, conclut qu’il eft très-probable
que les Thérapeutes étoient juifs & non pas chrétiens*
& l’on en peut conclure à plus forte raifon qu’ils n’étoient
pas moines, dans le fens où cemotfè prend
par les auteurs eccléfiaftiques. DiUionn. delà Bible ^
torn. I I I . lettre T , au mot Thérapeutes , p ag. 67 f . /
THÉRAPEUTIQUE, f. f. ( Méd. ) partie de l’art
de guérir les maladies , qui traite de la maniéré de
les découvrir & de les appliquer. Elle fe divife en '
Diete, Chirurgie & Pharmacie.
THERAPHIM, f. m. ( H ifi.ju d . ) mot hébreu.,
dont l ’explication a donné beaucoup de peine aux
critiques. On le trouve treize pu quatorze fois dans
l’Ecriture, où il eft traduit ordinairement par le mot
d'idoles ; mais les rabbins ne fe contentent point de
lui faire fignifier fimplement des idoles\ ils prétendent
qu’il doit être appliqué à une efpece particulière d’idoles
ou d’images que l’on confultoit fur les événe-
mens futurs, comme les oracles.
Le rabbin David de Pomis obferve qu’on les ap-
pelloif thèraphim de rstphah , laifler, parce.,'que le
peuple quittait tout pour les aller confulter. Il ajoute
que les théraphims avoient la figure humaine, & qu’en
les mettant de b o u t, ils partaient à certaines heures
du jo u r, & fous certaines conftellations, par les in-r
fluences des corps céleftesmais- c’eft-là une fable
rabbinique que David avoit apprife d’Abeiiezra.
D’autres
D’autres prétendent que les théraphims étoient des
inftrumens de cuivre qui marquoient les heures bc
les minutes des événemens futurs , comme gouvernés
par les aftres. De Pomis enchérit fur Abenezra,
en difant que les théraphims étant faits fous une certaine
constellation, le démon les faifoit parler fous
cet afpeél du ciel. V oye{ T a l i s m a n .
Le rabbin Eliezer nous dit la raifon pourquoi fes
confrères veulent que les théraphims parlent 6c rendent
des oracles ; lavoir, parce qu’il eft écrit dans
le prophète Zacharie, x . 2. que les théraphims ont dit
des chojis vaines.
Le même rabbin ajoute que pour faire un thèraphim
ontuoit un enfant nouveau-né, qu’on fendoit fa tête,
& qu’on l’aflaifonnoit de fel 6c de d’huile : .qu’on
gravoit fur une plaque d’or le nom de quelque ef.
prit impur, & q.u’on mettoit cette plaque fous la langue
de l’enfant m ort, qu’on attâchoit la tete contre
un mur, qu’on allurtioit des lampes, &.qu’on faifoit
des prières devant cette tête, qui parloit enfuite avec
fes adorateurs.
Quoi qu’il en fo it, Vorftin obferve qu’outre le
paffage de Zacharie que l’on vient de citer ; il paroît
aufli par celui‘d’Ezéchiel, x x j .% 2. que les thèra-
phims étoient confultés comme des oracles. -
De Pomis s’efforce de prouver que le thèraphim qui
fut mis par Michol dans le lit de David, n’en ctoit
point un de .cette efpece \ parce qu’il n’avoit pas une
figure humaine. Mais le rabbin Eliezér eft d’un fentiment
contraire.
Mais quoi qu’en difent les rabbins, & que le texte
hébreu porte thèraphim , que la vulgate rend parjfia-
tuarn, on croit communément que c’étoit une figure
faite à la hâte avec quelque bois, que l’on revêtit de
linges, comme une grone poupée , ou comme un
épouventail de chêneviere , que Michol mit dans le
lit defon mari pour faire croire à ceux qui le cher-
choient de la part du roi qu’il étoit malade.
Pour ce qui eft de la maniéré de faire les théraphims
, Vorftius eft perfuadé que c’eft une vaine tradition
rabbinique, quoique les rabbins Tanichuma,
& Jonathan dans fon targum, g en .x x x j, 19, l’aient
rapportée après le rabbin Eliézer ; il fe fonde principalement
fur ce que Laban, qui n’avoit pas ablolu-
ment perdu toute notion du vrai Dieu, comme il paroît
par le paffage de la Genefe , x x x j . S g . ne pou-
voit pas être capable d’une cruauté fi affreufe : mais
Vorftius n’a pas fait attention que cette coutume ,
pour n’avoir point encore été établie du tems de Laban,
pouvoit fort bien être devenue réelle dans la
fuite, outre qu’il eft certain que les Hébreux ont
brûlé ‘quelquefois leurs enfans à l’honneur de Mo-
loch.
Le pere Kircher nous conduit en Egypte pour y
chercher l’origine des théraphims,ajoutant que ce mot
eft égyptien lui-même. Spencer, en la diflèrtation fur
Vurim Si thummin foutient que thèraphim eft un mot
chaldéen,&qu’il lignifie la même choie que feraphim,
parce qu’on fait que les chaldéens changent iouvent fe
V en H, c’eft-à-dire, IV en t , il ajoute que ces images
venoient des%morites chaldéens ou fyriens, &c que
le ferapis dès Egyptiens eft la même chofe que le
thèraphim des Chaldéens. Foye{ Selden, des dieux de
Syrie ify n t. I. c. ij.
• Le pere Calmet obferve que la figure du ferpent
ailé , nommé feraph, d’où l’on a fait le nom feraphim,
a pu doriner aufli naifîance au mot thèraphim , parce
que fur les abraxas, & autres talilmans des anciens
qui font de vrais théraphims, on trouve des figures de
ferpens repréfentés tantôt avec des aîles , 6c tantôt
fans aîles ; d’où il conclut que les théraphims de Laban,
qui furent enlevés par Rachel,étoient de véritables
talifmans.
M. Jurieu a propofé fur ces théraphims de Laban une
Tome X V I .
èonjeélure, è eft que ces théraphims étoient îeS dieux
pénates ou domeftiques de Laban. Ces dieux lares *
dit-il, étoient les âmes des héros de familles qu’on
avoit déifiés, & qu’on y adoroit. Ainfi les thcrap/umi
de Laban,félon cet auteur, étoient les images de Noé*
reftaurateur du genre humain , 6c de Sem, chef de la 1
famille de Laban. Celui-ci ne fe plaint pas feulement
qu’on lui a dérobé des dieux ou des ftatues en qui il
avoit confiance, 6c à qui il rendoit un culte religieux^
il dit qu’on lui a ravi fes dieux, c’eft-à-dire, les dieux
de fa maifon , curfuratus es deos meos ? Genef xxxj^
Jurieu , hiß. des cultes.
Mais, comme le remarque dom Calmet, cette con»
jeéhire n’eft pas folide. Il n’eft nullement croyable
que le culte des dieux pénates & lares ait été connu
du tems de Laban c il eft même fort douteux qu’il l’ait
été parmi les orientaux plufieurs fiecles après ce
patriarche. D’ailleurs eft-il croyable , que Laban ait
mis au rang des dieux Noé 6c Sim, qui etoient morts
depuis fi peu de tems ? Car Noé mourut l’an du monde
2006, 6c Sem l’an du monde 2158, c’eft-à-dire
87 ans feulement avant que Jacob arrivât en Méfopo-
tamie auprès de Laban. Calmet, dictionn. de la B ibl.
tom. I I I . lettre T , au mot Thèraphim, p . Gy4 .
T H E R A P N E , ou T H E R A F N Æ , ou TH E RAM*
N Æ , (Géog. anc.) ville du Péloponnèlè dans la Laconie
, au voifinage de la ville de Sparte. Paufanias*
Lacon. c. x x . fait entendre que pour aller de Spalte,
à Therapnè, il falloit traverler le fleuve Eurotas. Il
donne à Therapnè le titre de ville ; mais Suidas fe
fert fimplement du nom de lieu , 6c le fcholiafte de
Piridare , ode j . v. 4 3. en fait un village. Ce dernier
ajoute , qu’il y avoit un temple dédié à Caftor 6c
Pollux. C’eft à quoi Stace, Selvar. I. IV , carm. vi f
v. 5,2. fait allufion dans ces vers :
E t vos Tyndaridce, quos non. horrenda Lycurgi
Taygeta j umbrofæque magis coluere Therapnæ.
Ce même poëte , Thébaïd. I. V II. v. y 9 3 . parlant
de Caftor 6c de Pollux, les appelle Tkerapneei francs,
Pindare& la plûpart des auteurs anciens qui ont parlé
de ces deux jumeaux , racontent ce qui leur arrivoit
de deux jours l’un à Therapnè après leur mort. Jupiter
, difent-ils , ordonna qu’ils pafferoient alternativement
un jour daris le ciel, & un autre jour au-def-
fousde la terre ; c’eft-à-dire, qu’ils fe cacheroient
fous l’hémifphere ; & c’étoit fous Therapnè qu’ils fe
cachoient. Ainfi cette fiélion poétique étoit mêlée à
l’aftronomie. Pour rendre une raifon ingénieufe du
lever & du coucher des deux étoiles appellées
Caflor 6c Pollux i les anciens ont dit qu’elles fortoient
de l’hémiphere inférieur du côté de Therapnè, qui eft
véritablement vers l’horifon orientai de Lacédémon
e , 6c que par le mouvement diurne*, elles s’éle- '
voient à la plus haute partie du ciel. En effet, il ne
s ën faut que de cinq à fix degrés qu’elles ne foienG
véritables , & dans le zénith de Lacédémone.
Therapnè étoit encore célébré, pour être le lieu où
Diane avoit été adorée pour la première fois. On y
vo jo it un temple confacré à Ménélas , qui y avoit
été enterré avec Hélene. Comme cette belle lacédé-
monienne y avoir été élevée, les poètes l’ont ap-
pellè la nymphe de Therapnè. On cherche envain le
tombeau de cette belle nymphe, il refte à peine des
racines de la ville même. (Z). J . )
THÉRARQUE , f. m. { Littéral. ) ïtpapz'.s, dans
la milice des anciens Grecs on appeiloit thérarque
celui qui commandoit deux éléphans ; parque , celui
qui n’en commandoit qu’un , èpitherarque, celui
qui en commandoit 4 ; itarque celui qui en commandoit
8 ; éléphantarquè celui qui en commandoit 1 6 ,6c
kérarque celui qui en commandoit 3 2. Trévoux. { D . J f
T H E R E N U S , (Géog. ancé) fleuve de 1 île de Crète
, félon Diodore de Sicile. Ce fleuve couloit près
L 1 .