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auteurs, lorsqu'ils couchent avec des jeunes gens ils
fe confervent plus long-tems en bonne fanté, irais. 6c
tlifpos, 6c les jeunes gens fe reffentent beaucoup plu-,
tôt des incommodités de la vieilleffe ; ce fait mérite
encore d’ être foigneitfement examiné ; nous pouvons
conclure des autres que le defir de vivre & de fe bien
or-ter eft fi fortement gravé dans le coeur de tous les:
ommes, qu’il n’y a rien qu’on n’ait imaginé dans la
vue de le réalifer, & qu’on n’a rien propolé de fi ab-
liircle qui n’ait trouvé dés partisans, (m)
T ransplantation d’a r b r e s , ( Agricultjon a
imaginé l’art, de tranlplanter les grands arbres fruitiers
des vergers : un particulier en fit l’efi'ai en Angleterre
dans le dernier fieele; il avoit eu pendant
vingt ans un verger rempli de pommiers & de poiriers.
Ces arbres étoient en bon état & pro&iàfeient
du fruit en abondance. 11 fe trouve obligé d’aller demeurer
dans une autre maifon de campagne à environ,
un mille de ce verger ; il efl'aya d’emporter avec
lui fes arbres fruitiers dont il étoit amoureux. Pour
cet effet il fit faire, au mois de Novembre, des tranchées
autour de leurs racines,. 6c des trous affez
grands, pour recevoir chaque arbre qu’il voulait
tranfplanter dans fon nouveau jardin avec la motte
de terre. Auffi- tôt que les gelees commencèrent à
être affez fortes, pour fon deffein, 6c qu’efles eurent
endurci la terre autour des racines, il fit lever les
arbres avec des leviers fans rompre la motte, 6c les
fit conduire fur des traîneaux à l’endroit de fon nouveau
jardin qui leur étoit deftiné ; il les laiffa dans
l’état qu’ils avoient été apportés , & au dégel il mit
de nouvelles terres autour des racines, termina fon
ouvrage , 6c fit remplir les, tranchées, de nouvelle
terre qu’il y affaiffa..
Un mois après avoir ainfi tranfplanté fes arbres,
il fit ôter un bon tiers des branches, pour les décharger
à proportion de la quantité de racines qu’ils
avoient perdues ; & l’été fuivant il en recueillit paf-
fablement de fruits : voilà jufqu’oii de nos jours les
Angiois ont pouffé l’induft.rie du jardinage ; ils font
parvenus non-feulement à faire, quand il leur, plaît,-
de leurs arbres fruitiers , des arbres pour ainfi-dire
ambulans, mais encore à les tranfplanter à rebours.
M. Bradley a lui - même imaginé de tranfplanter
les jeunes, arbres au milieu de l’éte, 6c il affure l’avoir
vu exécuter avec fucçès par un curieux de Kenfing-
ton. Comme la fève de plufieurs arbres eft dans,1’in-
aûion vers le milieu de l’été, fi on les tranfporte
dans ces momens favorables,, ils ont plus de tems
pour fe fortifier avant l’hiver, que ceux que l’on remue
dans l’automne, 6c font inconteftablement
mieux préparés à pouffer de fortes tiges que ceux
que l’on tranfplanteroit au printems ; mais les arbres
qui perdent leursfeuill.es réufliroient-ils auffi-bien
par cette méthode que les arbres toujours verds ? Il
refte encore un grand; nombre d’expériences à tenter
fur la tranf plantation, & les mauvais fuccès ne
doivent pas décourager..(Z>. J. )
TRANSPORT, f. m. (Jaram. & Jurifpfud,') eft un
aôe qui fait paffer la propriété de quelque droit ou
a&ion d’une.perfonne àune.autre,parie moyen de
la ceflion qui lvii en eft faite ; ainfi tranfport 6c ujjion
en çe fens ne -font qü’unemêmè chofe,
Qeliii qui; fait le tranfport eft appelle cédant, 6c
celui au profit duquel if eft. fait eft appelle cejfion
nairp.
Le iranfpprikdzit avec garantie ou laps garantie,
ce;qui dépend dç la çonvenrion.
. i l^e .cédant; eft cependant toujours garant d e . fes
faits &,prcmieffe$,.
i Le; tranfport ne faifitque,dU:jour qu’il A été figni-
fié , c’eft-à.-.djre qu’il.n’a d’effet contre le débiteur &
les autres tierces perforines que du. }oûr> qu’il a été
fignifié 6c copie donnée, au débiteur,
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Ledéfraut dë lignification au débiteur Opéré 3
i°. Que le payement fait au cédant eft valable
fan f ie recours du ceflionnaire contre le cédant.
2j°. Qu’un créancier du cédant, même poftérieur
au tranfport non - fignifié, peut faifîr 6c arrêter la
dette cédée.
- 3r°. Qu’un fécond ceflionnaire du même effet ayant
fait fignifier le premier fon tranfport, eft préféré au
premier ceflionnaire.
L’acceptation du tranfport de la part du débiteur
équivaut à une fignification.
Il y a certaines chofes dont on ne peut faire-valablement
un tranfport à certaines perfonnes , comme
des droits litigieux aux juges, avocats, procureurs.
Voye{ D r o it l it ig ie u x .
Les ceffions 6c tranfports fiir les biens des marchands
en faillite font nuis,s’ils ne font faits au-moins
dix jours ayant la faillite. Ordonn. du commerce
tit. xj. art. 4.
La délégation eft différente du tranfport, en ce
qu’elle faifit fans être lignifiée, mais il faut qu’elle
foit faite du confentement du débiteur, ou par lui
acceptée. Voyt{ D é l é g a t io n . (aQ
T ransport , ( Commerce. ).a£lion par laquelle on
fait paffer une chofe d’un lieu ou d’un pays , en un
autre. Le tranfport des marchandifes par eau étant
plus commode, plus aifé, 6c infiniment moins coûteux
que par terre, demande tous les foins du gouvernement
pour le procurer au commerce. (Z>. JJ
T ransport , terme de Teneur de livres, ce mot fe
dit du montant des additions des pages qui font remplies,
que l’on porte au commencement des autres
pages nouvelles.; il faut bien prendre garde de fe
tromper dans le tranfport qui fe fait dans les livres,
du montant des pages. Ricard. ( Z>. 7. )
T r a n s p o r t , T ra n s po r t er ^. (Jardinage.} fe
dit des terres que l’on enleve d’un baffin, d’un canal
, d’un boulingrin, ou bien des terres qu’on apporte
pour conftruire une terraffe, une platteforme,
un belvedere.
Il y a quatrë maniérés de tranf porter les terres*
dans des tombereaux tirés par des chevaux,"des camions
traînés par deux hommes, des paniers mis
fur des ânes, & dans des brouettes.ou des hottes fer-
vies par des hommes.
Les deux premières maniérés font à préférer,
quand le lieu où on tranfporte les terres eft fort éloigné
; un tombereau à un cheval contient environ 6
piés cubes de terre, 6c vaut trois ou quatre voyages
d’un âne qui porte 2 piés cubes dans fes deux paniers ;
les camions contiennent ordinairement 8 pies cubes,
ehfortè qu’il faut vingt-quatre tombereaux tirés par
deux chevaux, contenant 9 piés cubes de terre,
pour contenir une toife cube de terre ; quand ils ne
font tirés que par un cheval il faut trente-fix tombereaux.
Lorfqùe la diftance eft peu confidérable, on peut
fe fervir des ânes ainfi que des brouettes ou des
hottes ou qui ne contiennent qu’un' pié1 cube de
terre;.ainli un âne en porte le double à la fois, & on
eftime que trois cens hottes ou brouettes médiocrement
chargées contiennent une toife cube de terre.
Lafituation des lieux affujettit à l’une de ces quatre.
maniérés, telle que feroit une defcente un peu
roide fur un: coteau, où il faut abfolument des hot-
teurs.
S’il fe trouvoit des rochers dans les terres, on y
fera fanger des fagots autour de chaque roche; on y
mettra le feu, 6c quand la braife fera bien échauffée
ôn jettera dé l’eau deffus, ce qui la fera fendre &
éclater avec bruit. C’eft ainfi que le grand Annibal
en paffant les Alpes, fit diffoudre les rochers au rapport
deT ite -L ive ; il fe fervit de vinaigre au - lieu
d’eau. Eunique ( quum & vis vernis apta faciendo ignt
cdorta
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toorta effet) fuccedunt, ardentiaque fa x a infufo -aceto
putrefaciunt. T iti-Livii, lib. X X I . n°. $y. ,
On tranfporte des arbres en motte enmanequinée,
foit fur de petits chariots appelles diables, ou fur de
plus grands avec des chaînes de fer qui les attachent,
Les orangers 6c les arbres encaiffés d’une moyenne
forcé, fe tranf portent fur des civières ou fur des traîneaux,
deux hommes les portent encore avec de
groffes cordes attachées à des crochets qui embraffent
les quatre piliers de la caifle ; des chariots tirés par
dés chevaux fervent à tranf porter les grands arbres.
TRANSPOSITIF, ve , adj. ( Gram. ) M. l’abbé
G ira rd ( Princip. difc. I. torn. I.pag. 23. ) divife les
langues en deux efpeces générales, qu’il nomme
analogues 6c tranfpojitives.
Il appelle langues analogues, Celles dont la fyn-
taxe 6c la conftruétion ufuelle font tellement analogues
à l’ordre analytique, que la fucceffion des mots
dans le difcours y fuit la gradation des idées.
Il appelle langues tranfpojitives, celles qui dans
l’élocution donnent aux noms 6c aux adjeélifs des
terminaifons relatives à l’ordre analytique, & qui
acquièrent ainfi le droit de leur faire fuivre dans le
difcours une marche entièrement indépendante de
la fucceffion naturelle des idées. Voye^ Lan g u e ,
art. iij. § . /. ( B. E. R. MJ
T ra n spo sitio n ,f. f. en Algèbre, fe dit de l’opération
qu’on fait en tranfpofant dans .une équation
un terme d’un côté à l’autre ; par exemple , l i a + c
zxbf on aura en retranchant de part 6c d’autre c,
a-\- c — c = £— c , ou b — c , où l’on voit que le
terme c eft tranfpofé du premier membre au fécond
avec un ligne contraire à celui qu’il avoit. On ne fait
aucun changement dans une équation en tranfpofant
ainfi les termes d’un membre dans l’autre, pourvu
qu’on obferve de leur donner des lignes contraires.
Par exemple, fi on avoit a — c = b, on auroit
en ajoutant de part & d’autre c, a— c + c = ^ + c ,
ou a — b c ; les réglés des tranfpojitions font fondées
fur cet axiome, que fi à des quantités égales on
en ajoute d’égales, ou qu’on en retranche d’égales,
lestousdans le premier cas feront égaux, 6c les relies
dans le fécond. (O)
T ransposition , en Mufque, eft le changement
par lequel on tranlporte une piece de Mufique d’un
ton à un autre.
Je fuppofe qu’on fait déjà qu’il n’y a proprement
que deux modes dans la mufique'; de telle forte que
compofer en tel ton, n’ eft autre chofe que fixer fur
telle ou telle tonique le mode qu’on a choifi. Mais
comme l’ordre des fons ne fe trouve pas naturellement
difpofé fur toutes ces toniques, comme il de-
vroit être pour y établir le mode, on corrige cette
irrégularité par le moyen des rlièzes ou des bémols
dont on arme la clé, voyeç C lé transposée.
Quand on a donc compofé un air dans quelque ton,
6c qu’on le veut tranfpofer dans un autre, il ne
s’agit que d’en élever ou abaiffer la tonique 6c toutes
les notes d’un ou plufieurs degrés, félon le ton
qu’on a choifi ; puis de changer l’armure de la c lé ,
conformément à ce nouveau ton : tout cela eft égal
pour les voix ; car en appellant toujours ut la tonique
du mode majeur, 6c la celle du mode mineur
, tous les tons leur font indifférens, 6c c’eft
l’affaire des inftrumens, voyeç G a m m e , M o d e .
Mais ce n’eft pas pour çeux-ci une petite attention
de tranfpofer dans un ton ce qui eft noté dans un
autre : car quoiqu’ils fe guident par les notes qu’ils
ont fous les yeux ,il faut que leurs doigts en touchent
de toutes différentes, & qu’ils les altèrent différemment
, félon la différence de l’armure de la clé pour
le ton noté 6c pour le ton tranfpofé: de forte que
fouvent ils doivent faire des dièfes où ils voient
,des bémols, & vice verfâ, &c.
Jome X V f
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C ’eft un des grands avantages du lyftème dont
nous avons parlé au mot notes, de rendre la mufique
notée par cette méthode également propre à
tous les tons en changeant une feule lettre ce
q u i, ce me femble, met pour les inftrumens ces
nouvelles notes au-deffus de celles qui font établies
a&uellement. Voye{ Notes. (.?)
TRANSSUBSTANTIATION, (TkéolJ tranffub-
fïantiatio, pris dans un fens général, fignifié le changement
d’une fubftance en une autre. Ainfi le changement
de la verge de Moïfe en.ferpent, des eaux
du Nil en fang, de la femme de Loth en ftatue de
fel, furent des tranjjubjlantiations furnaturelles : mais
le changement des alimens que nous prenons , en la
fubftance de nos corps, n’ eft qu’une tranjjubjlantia-
tion naturelle. Voyc{ SuBstANCE.
T ranssubstantiation, dans un fens plus particulier,
eft la converfion ou le changement miraculeux
qui fe fait de toute là fubftance du pain en* la lub-
ftance du corps de Jefus-Chrift, 6c de toute la fubftance
du vin en celle de fon fang, en vertu des paroles
de la confécration dans le facrement de i’eu-
chariftie ; enforte qu’il ne refte plus que les efpeces
ou apparences du pain 6c du vin, félon la doétrine
de l’églife romaine.
Ce mot fut introduit dans l’églife au concile de
Latran en 12 15 , pour obvier aux équivoques des
Manichéens de ce tems-là. Mais fi l’expreffion étoit
nouvelle, la chofe qu’elle énonçoit ne l’étoit pas,
comme le remarque M. Boffuet.
Les Proteftans rejettent unanimement le mot de
tranffubjlantiation, même les Luthériens, 'quoiqu’ils
ne nient pas la préfence réelle. Ils y ont fiibftitué
ceux d'impanation 6c de confubflantiation. Voyez
Impan a tio n & C o n su bstan tiatio n .
Les Calviniftes, les Zuingliens, les Anglicans &
tous les autres prétendus réformés qui expliquent ces
paroles de Jefus-Chrift : Hoc efl corpus meum, dans le
fens figuré, abhorrent auffi le nom de tranjjubflan-
tiation. L’églife romaine l’a confervé comme très-
propre à exprimer le miracle qui s’opère dans l’eu-
chariftie. Et pour prémunir fes enfans contre les
fauffes interprétations que lesSaCramentaires donnent
aux paroles de la confécration, elle a déclaré, dans
le premier chapitre de la’treizieme feffion du concile
dé Trente, que dans la tranjfubjlantiation lë Corps &
le fang de notre feigneur Jefus-Chrift fe trouvent
réellement, véritablement & fubftanîiellement fous
les efpeces du pain 6c du vin. Le concile ajouté que
par le mot véritablement, il entend proprement, 6c
non pas par fignification, comme fi l’euchariftie n’é-
toit autre chofe que le figne du corps 6c du fang de
Jefus-Chrift; que par le terme réellement, il entend
de fa it , & non pas feulement en figure ou une préfence
par la foi, comme fi l’eucharifte n’étoit qu’une
figure ou une repréfentation du corps & du fang de
Jefus-Chrift,& qu’on ne l’y reçût que par la fo i;
6c enfin, que par fubflantiellement, il entend en fub-
Jlance, 6c non en vertu OU par énergie. Ainfi le fens de
vérité eft oppofé à celui de Jigne } le fens de réalité
à celui de figure ou de perception par la fo i; 6c celui
de fub(lance exclut le fens de vertu ou à?énergie.
Voilà ce qu’a décidé l’Églife fur ce point; mais
elle n’a pas interdit aux Théologiens 6c aux Philo-
fophes la liberté d’imaginer des fyftèmes pour expliquer
la maniéré dont le pain 6c le vin font changés
réellement au corps & au fang de Jefus-Chrift, &
comment les accidens du pain 6c du vin fubfiftent
après la confécration, quoiqu’il n’y ait plus réellement
ni pain ni vin. Nous allons donner l’analyfe
des différens fyftèmes qui ont paru fur ces deux:
queftions , 6c nous indiquerons ce qu’il en faut
pénfer.
B B b b