-dont les ouvrages poùvoient nuire aux moeurs. Anacréon
étoit du nombre ; il en reftoit alors des copies.
Il ferait à Souhaiter que les deux manuscrits Sur
lefquels Henri Etienne publia le premier Anacréon
à Paris en 1554, in - 4°. il Seroit, dis-je, à Souhaiter,
que ces deux manuScrits, qui Sont les Seuls
qu’on ait vus de ce poète, euffent été confervés.
Henri Etienne par malheur, étant tombé dans une
eSpece d'aliénation d’eSprit Sur la fin de Ses jours,
laiffa périr ces deux manuScrits avec quelques autres
qu’il ne communiquoit à perSonne, pas même à Son
gendre CaSaubon. Il avoit traduit en Srançois les
mêmes odes d’Anacréon qu’il a miSes en vers latins ;
mais il n’oSa publier Sa tradu&ion après avoir vu
celle de Remi JBelleau. RenvoiSy mit en mufique l’an
15 58, la traduélion de Belleau.
La traduttion de Longepierre vit le jour à Paris
l’an 1673 ; le grec eft d’un côté, la traduftion en
vers françois de l’autre, 8c les observations critiques
du traducteur Sont à la fin de chaque piece.
L’édition de mademoiselle LeSevre parut à Paris
l’an 1681, avec le texte grec d’un côté, la verfion
en proSe françoiSe de l’autre, 8c des remarques Sur
chaque poème d’Anacréon.
M. Regnier DeSmarais, Secrétaire de l’académie
FrançoiSe, publia en 1693 la traduction d’Anacréon
de Barthélémy Corfini en vers italiens avec des remarques
; mais il a paru dernièrement une traduction
italienne en vers, d’Anacréon, Supérieurè à
toutes les précédentes; elle eft intitulée, U ode di
Anacreonte, ntioyamente da varii ilh/Jlripoeti nella ita-
lianafavella tradotte, &c. /73 2. Voici la première ode
de cette traduction, qu’on pourra comparer avec
celles que nous avons en vers françois, de diverSes
mains.
Degli atridi io canterei
E di cadmo i caji rei ;
Ma dal mio voler difcorda .
Dalla cetra ogni corda ,
E Pafcolto a tutte Vore
Solo dir cofe d'amore.
Pocofa cetra cambial,
Che dinuove corde armai,
E a narrare i l cor s’acceje
D e l grand' ercole l'imprefe ,
Ma contraria a me rifpofe
Voci ttnere e amorofe.
D un que gite in pace o eroi ,
Che ingombrate i miei penjieri;
Jo non pofjo dir di voi
L'dite gefta e i nomi alteri ,
Se la cetra a tutte l'ore
Sol rijponde, amore , amore.
(Le chevalier DE J AU COURT.')
TEPEACA, ( Géog. mod. ) province de l’Amérique
Septentrionale, dans la nouvelle ESpague, 8c
dans l’audience du Mexique. Fernand Cortez conquit
cette province en 1520, & y bâtit Segura de la
Frontera, Sur la hauteur de i8d. 40'. au nord de la
ligne. (2 ?./.)
TEPECOPALLI-QUAHUITL, S.m. (HiJI.nat.
Botan. ) arbre du Mexique 8c des autres parties de
la nouvelle ESpagne, Il eft d’une moyenne grandeur
, 8c porte un Sruit qui reffemble au gland, 8c
qui eft couvert d’une peau bleue qui eft gluante &
réfineuSe, & qui eft fort Semblable à l’encens ; ce
qui fait que les Efpagnols la nomment incienfo de los
Indios, encens des Indiens : on lui attribue de très-
grandes vertus ; on croit que cette réfine eft celle
qui eft plus connue Sous le nom de gomme animée.
TEPETOTOLT, S.m. ( Hijl. nat. Ornitholog.)
nom d’un oiSeau du Bréfil, dit genre des coqs d’Inde,
& qu’on appelle plus communément mitu -poraeu.
yoyez ce mot. ( D . J.)
TEPHRAMANCIE 0« SPODOMANCIË, (Div.)
du grec rappa 8c avoé'oç qui lignifient également de la
cendre, & de juttmw divination , eSpece de divination
dans laquelle on Se Servoit de la cendre du feu, qui,
dans les Sacrifices avoit conSumé les victimes : on la
pratiqüoit Sur-tout, Sur l’autel d’Apollon ISmenien;
c’eft peut-être ce qui a fait donner à Sophocle dans
Sa tragédie d’GEdipe roi, le nom de devinereffe à la
cendre pavresa mroS'os. Delrio dit que de Son tems on
avoit encore en quelques endroits la Superftition
d’écrire Sur de là cendre le nom de la chofe qu’on
prétendoit Savoir; qu’on expoSoit enfuite cette cendre
à l’air, 8c que félon que le vent effaçoit les lettres
en enlevant la cendre ou les laiffoit en leur entier
, on auguroit bien ou mal pour ce qu’on vouloit
entreprendre. Delrio, Difqutjît. magic, lib. IF . cap.
ij. quoejl. vij.fect. i.pag. 5Sz.
On prétend que tous les Algonquins 8c les Abena<
quis, peuples Sauvages de l’Amerique Septentrionale,
pratiquoient autrefois une eSpece de tephraman-
de oupyromande dont voici tout le myftere. Ils ré—
duiSoient en poudre très-fine du charbon de bois de
cèdre ; ils difpofoient cette poudre à leur maniéré,
puis y mettoient le feu ; 8c par le tour que prenoit
le feu en courant fur cette poudre, ils connoiffoienf,
difoient-ils, ce qu’ils cherchoient. On ajoute que
les Abenaquis, en fe convertiffant au chriftianifme ,
ont eu bien de la peine à renoncer à un tifage qu’ils
regardoient comme un moyen très-innocent de con-
noitre ce qui fe paffoit loin de chez eux. Journal d'un
voyage d'Amérique, par le P. Charlevoix, lettre x xv.
Page 3 <> 3 -
TÉPHRION , f. m. (JPharmac anc. ) Ivppiov, non»
d’une collyre de couleur cendrée ; il 3’appelloit auflï
cythion : on en trouve la préparation dans Aetius ,
l. VII. 8c dansCelfe, /. VI. c. vj. mais d’une maniéré
différente. (D . J.)
TEPHRITES, ( Hi(l. nat. Litholog. ) nom donné
par quelques auteurs anciens, à une portion de la
corne d’ammon pétrifiée.
TE P ID AR IUM , S. m. ( Littéral,) chambre des
thermes des anciens, appellée aufîi concamerata fuda-
tio : c’étoit une étuve voûtée pour faire fuer, un bain
de vapeur ; ces lieux étoient arrondis au compas,
afin qu’ils reçuffent également en leur milieu la
force de la vapeur chaude, qui tournoit 8c fe ré-
pandoit dans toute leur cavité. Ils avoient autant de
largeur que de hauteur jufqu’au commencement de
la voûte, au milieu de laquelle on laiffoitune ouverture
pour donner dp jour, & on y fufpendoitavec
des chaînes un bouclier d’airain, par le moyen duquel
, en le hauffant 8c baiffant, on pouvoit augmenter
ou diminuer la chaleur qui faifoit fuer. Le plancher
de: ces étuves étoit creux 8c fufpendu, pour
recevoir la chaleur de Vhypoçaufle, qui étoit un grand
fourneau maçonné au-deffous,que, l’on avoit foin
de remplir de bois & d’autres matières cor .buftibles,
8c dont l’ardeur Se communiquoit aux étuves, à la
faveur du vuide qu’on laiffoit fous leurs planchers. '
Ce fourneau fervoit non - feulement à échauffer
les deux étuves , mais aufîi une autre chambre appellée
vafarium, Située proche de çes mêmes étuves
8c des-bains chauds: l’on plaçoit dans cet endroit
trois grands vafes d’airain appellés m$arin9r à. caufe;
de leur capacité; l’un étoit deftiné pour l’eau chaude
, l’autre pour la tiedè, 8c le troifieme pour la
froide. Ces vafes étoient tellement difpofés, que
l’eau pouvoit paffer de l’un dans l’autre par le moyen
de plufieurs fyphons, 8c fe diftribuoit par divers
tuyaux ou robinets dans les bains voifins, Suivant
les befoins de ceux qui s’y baignoient.
Le tepidarium qui Servoit auiîi de gardérobé, pa-
roiffoit d’une ftruéhire magnifique dans les thermes
de Dioclétien avanf la démolition : c’étoit un grand
talion
fellon oûogone de figure oblongue-, dont chaque
face formoit un demi-cercle, 8c dont-la voûte etoit
Soutenue par plufieurs rangs de colonnes d’une hauteur
extraordinaire. * _
On a trouvé à Lincoln, fous terre, en 1739 , les
reftes d’un tepidarium des Romains, & 1 on en peut
voir la defeription dans les Tranf. pilofophiques n°.
4G1.Jccl. z 9 . ( 2? ./ .)
TÉPIS f. m. ( Comm. ) étoffe de foie & coton qui
fe fabrique aux Indes' orientales. ( 2). J. )
TEPPIA, la , ( Géog. mod.) riviere d’Italie, dans
la campagne de Rome. Elle a la Source près de Rocca
de Maffimo, 8c Se perd dans le fleuve Sifto ; c’eft
l’ancien Amasène, qui traverfe les marais Pomptins,
& tomboit dans la mer deTofcane, près du promontoire
de Circé. ( 27. J .)
T E P U L A - A Q U A , ( Géog. anc.) Pline, liv.
X X X V I . ch. xv. 8c Fxontin, lib. de aquesduclib. donnent
ce nom à un des aqueducs qui conduifoient
l’eau à Rome & dans le Capitole : cette eau venoit
du territoire appellé Lucullanus, & que quelques-
uns croyent être le même que Tufculum. L’aqueduc
paffoit par la voie Latine. Cn. Serviiius Ccepio , &
L. Caffinus Longinus l’avoient fait faire dans le tems
qu’ils étoient cenfeûrs, dans la 629. année fte la fondation
de Rome, Sous le confulat de M. Plautius
Hÿpfoeus, & de M. Fulvius Flaccus. {D . J.)
T ER , LE, ( Géogr. mo,d. ) en latin Thicis, riviere
d’ESpagne , dans la Catalogne. Elle a fa Source près
du mont Çanige, baigne les murs de Gironne, &
va Se perdre dans la Méditerranée.
TERAIN, LE,^« T HERE IN 0« TH ARA IN, (Géog.
mod.) en latin vulgaire Tara, riviere du Beauvoifis ;
Son nom eft formé de la racine tar & du latin àmriis,
d’oii l’on a fait ain » comme dans plufieurs autres
noms de rivières. Elle tire fa Source d’un village du
côté de Dieppe, & Se jette dans l’Oife à Montalaire.
( D .J . )
TERAMO, (Géog. mod.") ville d’Italie, au royaume
de Naples ,'dans l’Abruzze ultérieure , au confluent
du Tardino & de la Viciola, entre Afcoli &
Civita-di-Pena, à 8 lieues d’Aquila. Cette ville eft
Ylnteramna du pays des Prægutiens ; Ptolomée , liv.
I I I . c .j. écrit Interamhia. Elle a préfentement un évêché
fondé l’an 500, & qui ne releve que du pape.
Long. g i. z8. lat. 42.37».- f . ..
Palladino (Jacques) auteur eccléfiaftique du quatorzième
fiecle , connu foits le nom G A ncharano, &
plus encore fous celui de Jacques de Téramo, parce
qu’il naquit dans cette ville en 1349. Il devint évêque
de Monôpoli en 1391 , archevêque de Tarente en
1400, archevêque de Florence en 146 1 , évêque &
adminiftrateur du duché de Spolete en 1410. Il fut
envoyé en Pologne, en qualité de légat du Saint fiége
en 14 17 , & il y mourut la même année. Le Seul de
lés ouvrages qui a eu cours, mais un cours incroyable
, eft une eSpece de roman de piéré, qu’on a traduit
dans prefque toutes les langues de l’Europe.
M. Dupin a eu tort de dire, que ce roman n’exif-
foit qu’en manuferit dans les bibliothèques d’Angleterre
; il a été mis au jour plufieurs fois, & fous des
titres différens. Voici ceux des premières éditions :
1°. Jacobi de Aticharano , procejjus Ludfcri contra Ihe-
fum9 coràm judice Salomone ; c’eft une très-vieille édition
, in-folio, fans aucune indication, ni date. 20. Rever
endi patris domïni Jacobi de Theramo , confolatio
peccatorum nuncupatiim , & apud nonnuLlos B e liai vo-
cîtatum, id ejl9 proceffus Luciferiprincipis deemoniorutn,
quorum procurator B dial, contra Ihefum redemptorem
acfalvatorem nojlrum , cujusprocurator Moyfes fdefpo-
liô animarum quee in lymbo erant, ciim defeendit ad in-
ferna. . . . . . coram judice Salomone ; c’eft encore une
tres-ancienne' édition, in-folio, en affez beaux caractères
, fans aucun nom de v ille , & fans aucune date.
Tome XV I.
On a d’autres éditions du même ouvrage. 1. Une
d’Ausbourg , chez Jean Schufler en 1472, in-folio ,
2. Une intitulée : Lis Chrifli & B dial, judicihliter co-
ràru Salomone judice , Gondæ , per Gerardum Leen
en 1481. in-folio, en carafréres gothiques. 3. Une
Sans nom de v ille , ni d’imprimeur en 1482. in-folio.
4. Une en 1484. in folio. 5. Une.à Ausbourg, chez
JehanSchoënbarger en 1487. in-folio. 6. Une àStras-
bourg en 1488. in-folio. 7. Une à Vicénce en 1506.
in-folio. 8. Une à Hanovioe en 161 1. in-%°, &ç.
Palladino n’avoit que trente-trois ans, lorfqu’il
compofa cet ouvrage, dont voici un court précis ; car
j’imagine que peu de perfonnes enFrance'connofffent
ce livre fingulier.
L’auteur après avoir dit en deux mots, que la chute
de l’homme avoit obligé J. C. à mourir pour la rédemption
du genre humain , fuppofe que Son ame
defeendit aux enfers immédiatement après fa mort,
y entra triomphante , en délivra les âmes des bienheureux
, enchaîna Lucifer , & mit en fuite les démons.
Ces démons s’étant raffemblés, élurent Bc-
lial pour leur procureur, & l’envoyerent demander
juftice à Dieu contre Jefus , comme contre un perturbateur
8c un ufurpateur. Belial obtint de D ieu ,
Salomon pour juge. Jefus cité devant ce roi , 8c ne
pouvant comparaître en perfonne , prit MoïSe pour
Son procureur. Moïfe comparut, 8c Belial l’admit, fe
contentant de lui faire effuyer le reproche du meurtre
de l ’égyptien.
MoïSe ayant propofé Ses moyens, voulut faire oùir
Ses témoins ; 8c Salomon leur fit prêter Serment fur le
livre des Evangiles, de ne rien dire que de véritable
: ce qui n’eft pas moins plaifant que l’imagination
de ces peintres ignorans, qui, dépeignant l’arinon-
ciation du Verbe, y mettoient bonnement la Vierge
Marie à genoux devant un crucifix.
. Excepté le Seul Jean-Baptifte, Belial reeufe tous
les autres témoins ; Savoir Abraham, à caufe de Son
concubinage public ; Ifaac , à caufe de Son parjure ;
Jacob, à caufe de Ses fraudes; D avid , à caufe de
Son meurtre 8c de Son adultéré ; Virgile, à caufe qu’il
s’étoit laiffé fufpêndre d’une tour, 8c expofer à la ri-
fée du peuple par une femme ; Hippocrate, à caufe
du meurtre de Son neveu ; 8c Ariftote, à caufe du
vol des papiers de Platon.
Belial propofe à îbn tour Ses moyens ; mais après
de longues conteftations, Selon la forme du barreau,
8c l ’allégation de plufieurs paffages tirés de la bible;
Belial eft condamné par Salomon. 11 eh appelle à Dieu,
qui lui donne pour Souverain juge , Jofeph le patriarche',
devant qui la caufe fut.encore plaidée.vivement.
Belial faitpropofer par David de mettre l’affaire en
arbitrage , 8c les parties en conviennent. Ces arbitres,'
qui Sont l’empereur Augufte 8c le prophète Jérémie
, pour Belial ; Ariftote 8c le prophète Ifaïe,
pour Moïfe, prononcent enfin un arrêt, dont les deux
parties s’attribuent l’avantage.
Jéfüs ayant reçu cet arrêt de la main de Moïfe,
s’en réjouit avec Ses difciples, 8c leur donne Ses inf-
truciions. .Enfuite les ayant quittés pour monter au
cielv, Dieu le pere 8c le S. ESprit, accompagnés de
millions d’anges, viennent au-devant de lui, 8c l’in-
troduifent dans le féjour de la'gloire éternelle ; bientôt
après il envoie le S. ESprit à Ses difciples, qui Se
répandirent partout l’univers, pour enfeigner 8c en-
dofrriner les différentes nations.
Il n’eft pas nëceffaire de dire que tout cela eft aufîi
grofiierement traité, qu’on voit qu’il eft imaginé ;
c’eft le fruit d’un fiecle barbare. Les paffages de l’Ecriture
y font cités d’une maniéré comique, 8c plus
propre à faire rire, qu’à édifier. Belial y turlupine
même quelquefois Moïfe, comme quand il lui dit en
fe moquant de lui : loquere, domine, quia feryus tuus
audit, pag. 86 ; ou comme quand il fe contente de